lundi 19 avril 2010

Cours : Les 37 pratiques des bodhisattvas



Ce petit texte (PDF bilingue) composé par Thomé zangpo (dngul chu rgyal sras thogs med bzang po 1245-1369) était le tout premier que nous avions étudié.

Thomé zangpo avait perdu sa mère à l'âge de 3 ans et son père à 5 ans. Il prit l'ordination mineure à 14 ans et devint bhikṣu à 29 ans. Il se sentait un lien spécial avec Asaṅga (Thogs med), l'auteur/commentateur des cinq traités de Maitreya.
Une anecdote, qui en rappelle une autre qui met en scène Asaṅga, raconte comment à l'âge de 15 ans il était couvert de poux, mais refusait même de les enlever et attendait qu'ils meurent de mort naturelle... C'est une bonne introduction en matière pour ce petit texte qui pose des standards très radicaux pour les candidats-bodhisattva, comme on pouvait s'y attendre de la part des adeptes de l'école Kadampa. Celle-ci remontait au maître indien Atiśa (980-1054) et avait pour devise les Quatre dharma des Kadampa (dka' gdams chos bzhi) :


"La motivation donne sur la pratique spirituelle
La pratique spirituelle donne sur une vie humble
Une vie humble donne sur la mort
La mort donne sur un trou dans la terre"

Le maître ‘chag khri mchog [1] avait reçu de nombreuses instructions d’Atiśa. A l’heure de la mort d’Atiśa, il lui demanda :
- Maître, il ne vous reste plus longtemps dans ce monde. Après votre mort, devrais-je méditer (sgom mam) ?
- Cela ne serait d’aucun bienfait (phan med).
- Devrais-je enseigner (bshad dam) alors ?
- Cela ne serait d’aucun bienfait.
- Devrais-je méditer et enseigner alternativement ?
- Cela non plus ne serait d’aucun bienfait.
- Mais Seigneur, que dois-je faire alors ?
- Renonce à ta personne (tshe ‘di blos thong) !
[2]
Le texte de Thogme zangpo enseigne les valeurs du renoncement, de la lucidité envers la vanité de tout ce à quoi on aspire pour soi-même dans cette vie-ci, de l'altruisme et des six vertus transcendantes (pāramitā).
On y trouve aussi le terme non-engagement mental (S. amanasikāra T. yid la mi byed pa) qui remonte directement à Advayavajra et dont certains [3] disent que c'était sa création. Atiśa avait reçu des transmissions de la part de Maitrīpa, notamment celle du Dohākośagīti.
"Connaître l'essence réelle (tattva) et ne pas concevoir (amanasikāra)
les caractéristiques dualistes, voilà la pratique des fils des vainqueurs.
"
***

[1] décédé en 1058 selon le Re’u Mig de Sum pa mkhan po
[2] Blue Annals pp. 322-323 édition chinoise en tibétain pp 390
[3] 'gos lo ts'a ba gzhon nu dpal (1392 -1481)

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