Mindfulness Program born at Google |
Le 18.01.2022, la Ligue des droits de l’homme (LDH), et quatorze autres signataires[1] ont adressé une lettre ouverte “A propos des expérimentations d’ateliers de méditation de pleine conscience à l’école” au ministre de l’Education, après avoir alerté le Ministre et l’opinion public en juin 2021. Un collectif de scientifiques[2], parmi lesquels en premier Christophe André, avait réagi le 01/02/2022 par une tribune dans Le Monde au titre ironique “La méditation de pleine conscience est très loin des images ésotériques et des odeurs d’encens”, en déclarant qu’ “Il est scientifiquement prouvé que la méditation de pleine conscience [MPC], qui n’a rien de religieux, est source de bienfaits.”
Le projet de MPC, “proposée par un lobby ésotérique”, auquel fait référence LDH, est selon la Ligue “principalement relayée par la structure privée Initiative mindfulness France [IMF]” qui en fait état dans ses rapports d’activité d’initiatives locales en 2019, concernant 425 établissements publics et privés.”
Il n’y a d’ailleurs pas que le Ministre de l’Education, qui est concerné par le projet MPC. Dans le rapport de l’IMF il est mentionné :
“Dans sa feuille de route de 2018, Agnès Buzyn, ministre de la santé, recommande un recours à ces techniques et pratiques (relaxation, respiration, Pleine conscience...), notamment dans le champ de l’éducation, pour prévenir les risques sanitaires et sociaux. Le 20 juin 2019, un colloque organisé avec Santé Publique France affiche une nouvelle mission : « Interventions basées sur la Pleine conscience, sciences, santé et société : lever des doutes, ouvrir des perspectives ». Enfin, en décembre 2019, la première publication scientifique française sur le sujet indique que ces pratiques ont pu fournir à des enfants scolarisés du CE2 au CM2 des stratégies de régulation émotionnelle et permettre une amélioration de leur bien-être tout en réduisant les inégalités pour les élèves ayant le plus de difficultés.” rapport IMF 15/09/2020
La MPC est donc bonne pour la santé, et permet en plus de réduire les inégalités à l’école. Elle est aussi bonne pour la planète[3]… L'écologiste Delphine Batho a déclaré dans Le Monde que "nous avons un combat à mener pour démocratiser la méditation" et "plaide ainsi pour un remboursement de la méditation par la Sécurité sociale pour certaines formes de pathologies, et pour qu’elle soit enseignée aux enfants et aux adolescents".
Ce qui reste encore à prouver. La MPC promue en France est également accusée d’ “entrisme”, et de porter atteinte à la laïcité, et connaît ses premières saisines dans le cadre de dérives sectaires.
“De 2018 à 2020, La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a fait l’objet de douze saisines pour des problèmes liés à la MPC concernant des mineurs.” Leur rapport 2018-2020 souligne “Il n’existe pas de définition de la méditation de pleine conscience communément admise”, “...une partie de la communauté scientifique s’accorde à penser qu’il est nécessaire de définir et de décrire le type de méditation de pleine conscience utilisé dans les expériences menées, ceci afin d’en limiter les biais conceptuels”[4].Pourquoi la LDH parle-t-elle d’ailleurs de “lobbies ésotériques” ? C’est à cause du lien de la MPC avec son inventeur, Jon Kabat-Zinn, et “le think-tank ésotérique américain Mind and Life institute”, fondé par Francesco Varela et le Dalaï-lama, et dont le Dalaï-lama est président d'honneur à vie. Selon la LDH, Jon Kabat-Zinn est aussi “l’un des actuels leaders de l’Institut Esalen, importante officine New Age, matrice de nombreuses psycho-sectes qui inondent la planète depuis les années 70”. En France, c’est le moine Matthieu Ricard (MR), traducteur francophone du Dalaï-Lama, qui est un grand promoteur de la MPC, et en même temps le disciple de maîtres tibétains nyingmapa très traditionnels et conservateurs. MR fréquente de nombreuses réunions (neuro)sciences et religions, de par sa double casquette d’ex-scientifique et de moine bouddhiste. Pour ses charités et pour la promotion de la MPC, il fréquente également des milieux politiques et économiques (Google, Davos, ).
“Lobbie ésotérique” peut sembler exagéré, mais “lobbie spiritualiste” sans doute. Ceux qui promeuvent activement la MPC, ne le font pas simplement à cause des multiples “bienfaits” “prouvés” par des études scientifiques. Il est clair que la MPC part d’une théorie, qui a ses racines dans la religion/spiritualité, et qu’elle cherche à prouver aussi scientifiquement que possible sa version déspiritualisée. Il y a sans doute des promoteurs MPC sincères dans leur démarche “non-religieuse”, mais il y en a aussi qui s’intéressent à “l’esprit” et à “l’âme” dans un sens plus ésotérique, et notamment aux “sorties du corps”, les expériences de mort imminente (EMI), alias “décorporation”, y compris la “décorporation” définitive après la mort “du corps physique”[5] (P.e. le projet éducatif Abiding Heart Education de Mingyur Rinpoché, qui enseigne le Bardo et utilise la méthodologie Steiner/ Waldorf). Il y a une différence entre étudier la “neurophénoménologie” et une approche phénoménologique de “l’interaction corps-esprit”, et le risque est de retomber par facilité ou par habitude, consciemment ou inconsciemment, sur un dualisme ancien du corps et de l’esprit, avec tout son passif et spéculations habituelles.
Chacun est libre d’avoir les conceptions de “l’esprit” (spiritualité) qu’il veut, et d’être “spirituel”, mais l’école est-il le lieu approprié, ou est-ce son rôle d’enseigner des méthodes et des théories “spirituelles”, aussi diluées soient-elles, mais qui posent du moins implicitement le corps-esprit comme une donne ? "On n’arrête pas l’esprit !" dit une participante de l’expérience Longimed (le Monde, Des neuroscientifiques lyonnais auscultent la méditation). Quand on fait entrer dans les écoles les intervenants privés de diverses associations ou entreprises de MPC, financées et soutenues par d’autres associations et entreprises privées avec leurs propres objectifs, pour en faire les “acteurs de changement” (Changemakers) de demain, ce n’est peut-être pas les images ésotériques et les odeurs d’encens qu’il faut craindre le plus.
La compatibilité néolibérale avec la MPC a été remarquée par plusieurs auteurs : Ron Purser, McMindfulness: How Mindfulness Became the New Capitalist Spirituality, et plus récemment en français Élisabeth Martens, “La méditation de Pleine conscience, l'envers du décor”, paru chez Investig'Action, 2020.
“Le monde des entreprises est visé. De plus en plus de firmes mettent à disposition des salariés des salles de repos où des instructeurs de Pleine conscience, souvent des membres du RH de l'entreprise, donnent des séances de pleine conscience. On trouve ces « Chief Happiness Officer » dans la GRH de grosses multinationales comme Google, Facebook, Ford, L'Oréal, Siemens, EDF, Danone, Logo, Ikea, etc. La vigilance au travail s'améliore, les salariés sont plus flexibles pour leurs horaires ou pour des mutations dans un autre secteur ou un autre pays, les relations au sein de l'entreprise sont moins conflictuelles.” source TibetDocMême des promoteurs de la MPC alertent maintenant sur ce risque, y compris Jon Kabat-Zinn himself. Également, en Belgique, les chercheurs David Zarka et Ilios Kotsou, qui dirige par ailleurs le programme Mindful Leadership à la Solvay Brussels School of Economics and Management (SBS-EM)”[6].
“Ce n’est en effet pas un hasard si la méditation de pleine conscience est choyée par nos marabouts les plus libéraux, et se trouve par exemple dans les recommandations de Pierre Gattaz, président du Medef, pour « faire gagner la France ». Prise comme telle, la méditation de pleine conscience risque de devenir une pratique au service de l’injonction très actuelle de performance et d’évaluation qui caractérise nos sociétés néolibérales.”De McMindfulness à la Révolution de la méditation...
“Il s’agit là, selon nous, d’un détournement, d’une récupération, voire d’une tentative de soumission de la méditation de pleine conscience à une logique individuelle et collective oppressante de fuite en avant dans le cadre de laquelle, elle nous offre l’illusion d’une échappatoire à la violence du quotidien. Loin d’être anodine, cette représentation utilitariste menace de réduire la méditation de pleine conscience à un outil d’efficacité au service de la compétition, dont la seule valeur serait mercantile. Elle ne deviendrait alors qu’une énième technique de développement personnel et professionnel à la mode. Concevoir la méditation de pleine conscience de cette façon, c’est, semble-t-il, trahir sa dimension fondamentale.”
“[...]Plutôt qu’un outil au service de l’efficacité et de la flexibilité dans une société de compétition sans merci, la méditation de pleine conscience peut s’envisager comme un facteur de résistance aux dérives de nos sociétés, voire comme un facteur d’évolution sociale.”
Résister au pillage attentionnel continu par un monde virtuel qui s’étend partout, par le biais de smartphones et autres appareils connectés. C’est ironique que les mêmes qui insèrent de la publicité cognitovore partout, et qui doublent leurs bénéfices en 2021, financent les entrepreneurs attentionnels et proposent de “nous connecter à nous-mêmes” (“Search Inside Yourself”), et que les apps de pleine conscience pour smartphones explosent. 5 minutes de pleine conscience entre deux consultations de réseaux sociaux, trois vidéos Youtube, et quatre pubs. C’est vraiment bon pour la santé mentale ?
[1] “La Ligue des droits de l’Homme (LDH) ;
L’Association pour la science et la transmission de l’esprit critique (Astec) ;
Le Centre national d’accompagnement familial face à l’emprise sectaire (Caffes) ;
Le Conseil national des associations familiales laïques (Cnafal) ;
La Fédération de l’éducation de la recherche et de la culture de la Confédération générale du travail (Ferc-Cgt) ;
La Fédération nationale de la Libre pensée (FNLP) ;
La Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) ;
La Fédération syndicale unitaire (FSU) ;
Les Francas ;
Le Groupe d’étude des mouvements de pensée en vue de la protection de l’Individu (Gemppi) ;
La Ligue de l’enseignement ;
Méta de choc ;
L’Office central de la coopération à l’école (Occe) ;
Secticide ;
L’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (Unadfi) ;
Union nationale des syndicats autonomes Education (Unsa.E)” LDH
[2] “Premiers signataires : Christophe André, psychiatre des hôpitaux à Paris ; Laurent Bègue-Shankland, professeur de psychologie sociale à l’université Grenoble Alpes ; Rebecca Bègue-Shankland, professeure de psychologie du développement à l’université Lyon-II ; Jean-Gérard Bloch, rhumatologue, professeur conventionné de l’université de Strasbourg ; Gaël Chételat, directrice de recherche Inserm à l’université Caen Normandie ; Edouard Gentaz, professeur de psychologie du développement à l’université de Genève ; Jean-Philippe Lachaux, directeur de recherche Inserm à Lyon ; Antoine Lutz, directeur de recherche Inserm à Lyon ; Jean Sibilia, rhumatologue, doyen de la faculté de médecine et vice-président de l’université de Strasbourg, ancien président de la Conférence nationale des doyens.” Le Monde. Liste complète des signataires
[3] “This program presents a variety of practices for developing awareness and mindfulness, practices which can not only heal our bodies and minds, but also, as we will hear, our troubled planet.”
[4] “Les études sur la pleine conscience sont reconnues pour leurs nombreux problèmes méthodologiques et conceptuels. Ceci comprend des échantillonnages restreints, l’absence de groupes témoins et l’utilisation insuffisante de mesures valides.” The Conversation
[5] Voir “le cas de Nicolas Fraisse qui fait les plateaux de télé pour témoigner. Fraisse est un collaborateur de recherche et le revenant de service de l'Institut Suisse des Sciences Noétiques (ISSNOE), une fondation reconnue d’utilité publique, appréciée entre autres par Igor et Grishka Bogdanov et Frédéric Lenoir. Le père Francis Tiso, qui est également en contact avec l’Institut des sciences noétiques, fait des recherches sur le corps d’arc-en-ciel ou corps de résurrection chez les tibétains. Le dualisme corps-esprit et le spiritualisme s’entretiennent à grands frais, surtout en des temps difficiles de matérialisme.” Blog Sur l'entretien du tunnel.
[6] “Ilios Kotsou est chercheur et détenteur de la Chaire Mindfulness, bien-être au travail et paix économique à Grenoble Ecole de Management. Il dirige le programme Mindful Leadership à la Solvay Brussels School of Economics and Management (SBS-EM). Il est maître de conférences au Centre de recherche en psychologie sociale et interculturelle, à l’Université libre de Bruxelles.”
“David Zarka est assistant chercheur spécialiste de la méditation de pleine conscience au laboratoire de neurophysiologie et de biomécanique du mouvement au sein de l’unité d’enseignement et de recherche des sciences de l’ostéopathie à l’Université libre de Bruxelles.”
MàJ 12022022 Unadfi La Méditation de pleine conscience n’entrera pas à l’école (11022022)
"Le 4 février la décision du ministère de l’Education nationale, concernant le projet d’expérimentation de la Méditation de pleine conscience (MPC) à l’école, est tombée. « Le ministère n’encourage pas sa pratique, ni ne met en place toute forme d’expérimentation".
[1] “La Ligue des droits de l’Homme (LDH) ;
L’Association pour la science et la transmission de l’esprit critique (Astec) ;
Le Centre national d’accompagnement familial face à l’emprise sectaire (Caffes) ;
Le Conseil national des associations familiales laïques (Cnafal) ;
La Fédération de l’éducation de la recherche et de la culture de la Confédération générale du travail (Ferc-Cgt) ;
La Fédération nationale de la Libre pensée (FNLP) ;
La Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) ;
La Fédération syndicale unitaire (FSU) ;
Les Francas ;
Le Groupe d’étude des mouvements de pensée en vue de la protection de l’Individu (Gemppi) ;
La Ligue de l’enseignement ;
Méta de choc ;
L’Office central de la coopération à l’école (Occe) ;
Secticide ;
L’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (Unadfi) ;
Union nationale des syndicats autonomes Education (Unsa.E)” LDH
[2] “Premiers signataires : Christophe André, psychiatre des hôpitaux à Paris ; Laurent Bègue-Shankland, professeur de psychologie sociale à l’université Grenoble Alpes ; Rebecca Bègue-Shankland, professeure de psychologie du développement à l’université Lyon-II ; Jean-Gérard Bloch, rhumatologue, professeur conventionné de l’université de Strasbourg ; Gaël Chételat, directrice de recherche Inserm à l’université Caen Normandie ; Edouard Gentaz, professeur de psychologie du développement à l’université de Genève ; Jean-Philippe Lachaux, directeur de recherche Inserm à Lyon ; Antoine Lutz, directeur de recherche Inserm à Lyon ; Jean Sibilia, rhumatologue, doyen de la faculté de médecine et vice-président de l’université de Strasbourg, ancien président de la Conférence nationale des doyens.” Le Monde. Liste complète des signataires
[3] “This program presents a variety of practices for developing awareness and mindfulness, practices which can not only heal our bodies and minds, but also, as we will hear, our troubled planet.”
[4] “Les études sur la pleine conscience sont reconnues pour leurs nombreux problèmes méthodologiques et conceptuels. Ceci comprend des échantillonnages restreints, l’absence de groupes témoins et l’utilisation insuffisante de mesures valides.” The Conversation
[5] Voir “le cas de Nicolas Fraisse qui fait les plateaux de télé pour témoigner. Fraisse est un collaborateur de recherche et le revenant de service de l'Institut Suisse des Sciences Noétiques (ISSNOE), une fondation reconnue d’utilité publique, appréciée entre autres par Igor et Grishka Bogdanov et Frédéric Lenoir. Le père Francis Tiso, qui est également en contact avec l’Institut des sciences noétiques, fait des recherches sur le corps d’arc-en-ciel ou corps de résurrection chez les tibétains. Le dualisme corps-esprit et le spiritualisme s’entretiennent à grands frais, surtout en des temps difficiles de matérialisme.” Blog Sur l'entretien du tunnel.
[6] “Ilios Kotsou est chercheur et détenteur de la Chaire Mindfulness, bien-être au travail et paix économique à Grenoble Ecole de Management. Il dirige le programme Mindful Leadership à la Solvay Brussels School of Economics and Management (SBS-EM). Il est maître de conférences au Centre de recherche en psychologie sociale et interculturelle, à l’Université libre de Bruxelles.”
“David Zarka est assistant chercheur spécialiste de la méditation de pleine conscience au laboratoire de neurophysiologie et de biomécanique du mouvement au sein de l’unité d’enseignement et de recherche des sciences de l’ostéopathie à l’Université libre de Bruxelles.”
Pour le coup vous répétez toujours la même chose et il est tentant de vous répondre toujours la même chose.
RépondreSupprimerParce que la MPC est susceptible de rendre le travailleur plus efficace et plus résilient elle est plébiscité par le medef et les chefs d'entreprise ce qui la rend suspecte d'aller dans le sens de la flexibilité et la dérégulation des lois du travail (qui sont censées protéger le travailleur).
Et d'un autre côté comme la MPC est dérivée (mot que l'on retrouve dans "dérive" sectaire) de traditions orientales séculaires on lui reproche un risque potentiel de manipulation mentale par des gens qui pourraient être malintentionnés.
Qu'à l'inverse on puisse émettre l'idée que la MPC pourrait avoir des bienfaits réels si elle est correctement encadrée et que les gens qui y participent soient consentant et bien informés des risques potentiels ça ne semble venir à l'esprit de personne. On a toujours une polarisation des débats.
Exactement comme la légalisation du cannabis... On a des bienfaits et des risques.
Il faut vraiment refuser le principe de réalité pour ne voir jamais que le verre à moitié plein ou à moitié vide.
La réalité c'est ce qui résiste à ce que l'on voudrait que le monde soit. On voudrait un monde sans secte manipulatrice et sans être dominé par les riches et les puissants et en même temps on voudrait être heureux sans faire aucun effort, sans rien apprendre de nouveau, sans dissonances cognitives.
Ben je suis désolé pour vous mais la réalité est complexe et il faut faire avec.
Ne pas vouloir démocratiser la MPC ne fera jamais que renforcer les inégalités sociales. Parce que pour grimper dans la hiérarchie sociale, il faut nécessairement des capacités d'adaptation, une souplesse d'esprit qui s'apprend en se posant sur un coussin.
La lutte sociale, autrement, à coup de grève, et d'affrontement avec les forces de l'ordre comporte également son lot de risques et d'inconvénients. Mais les deux ne sont pas incompatibles contrairement à ce que votre texte laisse entendre.
Si peu de gilets jaunes pratiquent la MPC s'est simplement parce la MPC n'a pas été suffisamment démocratisé. Et pour démocratiser une pratique il faut en passer par le cadre scolaire (de manière optionnelle et pas obligatoire, évidemment)
Ceci est un petit blog sur différents sujets relatifs au bouddhisme, tenu par un seul individu, qui écrit dans son temps libre. Ce n’est pas un projet de grande envergure soutenu par des géants technologiques, des grandes entreprises, des lobbies avec des think tanks qui fréquentent les médias, et apparemment depuis peu par le Ministère de la santé, etc. Ma puissance de répétition est nulle en comparaison de ces géants, donc vous n’avez même pas besoin de répéter les mêmes arguments, pour que mes opinions et arguments tombent à plat. Considérez que c’est fait.
RépondreSupprimerCe n’est pas la dérive sectaire dans le sens religieux (images ésotériques et odeur d’encens) que je redoute, je laisse cela aux défenseurs de la laïcité, avec lesquels je ne suis d’ailleurs pas toujours d’accord au niveau de la méthode. C’est en effet plutôt l’effort et le financement du projet par les géants mentionnés et l’idéologie que peut véhiculer une méthode en apparence innocente et bienfaisante. Je me répète encore. Les responsabilités croissantes transférées sur les épaules de l’individu dans un monde sur lequel celui-ci a de moins en moins d’influence réelle, les vertus sans cesse recommandées de la résilience, du non-jugement, de l’absence de critique (voire parfois la non-pensée), la suspicion jetée sur “les émotions”, surtout “négatives”, désormais considérée implicite dans toute réaction politique, ou la mise en avant d’une gestion intelligente des émotions me fait craindre un domptage en règle qui nous attend, avec une sorte de crédit social à la clé.
Je vois la MPC simplement comme un outil, une tentative de distraction. “Une forme de communication de masse, dont le but est de fixer l'attention d'une cible visée” (la définition de “publicité”) aussi pourrait être bénéfique si elle est “correctement encadrée”. Qui décide de ce qui est “correct” et qui “encadre” ? La publicité est-elle vertueuse et sait-elle se limiter ?
Je ne vois vraiment pas le lien entre la MPC et l’égalité sociale. Est-ce le manque de capacité d’attention à l’école qui crée les inégalités ? Qui doit faire le plus grand effort pour maintenir l’attention à la maison comme à l’école, pour s’adapter à une société de plus en plus inégale, être et rester flexible, et grimper dans la hiérarchie sociale ? S’asseoir sur un coussin quelques minutes par jour serait la solution ? Compter jusqu’à 10 pour gérer ses émotions, penser positivement (“raindrops on roses and whiskers on kittens”), … ?
L’inclinaison naturelle des avocats de la MPC va vers les puissants. En cela, elle suit par ailleurs l’exemple du bouddhisme. Elle doit croire en sa démocratisation par une sorte d’effet de ruissellement. Autant croire à un messie et au paradis.
Si croire à un messie et au paradis permet d'augmenter son espérance de vie et sa qualité de vie pourquoi pas? C'est d'ailleurs scientifiquement prouvé voir Pourquoi "Dieu" Ne Disparaîtra Pas - Quand La Science Explique La Religion - Andrew Newberg - Eugene d'Aquili - Vince Rause
RépondreSupprimerPour moi le problème du messie et du paradis c'est la dissonance cognitive que ça produit chez moi... Encore que je souscris totalement à ce qu'écrit Emmanuel Levinas du messianisme : Nous serions tous appeler à être nous-même le messie et à éclairer les autres (rôle qu'attribue Levinas au peuple Juif mais que nous pourrions extrapoler par une sorte d'effet de ruisellement)
Le mot de ruissellement est pour moi un terme péjoratif comme les mots "ésotérique" "new age" etc...
La théorie du ruissellement suppose qu'on laisse les plus riches s'enrichir au détriment des plus pauvres qui pourraient alors se contenter des miettes laissées par les riches sans aucun mécanisme compensateur ni régulateur. Je plaide pour de la régulation et de la compensation pour que la MPC ne soit pas réservé aux gosses de riche.
Je ne doute pas un seul instant des bienfaits de la méditation parce que je pratique quotidiennement ni les effets de ruissellements sur mes enfants.
De la même manière quand vous parlez des applis sur portable ça me fait penser à ma fille qui quand elle révisait pour sa paces utilisait une appli qui l'encourageait à se passer de son portable... maintenant elle est en troisième année de médecine.
En revanche l'inconvénient de la surmédiatisation de la pleine conscience c'est aussi qu'elle fait naître de faux espoir. J'ai lu le témoignage de quelqu'un qui pratiquait tous les jours la méditation de pleine conscience 20 minutes par jour avec des appli pendant six mois et qui n'en ressentait aucun bénéfices.
Le gros problème de la MPC c'est qu'il faut quand même beaucoup méditer et de préférence bien accompagné pour en ressentir les effets positifs. Ce serait un peu comme apprendre à jouer du piano seul 20 minutes par jour pendant six mois je ne suis pas sûr que le résultat serait très probant non plus.
Si vous vous ne voyez pas le lien entre MPC et égalité sociale je ne vois pas le lien entre MPC et publicité.
l'effet de la la Ligue des droits de l’homme, elle n'est pas nulle et elle n'a pas la gentillesse comme vous de me répondre...
"les vertus sans cesse recommandées de la résilience, du non-jugement, de l’absence de critique (voire parfois la non-pensée), la suspicion jetée sur “les émotions”, surtout “négatives”, désormais considérée implicite dans toute réaction politique, ou la mise en avant d’une gestion intelligente des émotions me fait craindre un domptage en règle qui nous attend, avec une sorte de crédit social à la clé."
RépondreSupprimerPour moi ce passage relève d'une incompréhension ou d'une méprise sur les effets de la MPC.
Lorsque j'ai commencé à pratiquer j'avais peur d'y perdre ma personnalité dans une sorte d'embrigadement où tout le monde marcherait au même pas. J'en ai parlé au maître zen lors d'un Mondo et le maître m'a dit de regarder autour de moi les moines et de me demander s'ils n'avaient pas tous une personnalité bien à eux.
Il est vrai que comme des galets sur une plage, à force de nous frotter les uns aux autres, nous finissons par perdre un peu du côté tranchant (agressif) que nous avions en arrivant mais est-ce un mal?
Il y a de nombreuses histoires zen assez drôles qui se moquent de la confusion que font parfois certains moines entre le niveau de la vacuité et le niveau du relatif, notamment celle d'un moine qui n'honore pas sa dette au prétexte que tout est vide et que rien ne nous appartient en propre et l'autre de lui tordre le nez en se demandant qui peut bien crier de la sorte puisque tout est vide.
Le non-jugement au cœur de la méditation n'implique nullement une acceptation stoïque de toutes les injustices du monde. Nous vivons dans le relatif et la question des moyens justes d'existence se pose pour remplir notre compte en banque à un moment où à un autre.
La question du "financement du projet" est une question légitime et elle est souvent débattue en interne. Considérer que l'argent est sale quelque soit sa provenance relève d'une conception chrétienne archaïque qui explique pourquoi le rôle des banquiers étaient souvent tenus par des juifs justifiant après coup une forme nauséabonde d'antisémitisme.
Nous reprochons souvent au maître que nous fréquentons d'être trop préoccupé par l'argent. Il n'a que trop conscience que, sans argent, le château de carte qu'il a construit s’effondre.
Sans les temples que Dogen a fait construire grâce à l'argent de mécènes laïcs puissants peut-être n'aurions-nous jamais entendu parlé de lui.
La bonne gestion des émotions n'implique nullement de mettre les émotions négatives sous le tapis mais simplement de les observer pour ce qu'elles sont.
Lorsque le maître zen que nous fréquentons se met en colère je me dis souvent que le sens que nous donnons généralement au mot zen relève du contre-sens.
Ce qui, selon moi, peut être gênant d’un point de vue spirituel classique est justement cette attitude utilitariste “mais si cela permet de…”. Et cette manie de vouloir prouver quoi que ce soit, cela a un côté désespéré, et cela transpire le doute. Et encore cette tentative de sauvetage à force de réinterprétations en série. Un moment donné, il faudrait se dire avec Einstein “la folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent !” Et pour finir, le fétichisme des “choses qui marchent”. Tout changement, tout arrêt momentané, même une pause cigarette, peut faire du bien.
RépondreSupprimerMaintenant que les neuroscients estiment avoir “prouvé” l’efficacité de la MPC, en fixant une sélection paramètres, donnant de bons résultats, il suffit d’attendre que d’autres méthodes que la MPC, arrivent à donner de meilleurs chiffres pour les mêmes paramètres, et le buzz sera terminé. En injectant un gaz dans le cerveau, par des substances, par certaines séries de mouvements corporels, tout est possible, il faudrait tout essayer, en toute objectivité.
Quand on entre sur un terrain aussi subjectif que la MPC, la méprise des uns sera la réalité des autres. Et puis il y a tout un contexte qu’on oublie en fétichissant une méthode, et l’isolant du contexte. P.e. un maître. Un “maître” vous donne une méthode. Il se pourrait bien que ce contexte soit plus important que la méthode.
Je reviendrai sans doute plus souvent sur les émotions. Alain Deneault (Politiques de l’extrème centre) en a parlé, et c’est très intéressant. Voir aussi Le langage au service des puissants ? chez Thinkerview
https://www.youtube.com/watch?v=IBdj4Z0FtZU
Vraiment, je vous trouve de mauvaise foi. Si le Bouddha avait simplement constaté la souffrance sans proposer un chemin pour en sortir dans une pure logique utilitariste en ce monde-même nous serions au même rang que ceux qui dévalorisent ce monde-ci au profit d'arrières-mondes imaginaires.
RépondreSupprimerJ'ai été éduqué scientifiquement et philosophiquement... les seuls arguments qui pourraient me faire agir dans un sens plutôt que dans un autre sont des arguments de types scientifiques avec groupe contrôle en double aveugle. Le tabac c'est mauvais parce que c'est scientifiquement prouvé que c'est mauvais et que le lien avec les cancers est évident.
Prenons un autre exemple: je consomme tous les matins en infusion du tulsi (basilic indien) c'est la reine des plantes dans la médecine ayurvédiques. Si je devais me fier uniquement à mon ressenti et à ce qu'en disent les hindous je pourrais penser qu'elle n'a qu'un effet de type placebo. Or il y a énormément d'études scientifiques sur cette plante qui montre qu'elle possède bien des ingrédients actifs: l’eugénol, la lutéoline, le géraniol, le thymol, le linalol, le camphre, le chavicol de méthyle, le citral, le taxol, le safrol, l’acide ursolique, l’apigénine et β-caryophyllène (un terpène que l’on retrouve aussi en abondance dans les huiles essentielles du giroflier, du poivre noir, du romarin, du houblon, de l’origan, de la cannelle et … du cannabis. Car le β-caryophyllène est un cannabinoïde : c’est ce qu’a découvert une équipe de scientifiques Suisses et Allemands en 2008. Et pas n’importe quel cannabinoïde: il agit spécifiquement sur les récepteurs CB2. C’est un agoniste fonctionnel CB2 et la recherche a, amplement, démontré l’extrême intérêt des cannabinoïdes sélectifs CB2 pour soigner l’arthrite la cystite , la sclérose en plaques et la démence associée au virus HIV .
Je ne vois pas d'inconvénient à cumuler les bienfaits de la méditation avec celui de la phytothérapie plutôt que de considérer que le buzz du second ferait disparaitre le premier. Pourquoi toujours voir les choses de manière antagonistes?
Je viens de lire les articles en lien avec votre article disant que les bienfaits restent à prouver. Ce n'est pas exactement ce que disent ces articles: ils disent plutôt que les résultats scientifiques de la MPC ne sont pas aussi extraordinaires que ce que laissent entendre les promoteurs de la MPC. Et je suis bien évidemment d'accord avec ça. Je suis le premier à le dire : il faut beaucoup beaucoup pratiquer et régulièrement pour en sentir les effets.
C'est l'une des raisons pour lesquels nous disons qu'il faut pratiquer sans esprit de profit. Non pas parce qu'il n'y aura pas de profit mais un peu comme celui qui court après le bonheur a peu de chance de l'attraper s'il ne laisse pas celui-ci advenir à l'improviste et donc en en lâchant prise avec le bonheur.
"Qui décide de ce qui est “correct” et qui “encadre” ? La publicité est-elle vertueuse et sait-elle se limiter ?"
Qui décide? mais c'est à chacun de décider ce qui est correct. Je n'ai aucun problème avec la laïcité à la française. La liberté de culte doit nécessairement aller de pair avec la liberté de conscience.
Qui encadre? J'ai entendu dire que les formations pour devenir instructeur de pleine conscience (labellisé MBSR) étaient réservés à des gens qui avait déjà un pied dans le monde de la médecine.
Et puis il y a tout un contexte qu’on oublie en fétichissant une méthode, et l’isolant du contexte. P.e. un maître. Un “maître” vous donne une méthode. Il se pourrait bien que ce contexte soit plus important que la méthode.
RépondreSupprimerCe que vous dites du maître est également vrai du médecin... Ce n'est pas seulement le médicament qui guérit mais aussi ce qui se sera joué dans la relation au médecin.
Mais tous les cas sont possibles... Cet été j'ai fait du Qi Gong en regardant une vidéo sur mon téléphone portable. Est-ce que cela aurait été très différent si le prof avait été là en chair et en os? Si la méthode est simple je n'ai pas forcément besoin d'un contexte compliqué. Les adeptes de la terre pure mettent trop de conditions à la pratique de la méditation, du coup ils y ont renoncé.
Nous, dans le zen, on considère que la relation à un maître est indispensable et que la pratique est nécessairement collective. Le contexte bouddhique est déterminant à tel point que nous ne considérons zazen ni comme une méthode ni comme une technique mais comme une pratique.
Cela ne m'empêche pas d'être un défenseur acharné de la MPC quand bien même cela se situe à un niveau bien en deçà du zen... un pis-aller pour ceux qui ne supportent pas ce qui ressemble de près ou de loin à une religion. Je considère que c'est mieux que rien.
Avec une éducation scientifique et philosophique, ceux qui le souhaitent pourront aborder le bouddhisme différemment, que d’une façon religieuse traditionnelle. D’autres peuvent continuer leurs chemins traditionnels ou moins traditionnels respectifs, en laissant la science et la philosophie de côté. Toutes les références à “le Bouddha”, “Ses paroles”, “le bouddhisme”, et la formulation de son message essentiel “simple”. Plus on lit sur le bouddhisme et son histoire, et plus on voit que ces références ne collent pas. J’explore plutôt d’autres chemins, par curiosité.
RépondreSupprimerLa pause cigarette est simplement pour dire que le monde n’est pas noir et blanc, il y peut y avoir du positif dans le négatif et vice versa. Un changement d’esprit, d’activité, un arrêt, etc. est aussi cela. C’était aussi pour indiquer que les fameux “groupes contrôle” font aussi l’objet d’une sélection, à partir d’une certaine idée. En théorie, toute activité pourrait fournir un groupe contrôle pour la MPC. Et certaines activités comme la rêvasserie, peut-être très efficace, sont difficiles à reproduire sur commande, en laboratoire. La vie est tellement plus riche en ressources naturelles, si on a des occasions de les voir.
J’ai découvert récemment que ma langue maternelle, le néerlandais, a un mot ancien pour “égoiste”, qui est, à mon avis, nettement plus efficace, d’un point de vue bouddhiste” : “baatzuchtig”. Il n’y a pas de mention d’ego, de soi. Simplement d’un attachement (zuchtig, süchtig en allemand) au profit, au gain. En allemand on trouve eigennützig, selbstsüchtig, et bien sûr egoistisch. “Accro au profit” pourrait-on dire en français. Être accro à ou dépendent de “choses” spirituelles est aussi une forme de dépendance. Cela montre qu’il faut s’attaquer à la dépendance, pas à un ego fantôme. Existe-t-il vraiment une méthode pour nous libérer de la dépendance, du besoin foncier, autre que de l’identifier, de la reconnaître, de voir à travers, et sans doute de vivre avec au mieux ? Les trois axes du triple entraînement me semblent pouvoir être efficaces.
L'histoire du bouddhisme n'est pas univoque. Il est facile de trouver des textes qui se contredisent entre eux ou bien qui contredisent l'idée qu'on se fait du bouddhisme. Exemple d'une perle :
RépondreSupprimer"Ecoutez bien ceci: la voie bouddhique consiste à chercher son salut et son intérêt personnel en premier". L'expérience de l'éveil, de Nan Huai-Chin
Alors qu' à l'inverse Dogen insiste lourdement sur le fait de déployer le cœur "désirant passer les autres à l'autre rive avant même qu'on y soit passé".
La pause cigarette pour moi est un mauvais exemple puisqu'il est facile de dire que c'est la pause qui est bénéfique et que la cigarette est d'autant plus dispensable que j'ai des collègues qui deviennent vite irritables quand ils n'ont pas leur pause cigarette.
Je pense que les résultats scientifiques relatifs à la MPC sont d'autant moins probant que ça dépend beaucoup de ce que font les gens à côte de la pleine conscience. Ça ne rime à rien de pratiquer la pleine conscience si à côté de ça vous fumez, buvez de l'alcool et tapez votre femme. Ça ne compensera pas le mal que vous vous faites et celui que vous faites aux autres.
A l'inverse si vous pratiquez la pleine conscience, faîtes du yoga, des ballades en forêt, mangez sainement, participez à des réseaux d'entre-aides, cuisinez, faites du sport... certes au final vous ne saurez jamais ce qui a été le plus bénéfique pour vous et pour les autres et dans quelle mesure la MPC aura servi à quelque chose.
Dans la même idée, les végétariens sont souvent en meilleure santé que ceux qui ne le sont pas, non pas parce que manger de la viande ou du poisson serait moins bon pour la santé mais simplement parce qu'il font plus attention à ce qu'il mange et de ce fait vont moins au mac-do, mangent plus bio et équilibré.
"s’attaquer à la dépendance, pas à un ego fantôme."
Dans le bouddhisme il y a un paradoxe contre-intuitif. D'un côté il s'agit bien de se libérer de toute dépendance dans cette vie même mais il faut aussi se libérer de l'envie de (re)vivre. Le nirvana en tant que cessation n'est pas un paradis qui ne dit pas son nom. Logiquement si on devait ne plus souffrir on aurait encore plus envie de vivre alors qu'à l'inverse il ne faut pas non plus s'attacher à la vie elle-même.
Ce qu'on reproche à la pleine conscience c'est de ne pas vouloir aller jusque là.
Être en bonne santé, attentif à soi et aux autres c'est juste le premier pas qui concerne cette vie-ci mais il faut aussi résoudre la grande question de la vie et de la mort.
Ne pas se poser cette question c'est prendre le risque d'être désemparé le jours J.
L'idée du livre "Pourquoi "Dieu" Ne Disparaîtra Pas - Quand La Science Explique La Religion - Andrew Newberg - Eugene d'Aquili - Vince Rause"
C'est aussi de constater que "même des expériences mystiques et spirituelles légères étaient liées à des niveaux de santé psychologique générale plus élevés que la moyenne, en terme de meilleurs rapports interpersonnels, d'estime de soi plus élevée, de niveaux d'anxiété moindres d'identité personnelles plus claire, de souci accru pour les autres et de perspective générale de vie plus positive."
Je vous recommande chaudement ce livre de neurothéologie, qui passe l'expérience mystique au scanner et qui montre que ceux qui en font l'expérience ont bien une diminution du sentiment d'avoir un égo (séparé du monde), et au contraire un sentiment d'expansion de la conscience qui est bien corrélé par une modification de l'activité du cerveau dans des parties qui gèrent habituellement la perception de l'espace.
Vous montrez bien qu’une méthode seule (la MPC, le dhyāna, etc.) n’est rien. Même si elle est accompagnée d’une série de préceptes et d’injonctions (l’octuple chemin), d'hygiène de vie, éthique, etc. Elle doit encore être partagée par une communauté, qui se sent comme une communauté (identité), et en fin de compte, c’est peut-être cela qui est l’essentiel et non, la méthode, les croyances, les préceptes etc.
RépondreSupprimerPour l’instant, la MPC, est surtout un nouveau gadget pour les classes moyennes, pour diverses raisons. Comme l’était souvent le bouddhisme d’ailleurs. Quand une religion devient religion d’état, quoi qu’elle soit d’autre, elle est surtout une religion d’état, et s’enracinera en tant que telle dans une communauté. Se conformer aux règles d’une communauté a des bénéfices évidents, mais faut-il chercher ceux-ci dans une méthode singulière, etc. ? Faire de la MPC, Mindful Management, ne pas fumer, boire, être végétarien, manger bio, faire du jogging, etc. Quelle classe sociale vient tout de suite à l’esprit ?
Quand “le bouddhisme” est arrivé en Chine, c’étaient aussi les élites et les intellectuels qui s’en sont emparés en premier, et qui l’ont rendu digeste pour la Chine, en y incorporant du confucianisme et du taoïsme. Une des grandes qualités du bouddhisme est sans doute sa capacité de survie et d’adaptation, jusqu’à oublier ses propres principes. A quoi cela tient-il ? Quel est le véritable fil rouge du bouddhisme ? Le souci de l’autre ? Je n’en ai pas l’impression. Les avocats et les adeptes de la MPC sont-ils réellement attentifs aux autres ? Les autres étant surtout “les autres”, les plus faibles, ceux qui font depuis toujours tout à l’envers… qui ne se “soucient pas” de manger bien, d’avoir une bonne hygiène de vie, de vivre de façon éthique, qui, en survivant comme ils peuvent, n’en ont pas grand chose à faire de la grande question de la vie et de la mort, etc. Ce ne sont pas des classes de Pleine conscience qui y changeront quoi que ce soit.
Dans notre monde capitaliste et néolibérale qui court derrière le profit envers et contre tout, que fait-on à tous les niveaux de la société pour de meilleurs rapports interpersonnels, une estime de soi plus élevée, une meilleure santé mentale, moins d’anxiété, des identités saines, … Je laisse de côté les expériences mystiques et spirituelles, qui bizarrement peuvent apparaître aux moments du plus grand désespoir et de désemparement.
Je crains que le langage des bouddhistes occidentaux, et des adeptes de la MPC, sonne souvent très creux, surtout quand il est question du souci de l’autre, toujours au long terme, et en absolu, demain, dans une autre vie.
Je me parle à moi-même, c’est ma mauvaise conscience :-)
C'est tout le problème de s'en tenir au langage car il reste la question de savoir ce que vous-même vous pouvez avoir connaissance de la réalité du terrain qui sera toujours parcellaire... ce qui ne fonctionne pas à un endroit pourrait fonctionner à un autre et vice versa. Et les journalistes auront toujours une préférence pour les endroits où il y a une odeur de scandale... façon Sogyal Rinpoche.
RépondreSupprimerEt si je ne vous racontais pas le projet de ma femme d'aller pratiquer la MPC en prison avec des prisonniers comment pourriez-vous en avoir connaissance? Pour l'instant c'est au point mort parce qu'il y a des clusters de covid dans la prison où elle doit aller. Ca reste en bonne voie pour aboutir même si ça n'a pas encore commencé. Vous ne croyez pas à la philanthropie éventuelle des classes moyennes dont je fais partie. Je ne vais pas indéfiniment chercher à vous convaincre du contraire. Je n'ai rien à prouver en ce qui me concerne. Le peu que je fais sera toujours trop peu et J'ai toujours du mal quand les gens vous mettent sous le nez leur bonnes actions en vous demandant ce que vous faîtes vous. Je ne vous ferais pas ce coup là.
Le point c'est qu'il faut bien commencer par un bout. Je n'étais pas
végétarien avant de commencer la pratique et je ne faisais pas de sport non plus. Si je fais partie de cette non-catégorie sociologique de bobo (encore une étiquette infamante) je suis plus bohème que bourgeois ne gagnant pas assez d'argent pour payer des impôts.
Dans le zen on dit qu'on ne pratique pas pour soi-même, on a cette croyance, peut-être à tort je ne sais pas, que notre pratique se diffuse autour de nous. Je travaille à mi-temps dans une pompe funèbre avec des gens qui ne gagnent pas plus que le smic. J'espère avoir une bonne influence sur mes collègues incidemment.
Nous nous occupons parfois d'indigents mais plus généralement de gens qui sont dans la peine. Je ne peux qu'espérer que les bénéfices de ma pratique de la méditation profitent aux gens que je rencontre même brièvement sans que j'ai à leur parler du bouddha ou du Dharma.
Alors peut-être que le discours des adeptes de la MPC sonne creux à vos oreilles reste à voir comment ce discours s'incarne sans que vous puissiez le savoir.
A part nos voisins qui sont témoin de Jéhovah avec qui nous avons de bon rapport il est difficile de dire si le seul fait de former une communauté suffit et que les croyances et les pratiques importent peu. Nous avons un ami qui s'est fait rejeter par sa famille témoin de Jéhovah parce qu'il ne partageait pas leurs croyances. Est-ce que cela ne serait pas arriver si les Témoins de Jéhovah pratiquaient la MPC? Je ne sais pas.
Ce que je sais c'est que je me vois mal répudier mes enfants alors qu'ils n'hésitent pas à se moquer ouvertement de ce qu'ils appellent notre "secte".
Par ailleurs je me suis fait virer de plusieurs forums bouddhistes pour avoir osé poser des questions gênantes ou dissidentes par rapport aux groupes en question.
Donc je pense que tout est possible. Le simple fait de méditer ne garantie rien. Je pense que ça peut aider mais que ce n'est pas automatique. Et qu'on peut toujours s'illusionner sur sa pratique.
Le souci de l'autre est uniquement le souci du bodhisattva mais le bodhisattva n'est pas la seule figure du bouddhisme. Et comme je le disais à propos du messianisme tel qu'il est pensé par E. Levinas cette figure du bodhisattva n'est pas propre au bouddhisme on la retrouve dans d'autres religions.
Je pense que dans le cas des approches top-down, où une élite, ayant évidemment l’intérêt général en tête, impose quelque chose à ceux qu’elle administre, sans trop leur demander leur opinion, on risque en effet que les administrés fassent savoir ce qui ne va pas de leur côté, plutôt que ce qui va bien. Les (ou du moins certains) journalistes constituent, en théorie, un contre-pouvoir. Quand une élite doit sans cesse “faire de la pédagogie”, on peut se poser la question si elle ne dépasse pas ses fonctions, et si elle écoute réellement ceux qu’elle administre.
RépondreSupprimerLes religions sont par définition des institutions top-down, et cette approche y est/était donc légitime. Dans un état, où la religion et l’état sont séparés, comme chez nous, une religion doit s’adapter aux mœurs et aux lois du pays. Ce que fait “un Sogyal” n’y est pas tolérable, et je préfère que ce soit dit très clairement. Ceux qui préfèrent entendre des bonnes nouvelles bouddhistes peuvent regarder la télé le dimanche matin. On y veille à toujours caresser dans le sens des poils.
Le paternalisme, le conservatisme compassionnel, la philanthropie, le remplacement de services publics par des entreprises/associations caritatives, et le charity-washing comme une sorte de promotion de l’image ou de prosélytisme indirect, je n’y fais absolument pas confiance.
Que nous soyons bouddhistes, MPC-istes, ou autre chose, ce n’est pas à nous de “sauver” les autres malgré eux. Il y a un côté “j’ai vu la vérité, je sais ce qui est réellement le mieux pour vous”, dont il est grand temps que les religions prennent congé. Tant pis pour les âmes de tous ceux qui ne suivent pas “notre” voie. Si on se soucie de l’autre, soucions-nous d’abord de ce dont l’autre se soucie réellement, pour le pire et le meilleur. Arrêtons de vouloir les éduquer, de leur faire de la pédagogie, de “faire leur bien” tel que nous le concevons à travers nos lunettes religieuses ou idéologiques respectives.
Les bouddhistes, qui devraient être préoccupés par le non-soi, la non-appropriation, la non-identification au niveau individuel, sont souvent drôlement accrochés à leur identité bouddhiste collective, comme si c’était un club de foot. Et si les abus d’un de leurs chefs sont dénoncés en public, au lieu de soutenir les victimes, ils se comportent comme des hooligans, en malmenant et harcelant les victimes, les lanceurs d’alertes, en imposant le silence dans leurs rangs, du haut en bas dans toute hiérarchie. Ce n’est pas beau à voir. Mais ça, les bouddhistes ne veulent pas le voir.
Je parle encore à moi-même :-) Je vous rejoins sur votre conclusion.
https://hridayartha.blogspot.com/2021/03/salut-obligatoire-pour-tous.html
Pour le coup, j'ai une vision beaucoup plus dialectique que vous. Le renversement de la relation top-down n'est possible que quand le "top" abuse. Ce que montre très bien la démocratie représentative dans laquelle nous sommes. Tant que tout va à peu près bien, personne n'a envie de s'engager en politique... ce qui a pour conséquence une médiocratie... car les meilleurs d'entre-nous préfèrent faire autre chose de leur vie que d'être en permanence en campagne électorale. Je suis assez d'accord avec Chloé Morin que j'ai entendu ce matin à la radio: On a les politiques qu'on mérite
RépondreSupprimerhttps://livre.fnac.com/a16333213/Chloe-Morin-On-a-les-Politiques-qu-on-merite
Et quelque part on a aussi les maîtres qu'on mérite. Et la seule alternative à la relation top-down que vous décrivez c'est l'exemplarité. Si autant que possible vous avez un comportement exemplaire et intransigeant c'est le maître lui-même qui va se caler sur vous et va qui surenchérir dans la compétition éthique sans que personne ne soit dupe. Exemple: ça m'a bien amusé de laissé le maître m'aider à porter mes valises jusqu'à ma voiture et je pense que ça l'a bien amusé aussi.
"sauver les autres malgré eux"... dans le bouddhisme on parle de "moyens habiles" ce qui a été souvent dévoyé en "tout est permis" alors qu'à l'inverse ça devrait signifier que les moyens sont aussi importants que la fin. Trop souvent les gens ignorent que c'est possible de sortir du cercle infernal dans lequel ils sont et trop souvent aussi ils n'ont jamais rencontré personne qui ne soit pas dans un tel cercle. Et souvent l'exemplarité ne suffit pas.
Exemple quand j'ai mal au dos je prend une douche froide et je cesse d'avoir mal au dos mais quand je dis ça à quelqu'un qui a mal au dos il me répond qu'il est trop frileux comme si moi-même je n'étais pas frileux. Alors je leur explique en détail comment je fais (je commence par de l'eau chaude puis je diminue progressivement la température...) mais rares sont ceux qui essayent vraiment parce qu'ils ont trop peur d'avoir froid et au final ils préfèrent soit avoir mal soit se bousiller la santé avec des médicaments anti-douleurs. Et c'est seulement quand 4 personnes différentes leur auront parler de la cryothérapie pour qu'enfin ils se décident à essayer.
Et pour la pratique du bouddhisme c'est pareil, je me résous à n'être qu'une des 4 personnes qui en parlera, comme ça vite fait, en passant.
Parmi mes différents jobs je travaille aussi dans la vente et forcer les choses est toujours contre-productif.
"soucions-nous d’abord de ce dont l’autre se soucie réellement" je suis désolé mais si l'autre ne se soucie que de son pouvoir d'achat ou de comment se procurer sa drogue... ma réponse sera toujours de lui indiquer une autre voie qui permet d'obtenir un contentement durable. le contentement n'est que le troisième Jhana
Mais quand vous discutez avec quelqu'un vous comprenez vite si la personne est réceptive ou pas.
RépondreSupprimerexemple: je parlais de végétarisme avec quelqu'un qui ne l'était pas et qui me dit subitement que ce n'est même pas la peine d'essayer de le convaincre. Je lui ai répondu que je le savais très bien puisqu'il était en train de fumer une cigarette. Comment voulez-vous convaincre quelqu'un d'être végétarien alors qu'il n'a pas l'intelligence de comprendre qu'il se fait du mal en fumant et qu'en jetant sans mégot dans la bouche d'égout il va polluer l'environnement pendant au moins 12 ans.
Ne pas vouloir faire leur bien en les éduquant c'est pour moi irresponsable mais pour aller dans votre sens plutôt que de vouloir les faire avancer à marche forcé à grands pas il faut accepter de prendre les gens là où ils en sont et les faire avancer à petits pas quand bien même, au regard de la puissance de l'entropie macrocosmique, ce sera toujours ridiculement insuffisant.
Pour un mégot que vous aurez sauvé de la bouche d'égout combien vont se retrouver dans l'océan? L'expérience de la vacuité permet heureusement d'échapper à l'épuisement émotionnel lié à ce type d'expérience.
Le rôle de la justice c'est d'empêcher que les victimes se transforment en bourreau.
Il semblerait que le rapport critique de Ralf Halfmann sur l'asso dont je fais partie ne soit plus en ligne après l'avoir été pendant plus de vingt ans. C'est dommage. C'était marrant parce que le vrai y côtoyait le faux.
Le caractère délirant du propos (façon lanceur d'alerte) était tel que personne ne s'est jamais vraiment donné la peine de lui répondre quand bien même tout ce qu'il disait n'était pas faux. C'est devenu un peu faux avec le temps.
Par exemple il parlait d'un culte de la personnalité autour de Deshimaru ou Dogen. Ce n'était pas faux pour Deshimaru quand dans certains dojos les nouveaux devaient également faire gasho devant le poster géant de Deshimaru... ce qui aujourd'hui paraitrait ridicule.
Mais pour Dogen? Je suis le premier à le citer souvent mais c'est parce que ce qu'on trouve dans le Shobogenzo on ne le trouve pas ailleurs. C'est comme si on reprochait aux cathos un culte de la personnalité autour de Saint Thomas d'Aquin alors que c'est juste le sommet de la pensée chrétienne.
Honnêtement c'est très difficile d'avoir la bonne attitude à l'égard de gens qui sont dans une attitude victimaire quoi que vous disiez.
C'est comme ces personnes d'origine maghrébine à qui vous allez reprocher leurs mauvaises manières à l'égard des jeunes femmes dans la rue et qui vont vous rétorquer que c'est vous qui êtes raciste.
Attention je ne dis pas qu'il n'y a pas de victimes dans le bouddhisme, je dis que les réseaux sociaux ne doivent pas se substituer à la justice... sinon on va aboutir à une concurrence victimaire. Il suffit de se déclarer victime sur les réseaux sociaux pour se transformer en harceleur de première classe. Et à la fin vous ne savez plus qui est qui.
J'en ai rencontré des gens qui se disent victime d'un maître mais qui ont vite fait de monter sur leur grand chevaux dès que vous leur faîtes la moindre remarque (une remarque qui n'a bien sûr aucun rapport avec l'injustice qu'il prétendent avoir vécu.)
Et vous avez vite fait d'interpréter la réponse silencieuse du maître comme une tentative d'imposer une omerta alors qu'il n'a simplement pas envie de se répandre en justification sans fin.
Non, non, les choses sont parfois plus complexes qu'elles n'y paraissent, surtout lorsqu'elles sont vus depuis l'intérieur.
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RépondreSupprimerNous arrivons dans un monde tout fait, dans des conditions plus ou moins bonnes (inégalité), qui ne sont pas le fruit du hasard, ni du karma métaphysique (je n’entrerai pas ici dans une discussion à ce sujet). Les justifications de cette inégalité sont légions, imposées par la force (de diverses façons, y compris soft power, manipulation, propagande, influenceurs, etc.), et la force est possible par la fortune. Ceux qui sont au pouvoir peuvent changer, mais les justifications et les méthodes ne changent pas beaucoup.
RépondreSupprimerTant que les élites (désolé d’utiliser ce mot un peu facile) donnent l’impression que la promotion dans un système inégalitaire est possible, et que les gens de rien pourraient eux aussi avoir accès à un statut supérieur et de meilleures conditions de vie par leur mérite, ce système pourra tenir. Il faudra à la fois souligner le succès des uns et la misère des autres. Une catégorie à laquelle on aimerait appartenir et une autre pour faire peur.
Au niveau spirituel, l’accès des uns et des autres ne concerne pas la fortune et la puissance, mais “la grâce”, pour prendre un mot qui pourrait regrouper tous les objectifs spirituels. Cette grâce vient d’une entité spirituelle supérieure inaccessible, mais qui est représentée ici-bas par des représentants, des intermédiaires, que l’on voit d’ailleurs souvent du côté des puissants, pour leur donner un coup de main pour justifier les inégalités et les injustices. Un “maître” est quelqu’un qui a obtenu “la grâce”, par de bonnes conditions ou par son propre mérite, et qui de ce fait détient un pouvoir réel. C’est à lui que l’on a affaire pour accéder à notre tour à “la grâce”. Le statut du maître est justifié dans le mahāyāna par son statut de bodhisattva. Les “bodhisattvas” peuvent jouer tous les rôles dans une société inégalitaire, surtout parmi les élites quand-même, même et surtout quand leur activité semble en contradiction avec l’éthique bouddhiste. C’est là que les moyens habiles entrent en jeu. Comme les bodhisattvas peuvent jouer n’importe quel rôle dans une société, on ne sait jamais si l’on a affaire à un bodhisattva, et il est prudent de considérer tous les membres de la société comme des bodhisattvas. Implicitement, le système inégalitaire est ainsi accepté.
Tout ce qui permet de garder l’autorité des élites est ainsi un “moyen habile”, au niveau collectif comme au niveau individuel. Tant que l’inégalité et l’autorité des porteurs d’autorité est acceptée, et que l’on accepte sa destinée, on ne créera pas trop de “mauvais karma”.
Avec les découvertes, la science, les Lumières, la conscience politique, les luttes des classes, etc., les justifications des inégalités ont du mal à passer. Mais quand on admet une dualité Ciel-Terre, Esprit-Matière, la religion reste maître dans son domaine post-mortem, et certains sont prêts à accepter les inégalités ici-bas, en espérant accéder à “la grâce”, ici et maintenant ou plus tard.
RépondreSupprimer“l’Eveil” en tant que “grâce” reçue et transmise (ou confirmée, ce qui revient au même) par un intermédiaire, me semble pouvoir être une variante religieuse. L’effort et le travail personnel n’y changent pas grand-chose. Tant que l’éveil n’est pas confirmé, il n’a pas eu lieu. L’attitude envers le maître fait d’ailleurs partie du “travail”, et l’obtention de “la grâce” en dépend. Trungpa avait dit à Ginsberg : “Eh bien, ne sois pas étonné de découvrir que tout l'enseignement se réduit finalement à la vacuité et la docilité.” C’est le maître qui décide si “on avance” ou pas.
Je ne connais pas encore Ralf Halfmann, que me conseillez vous de lire de lui ? Je suis d’accord, pourquoi dans le bouddhisme tomber si facilement dans le réflexe du culte de la personnalité ? Si Dogen et d’autres ont dit des choses remarquables, pourquoi ne pas passer plutôt par la lecture et la réflexion, qui comprend la critique, essentielle à sa propre assimilation. S’il n’y a pas de friction, il n’y a pas de travail.
Le mauvais traitement des femmes est très généralisé, comme tous les abus d’ailleurs. Pas d’accord non plus avec votre formulation en ce qui concerne les “gens qui se disent victimes” et votre peur de la “concurrence victimaire”. Vous n’êtes malheureusement pas le seul.
Je vais arrêter ici cette discussion publique. On peut continuer en privé si vous voulez.
Entendu.
RépondreSupprimerOn trouve ici la version anglaise du texte de Ralf Halfmann
https://obcconnect.forumotion.net/t825-more-background-a-critical-review-of-the-international-zen-association
Ce texte date de l'année 1999-2000 et ne correspond plus à la réalité de l'AZI en 2022... mais ça reste un texte intéressant.
Merci SB
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