lundi 3 juin 2019

Aller bien en pensant autrement


Des enfants travaillant dans une mine de cobalt au Congo (photo Fairplanet).
Le cobalt sert à stocker l'énergie renouvelable dans des batteries. 

Facebook continue de présenter des publicités qui me ressemblent, bien que je lui ai demandé de ne pas le faire (RGPD). Je reçois régulièrement des annonces sponsorisées par Psychologies. La dernière en date me proposait un article par Béatrice Millêtre (Fondatrice et Directrice du Groupe Francophone d’Echange sur la Pratique des TCC),  membre de l’Association Française de Thérapies Comportementales et Cognitives et auteure de "Prendre la vie du bon côté, pratiques du bien-être mental".

L’article avait pour titre “2 exercices pour vous regarder avec bienveillance. Les Thérapies Comportementales et Cognitives (TCC) proposent des thérapies brèves pour un bien-être permanent. Extrait du site de Béatrice Millêtre :
 Une thérapie ComportementaleLes thérapies comportementales trouvent leurs fondements dans une démarche scientifique. La science comportementale part du fait que l’inconscient est, par définition, inobservable, mais que le comportement inadapté l’est et peut donc être décrit.Le comportementaliste considère que le comportement problème a été « appris » dans certaines situations et maintenu au cours du temps. Il peut donc être «désappris».et Cognitive à la foisLes thérapies comportementales ont été enrichies par l’approche cognitive qui considère que les comportements inadaptés entraînent des « mauvaises » pensées. En effet, pour comprendre ce qui se passe dans son environnement, et agir en conséquence, l’être humain effectue un traitement des informations qui lui parviennent. Les troubles du comportement entraînent ainsi une lecture erronée de l’environnement conduisant à des perceptions négatives.La thérapie cognitive va permettre à l’individu de prendre du recul par rapport aux idées qu’il se fait de lui-même et du monde, et va également conduire à une restructuration de ces pensées.”
Pour résumer, à cause de “comportements problèmes” “appris” dans “certaines situations” les personnes aux “comportements inadaptés” peuvent éprouver des gènes en vivant en société, qui empêchent leur “bien-être permanent”. Les TCC peuvent les accompagner à désapprendre les “comportements inadaptés” et à “restructurer leur “mauvaises” pensées.

Les 2 exercices permettent à ceux qui veulent bien s’y soumettre à dépasser leurs peurs et à se parler comme un ami. Pour dépasser les peurs, les TCC conseillent d’envisager les conséquences si l’événement sur lequel porte notre peur avait vraiment lieu et de l’échafauder aussitôt par des solutions de secours.

Un exemple donné par Béatrice Millêtre :
 “et si je perdais mon emploi ? Je serais obligé de vendre mon appartement, mes enfants seraient privés d’études, etc.” “je peux dès maintenant demander une formation pour ajouter une corde à mon arc ; de nombreux étudiants ont des petits jobs pour financer partiellement leurs études, pourquoi pas mes enfants ?…” “Vous prendrez ainsi conscience que, quelles que soient les circonstances, vous pouvez toujours rester acteur de votre existence et vous adapter à la réalité du moment.” [texte mis en gras par moi]
Si deux jobs ne suffisent pas pour survivre, ou si vous en perdez un, faites une formation et prenez un troisième job, sans oublier de prendre la vie du bon côté

Il existe bien des comportements problèmes, des événements traumatisants d’ordre individuel, familial etc. qui demandent un accompagnement réel. L’exemple donné est en revanche très politique, avec des causes et des conséquences politiques évidentes. Pour être réellement un “acteur de son existence” il faudrait agir de façon politique, au lieu de traiter les inconvénients éprouvés comme les conséquences de “comportements problèmes” individuels, que l’on est invité à désapprendre en s’adaptant à la réalité du moment. Tout en se voulant apolitique et “scientifique”, le docteur en psychologie est tout à fait compatible avec le néolibéralisme et l’extrême centre. S’il a besoin de fonds pour ses projets, il n’aurait pas de mal à les trouver, à mon avis. Restructurer les “mauvaises” pensées dans ce sens devrait les intéresser.

Si ce genre de conseil est en effet scientifique et universel, essayez d’imaginer son application au Bangladesh, en Chine, au Congo etc. “Je peux dès maintenant demander à mon patron s’il a une place pour mes enfants dans son usine. De nombreux enfants ne vont pas à l'école pour des petits jobs, pourquoi pas mes enfants ?” Ils trouveront sans doute d’autres solutions TCC dans “Petit atelier du mieux-être au travail : Pour salariés de tous horizons”, “Le livre des bonnes questions à se poser pour avancer dans la vie” ou dans “Aller bien” et “Penser autrement”.

Détail poster Nouvelle Loi sur la pauvreté en Angleterre (1837)
 

1 commentaire:

  1. Dans ce cas faites de la politique!
    En revanche si vous avez un problème psy, vous avez quoi comme alternatives?
    Mon fils a eu un problème de phobie. Il faisait des crises d'angoisse s'il restait seul à la maison. La cause était facile à identifier, peu de temps auparavant son grand-père a fait un AVC alors qu'il était présent et que nous (ses parents) n'étions pas là.
    J'ai essayé de raisonner mon fils sans succès. On s'est tourné vers des psy.
    Soit c'était des dialogues que mon fils jugeait sans intérêt soit on nous proposait des anxiolytiques.
    On a fini par trouver un psy, adepte des tcc, qui lui a proposé des petits exercices pratiques, en utilisant des petits cailloux.
    Maintenant il apprécie de pouvoir rester seul à la maison.

    Si on écoute Bernard Stiegler on se dirige vers la fin du travail et propose de s'inspirer du système des intermittents du spectacle. On en est encore loin et avec les crises des ressources qui s'annoncent cela me semble très improbable.

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