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samedi 14 mai 2022

Supercompilations et ritualisation de la pratique

Saturne dévorant son fils (détail), Goya

Le patrimoine de la lignée de la Pacification (zhi byed), tel qu’il a survécu à notre époque, est surtout l’oeuvre de quelques personnages clés, réels, légendaires[1] et fictifs. Il est très probable que la majeure partie du patrimoine y a été incorporée après la mort de son “catalyseur” au début du XIIème siècle.

Hormis Dampa Sangyé, ces personnages clés seraient Āryadeva le brahmane (pour la source Indienne/Cachemirienne), Drapa Ngeunshé (XI-XIIème, superdétenteur tibétain), Rog Sherab Eu (XII-XIIIème, superdétenteur tibétain), Minling Lochen Dharmashri (1654 - 1717, supercompilateur, oeuvre complète en ligne), et Jamgön Kongtrul (1813-1899, supercompilateur).

Le préfixe “super” indique que ces personnages n’étaient pas simplement des détenteurs et/ou des compilateurs, mais qu’ils ont surtout adapté les matériaux de la Pacification aux besoins de leur époque, en les transformant, uniformisant, complétant, augmentant et même en créant ou découvrant parfois de nouveaux matériaux.

Il est possible qu’un ou plusieurs “Dampa Sangyé” aient réellement existé, mais le personnage mort au début du XIIème siècle à Dingri au Tibet est devenu un personnage légendaire. Son passé indien bien trop riche, tel que raconté par les hagiographes tibétains, n’est simplement pas crédible dans un sens historique, à commencer par sa longévité, son identité de Kamalaśīla (c. 740-795), ses très nombreuses rencontres, notamment avec “les 54 mahāsiddha”, qui, s’ils ont réellement existé, sont des personnages encore plus légendaires (et/ou fictifs) que Dampa.

Les hagiographes n’expliquent pas pourquoi un maître-siddha de la trempe de Dampa Sangyé, avec sa longévité, ses rencontres et les nombreux maîtres qu’il aurait eus, aurait encore eu besoin de se rendre en Chine (Wu t’ai Shan), pour parfaire sa formation, et y rencontrer Mañjuśrī Vādisiṃha (tib. 'jam dbyangs smra ba'i seng+ge), qui lui aurait transmis les matériaux des deux lignées intermédiaires “aurales” ésotériques (snyan brgyud). Ce n’était certainement pas pour la lignée intermédiaire sapientiel de sKam, que Dampa avait besoin de faire ce voyage. Le besoin de ce voyage répond principalement aux besoins de l’époque post-XIIème siècle, où la nature ésotérique des matériaux et leur origine indienne étaient devenues capitales.

Il fallait un premier “superdétenteur” en la personne de Drapa Ngeunshé (1012-1090) pour recevoir les matériaux de la “lignée cachemirienne” (1), et pas que... Il fallait un deuxième “superdétenteur” en la personne de Rog Serab Eu (1166-1244, BA939-948 et son frère Zhigpo), pour recevoir les “lignées cachemiriennes” d’Āryadeva le brahmane, Drapa Ngeunshé[2] et Jñānaguhya (1), les trois lignées intermédiaires tibétaines (2), et le patrimoine tibétain de Dingri (toutes lignées confondues) par le personnage de rGyal ba Ten ne (3). Il reçoit aussi les trois branches mineures (brgyud phran) classées dans la lignée intermédiaire, ainsi que les lignées hétéroclites (brgyud pa thorbu ba BA911) également classées dans la lignée intermédiaire.

Quand quelqu’un demande à Ten ne ‘qui possède toute la Doctrine de Zhi-byed ?’, il répond de façon très énigmatique ‘Qui d’autre que l’ācārya (Rog) Sherab ? Il cherchait la Doctrine comme une vache perdue. Il a joint ensemble les extrémités des dix poutres, et en passant en dessous, il m’a honoré” (BA947 DN1101[3]).

Gö Lotsawa (1392-1481) confirme le rôle essentiel de Rog Sherab Eu dans les Annales Bleus, et lui consacre une hagiographie élaborée (BA939). Minling Lochen Dharmashri (1654-1717) écrit une Somme de l’école de la Pacification[4], que Jamgon Kongtrul reprendra dans son Trésor des Instructions ésotériques[5] et qu’il utilisera pour faire son résumé de l’école Zhi byed dans son Trésor de la connaissance[6]. Lochen Dharmashri avait lui-même reçu la transmission de Dingri Künpangpa Lodrö Tenpa (Ding ri kun spangs pa blo gros brtan pa)[7].

Nous arrivons alors au supercompilateur Jamgön Kongtrul ('Jam mgon kong sprul Blo gros mtha' yas 1813-1899), qui dans le cadre du mouvement non-sectaire a voulu rassembler, et réparer le cas échéant, les matériaux des huit chariots (shing rta brgyad) du bouddhisme indo-tibétain, parmi lesquels figure la lignée de la Pacification. Le rassemblement de tout ce patrimoine tibétain permet la transmission en bloc de celui-ci, ce qui empêchera des petites lignées en danger de s’éteindre. Il ne s’est cependant pas limité à rassembler ces lignées, mais aussi de les compléter, réparer, etc.

On y voit également une tendance à transformer les doctrines en “pratiques”, et principalement dans un cadre vajrayāna. Kongtrul faisait ce que d'autres avaient déjà fait avant lui, dans le contexte de l'école de la Pacification, il s'était appuyé sur le travail de compilation de Minling Lochen Dharmashrī (1654 - 1718). Celui-ci avait transformé la pratique de la Pacification du système sapientiel de sKam (perdu[8]), quelle qu'eût été sa forme originelle, en une pratique de vajrayāna, avec une consécration et des instructions directrices (khrid), et donc dans le cadre d’une relation de maître (guru) à disciple[9]. Pour le système de sKam, Lochen Dharmashrī n’avait pas ajouté une consécration (tib. dbang), mais un rituel d’autorisation (tib. rjes gnang)[10]. Lochen Dharmashrī l’admet lui-même, comme il s’agit d’une instruction sapientielle, il ne faut pas passer par une consécration. Pour être tout à fait fairplay avec Lochen Dharmashrī, il est possible qu’il se soit dit “la lignée de sKam s’est épuisée, nous n’en connaissons plus le contenu, mais nous pouvons toujours l’incorporer de façon rituelle, dans l’ensemble de la transmission Zhi byed”.

Il y a cependant bien des raisons pour lesquelles une lignée sapientielle comme celle de sKam, et donc de Dampa, n’ait pas pu survivre dans le système de la Pacification, qui a préféré donner toute la priorité à la Gnose (ésotérisme) et à la ritualisation de la pratique, comme on le voit dans le traitement par Kongtrul des trois lignées intermédiaires tibétaines (So, rMa et sKam) de la Pacification.

Cela participe d’une tendance de ritualisation qui n’est pas uniquement tibétaine, et qui existait déjà en Chine (et ailleurs) avant la période impériale du Tibet. Cette tendance est peut-être apparue avec une "laïcisation" progressive du bouddhisme, une plus grande ouverture (et adaptation) de la pratique bouddhiste au laïcs au début de notre ère avec l’apparition du mahāyāna.

Jan Nattier (dans A Few Good Man, p.45) argumente qu’il y a une étape “bodhisattvayāna” entre le śrāvakayāna et le mahāyāna, qui était nettement plus élitiste que le mahāyāna. Le mahāyāna propose pas mal de “raccourcis” (“shortcuts”), ou de “moyens faciles” pour parler avec Mme Guyon, afin de permettre aux laïcs de tous castes de pratiquer un bouddhisme plus près de leurs moyens et possibilités. Au lieu de pratiquer un sūtra (comme p.e. l’Aṣṭasāhasrikā Prajñāpāramitā Sūtra traduit en chinois en l’an 50), on pouvait simplement le vénérer. Au lieu de parcourir le long chemin pour devenir un Bouddha, on pouvait visualiser Amitābha ou d’autres Bouddhas célestes (conformément au Pratyutpanna-buddha-saṃmukha-avasthita-sāmadhi sūtra traduit en chinois en 179), pour accélérer l’obtention de l’état de Bouddha. Le Sūtra du Lotus met l’éveil à la portée de tous et abonde en raccourcis (upāya). Les millénarismesbouddhistes boostent encore davantage cette tendance, et créent un sens durgence.
Avec ces textes précoces du mahayana, on semble entendre résonner une nouvelle voix au timbre marqué par l'urgence et la crise. C'est la voix du livre lui-même. Il devient insistant: ‘Tiens-moi, récite-moi, copie-moi, prêche-moi ou diffuse moi, car sinon...!’ Ces textes excellent dans la pratique. Ils disent au lecteur exactement ce qu'il doit faire. Les exégètes monastiques continuent et continueront toujours à spéculer autour de la fin de la Loi, selon les diverses traditions savantes. Ce sont cependant les textes de ce genre qui ont déterminé les contours du bouddhisme en Asie orientale, et c'est dans cette ambiance mouvementée que nous devons réinsérer les premières phases du tantrisme en Chine, en les comprenant à travers ce contexte eschatologique.” Mantras et mandarins, le bouddhisme tantrique en Chine, Michel Strickmann, NRF, p.
Les dhāraṇī, que l’on traduit souvent par “formules” ou “incantations”, sont des concentrés doctrinaux, dotés des mêmes pouvoirs que la pratique orthodoxe de la doctrine. Quand le bouddhisme s’ésotérise davantage, il n’y a guère plus de distinction entre dhāraṇī et mantra (et vidya).

Quand Lochen Dharmashrī et Kongtrul oeuvrent à leurs compilations amendées[11], cela ne choque personne que la pratique sapientielle du système de sKam devient une pratique ésotérique de “raccourci”, au même titre que les systèmes de So et de rMa, qui étaient dès le départ des pratiques ésotériques. Le bouddhisme ésotérique tibétain mange et digère ainsi ses propres enfants sapientiels.

La Prajñāpāramitā*, Mère de tous les Bouddha (HA40381)

La “lignée de pratique” (sgrub brgyud) finit par se réduire au fond à des ritualisations raccourcies de la pratique, du vrai travail. “Pratiquer” est devenu “faire” ces pratiques rituelles.
"Chögyam Trungpa Rinpoché, dans ses conférences inaugurales de 1974 à l'Institut Naropa (publiées en 1981 sous le titre Journey Without Goal : The Tantric Wisdom of the Buddha), s'en prenait à ce qu'il appelait le "matérialisme spirituel", et plus particulièrement à la tendance à "collectionner" les pouvoirs, qui, disait-il, était une "corruption récente dans la présentation du [le] Vajrayana" perpétrée par les Tibétains. Selon Trungpa, c'est à cette corruption que Jamgon Kongtrul a répondu en initiant "une réforme du bouddhisme au Tibet, qu'il a appelée l'école Rimé". Trungpa décrit les institutions qui avaient été fondées à l'origine pour promouvoir les enseignements bouddhistes comme étant devenues des maisons ornées de rituels et de récitations, un peu plus que des coquilles creuses. Selon Trungpa, Jamgon Kongtrul a initié une réforme qui mettait en avant la "pratique" par opposition à la tradition et aux institutions. Trungpa voit Kongtrul s'adresser aux chefs des traditions religieuses du Tibet en disant : "Unissons-nous, travaillons ensemble au sein de cette tradition contemplative. Faisons l'expérience de cette tradition par nous-mêmes, au lieu d'inviter des centaines d'artistes à construire de glorieux sanctuaires. Faisons l'expérience de ce que l'on ressent en s'asseyant sur nos coussins de méditation et en ne faisant rien." Pour Trungpa, l'élément clé de l'héritage de Jamgon Kongtrul était la renaissance d'une "lignée de pratique" qui serait accessible à tous, en dehors des monastères et des communautés religieuses établies. Elle pouvait ainsi être librement exportée du contexte tibétain. C'est à cette lignée de pratique, a dit Trungpa à ses étudiants du Colorado, "que nous appartenons[12].” (traduction française DeepL)
Mais cela c’était en 1974… Trungpa s’est par la suite lui-même enfoncé dans le "matérialisme spirituel" et bien pire… et “la pratique” s’est enfoncée dans des “étiquettes” et des pratiques de raccourcis et de simulacres.

Il ne s'agit pas de changer quoi que ce soit à cet état de choses, dans lequel on a parfois du mal à distinguer les arbres sapientiels dans une forêt de Gnose, mais plutôt de prendre conscience de la singularité de certains maîtres bouddhistes indiens et tibétains et de leurs lignées éteintes, éclipsées ou avalées tout cru et digérées, et de faire un peu plus d'efforts pour tenter de faire ressortir leur singularité.  

* "From within emptiness, both oneself and the one in front appear with a lotus arisen from paṃ and a moon from āḥ. On that is a yellow syllable dhīḥ from which light emanates. It makes offerings to the noble ones, accomplishes the welfare of sentient beings, and gathers back in. Then it completely transforms into the form of the Mother, Perfection of Wisdom, yellow in color, with one face and two arms." Extrait du rituel de la Mère Prajñāpāramitā associé au système de sKam. Zhije, Essential Teachings, Sarah Harding

***

[1] Des personnages avec une réalité historique, mais qui a été augmentée par des fictions. Les personnages fictifs sont entièrement fictifs.

[2] La lignée de Drapa (le Cycle des neuf lampes de Zhi byed) est classée dans les branches mineures de la lignée intermédiaire (brgyud phran). Cette lignée a trois branches : Drapa, lCe (Dal sgang pa) (BA906, Kālacakra, Somanātha) et lJang (BA910). Les trois lignées débouchent sur Rog Sherab Eu (BA910).

[3] de slob dpon shes rab las ‘os ci yod/ khong gis rta stor bzhin du phyi rtsad bcad/ ba stor bzhin du nang rtsad bcad/ gdung sna bcur bkug ste ‘og tu zhugs nas bsten pa yin gsung*/

rtsad bcad signifie à la fois : investigate, cutting the root, clarify butter (IW), et resolve; {brtags shing rtsad bcad} examine and explore. to investigate [cutting the root] / to clarify [when boiling butter]; search out, inquire into (RY)

Le tibétain du DN est différente de la traduction anglaise des Blue Annals, avec une difficulté particulière pour la traduction de rtsad bcad.

"Tel un cheval perdu, il a cherché de façon extérieure, telle une vache perdue, il a cherché de façon intérieure, il a rassemblé les dix diverses familles/lignées (gdung), et en se plaçant au-dessous, il m’a suivi."

[4] 27. DISTILLED ELIXIR A Unified Collection of the Guidebooks of the Early, Middle, and Later Pacification, Zhije, Essential Teachings, Sarah Harding. Pour une vidéo de Sarah Harding parlant de son travail de traduction, cest ici

Zhi byed snga phyi bar gsum gyi khrid yig rnams phyogs gcig tu bsdebs pa bdud rtsii nying khu, in DNZ, vol. 13 (pa), pp. 311–407. DV, vol. ca, pp. 665–797. LDS, vol. 18, pp. 204–80.

[5] Gdams ṅag mdzod: A Treasury of Instructions and Techniques for Spiritual Realization. 12 vols. Delhi: N. Lungtok and N. Gyaltsan, 1971.

[6]It is almost certainly the source for Jamgön Kongtrul’s summary of this practice lineage in The Treasury of Knowledge.” Sarah Haring, Zhijé.

[7] Mindrolling History Project. “From the master Dingri Künpangpa Lodrö Tenpa (ding ri kun spangs pa blo gros brtan pa) Dharmashri received the wang (dbang), lung (lung) and tri (khrid) of the Zhije Ngachi Barsum (zhi byed snga phyi bar gsum kha 'thor dang bcas pa), of the essential teachings and empowerment of Kalachakra, the Gyutrül Zhitro (sgyu 'phrul zhi khro) and Lama Sangdü (bla ma gsang 'dus)”.

[8]DNZ The third system was transmitted to Kamtön Yeshe Gyaltsen (d. 1119) and is called “the guide to the essential meaning of the perfection of wisdom.”
Unlike the previous two, this instruction is short and basic, and entirely exoteric. It consists of practices commonly considered preliminaries, with nothing really touching on the perfection of wisdom. Dharmashrī explains that the main guidance manuals of this tradition have been lost, with only the preliminaries remaining. He states very generally that he has composed it based on “the old writings
.” Zhije, Sarah Harding

[9] 'dir rma lugs/_de la'ang smin byed kyi dbang dang /_grol byed khrid kyi phyag len/

Mahāmudrā in the Ma System, Damngak Dzö Volume 13 (པ་) / Pages 59-67 / Folios 11a2 to 15a2.

[10] Subsequent Authorization Ritual for the Perfection of Wisdom in the Kam System (tib. skam lugs sher phyin ma'i rjes gnang)

[11] "These empowerments, along with Dharmashrī’s commentary, Distilled Elixir, and lineage supplication, Golden Garland, constitute nearly 80 percent of this Pacification volume in the Treasury, proving Kongtrul’s point." Translation's Introduction to the Zhije Empowerments, Sarah Harding

[12]Chögyam Trungpa Rinpoche, in his 1974 inaugural lectures at Naropa Institute (published in 1981 as Journey Without Goal: The Tantric Wisdom of the Buddha), assailed what he called “spiritual materialism,” specifically the tendency to “collect” empowerments, which, he said, was a “recent corruption in the presentation of [the] Vajrayana” perpetrated by Tibetans. According to Trungpa, that corruption was what Jamgon Kongtrul had responded to in initiating “a reformation of Buddhism in Tibet, which he called the Rime school.” Trungpa described the institutions that had been originally founded to promote the Buddhist teachings as having ossified into ornate houses of ritual and recitation, little more than hollow shells. According to Trungpa, Jamgon Kongtrul initiated a reform that foregrounded “practice” as opposed to tradition and institution. Trungpa has Kongtrul appealing to the leaders of Tibet’s religious traditions, saying, “Let us unite; let us work together within this contemplative tradition. Let us experience this tradition for ourselves, instead of inviting hundreds of artists to build glorious shrines. Let us experience how it feels to sit on our meditation cushions and do nothing.” For Trungpa, the key element of Jamgon Kongtrul’s legacy was the revival of a “practice lineage” that would be available to all, outside of the monasteries and established religious communities. It could thereby be freely exported from a Tibetan context. It was that practice lineage, Trungpa told his students in Colorado, “that we ourselves belong to.” Open View, Solid Ground, By Lion's Roar Staff|Dec. 20th, 2016

[12] 'dir rma lugs/_de la'ang smin byed kyi dbang dang /_grol byed khrid kyi phyag len/
Mahāmudrā in the Ma System, Damngak Dzö Volume 13 (པ་) / Pages 59-67 / Folios 11a2 to 15a2.

[13] Subsequent Authorization Ritual for the Perfection of Wisdom in the Kam System (tib. skam lugs sher phyin ma'i rjes gnang)

[14] pha rol tu phyin pa'i gdams pa yin pas dbang gi chos sgo 'byed pa la mi ltos mod/_'on kyang bla ma rnams kyi phyag bzhes su bka' babs dang po' lha lnga'i ya gyal yum sher phyin ma'i rjes gnang 'dir mdzad pa ltar spro na/ skam lugs sher phyin ma'i rjes gnang

Il semblerait que ce soit un rituel qui fait partie du Cycle des Trois lampes, que Dampa aurait transmis au paṇḍit cachemirien Jñānaguhya, qui les avait retransmis à Drapa Ngeunshé, et que Rog Sherab Eu avait reçu.

You may wish to do the subsequent authorization (rjes gnang) of the three deities in what is known as the blessings (byin rlabs) of the Three Lamps in the first transmission.”

8. SUBSEQUENT AUTHORIZATION RITUAL FOR THE THREE DEITIES, Zhije, Essential Teachings, Sarah Harding
bKa’ babs dang po sgron ma rnam gsum gyi byin rlabs su grags pa lha gsum gyi rjes gnang, in DNZ, vol. 13 (pa), pp. 53–59. Second source: LDS, vol. 18, pp. 20b–24b. 

mercredi 11 mai 2022

Les fils narratifs de la lignée de Dampa Sangyé

Métier à tisser (photo)

Que savons-nous au juste de Kamgom (XI-XIIème s.) ? pas grand chose à part qu’il étudiait la prajñāpāramitā auprès de Géshé Drapa (Gr(w)a pa), et qu’il fut un disciple de Dampa Sangyé, en présence de qui il aurait passé 14 jours. Il faut un véritable travail d’archéologie scripturale et diverses grilles de lecture gros calibre, pour voir apparaître les contours d’un semblant de vérité sur ce personnage et sa transmission. Il faut se mettre dans la peau d’un hagiographe, et penser comme un hagiographe, et faire de l’ingénierie inverse. Je suis pour cela un biais “sapientiel” et “non-Gnostique”, pour avoir une petite chance de passer à travers les couches hagiographiques Gnostiques, tel un rayon X. La Gnose ne se réduit pas aux tantras (indiens) et peut comprendre d’autres matériaux (padmaïstes, taoïstes, nāthistes, alchimistes, etc.). L’ensemble de ces instructions ésotériques constituent alors une Gnose, dont la connaissance (de choses cachées, etc.) permet de se libérer, contrairement à la sapience, qui n’a pas de contenu qui se transmet.

Kamgom se distingue des autres détenteurs de la Pacification (zhi byed), car il avait rencontré Dampa Sangyé (“le mahāsiddha tibétain”), pour recevoir de lui une transmission relativement simple (comparée aux autres), et appelé après lui, “sKam lugs”, le “système de Kam”. Dampa Sangyé est réputé pour avoir enseigné à la fois la perfection de la sapience (prajñāpāramitā) et les tantras. Le seul qui semble avoir réellement reçu une instruction “sapientielle” (prajñāpāramitā) et non explicitement “Gnostique” (tantra, Gnose/jñāna) est Kamgom. Les hagiographes semblent plus ou moins confirmer cela, même si, pour eux, recevoir des instructions purement sapientielles d’un “mahāsiddha” comme Dampa, n’est pas possible. Comment empêcher ou résister à la transmission de siddhi ou de grâce, au contact d’un mahāsiddha ?

Mon intuition par rapport à la lignée de la Pacification (zhi byed), et elle ne se limite pas à cette lignée tibétaine singulière, est que les événements historiques (dans la mesure où ils sont accessibles) sont souvent éclipsés par des manœuvres lignagères et hagiographiques plus tardives. Le critère traditionnel par excellence de la validité d’une tradition tibétaine est la traçabilité de celle-ci. L’instruction qu’un détenteur reçoit d’un autre doit pouvoir être retracée jusqu’au Bouddha, pour qu’elle puisse être authentique. Tout, absolument tout est mis en œuvre pour qu'il en soit ainsi dans les hagiographies. C’est le travail des détenteurs et d'intellectuels religieux tibétains, véritables ingénieurs en réseaux lignagers. Dans la tradition tibétaine, les instructions Gnostiques (tantras et autres révélations considérés comme “parole du Bouddha” ou équivalent) sont considérées supérieures aux instructions sapientielles (sūtra, śastra), du moment qu’elles ont une origine indique attestée (canoniquement et/ou hagiographiquement). C’est pendant la Renaissance tibétaine (deuxième propagation) que la transition tantrique devient complète. Certains maîtres bouddhistes réputés pour l’importance qu’ils accordaient à des instructions sapientielles ont dû être hagiographiquement mis à jour pour participer à la transition tantrique, souvent plusieurs siècles plus tard.

Il fallait montrer pour le moins que ces maîtres avaient pu avoir accès à des systèmes tantriques apparus ou diffusés après eux, ou qu’ils avaient pu rencontrer leurs propagateurs emblématiques, afin qu’ils puissent fonctionner comme des rouages opérationnels dans les transmissions tantriques. Il y a de nombreux outils hagiographiques pour créer et réparer des transmissions défectueuses. Ce ne sera pas le sujet de ce blog.

La donne du départ c’est qu’il y aurait eu au XIIème siècle un maître indien, Dampa Sangyé dit “l’Indien”, actif au Tibet. Il serait mort à Dingri en 1117 (ou un peu plus tôt). Son enseignement était conforme à l’enseignement répandu à son époque à quelques innovations prêt (forcer l’arrêt du cours des pensées discursives, méthodes thérapeutiques contre-intuitives gya-log, etc.). Dampa semblait avoir eu un faible pour la perfection de la sapience[1]. Mais c' était aussi un thaumaturge itinérant. Quand Dampa rencontre Kamgom, Dampa lui enseigné la perfection de la sapience, notamment des instructions pour la mettre en pratique.

Jamgon Kongtrul explique dans son Trésor de la connaissance (shes bya kun khyab mdzod, Livre 8, partie IV Instructions ésotériques) que le système de Kam consistait en la Guidance vers le sens du Sūtra du Coeur (tib. sher phyin snying po don gyi khrid) en six parties, dont quatre parties plutôt rituelles, probablement sous forme de prières et d’offrandes. Puis, une partie consacrée à la motivation pour la pratique (amour, compassion, bodhicitta), qui débouche sur la pratique de la méditation et la prolongation de la méditation en action.

1. Prières (tib. gsol 'debs) à la lignée
2. Aspiration (tib. mos gus)
3. Purification d’obnubilations (tib. sgrib sbyong)
4. Accumulation de mérite (puṇya) et de "méditation" en action (jñāna) (tib. tshogs bsags),
5. Développer l’amour et la compassion (tib. byams snying rje bsgom pa),
6. Engendrer la pensée éveillée (tib. sems bskyed) Cette dernière partie se divise en deux :
- a. pendant le recueillement, couper les pensées discursives avec force (tib. mnyam gzhag tu rnam par rtog pa btsan thabs su gcod),
- b. après le recueillement, en activité, considérer les pensées discursives en leur nature (dharmatā) (tib. rjes thob rnam rtog chos nyid du khyer).

Cela semble être le socle commun de la pratique de la Pacification (zhi byed). Celui-ci peut être étoffé, et il a été étoffé, notamment par des méthodes Gnostiques (tantra). C’est la transmission de méthodes Gnostiques qui impose un cadre strict (révélation surnaturelle, lignée, guru, etc.). Dans la transmission de la Pacification (zhi byed) et plus tard du Déracinement[2] (gCod), l’aspect Gnostique semble prendre le dessus sur le côté sapientiel, en précisant immédiatement que l’on ne connaît jamais le for intérieur d’un pratiquant quel qu’il soit.

A mon avis, cette pratique de base de la Pacification (qui comprend le principe de gCod, 6a ci-dessus) est la forme la plus ancienne de l’enseignement de la Pacification de Dampa. Ce sont les hagiographes (Rog Sherab Eu, etc.) qui ont créé la transmission en plusieurs lignées, tout en donnant la primauté à une lignée Cachemirienne (kha che lugs)[3], garante de l’authenticité de la doctrine de la Pacification, puisqu’elle serait d’origine indienne et tantrique, conformément à l’idéal de la Renaissance tibétaine. La lignée intermédiaire, ce sont les transmissions des disciples tibétains de Dampa Sangyé (à savoir So, rMa et sKam). Puis, diverses lignées supplémentaires, tardives et mineures. Je reviendrai sur les différents points de ma thèse dans d’autres blogs.

Je laisse de côté la transmission indienne pour l’instant, et je reviens sur les “lignées intermédiaires” tibétaine, ses trois détenteurs et leurs lignées de transmission respectives, telles qu’elles sont racontées par la tradition tibétaine.

Cela donne pour rMa (chos kyi shes rab), détenteur de la lignée aurale de la mahāmudrā : Vajradhara > Mañjuśrī Vādisiṃha > Dampa l’Indien > rMa > Sog po mdo sde grags > Siddha rGyal ba te ne > Rog Shes rab 'od[4]

Pour So (dge 'dun 'bar), détenteur de la lignée qui guide vers la vision nue du Discernement (rig pa) : Mañjuśrī Vādisiṃha > Bindarapa > Āryadeva (le brahmane)[5] > Dampa Sangyé > So dge 'dun 'bar > Sha mi smon lam 'bar > 'khrul zhig mes ston nam
ou à partir de Sha mi > Chus pa l’ancien dar ma brtson 'grus > Chus pa le jeune btson seng > mes ston > Rog shes rab 'od[6]

Ces deux lignées aurales sont peut-être des apports (ou mis à jour) kagyu/nyingma. Elles sont “aurales” (snyan brgyud, des révélations) car elles ont leur source en une entité surnaturelle[7], dont Dampa aurait été le premier récipiendaire humain. 

La lignée sapientielle de sKam en revanche se base sur la pratique du “sens essentiel du Sūtra du Coeur” : Bouddha Śākyamuni > Maitreya > Asaṅga > Vasubandhu > Āryadeva (le brahmane) > Dampa Sangyé > sKam Ye shes rGyal mtshan > khu ston dbang phyug bla ma > chags ston rin chen grub > stod ston shAkya seng ge > rong ston dar ma bsod nams > rje go brag > mtshan ldan ri khrod dbang phyug > mkhan chen dus gsum sangs rgyas > drin chen sangs rgyas dbon > kun mkhyen sku mched > etc. 

La lignée sapientielle de sKam remonte à Bouddha Śākyamuni, et c’est une lignée bouddhiste de patriarches plutôt habituelle, comme on peut en trouver dans le bouddhisme chinois (Chan) par exemple. Ce type de lignée peut avoir ses propres trous et déficiences, mais la source est humaine, pour autant que l’on considère Bouddha Śākyamuni comme un humain. Les deux autres lignées Gnostiques passent par Mañjuśrī Vādisiṃha, et Vajradhara pour la lignée de mahāmudrā.

Revenons maintenant à la lignée cachemirienne, que les hagiographes donnent comme “la plus ancienne”, authentique et tantrique (smin grol gsan pa'i brgyud pa) : Āryadeva > Dampa Sangyé > le cachemirien Jñānaguhya > dbon po dPal ldan Shes rab > dbus pa lo ston btsun chung (le traducteur tibétain) > sras rdo rje rgyal mtshan > chus pa (l’ancien) dar ma brtson 'grus > chus pa (le jeune) dar ma seng ge > rog shes rab 'od. Il s’agit d’une transmission de maîtres et disciples humains qui ont reçu par audition (gsan pa) et transmis les méthodes de “maturation et libération” (smin sgrol) de la Pacification. La “maturation” correspond aux consécrations tantriques (tib. smin byed kyi dbang dang) et la “libération” au guidage qui libère (grol byed kyi khrid).

De manière générale on peut dire en ce qui concerne la Pacification, que les lignées humaines passent par “Āryadeva le brahmane” et les lignées aurales par Mañjuśrī Vādisiṃha. Āryadeva le brahmane est le garant d’authenticité de l’origine indienne. Le texte qui lui est attribué, Les instructions sur la perfection de la sapience (tib. ‘phags pa shes rab kyi pha rol tu phyin pa’i man ngag, Skt. Ārya-prajñāpāramitā-upadeśa), est un texte canonique (Q5871, GT3884)[8]. Le titre original serait “Ārya de bas mdza pa’i shes rab pha rol tu phyin pa’i tshigs su bcad pa chen mo[9]. Le colophon du Tengyur (Pékin et gSer bris ma) mentionnent māhapaṇḍita Mipham Goeunpo comme son traducteur tibétain (sgra rang 'gyur du mdzad pa), qui serait un maître Droukpa Kagyu (?). Un fichier PDF de la traduction en deux colonnes (police tibétaine) peut être téléchargé ici.
Le texte aurait été introduit au Tibet par Dampa Sangyé, qui l’aurait traduit lui-même, puis reçu et édité par le traducteur tibétain Zhama lotsāva (zhwa ma chos kyi rgyal po). Ron Davidson[1] classe les textes, souvent attribués à des mahāsiddhas, produits par Dampa Sangyé et Zhama lotsāva parmi ce qu’il appelle lui-même « des textes gris », autrement dit des apocryphes[10].
Sans “Āryadeva le brahmane”, que resterait-il de la lignée cachemirienne ? Selon un des textes des “manuscripts de Phadampa rédécouverts”, attribué à Rog Sherab Eu, la lignée cachemirienne[11] serait la première transmission (tib. rgyud pa dang po), qui a pour sujet “le Cycle des lampes de la Pacification” (tib. zhi byed sgron ma'i skor bya ba), et qui aurait été enseigné par le paṇḍit cachemirien Jñānaguhya à Dampa Sangyé. Nous avons vu qu’il s’agit du Cycle des neuf lampes, qui a été incorporé dans le Tengyur, mais attribué à Kamalaśīla ou Kamalaśrī, et que ce même paṇḍit aurait également enseigné à Drapa (Ngeunshé), un “superdétenteur”. 

Les Annales bleus expliquent dans le chapitre sur Zhi byed (BA871) que la première lignée cachemirienne consiste en le sādhana de Yamāntaka et les “Trois (sic !) cycles deZhi byed sgrol ma” (= sgron ma), et que cette lignée aboutit chez Rog Sherab Eu. Gö Lotsawa a donc probablement compulsé une hagiographie de la lignée de Rog. Trois cycles de lampes, que Dampa transmet à Jñānaguhya, et quand ce dernier transmet le Cycle des Lampes, il y en a neuf.

Voilà donc la lignée “cachemirienne”, la transmission “la plus ancienne” de la Pacification de Dampa…

La dernière et cinquième lignée de Pacification est celle qui part de Byangs sems Kun dga’ (BA920), et dans laquelle on retrouve rGyal-ba Ten-ne (1127-1217), dont Rog Sherab Eu récupère toute la transmission en personne[12].

Le maître nyingmapa Rog Sherab Eu est un “superdétenteur”. Non seulement, il “récupère” les deux lignées Gnostiques “intermédiaires”, ainsi que la lignée “cachemirienne” “première”, mais son hagiographie précise qu’il récupère aussi la lignée sapientielle de sKam, ainsi que toutes les transmissions de “Siddha rGyal ba te ne”. Cela comprend la cinquième lignée (via Kunga), qui était une lignée “unitransmissible” (chig brgyud BA929 & BA938). Cela veut dire que durant sept générations de patriarches, une seule transmission était possible. Asaṅga > Vasubandhu > Āryadeva le brahmane > Dampa Sangyé > Kun dga’ > Pa tshab > Ten ne. A partir de Ten ne, la transmission était libre, et Rog Sherab Eu était là pour la recevoir. Pour ceux que cela intéresse, le nombre sept des sept générations correspond aux sept sceaux avec lesquels les volumes de la Prajñāpāramitā étaient scellés lors de leur découverte (BA938).

Il se passe donc quelque chose de très important avec ce superdétenteur de toutes les lignées de la Pacification, et qui les réorganise de fond en comble. La lignée sapientielle (sKam), la plus basique (mais pas la plus durable), devient une des trois lignées intermédiaires tibétaines, dont le message sapientiel de Pacification est noyé dans le vacarme Gnostique des autres lignées. Même la rencontre relativement simple de Kamgom et Dampa (BA896, DN1047) a été noyée dans des détails hagiographiques ((BA95 DN124 et BA905-906), dont Rog Sherab Eu semble être la source, ou un propagateur important[13].

Tout cela évidemment du point de vue d’un archéologue scriptural, qui tente de sortir une réalité très fragile et incertaine d’en dessous de nombreuses couches hagiographiques successives. L’objectif étant plutôt de susciter une petite prise de conscience plutôt que de fournir des “preuves” de toute façon trop fragiles.

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[1] L’abréviation de “Dam chos sdug bsngal zhi byed”, le parfait dharma qui apaise la souffrance, est dérivé d’un épithète du “mantra-coeur de la perfection de la sapience” (skt. bhagavatīprajñāpāramitāhṛdaya, tib. bcom ldan ’das ma shes rab kyi pha rol tu phyin pa’i snying po (Toh. 21).

[2] Basé sur le sens de couper la racine/les racines. Mais gCod signifie aussi le dépeçage, du corps p.e.

[3] de nas rje dam pa des rgyud pa ji ltar bzhag pa ni / snga phyi bar pa gsum las / rgyud pa dang po zhi byed sgron ma'i skor bya ba / kha che dznya na pan 'gri ta la rgya gar du gsungs pa lags skad //
Pha-dam-pa'i Gsung Drametse Thorbu 041, Title 1 brgyud pa bar pa'i lo rgyus kyi rim pa, 
by courtesy of Dan Martin

[4] rma yi phyag rgya chen po snyan brgyud kyi gdams ngag : rdo rje 'chang /'jam dbyangs smra seng / dam pa rgya gar/ rma sgom chos kyi shes rab/ sog po mdo sde grags/ grub thob rgyal ba te ne/ rog shes rab 'od. Source : dpe war dgon pa'i dpe tshogs, rédigé par Khenpo sKal ldan Tshe ring (1971-), Sakya Research Center

[5] Présenté dans certaines hagiographies comme son oncle maternel de l’Inde du Sud. Les mêmes pour qui Dampa est Kamalaśīla et aurait eu une longévité impressionnante.

[6] rig pa gcer mthong gi khrid ni : 'jam dbyangs smra seng / bin+d+ra pa/ Ar+ya de wa/ dam pa sangs rgyas/ so dge 'dun 'bar/ sha mi smon lam 'bar/ 'khrul zhig mes ston nam/ yang na sha mi nas/ chus pa dar ma brtson 'grus/ chus pa btson seng / de dang mes ston gyis rog shes rab 'od.

[7] Ou simplement une inspiration attribuée à Mañjuśrī dans son aspect de Mañjuśrī Vādisiṃha. Dans ce cas, il faudrait traiter ces révélations comme des inspirations, et non comme des transmissions historiques, à une date historique, par un personnage historique.

[8] Dans les collections canoniques tibétaines, un autre texte avec le même nom (DG 2642) est attribué au mahāsiddha Lavapa/dpal kam+ba la pa et à Atiśa.
'phags pa shes rab kyi pha rol tu phyin pa'i man ngag rdo rje lta bu zhes bya ba dpal kam pa las mdzad pa rdzogs so/ /rgya gar gyi mkhan po dI paM ka ra shrI dz+nyA na'i zhal snga nas dang bod kyi sgra bsgyur gyi lo tsA ba dge slong dge ba'i blo gros kyis zhus pa

[9] Machig Labdrön and the Foudnations of Chöd, Jérôme Edou, p. 177, n.1

[10] Blog Aryadeva le brahmane sur le déracinement du 23 septembre 2011. Tibetan renaissance: Tantric Buddhism in the rebirth of Tibetan culture Par Ronald M. Davidson, p. 150

[11] de nas rje dam pa des rgyud pa ji ltar bzhag pa ni / snga phyi bar pa gsum las / rgyud pa dang po zhi byed sgron ma'i skor bya ba / kha che dznya na pan 'gri ta la rgya gar du gsungs pa lags skad // Source Padampa, “Drametse Thorbu 041 TOC & My Notes”, transcription gentiment fournie par Dan Martin

[12] Ten-ne serait mort en 1127 selon Treasury of Lives, José Cabezón, il s’agit sans doute d’une simple erreur. Selon le BA938 en 1217.

[13] On retrouve ces détails hagiographies dans un manuscrit Zhi byed (Pha-dam-pa'i Gsung Drametse Thorbu 041), découvert récemment dans le monastère nyingma Drametse en Bhoutan oriental, et qui fait désormais partie du projet Endangered Archives Project (EAP) du British Library. Source : New Padampa Manuscripts, Dan Martin. Il semblerait que Rog soit l’auteur des hagiographies concernées par ce manuscrit. Toutes les lignées se terminent par Rog Shes rab 'od, et le colophon d’un des manuscrits le confirme.