dimanche 19 juin 2022

La mahāmudrā comme l'intégration des représentations (vikalpa)

Manuscrit de Gemur, Anthologie d'écrits attribués à Gampopa

Dans la série d’exercices spirituels (blo sbyong), transmise dans la lignée qui remonte à Atiśa, on trouve un genre d’exercice qui s’appelle “lam du bslang pa” ou “lam du kyer ba” (lam khyer), intégration sur le chemin, et qui permet de prendre les situations adverses comme des défis, et d’en faire des facteurs d’amendement (bog ‘don) de la pratique spirituelle. En premier, ce sont les souffrances, les maladies, les adversités, etc. que l’on intègre sur le chemin[1], en dehors des sessions de recueillement, lors du “recueillement subséquente” (tib. rjes thob, autrement dit dans toutes les activités quotidiennes (īryā-patha) : marcher, être assis, être couché, etc.).

Ensuite, ces mêmes exercices prennent aussi en charge les causes des souffrances : les passions (kleśa)[2], avant que celles-ci ne conduisent à des actes négatifs, qui à leur tour mûriraient en de nouvelles souffrances. Cette pratique s’inscrit dans l’idée d’une (sur)vie dans un environnement hostile, et de la capacité de transformer les divers poisons en nectar, comme on peut le voir dans La roue des armes tranchantes (bLo sbyong mtshon cha’i ‘khor lo) de Jowo Atiśa Dīpaṃkara Śrījñāna.
La lignée Kadampa qui prend sa racine en les enseignements d'Atiśa et de 'brom ston pa, s'est divisée en trois transmissions. 'Brom ston pa (1004 /1005-1064) eut trois disciples principaux, appelés les "trois frères" (T. sku mched gsum) qui étaient à la source des trois transmissions. Po to ba (1027/1031-1105) et les Adeptes des textes canoniques (T. gzhung ba pa), sPyan snga ba (1038-1103) et les Adeptes du chemin graduel (T. lam rim pa) et Phu chung ba (1031-1106) qui était à l'origine des Adeptes des Instructions (T. gdams ngag pa/man ngag pa), parmi lesquels on trouve des maîtres de Gampopa. Il est très possible que le nom "Adeptes des Instructions" fasse référence aux instructions particulières des distiques de Saraha et de l'approche d'Advayavajra, qu'Atiśa n'avait pas pu enseigner en public.” Blog La mahāmudrā Kadampa.
C’est dans la lignée de Phu chung ba (1031-1106) que s’est sans doute développé un autre type d’Intégration (tib. lam khyer), qui est celle des représentations (vikalpa). Dans l’optique bouddhiste classique, l’objectif est de purifier la pensée, et notamment de la purifier des passions (kleśa). C’est donc assez risqué, voire inconscient, de se croire capable de manipuler les passions, et de les “intégrer dans le chemin”... C’est comme manipuler des serpents venimeux, ou des poisons. Cette idée peut être choquante ou surprenante pour un bouddhiste lambda.

Il faut dire que l’exercice d’intégration des passions présentées dans la collection des exercices spirituels les traite de manière très générale. On imagine que la passion de la convoitise (tib. ‘dod chags) des autres s’empile au-dessus de la nôtre, et que l’on finit avec une pile aussi grande que le mont Meru, tout en libérant les autres de la convoitise. Ensuite, on raisonne : l’essence de la convoitise est la pensée, et il n’y a pas de convoitise en dehors de la pensée. Dans celle-ci, le passé n’existe plus, le futur pas encore, et le présent est libre de toute caractéristique (nimitta) de forme, de couleur, etc. La pensée ne pouvant être identifiée (tib. ngos zung dang bral ba) d’aucune de ces façons, est comme l’espace, et l’on se pose dans cet état sans point de référence. La “convoitise” est alors simplement un nom sans référence (tib. ming tsam yang don du grub pa ci yang mi ‘dug).

Cela montre qu’au lieu de purifier la pensée de la passion de la convoitise, au lieu de s’en débarrasser et d’empêcher que de nouvelles passions surgissent, l’intégration veut les saper de l’intérieur, et les neutraliser comme un poison, à l’aide de la vacuité (analyse scellée par la méditation). Si cela fonctionne, c’est formidable, sinon, et surtout si l’on n’est pas conscient de son échec, c’est encore pire…

Géshé Phu chung ba, aurait également enseigné, de façon très discrète, une “intégration des représentations” (rtog pa lam du khyer). Nous savons cela, car Gampopa (1079–1153) en parle beaucoup dans son “Introduction au sens ultime des représentations” (rNam rtog don dam ngo sprod). Gampopa avait reçu cette Intégration de son maître kadampa Géshé lcags ri ba, qui l’avait reçu de Géshé gLang ri thang pa (1054-1123), et ce dernier de Géshé Phu chung ba. L’innovation de Gampopa est peut-être de l’avoir encadré dans une Introduction (tib. ngo sprod), d’où le titre et le déroulement du texte, et sans doute aussi la longue explication de l’origine de l’intégration des représentations. C’était un hot topic, car dans le bouddhisme mahāyāna, il y avait peut-être bien le concept et la pratique de la vacuité, mais les traités bouddhistes expliquaient aussi, que la représentation même est l’ignorance (vikalpa eva hy avidyā[3]), et que son intégration dans le chemin risquait ne pas être bien accueilli. Ce fut en effet la cas, mais les polémiques au sujet de la mahāmudrā kagyupa avaient des raisons bien plus complexes.
Le guide (Gampopa) avait demandé à Géshé lcags ri ba si ces instructions pour intégrer (lam du 'khyer ba) [les représentations] n'étaient pas en contradiction (mi spong bar) avec celles de l'école Kadampa. lCags ri ba lui avait répondu que quand Géshé gLang ri thang pa avait posé la même question à géshé Phu chung ba, celui-ci avait hésité [tshems = tshoms? nem mdzad nas] et répondu "oui (yod dag yod), mais je ne peux pas (dbang med) le répéter (zlos).[4]
Ces instructions, qui sont ici attribuées à Géshé lcags ri ba, se retrouvent également dans d’autres textes de maîtres kagyupa[5], notamment dans des textes qui ont pour objet “la réintégration[6] du Naturel” (lhan cig skyes sbyor), auquel terme on ajoute parfois “mahāmudrā” (phyag chen lhan cig skyes sbyor).

Les instructions (tib. gdams ngag)[7] que reçoit alors Gampopa sont celles de Géshé lcags ri ba. Un disciple de Gampopa, l’auteur de l’Introduction au sens ultime des représentations, ouvre le texte avec ces instructions. Le texte semble être une sorte de défense de l’utilisation des représentations, avec un dossier de témoignages prestigieux : Mila[8], Gangādara (tib. rnal 'byor ma gang+g'a dha ra), La yoginī Karkadoha (tib. rnal 'byor ma kar ka do ha'i zhal nas).

Dans un autre texte attribué à Gampopa, “Les instructions de la double armure de la Mahāmudrā” (phyag chen go cha gnyis kyi man ngag), on retrouve de nouveau la triple instruction de Géshé lCa ri wa (dge bshes lcags ri ba'i 'khyer lugs), après une présentation des deux types de guides (les représentations, et les êtres humains en tant que guides), et de la double Armure. Dans ce texte, il est expliqué que “la réintégration du Naturel est l’intégration de la double Armure” (lhan cig skyes sbyor ni go cha gnyis kyis lam du 'khyer te).
Si l'on se demande quel [Naturel (sahaja)] est réintégré, c’est l’intelligence (tib. rig pa) et la vacuité. Cela ne veut pas dire qu'il s’agit d’éléments individuels (tib. rang) et différents (tib. tha dad). Quand l’intelligence, la lucidité, le bien-être et la vacuité sont rejoints (tib. sbyor) [ensembles], c’est la réintégration du Naturel.[9]
Dans le manuscrit de Gemur, une anthologie d’écrits attribués à Gampopa[10], on trouve un passage qui comporte de nombreux détails intéressants[11], sur lesquels je reviendrai dans d’autres blogs, mais où l’auteur parle aussi de la réintégration du Naturel.
Quelle est la différence entre l’état natif et la réintégration du Naturel ?

La réintégration du Naturel est l’intégration (tib. lam du ‘khyer ba) des représentations. Il y a deux sortes de représentations, des bonnes et des mauvaises représentations. En reconnaissant celles qui surgissent, n’importe lesquelles, comme une grâce (tib. sku drin), les représentations sont intégrées, les égarés de l’Errance ne reconnaissant pas les représentations [en tant que telles] continuent d’y errer, mais en intégrant les représentations dans la pratique spirituelle (tib. lam du byed pa), ils n’ont plus peur (tib. nyam nga) de l’Errance.

L’état natif (gnyug ma, nija) dit : en intégrant tes représentations, tu fais la différence entre l’objet à retrancher et le moyen qui retranche, et les représentations ne cesseront pas[12]. Si une représentation surgit, tu dois la reconnaître [en tant que telle], et si une autre surgit, tu dois la reconnaître encore. Si tu ne vois pas leur essence (tib. ngo bo), c’est inutile[13]. S’il se présente quelque chose à voir, c’est moi [l’état natif]. Il n’y pas autre chose à voir [qui n’est pas moi]. Si tu ne me vois pas, les représentations ne cesseront pas, et le problème est que tu ne m’atteins pas. D’abord, je ne suis pas produit (anutpāda). Ensuite, je ne dure (tib. gnas pa) pas, et à la fin, je ne cesse pas. Je ne peux pas être identifié (tib. ngos bzung dang bral ba). Ma nature (tib. rang bzhin) est ininterrompue, et mes caractéristiques dépassent l’intellect (tib. blo las ‘das pa)
.[14]
L’état natif nous parle directement en nous tutoyant. Ce passage nous apprend aussi que “La réintégration du Naturel est l’intégration (tib. lam du ‘khyer ba) des représentations”.

Tsalpa Zhang (Zhang G.yu-brag-pa Brtson-'grus-grags-pa, 1123-1193), le fondateur de la branche Tshalpa kagyu, actuellement éteint, était le disciple de Gompa Tsultrim Nyingpo (sgom pa tshul khrims snying po, 1116-1169), un neveu de Gampopa. Dans l'oeuvre complète de Tsalpa Zhang, on trouve dans la partie “Cycle des guides de la pratique de la méditation”, le “Cycle de la réintégration du Naturel[15]. Ce passage commence par l’explication d’une citation de l’Introduction à la mahāmudrā[16], telle qu’elle était pratiquée au siège de Gampopa. Zhang explique les quatre réintégrations (“quatre yoga de la mahāmudrā”), suivi des instructions de la double Armure, qui sont la réintégration du Naturel. Ces instructions permettent de réintégrer le Naturel.
En reposant dans la non-production, une représentation se produit, puis une autre, mais elles sont la pensée naturelle en elle-même (sva-cittatva). C'est ainsi que l'on développe (tib. sgom pa) [l'expérience] que la pensée non-produite en elle-même (cittatva) est le Corps réel (dharmakāya).
Si des représentations émergent en ce moment-là, on applique la triple [instruction][17] : a. retracer (rjes dpyad pa), b. détruire ce qui se présente ('phral gzhom pa) et c. l'absence [de représentations] est une erreur (med pa sprul pa).[18]
Ici, Tsalpa Zhang parle de la triple instruction de géshé lCag ri ba, mais sans citer son nom. Il donne en revanche des explications plus détaillées du contenu de cette pratique.
a. Toutes les représentations passées sont la pensée naturelle (svacitta). La pensée en elle-même (cittatva), non-produite, est imaginée (tib. sgom) comme le Corps réel (dharmakāya).

b. Toutes les représentations de l'instant présent, dès leur production, sont la pensée naturelle en elle-même (sva-cittatva). La pensée en elle-même (cittatva) est imaginée (tib. sgom) comme le Corps réel (dharmakāya).

c. Les divinités non-théistes (tib. lha med pa'i lha), les enfers etc. étant aussi des représentations, sont des illusions (tib. sprul pa). Ces représentations sont la pensée naturelle en elle-même (sva-cittatva). La pensée en elle-même (cittatva) est imaginée (tib. sgom) comme le Corps réel (dharmakāya).

Ainsi, en accédant (tib. rtogs) au Corps réel (dharmakāya) en s'appuyant sur des représentations, on imagine que les représentations sont d'une grande gentillesse (tib. drin che bar)
.[19]
Je terminerai par le Guide d'instructions sur la réintégration naturelle de la Mahāmudrā[20] de Karmapa III Rangjung Dorjé (1284-1339). Ce texte, composé en 1324, insère un guruyoga, ainsi que la prière à sept branches dans les préparatifs, avant de présenter la pratique de śamatha et vipaśyanā. La pratique de vipaśyanā est précédée d’une Introduction (introduction pour développer la perspicacité (vipasyanā), qui sont expliqués en détail. Karmapa III mentionne la réintégration naturelle de la mahāmudrā, mais ne rentre pas dans les détails de son déroulement. Il élabore davantage les signes de réussite, explique les trois égarements, comment amender la pratique (tib. bog ‘don), comment la réalité ordinaire est produite par l’interaction des six consciences, du mental immédiat et du mental affligé, ainsi que la pratique correcte du recueillement et du recueillement subséquent. Son Guide, par ailleurs parsemé de citations de mahāsiddha, comporte des éléments yoguiques, que l’on trouve aussi dans la mahāmudrā pneumatique de Dampa rMa, disciple de Dampa Sangyé.

***

[1] P.e. dans le Blo sbyong tshogs bshad ma (14. Public Explication of Mind Training) de Sangyé Gompa (1179-1250), traduit en anglais par Thubten Jinpa dans Mind Training, Library of Tibetan Classics, p.313, Blo sbyong brgya rtsa, p. 203. Il s’agit d’une compilation d’exercices spirituels par Shönu Gylachok (gzhon nu rgyal mchog 1311-1390). Un des plus anciens auteurs de ce genre hormis Atiśa étant Géshé Langri Thangpa (glang ri thang pa 1054–1123), Chekawa Yéshé Dorje (1102–1176), etc.

[2] P.e. dans le Nyon mongs pa lam du blangs pa’i chos (13. A Teaching on Taking Afflictions on the Path), non attribué, traduit en anglais par Thubten Jinpa dans Mind Training, Library of Tibetan Classics, p. 197, Blo sbyong brgya rtsa, p. 114.

[3] "Vikalpa eva hy avidyā", Dharmakīrti, Pramāṇavārttikasvavṛtti, PVSV ad PV1.98-99 (G:50.20).

[4] rNam rtog don dam ngo sprod : “dge bshes lcags ri ba la/ bla ma nyid kyis/ bka' gdams mi spong bar lam du 'khyer ba'i gdams ngag yod dam zhus pa la/ lcags ri ba'i zhal nas/ dge bshes glang ri thang pas/ dge bshes phu chung pa la zhus pas/ tshems nem mdzad nas/ yod dag yod de/ nga la zlos dbang med pa gsung skad/”

[5] Gampopa, Tsalpa Zhang, Karmapa III, Rang byung rdo rje, … des maîtres droukpa et drikhoungpa, etc.

[6] Traduction de “yoga” dans Yoga, méthode de réintégration, Alain Danielou. 

Les philosophes hindous enseignent que toute connaissance est basée sur l'expérience, mais aussi qu'une perception extérieure ne constitue pas à elle seule une vraie connaissance, et que l'unique moyen pour l'homme d'obtenir d'un objet une connaissance véritable est de s'identifier à lui; ce n'est que lors qu'il est un avec lui qu'il peut le connaître tel qu'il est et non plus seulement tel qu'il paraît. Tel est le sens du mot yoga, qui signifie « identification ». C'est en l'identification à la Divinité que consiste la ‘ réintégration ‘, le retour de l'être fragmentaire dans l'Être total.”

Même si ce terme a son origine dans une tradition théiste et essentialiste, le bouddhisme ésotérique (“yogācāra”) a néanmoins décidé de l’adopter et de l’utiliser pour désigner ses plus hautes réalisations, à ses risques et périls.

[7] “sgom chen de bsgom pa'i dus su/ rnam par rtog pa 'byung ste/ phrad 'joms pa/ phyi bsnyags/ med sprul pa rnam pa gsum mo/ /dang po rnam rtog byung ma thag skye med du chod pa ni/ phrad 'joms pa bya ba yin/ phrad ma thag ma choms na/ phyi bsnyag gsung / rnam rtog de gang nas byung / de sems las byung / sems su thim/ sems dang gnyis tha mi dad de/ phyi bsnyag bya ba yin gsung / med sprul pa ni/ gang shes pa la lci ba/ nyams la mi bde ba cig med sprul pa yin te/”

[8]Ces représentations sont nécessaires, bienveillantes, indispensables et ont toutes les qualités. Elles sont inhérentes (tib. rang chas su) [à la pensée]. Elles sont le dynamisme (tib. rtsal sbyang) de la radiance ('od gsal) qui s'appuie sur la contemplation (samādhi) des quatre méditations (dhyāna) des bodhisattvas. Les grands contemplatifs ne voient pas les représentations comme un défaut, mais comme un élément indispensable à la maîtrise (tib. dbang thob ) de la réalisation (tib. rtogs pa). Or, le grand contemplatif qui a la maîtrise de la réalisation, pourrait-il tomber malade ? Il le peut, mais dès que cela arrive, il réalise que la maladie est une représentation, les représentations sont la conscience et la conscience est non-née. Il peut mourir, mais il sait grâce aux instructions cruciales (tib. gnad ka) de la non-production (anutpāda) , que la mort aussi est non-produit. [212] Si des apparences infernales se produisent, il imagine (tib. snyam) aussi vite qu'une boule de soie rebondit de la terre, qu'elles aussi sont des représentations, que les représentations sont la pensée, et que la pensée est non-produite. L'essence de la pensée est quelquefois appelée la “perception ordinaire” (tib. tha mal gyi shes pa). Tout cela est la même chose. Quelquefois, on l'appelle aussi "l’état natif" (tib. gnyug ma, nija). C'est aussi la même chose que dharmatā (tib. chos nyid). En fait, c'est que l'on appelle "essence" (tib. ngo bo). C'est le sens de non-néant (tib. med pa ma yin pa'i don), qui se manifeste (tib. gsal) dans un être éveillé.

rNam rtog don dam ngo sprod : bla ma mi la'i zhal nas/ rnam par rtog pa de ni/ dgos pa/ sku drin can/ med du mi rung ba/ yon tan thams cad kho rang la rang chas su yod pa yin gsung / byang chub sems dpa' rnams kyi bsam gtan bzhi'i ting nge 'dzin la brten nas/ 'od gsal gyi rtsal sbyang ba yin gsung / gsang sngags kyi dbang du byas na/ brtul zhugs kyi spyod pa la log nas kyang / bskyed pa'i rim pa la brten nas rtsal sbyang ba yin gsung / sgom chen pa rnam rtog skyon du mi lta bar/ rtogs pa la dbang thob pa cig dgos gsung / 'o na rtogs pa la dbang thob pa'i sgom chen pa de la na ba 'ong ngam zhe na/ 'ong ste/ byung ma thag tu na ba rnam par rtog pa yin/ rnam par rtog pa sems yin/ sems de ltar skye med du rtogs pa cig mchi/ de la 'chi ba 'ong ste/ skye ba med pa'i gnad kas 'chi ba yang skye med du shes/ gal te dmyal ba'i snang ba lta bu shar yang / 'di rnam par rtog pa yin/ rnam par rtog pa sems yin/ sems skye ba med pa yin snyam pa 'ong ste/ dar gyi pho long brdab pa tsam gsung / sems kyi ngo bo la res 'ga' tha mal gyi shes pa bya bar ming btags te/ de thams cad gcig yin gsung / res 'ga' gnyug ma bya bar ming btags te/ de chos nyid gcig yin gsung / don la ngo bo bya ba yin te/ med pa ma yin pa'i don te/ sangs rgyas la gsal gsung /

[9] Phyag chen go cha gnyis kyi man ngag : “lhan cig skyes sbyor ni/gang dang skyes sbyor zhe na/ rig pa dang*/ stong pa lhan cig skyes/ de rang dang tha dad 'dug pa lta bu ma yin te/ rig pa gsal ba bde ba stong nyid du sbyor bas na/ lhan gcig skyes sbyor ro//”

[10] Anthologie d’instructions de Seigneur Gampopa, les hagiographies de Tailopa, Nāropa, etc.
- rje sgam po pas mdzad pa'i tai lo nA ro'i rnam thar sogs chos tshan khag cig. Ce texte inclue une hagiographie de Sonam Lhundrub (1488-1552), qui appartient à la lignée de Gampopa.

[11] On en retrouve certains aussi dans les échanges entre Gampopa et Dusumkhyenpa et Phamodroupa, etc. Ce sont peut-être les sources.

[12] gnyug ma na re/ khyod kyis rtog pa lam du khyer bas/ gcad bya dang gcod byed gnyis su bzung nas rtog pa la zad pa med de/

[13] rtog pa gcig byung ba de ngo shes par byas/_yang cig byung ba de yang ngo shes par byas kyang*/ ngo bo ma mthong na des go ma chod/

[14] Anthologie, pp. 529-530. On la trouve aussi dans l’échange avec Dusumkhyenpa (dus gsum mkhyen pa'i zhus lan)

“gnyug ma dang lhan cig skyes sbyor gyi khyad gang zhe na/ lhan cig skyes sbyor ni rtog pa lam du 'khyer te/ rtog pa la gnyis/ bzang rtog dang ngan rtog go_/gang byung yang sku drin du shes pas rtog pa lam du byed pas/_'khor bar 'khyams pa ni rnam par rtog pa ngo ma shes pas 'khyams te/ de ni rtog pa lam du byed pas 'khor ba la nyam nga med do// gnyug ma na re/ khyod kyis rtog pa lam du khyer bas/ gcad bya dang gcod byed gnyis su bzung nas rtog pa la zad pa med de/ rtog pa gcig byung ba de ngo shes par byas/ yang cig byung ba de yang ngo shes par byas kyang*/ ngo bo ma mthong na des go ma chod/ mthong rgyu gcig 'byung na de rang yin/ gzhan mthong rgyu med/ nga ma mthong na rtog pa la zad pa med pas khyod kyi de la thug pa med pa'i skyon yod/ nga ni dang po skye ba med pa yin/ bar du gnas pa med pa yin/ tha ma 'gag pa med pa yin/ ngo bo ngos bzung dang bral ba yin/ rang bzhin rgyun chad med pa yin/ mtshan nyid blo las 'das pa yin/”

[15] gSung 'bum/ brtson 'grus grags pa, vol. 6 [305] Nyams len sgom khrid skor, Lhan cig skyes sbyor gyi skor.

[16] Dans ce cas attribué à l’autre neveu de Gampopa, Gomchung (slob dpon sgom chung shes rab byang chub 1127-1171).

[17] Les trois instructions de [rgya] lCags ri ba [gong kha pa] dans le Phyag chen go cha gnyis kyi man ngag de Gampopa "Détruire ce que qui se présente [455]. Retracer L'absence [de représentations] est une erreur (med sprul pa)."
1. [Détruire ce que qui se présente] Lorsque ce grand yogi méditait, il détruisait toutes les imaginations. Dès qu'une imagination apparaissait, il la neutralisait en établissant sa non-production

2. Retracer. En cherchant d'où est venu cette imagination au départ, on trouve qu'elle vient de la conscience et qu'à la fin elle se dissipe en la conscience. Ainsi on découvre qu'elle n'est pas différente de la conscience. Savoir que la conscience est non-produite est appelé "Retracer".

3. L'absence [de représentations] est une erreur (med sprul pa). Si l'on pense que cela rend la conscience plus "lourde"/substantielle : cette gêne est une méprise, elle est une imagination, puisqu'il est dit que la conscience est le corps naturel non-produit. 3. L'absence [de la représentation] serait une méprise.

Voir aussi : L'exercice spirituel pour niveler les concepts (blo sbyong rtog pa 'bur 'joms) de Serlingpa. Il s’agit d’antidotes :

Les conditions adverses sont tes instructeurs
Les discordances des émanations du Victorieux
Les maladies balaient les traces de la négativité
Les peines sont l'expression continue du réel
.”

[18] rtog don du shes pas sgom pa'i shes rab yin te/_sems skye med la gzhag tsa na/_rnam rtog gcig skyes gnyis skyes rang gi sems nyid yin/_sems nyid skye med chos skur sgom pa'o//
de'i tshe rtog pa byung na yang rjes dpyad pa dang /_'phral gzhom pa dang /_med pa sprul pa gsum las/

[19] dang po 'das pa'i rtog pa thams cad rang gi sems yin/_sems nyid skye med chos skar sgom pa'o//
gnyis pa da ltar 'phral skyes kyi rtog pa thams cad rang gi sems nyid yin/ sems nyid skye med chos skur sgom pa'o//
gsum pa ni lha med pa'i lha dang /_dmyal ba la sogs pa yang rtog pas sprul pa ste/_rtog pa de nyid rang gi sems nyid yin/ [30 zhang gi bka' 'bum] sems nyid skye med chos skur sgom pa'o//
de ltar rtog pa la brten nas chos skur rtogs pas/_rtog pa drin che bar bsam mo//

[20] Phyag rgya chen po lhan cig skyes sbyor gyi khrid yig.