lundi 30 décembre 2019

Comment "se conformer" au monde ?


Le sage Vāsiṣṭha parlant au prince Rāma  ("1602 Allahabad for Salim")
Grâce aux efforts d’une équipe de chercheurs de luniversité de Halle-Wittenberg qui travaillent à l’édition critique du texte, sous la direction de Walter Slaje, nous en savons plus sur le traité de “la Voie de la libération” (Mokṣopāya, MU). Il s’agit d’un texte, qui aurait été composé sur la colline Pradyumna à Śrīnagar (Cachemire) au Xème siècle. Ce texte existe en plusieurs versions, couches, commentaires et traductions, notamment des versions védantisées connue sous le nom de Yogavāsiṣṭha / Yoga-Vāsiṣṭha[1].

Le MU pourrait être l’oeuvre d’un seul auteur (ou d’un groupe d’auteurs), qui avait développé une philosophie propre à lui. Le texte semble avoir subi une forte influence bouddhiste (y compris dans la terminologie des premières versions) et présente un monisme différent que celui de l’Advaita Vedanta. Les autres voies / vues (darśana)[2] sont intégrées et considérées comme autant de voies valides.
À propos de cet espace de la conscience, paix parfaite, certains parlent de l'immense [Brahman], d'autres décident que c'est une vacuité, d'autres que c'est la pure et simple expérience (sans sujet ni objet), d'autres que c'est l'essence du Seigneur. Il se querellent. Toi, sois sans reproche : renonce à tout, dans le plus profond silence. Éteint, sans cogitation, l'esprit anéanti, l'intelligence sérène, ayant renoncé à tout en toi-même, agis au-dehors selon ce qui arrive.” (LEssence du Yoga selon Vasistha, David Dubois, p. 199)
La citation ci-dessus est extraite de la traduction française du Vāsiṣṭhasaṃgraha de Jñānānanda Bhārati, un moine du monastère de Śṛṅgeri[3]. Il s’agit d’un des quelques textes découverts dans le cadre du projet MU. Cette version avait été translittérée et traduite en allemand par Peter Thomi[4].

Le MU aurait été composé autour de 950 au Cachemire dans des milieux kṣatriya, et serait une sagesse destinée au rois (rājavidyā), ou sinon à des individus actifs (gr̥hastha, gahapati[5]) dans la société, leur permettant d’atteindre le statut de libéré-vivant (jīvanmukti). Les versions principales de cette constellation de la Voie de la libération sont le Yogavāsiṣṭha (YV), dont les recherches avaient commencé dès 1880), une version abrégée, le Laghuyogavāsiṣṭha (LYV) et donc le Mokṣopāya (MU). Des tentatives ont été entreprises de “reconstituer” une version avec les couches les plus anciennes (Peter Thomi), mais sans succès selon Jürgen Hanneder[6]. Aucune des manuscrits du MU n’est tout à fait libre de révisions à la YV[7]. Fait est qu’au cours des siècles le récit-cadre s’est enrichi et s’est progressivement védantisé et “bhaktisé”[8]. Au départ, il était destiné aux laïcs et son point de vue était une sorte de māyāvāda extrême (abhāvabrahmavāda/śānta- brahmavāda, où le monde a son origine dans le néant ?[9]). Voir aussi le blog Astika et Nastika.

Le MU consiste en 6 sections (prakaraṇa). Les 6 sections sont 1. Le détachement (vairāgya), 2. La quête d’un chercheur (mumukṣuvyavahāra) 3. L’origine [du monde] (utpatti), 4. Le maintien ([du monde] (sthiti), 5. L’apaisement (upaśānti t.nye bar zhi ba) 6. L’extinction (nirvāṇa, deux parties : Pūrva et Uttarārdha)[10]. Les trois étapes ou moyens de la libération sont la pensée rationnelle (vicāra), la compréhension juste (jñāna) et le détachement (vairāgya). Le MU est un traité (śāstra), ce qui indique qu’il est d’origine humaine (pauruṣa), et pas une Révélation. La libération qu’il propose est accessible à tous, quelque soit sa naissance (caste), son sexe et son éducation.

Contrairement au YV, le MU ne contient pas les récits-cadres brahmaniques, la mise en scène à la cour de Daśaratha, Vāsiṣṭha qui enseigne le prince Rāma, les cadres du Mahābhārata et du Rāmayāna font défaut, ainsi que Vālmīki.[11]

Les recherches de l’équipe du Mokṣopāya Project ont démontré deux filières principales du Mokṣopāya/Yogavāsiṣṭha. La première est la filière dite “Cachemirienne” (région) ou śārāda” (écriture privilégiée de cette transmission), qui ne réfère jamais à elle-même comme “le Yogavāsiṣṭha”, mais comme le Mokṣopāya ou le Mokṣopāya-śāstra. Un śāstra, un traité, est une oeuvre sotériologique ou philosophique au sujet de la “libération” (mokṣaśāstra), ou sur les moyens (upāya) pour atteindre la “libération” (mokṣa). Cette filière aurait continué d’exister au Cachemire jusqu’au XVIIIème siècle (Julia Leslie).

L’autre filière, celle du Yogavāsiṣṭha, se présente comme une Révélation, utilise le cadre mythologique du Mahābhārata et du Rāmayāna, fait intervenir des personnages mythiques, ainsi que des dieux, des avatars, des démons et de nombreux éléments surnaturels, et prône une voie où l’adoration (bhakti, Seigneur ou Soi) joue un rôle important. Ces éléments peuvent aussi être présents dans la filière du Mokṣopāya, mais sans y avoir la même importance.

Dans les traditions spirituelles de l’Inde et d’ailleurs, on voit souvent des tensions entre des voies ascétiques (sortie du monde) et non-ascétiques (actifs dans le monde). Dans les filières Mokṣopāya et Yogavāsiṣṭha, le monde est une illusion, voire il est l’illusion. Le thème du roi voulant renoncer à son royaume est ancien (Mahābhārata). Le Yogavāsiṣṭha reprend ce thème dans l’histoire du roi Bhagīratha, qui fait penser à celle du roi bouddhiste légendaire Indrabhūti, qui renonce à deux reprises : d’abord à son royaume, puis à son ascétisme, pour reprendre sa règne. Le tout sous la direction de sa soeur Lakṣmīṅkārā (voir Le Guide du Naturel, traduction française du Sajahasiddhipaddhati). Dans le Yogavāsiṣṭha, le prince Rāma est en crise et en dépression : que faire face à l’illusion, y compris celle de son statut de prince ? Guidé par le rishi Vāsiṣṭha, il prendra la même solution qu’Arjuna. Puisque tout est illusion et sachant que toute est illusion, il peut assumer son rôle (svadharma), aussi illusoire qu’il soit, pour le bien de tous. Chacun est invité à faire de même, en jouant son propre rôle.
“... to know that a course of action is intrinsically unreal is an argument to do it, not an argument not to do it. When Arjuna realizes that he is not really killing his cousins, he can go and kill them; when Rāma realizes that he is not really a king, he can go on and rule.” Dreams, Illusion, and Other Realities, Wendy Doniger O'Flaherty
Tu es roi. Tu dois donc satisfaire les espoirs de ceux qui se tournent vers toi”, dit le zombie au roi Bhagīratha (DD, p. 159). Le roi Śikhidhvaya, guidé par sa femme Cūḍālā verra qu’il faudrait aller plus loin pour renoncer totalement. Il faut encore renoncer à l’esprit (manas). “Seule la réflexion sur l’essence de notre Soi peut anéantir la racine de l’esprit”. A force de méditer, le roi “devint lui-même le royaume du Soi”, mais il lui restait toutefois encore “un résidu d’existence” (⋍ vāsanā). Sa femme Cūḍālā “s’établit au plan de la conscience”, fit vibrer l’esprit du roi, retourna dans son propre corps, et se mit à chanter le Sāmaveda. Cela avait pour effet d’éveiller totalement le roi Śikhidhvaya, qui avait atteint l’autre rive de l’océan du devenir, mais reprenait néanmoins la règne de son royaume (DD pp. 175-186).
Je suis sans projet.
Je suis impartial.
Je repose en l’état naturel, la santé, sans point d’appui.
Je suis simplement ce qui est.
Je ne puis rien dire de plus
.”
“Royaume du Soi”, “Soi suprême”, “le Seigneur immuable”[12], “vacuité”, “non-dualité” … On a vu dans la première citation que Vāsiṣṭha dit qu’on “Lui” (“Toi”) donne différents noms, en se querellant. On voit bien qu’en décrivant son éveil dans les termes ci-dessus (“Je suis sans projet… etc.), les identifications religieuses font défaut dans l’expérience directe du roi Śikhidhvaya. L’auteur du YV avait néanmoins besoin de marquer l’expérience, ou de la connecter au Sāmaveda. Le bouddhisme ésotérique tibétain fera la même chose avec le parcours vers l’éveil du roi Indrabhūti, guidé par sa soeur/épouse mystique Lakṣmīṅkārā[13]. L’hagiographe prendra soin de marquer l’identité de l’éveil ou expérience mystique du roi et de sa soeur. Les descriptions des grands mystiques chrétiens, et notamment des “quiétistes”, pouvaient manquer de facteurs permettant l’identification religieuse, et pouvaient être condamnés pour cette raison.
Constituer le champ de l’image en système linguistique, c’est en effet, se prémunir contre les marges suspectes de l’expérience mystique : le langage est le garant de la foi orthodoxe, parce que, sans doute (entre autres raisons), il authentifie la spécificité de la confession chrétienne. Le langage – dans sa nature expressément articulé – c’est précisément ce que Bossuet oppose à l’hérésie quiétiste (dont on sait les rapports historiques avec Jean de la Croix) : contre Mme Guyon qui définit l’oraison vide comme « un profond recueillement sans acte ni discours », Bossuet édicte que « l’acte de foi doit se manifester de manière discursive, l’âme doit demander explicitement son salut » : en un mot, il n’y a de prière qu’articulée. L’articulation est en effet ce qu’Ignace [de Loyola] apporte à l’image, la voie dont il se sert pour lui donner un être linguistique, et partant une orthodoxie.“ (Sade, Fourier, Loyola - Roland Barthes p. 72)
Le Mokṣopāya, le Yogavāsiṣṭha, l’Amanaska(-yoga), le Sahajasiddhi(paddhati) et les histoires des vies des (84) mahāsiddhas de la Mahāmudrā etc., apparus au X-XIIème siècle, ont en commun de dépasser le cadre de transmissions religieuses identifiables et de s’adresser à tous, sans distinction. Ils racontent comment des humains de toutes les couches de la population peuvent avoir accès à une expérience directe de la nature de leur esprit. A ce niveau, les marqueurs religieux identitaires n’opèrent plus. Cela n’empêche pas ces “éveillés”, comme on le voit dans le Sahajasiddhipaddhati, de reprendre leur activité ou leur religion (bouddhiste, shivaïte, brahmaniste, etc. confondus) d’avant. Après cette courte âge d’or d’une mystique sauvage ou transreligieuse, les identités religieuses se sont renforcées et ont accentué l’importance de leur religion respective dans la production de l’expérience mystique.

Ce qui commença sans doute comme un enseignement destiné à des rois (le Bouddha aurait été lui-même un kṣatriya, tout comme Arjuna, Rāma et Indrabhūti), s’est “démocratisé” dans des royaumes d’abord, et dans les démocraties par la suite. Ce que les rois et les citoyens ont en commun, c’est d’être actifs dans le monde (gr̥hastha) et d’y avoir un rôle à jouer (svadharma). Même ceux qui ne sont pas des princes, à l’instar de Rāma, peuvent être perdus dans le monde (l’illusion) et douter de leur action dans celui-ci. Il faut alors se (re)centrer et se ressourcer avant de retourner dans l’illusion et de reprendre son svadharma… Nous avons actuellement un marché très florissant de méthodes pour des princes Rāma en dérive qui ont besoin de réinsertion. Les coachs ne manquent pas.

On aura tendance à y ajouter “et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants”... Depuis, nous avons eu Marx avec son aliénation et son opium du peuple, Nietzsche avec son Dieu est mort, Darwin, les sciences et leurs “progrès”, les oligarques ont pris la place des rois et mettent à mal les démocraties et la planète, le néolibéralisme est le nouveau dharma qui fait tourner le monde et l’humanité (l’illusion), vers des catastrophes dont on voit les débuts... Dans ce contexte, faire son devoir (svadharma) en se conformant au “dharma” et en s’y ré-insérant le cas échéant, comme prince Rāma et les autres n’a plus de sens. Il n’est pas besoin d’abandonner la mystique sauvage/transreligieuse, mais notre svadharma (passive/quiétiste) exige sans doute plus de participation active.

***

[1] Il existe trois grandes versions de ce texte :
Until recently only three "Yogavasisthas" were known and edited: the Yogavasistha proper, alias Brhadyogavasistha, the Laghuyo-gavasistha and the Vasisthasara (printed as Yogavasisthasara). The

[2] Vedanta, Yoga, Samkhya, Saiva Siddhanta, Trika, Jainisme et bouddhisme Mahāyāna… Le Vijnanavada et Madhyamika sont nommément mentionnés.

[3] Studies on the Moksopaya, Jürgen Hanneder, p. 11

[4] Yogavāsiṣṭha. Die Lehren des Weisen Vasistha. Nach der Version des Vāsiṣṭha-saṃgraha aus dem Sanskrit übersetzt. [Translation:] Interlaken: Ansata Verlag 1988. [Text:] Wichtrach: Institut für Indologie 1988. An English version of the same appeared as: The Essence of the Yogavaasishtha. Complied by Jnanananda Bharati. Translated by Samvid. Madras: Samata Books 1982.

[5] Slaje 2000:177, 191

[6] Moksopaya, Yogavasishtha and Related Texts, J. Hanneder

[7] Review of Mokṣopāya vol.s 1-2-3 Judit Törzsök

[8] Voir l’exemple intéressant donné par Hanneder d’un vers du YV, dont le commentaire d’Anandabodhendra donne une interprétation très différente (3.66.14). p. 16
cidghanaikaprapātasya rūdhasya parame pade
nairātmyaśūnyavedyādyaiḥ paryāyaiḥ kathanaṃ bhavet (3.66.14)

qui se lit dans le MU :

cidghanaikyaṃ prayātasya rūdhasya parame pade
nairātmyaśūnyavādādyaihparyāyaih kathanaṃ bhavet (3.66.14).

Où le passage “un bhikṣu dans un vihara”, interprété comme un parivrāj, c’est-à-dire un saṃnyāsin, dans un jardin.

[9] “Another paper (Slaje 2001:780) mentions that the Mokṣopāya's author may belong to a school of thought that is called the abhāvabrahmavāda (also, possibly śānta- brahmavāda?) in contemporary Kashmirian sources.” Judit Törzsök “die Brahmanlehre, die die Entstehung der Welt aus dem Nichtsein vertritt , Praty. Hṛd. 17 , 10.”

[10] Pour un résumé des sections du Yogavāsiṣṭha

[11] “To sum up, much of what is associated with the Yogavasistha today - the brahminical frame stories, the epic setting at Dasaratha’s’s court, Vasistha teaching Rama, the underlying bhakti context, the overarching frame of the Ramayana as marked by Valmiki’s presence, even the benevolent tone - is absent. There is no explicit evidence of Valmiki here.” Authority and Meaning in Indian Religions: Hinduism and the Case of Valmiki, Julia Leslie

[12]Mais il est encore une autre personne, la plus haute, celle qui porte le nom de ‘Soi suprême’ ; pénétrant les trois mondes, elle les soutient dans l’être, elle, le Seigneur immuable”. La Baghavad-Gītā, suivie du commentaire de Śaṅkara (extraits), trad. Emile Senart et Michel Hulin, XV, 17 p.109

[13] Cela est expliqué dans la partie hagiographique concernant Guru Suptabhikṣu (Kambala/Lvavapa, Indrabhūti) et Lakṣmīṅkārā dans le Sahajasiddhipaddhati (Le Guide du Naturel, Joy Vriens p. 115-118) et dans la partie concernant le roi Indrabhūti dans la Vie des 84 mahāsiddhas d’Abhayadatta (XI-XIIème s.).

3 commentaires:

  1. Bonjour Joy, oui voilà un texte étrange et passionnant. Mais je ne comprends pas le titre du blog, car l'enseignement central de ce texte est justement que le monde n'existe pas. Et je ne constate pas l'apparition de la bhakti dans le YV. De fait, les deux versions sont quasi indiscernables, et il n'y a guère plus de bhakti dans l'une version que dans l'autre. Au total, il me semble que le Mokshopaya Project est une montagne qui a accouché d'une souris. Certes il y a des différences, mais elles sont mineures. Et l'original s'inspire certes de notions bouddhistes, mais sa source principale est clairement la Bhagavad Gîtâ. Et cet original est déjà "brahmanique" de part en part. Toutes ses histoires, ses motifs, ses personnages, sont puisés dans la tradition brahmanique.

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  2. Je suis justement en train de lire Buddhism in the shadow of Brahmanism de Johannes Bronkhorst... :-) Je n’en suis qu’au début mais cela s’annonce très intéressant. Je n’ai pu me baser que sur des articles sur et par le projet MU pour en prendre connaissance. Cela ne m’intéresse pas assez pour commander plusieurs gros livres en allemand, qui sont assez chers, et de les lire (je suis d’accord sur la montagne accouchée d’une souris). La remarque de la bhakti vient d’un de ces articles. En revanche, on peut télécharger les notes de travail de l’équipe pour chaque livre (http://adwm.indologie.uni-halle.de/MU_PhilKomm.htm). J’ai jeté un coup d’oeil rapide, mais c’est très technique et intéressant. J’avais rapidement lu une note sur maunâtma qui était intéressante, et où justement ils distinguaient entre le sens que lui donnait les commentaires du YV et son sens MU. C'est dans les notes sur la section Utpatti.

    Sinon, le fait que le monde n’existe pas, et qu’il est une illusion, conduit paradoxalement les initiés à s’y engager pleinement, comme le remarque Wendy Doniger. Cela les fait sortir de leur dépression, et les rend doublement efficaces… et cruels dans le cas du roi bodhisattva Anala (http://hridayartha.blogspot.com/2016/01/la-politique-du-gandavyuha-sutra.html). Comme s’ils étaient dans un monde virtuel, ou un jeu vidéo. Que tout cela est en dernière analyse pour “de faux” semble les libérer de leurs scrupules et hésitations, pour mettre en oeuvre leur “Dharma”. Quel que soit le bien-fondé de celui-ci, l’illusion du monde les aide à se conformer au “Dharma”/à l’idéologie, aux dépens du monde. Toute ressemblance avec notre monde actuel est fortuite ;-)

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    1. Oui, la croyance en l'irréalité du monde peut aider mettre la conscience morale en suspend. C'est ce que l'on voit dans le remake de l'expérience de Milgram "le jeu de la mort". Il y a aussi un fable dans le MU qui défend explicitement cette idée, c'est le conte des trois démons Vyala, Dama et Kata, que leur absence d'ego, et donc de scrupule, rend invincibles.
      Cela étant, les traditions illusionnistes du "Greater Vedânta" (dont le MU) donnent une grande importance au cadre éthique de ces enseignements. Il s'agit de transcender la morale, certes, mais du côté du bien. Après, il n'est que de lire les satires traditionnelles pour comprendre qu'abus il y a toujours eu. Par exemple, Kshémendra. Tu a essayé de lire ses féroces critiques en tibétain ? Mais peut-être qu'elles n'existent qu'en sanskrit ?

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