Nyoshul khenpo |
Un jour lorsqu'ils méditaient dans les montagnes Patrul Rinpoche demanda son disciple s'il avait compris la nature de son esprit. Nyöshul Lungtok répondit qu'il ne l'avait pas perçue clairement. Ils continuaient la pratique. Un soir, lorsqu'ils préparaient à manger, il lui demanda de nouveau et Nyöshul Lungtok lui répondit encore par la négative.
Nyöshul Lungtok avait eu un rêve récurrent dans lequel il voyait une boule de fil noir grande comme une montagne que Patrul Rinpoche démêla par la suite pour faire apparaître une statue d'or de Vajrasattva (l'être indestructible). Faisant allusion à ce rêve, Patrul Rinpoche lui dit "Faisons cela maintenant".
C'était la nuit. Ils pratiquaient le yoga de l'espace (nam mkha'i rnal 'byor), couchés sur le dos, regardant vers le ciel étoilé. D'un endroit très éloigné dans la valléee, ils entendirent les chiens aboyer au monastère de Dzogchen. Patrul Rinpoché demanda alors "entends-tu l'aboiement des chiens ? Son disciple dit oui. Patrul Rinpoche demanda ensuite "vois-tu les étoiles dans le ciel ?" Et Nyöshul Lungtok dit qu'il les voyait.
Nyöshul Lungtok se dit alors "oui, je peux entendre les chiens, c'est la conscience auditive et je peux voir les étoiles, c'est la conscience visuelle. Tout est conscience !" Et au même moment, il réalisa que tout est intérieur et non extérieur. L'expérience immédiate (T. rig pa), la conscience éveillée primordiale est intérieure. Tout est un déploiement de l'expérience immédiate, de la conscience éveillée intrinsèque.
Le nœud de la saisie dualiste se dénouant à l'instant, il réalisa la nature de l'esprit. Les doutes étant éliminées, il percevait la conscience nue, la vacuité telle quelle. Cette réalisation était provoquée par sa pratique de la méditation en combinaison avec la grâce qui pouvait se manifester par sa confiance totale en le maître.
Les questions posées par Patrul Rinpoché n'étaient qu'un support pour permettre la grâce d'opérer. Il ne s'agissait pas d'une analyse intellectuelle de ce qu'entendait et ce que voyait le disciple. Ni d'une instruction. C'était une méthode inconcevable, à la fois intime et directe pour faire opérer la grâce.
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Photo : Nyoshul Khenpo Jamyang Dorje (smyo shul mkhan po 'jam dbyangs rdo rje 1932-1999)
Texte : extrait (avec quelque libertés dans la traduction) de Natural Great Perfection: Spontaneous Songs and Dzogchen Teachings par Nyoshul Khenpo Rinpoche et Surya Das (copyright 1995, Snow Lion Publications).
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