Je rappelle l'anecdote racontée par Gampopa qui lui avait été rapportée par son maître Géshé lcags ri ba.
"Le guide (Gampopa) avait demandé à Géshé lcags ri ba si ces instructions pour valoriser (T. lam khyer) [les représentations] n'étaient pas en contradiction avec celles de l'école Kadampa. lCags ri ba lui avait répondu que lorsque Géshé gLang ri thang pa avait posé cette question à géshé Phu chung ba, ce dernier avait hésité et dit "oui, mais je ne peux pas le répéter."Les instructions qui valorisent les représentations (S. vikalpa) ne sont autres que la Mahāmudrā d'Advayavajra basée sur les distiques de Saraha, qui ne pouvaient pas être enseignées en public. Et pourtant elles ont été enseignées au sein même de la lignée Kadampa. Elles étaient en contradiction avec l'approche officielle de cette lignée, notamment celle de Po to ba, qui s'appuyait sur les traités canoniques. Les traités canoniques enseignent le renoncement ou sinon du moins la transmutation des représentations (S. vikalpa). L'anecdote de Gampopa nous montre que les instructions s'appuyant sur les distiques de Saraha étaient initialement enseignées plus discrètement et que cela causait une certaine gêne à Géshé Pu chung ba.
Sahajavajra, le disciple principal d'Advayavajra, a expliqué dans son commentaire sur les Dix versets sur le Réel, que les instructions du non-engagement mental (S. amanasikāra) ne sont autres que la Mahāmudrā. Advayavajra affirme d'ailleurs la même chose à plusieurs endroits. Pour justifier cette affirmation, Sahajavajra cite le Samādhirāja sūtra.
Nous avons maintenant le contexte pour comprendre à quoi faisait référence Po to ba quand il disait : "Ce que l’on appelle « Mahāmudrā » s’accorde avec le sens du Samādhirāja sūtra. Nous ne devrions ni la déprécier, ni la pratiquer.[1]" Il semble accepter ici que son "frère" Pu chung ba et ses disciples suivent les "Instructions", Mahāmudrā". Il conseille à ses propres disciples, "nous", c'est-à-dire les Adeptes des textes canoniques, de ne pas les pratiquer et de ne pas déprécier ceux qui les suivent et pratiquent, car elles se justifient dans le Samādhirāja sūtra.
que l'on appelle "
Cette Mahāmudrā devait même être assez populaire car Po to ba écrit dans une lettre :
"Les stades de l'entrainement spirituel, qui étaient enseignés en secret[2],Tout ceci se passe bien avant que Gampopa diffuse à son tour la "Mahāmudrā". Le Samādhirāja sūtra sera d'ailleurs de nouveau utilisé plus tard pour authentifier Gampopa et sa Mahāmudrā. Tout comme cette dernière s'appuie sur le Samādhirāja sūtra, Gampopa sera considéré comme le jeune bodhisattva Candraprabha kumāra (T. zla 'od gzhon nu) qui l'avait reçu du Bouddha.
Sont aujourd'hui divulgués au grand public
Tandis que des stades des méditations graduelles à commencer par la méditation sur la mort
Même les noms n'existent plus."[3]
***
Image : géshé Potowa
[1] Blue Annals, p. 268-269. Deb sngon p. 240
[2] Mind Training, The gReat Collection, Thubten jinpa p. 7, Cette lettre se trouve en entier dans "Treasury of Gems de Yeshé Döndrup (p169)
[3] Il s'agit sans doute des instructions que Gampopa donne dans son Introduction au sens ultime des représentations, autrement dit les instructions de géshé lcar ri ba pour valoriser les représentations (rtog pa lam du kyer bas rtog med 'char)
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