jeudi 27 juin 2013

Des siddhas tamouls



Chant d'Akkapey-cittar ou Aggapey-cittar. Cittar/siddhar est le terme tamoul pour siddha. C'est un cittar inconnu qui adressait ses chants au mental, "le démon de l'âme". Traduction de Kamil V. Zvelebil dans The Poets of the Powers: Magic, Freedom, and Renewal. "Un Siddha qui réussit à maîtriser le mental est connu sous le nom de "agappey" en tamoul. (c à d., le fantôme intérieur)."

Je n’existe pas
Le Seigneur n’existe pas
Le Soi n’existe pas
Le Guru n’existe pas

Les mantras n’existent pas
L’experience n’existe pas
Les tantras n’existent pas
Les doctrines ont été détruites

Les rituels ne sont qu’un jeu du Démon
La connaissance — une étable vide
Le Seigneur n’est qu’une illusion
Tout est ainsi

Pourquoi étudier et dans quel but?
Pourquoi agir et dans quel but?
Toutes les règles et formes
Ont été brûlées et annulées

Toutes les actions manifestes
Que tu vois sont vides
Celles qui ne se manifestent pas
Apparaîtront dans le pur néant

Tout comme chez les autres siddha, on peut avoir des cittar proche de la dualité des siddhanta shivaïstes, ou en voie de non-dualité. La dualité ne concerne alors pas tellement celle du sujet et de l'objet, mais surtout celle de l'Esprit et de la Matière/le corps. On peut donc trouver des cittars qui méprisent le corps comme Pattinattar.

« Comme j’adorais ce vaisseau mortel gonflé d’air loquace
Ce sac en cuir pour le riz, ce sac déchiré enveloppé de chair
Ce corps fétide, une étable de désir
Qui s’en alla en errant et en mendiant
ô Ekampan de Kañci, Seigneur. »(II 27) 

« Le feu dit Il est mien Mais le ver aussi dit Il est mien
Et la terre dit Eh bien il est mien Mais le faucon dit
Il est mien Et le chacal dit Il est mien
Et veut le dévorer Et le chien méchant dit Il est pour moi
Ce corps fétide que je chérissais tant
Et pour quel profit ? »(XI 26)

Ou des cittar pour qui Shiva était la réalité non qualifiée et transcendante, au-delà de toute forme et connaissance, mais pour qui sa puissance (śakti) était la Déesse, immanente et accessible dans le corps même. C'est uniquement à travers elle que le cittar pourra rejoindre Shiva. Peut-être pas initialement en manipulant la Puissance dans le corps par le yoga, les visualisations et les mantras, comme ce fut le cas plus tard (Kuṇḍalinī). Il y a Pampattic-cittar, dont le nom (pāmpāṭṭi) signifie "celui qui fait danser le serpent", et qui aurait vécu entre le 15ème-18ème siècle. Voici son chant:

Prenez le cheval du mental comme monture
Insérez lui le mors de la raison (buddhi) dans la bouche
Montez gracieusement sur la selle de la colère
Allez au Lieu lumineux, et danse serpent, danse !

Nous avions mis nos pieds dans les sandales du désir
Et mis à sac la forêt des ronces de la vanité en les piétinant
Nous avions mis le feu aux herbes des dangers menaçants
Et transcendé le temps, alors danse serpent, danse !

Sur la montagne qu'on appelle éternité nous nous sommes installés ;
Nous avons accompli tout ce que nous souhaitions ; nous nous sommes purifiés;
En vérité, notre corps ne sera pas détruit ;
Nous vivrons même toujours, alors danse serpent, danse !"


Textes en anglais :

1. I do not exist
The Lord does not exist
The Self does not exist
The Teacher does not exist

Mantras do not exist
Experience does not exist
Tantras do not exist
Doctrines have been destroyed

Rites are just devil’s play
Knowledge — a hollow stable
The Lord is but an illusion
Everything is like that

Why and whatfor to study?
Why and whatfor to act?
All set rules and all forms
have been burnt and annulled

All manifested actions
you see are only Void
Those which in fact do not appear
will appear in Pure Nothingness

2. "I loved this mortal vessel stuffed with blabbering air, this leather bag for rice, this torn sack wrapped in flesh,  this stinking body, cow-stable of lust, and roamed about and begged, o Ekampan of Kañci, Lord " (II 27) Traduction Kamil V. Zvelebil  

3. "The fire says It is mine But the worm, too, says It's mine And this earth says Well, it's mine But the kite says   It is mine And the jackal says It's mine And wants to devour it And the mean dog says It's for me' This stinking body I cherished with love And what was the use ? " (XI 26) Traduction Kamil V. Zvelebil

4. Make the horse called mind a mount,
Insert the bit called intellect in its mouth,
Mount gracefully into the saddle called anger,
Ride to the Clear place and dance snake dance

We placed our feet on the sandals of desire
And stamped to ruins the thorny forest of vanity;
We kindled a fire in the grass of evil traits
And transcended time so dance snake dance

In the mountain called eternity we stood fast;
We accomplished whatever we thought; were purified;
Truthfully, our body won't be destroyed;
We'll even live forever, so dance snake dance
Traduction de David C. Buck

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