lundi 2 janvier 2012

La nature comme maître




Quand on a reçu les instructions de son maître, on se sépare de lui en faisant son propre chemin, mais le maître symbolique, qui enseigne par des symboles et des métaphores ne nous quittera jamais. Pour l'avadhūta, errant seul dans le monde, ou pour le méditant (T. sgom chen) dans sa grotte, tout est un enseignement.

Voici la réponse de Chégompa (lce sgom shes rab rdo rje 1130?-1200?), quand on lui demanda :
"Qui donnera des instructions à celui qui est en retraite solitaire ?"[1]
"Quand on est en retraite, les choses changent [continuellement] par l'influence du temps, des lunes, des saisons. La végétation et les arbres changent de couleur. Des fleurs nouvelles prennent la place des fleurs fânées. Le bétail du temps fait se sécher l'herbe (T. rtsi thog) et le vent du temps arrache les feuilles et les fruits. Les oiseaux font de constructions [éphémères] (S. saṃskāra) dans des tas (S. skandha) de bois.[2] Seules des propriétés (S. dharma) éphémères se révèlent. Le bruit (T. sgra) des cascades s'accroit, se répand et s'éfface.  Les lacs et les étangs recueillent les eaux de fonte errantes. Les oiseaux aquatiques se rassemblent et se séparent. Les oiseaux et les animaux sauvages déménagent vers des lieux incertains. Les êtres qui naissent et meurent se nourissent mutuellement. Le soleil, la lune, les planètes et les étoiles se lèvent et déclinent, brillent et se voilent. Les années, les mois, les jours ne durent pas et changent constamment. Tout nous révèle la souffrance de l'impermanence de ce qui est conditionné. Les propriétés (S. dharma) n'ont pas de réalité et sont comme des rêves ou des mirages en nous montrant qu'elles sont éphémères, sans fondement et dépassionées (T. zhen med)."
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Illustration : Les quatre saisons. Source : le  blog "Japanese scroll picture

[1] Source indiquée par Dan Martin. Legs par Bshad pa Bka' gdams Rin po che'i Gsung Gces Btus Nor bu'i Bang mdzod. Collection of sayings of ancient Tibetan Kadam masters; compiled by Lhatsun Dondrub Yeshe Tenpai Gyaltsen; scanned from a set of prints from the Shide blocks in Lhasa
1 volume; 593 p.. W23747. d. tsondu senghe, bir, distt. kangra, h.p., 1985.  (http://www.tbrc.org/#library_work_Object-W23747)
[2] L’image renvoie au cinq constituants psychosensoriels (S. skandha, litt. « tas ») de l’être individuel, qui se construit artificiellement par des formations mentales (S. saṃskāra), et qui est donc éphémère. 

Texte en Wylie :


[406:4] ‘o na ri khrod du gnas pa la gdams pa sus ston zhe na/
gang zhig ri krod dgon par gnas pa’i tshe// nam zla dus bzhi ‘gyur ba’i stobs kyis ni/ rtsi shing nags tshal kha dog ‘pho ‘gyur zhing*/ me tog gsar rnying rim gyis brje ba dang*/ dus kyi ba mos rtsi thog skam pa dang*/ dus kyi rlung gis lo ‘bras brul ‘gyur zhing*/ shing phung rnams la bya rnams ‘du byas pas/ gcig pu mi rtag ‘gyur  ba’i chos rnams ston// ‘bab chu rnams kyi sgya/sphya/spya/sbya/sgra ? ‘bri dar rgud dang*/ mtsho dang ledeng ka dus kyi zhu ‘phyan dang*/ chu bya rnams ni ‘du zhing gyes pa dang*/ bya dang ri dwags nges med gnas ‘pho dang*/ sems can skye ‘chi phan tshun ‘tshe ba dang*/ nyi zla gza’ skar [407] ‘char nub gsal ‘grib pa dang*/ lo zla nyin zhag mi sdod ‘gyur la sogs// kun gyis ‘dus byas mi rtag sdug bsngal ston// chos rnams rmi lam sgyu ‘drar bden med dang*/ blo bur rtsa bral zhen med chos ston ‘gyur//

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