vendredi 28 mai 2010

Chant : Le testament de Milarepa



Le chant "A quoi bon ?
Marpa le traducteur, je vous rends hommage
Fils disciples fervents, réunis ici
Moi, votre vieux père, Milarepa
Écoutez mon chant testament
Moi, le yogi Milarepa,
Grâce à la bonté de Marpa de Lho brag
J'ai accompli ce qu'il fallait accomplir
Vous, mes fils disciples qui me suivez
Si vous m'écoutiez, vous feriez de même
Pour accomplir mes intentions et celles des bouddhas antérieurs
Il faut prendre à coeur son propre intérêt et celui des autres
Et les réaliser dans cette vie même
Sinon, quoi que l'on fasse
Ne sera pas imprégné[1] de ce double intérêt/souci
Et mon intention ne sera pas accomplie

Si l'on ne suit pas le guide que l'on en a [en soi][2]
A quoi bon recevoir des consécrations (S. abhiṣeka) ?

Si le Dharma n'est pas intégré à notre être (S. svatantra)
A quoi bon posséder les tantras ?

Si on ne renonce pas aux préoccupations mondaines
A quoi bon cultiver des instructions ?

Si nos actes physiques, verbaux et mentaux ne s'accordent pas avec le Dharma
A quoi bon les rituels ?

Si on n'applique pas les remèdes au moment même où on nous fait injure
A quoi bon cultiver la patience ?

Si on ne renonce pas aux sympathies et antipathies partiales[3]
A quoi bon faire des offrandes ?

Si on ne renonce pas à la racine des désirs égoïstes
A quoi bon pratiquer la générosité ?

Si l'on ne reconnaît pas tous les êtres comme ses parents
A quoi bon tenir un siège/centre bouddhiste ?

Sans la vision de la perfection naturelle (T. dag snang)
A quoi bon construire des édifices religieux (S. caitya) ?

Si l'on est incapable de la réintégration du Réel (S. yoga) en les quatre parties de la journée[4]
A quoi bon fabriquer des tsatsa [5] ?

Si la requête (T. gsol ba) n'est pas faite du fond du coeur
A quoi bon les cérémonies d'offrandes aux jours fastes ?

Si les instructions ne pénètrent pas les oreilles
A quoi bon se donner du mal ?

Si on ne me respecte pas de mon vivant
A quoi bon venir regarder mes reliques ?

Sans avoir développé le dégoût (S. saṃvega ) et le renoncement (S. niryāna)
A quoi bon les abstinences[6] ?

Sans apprendre à placer les intérêts d'autrui au-dessus des siens propres
A quoi bon les belles paroles de compassion ?

Si l'on ne s'abstient pas des affections (S. kleśa) et de la concupiscence (S. rāga)
A quoi bon faire le service d'un maître ?

Si rien de ce que l'on dit n'est retenu
A quoi bon avoir de nombreux disciples ?

Comme toutes ces préoccupations futiles
Ne feront que du mal, puissent-elles être suspendues (T. chog ge)
Un yogi qui a fait ce qu'il fallait faire
Ne s'embarrasse pas de nombreuses préoccupations (T. brel ba)

Ayant dit cela, le coeur des disciples était très réjoui[7].

***
Photo : Kalu Rinpoche posant en Milarepa

[1] Litt. teint 'go ba = peindre
[2] rgyud ldan ; rgyud continuum, être. Plus loin on trouve aussi rgyud/tantra, rang rgyud/svatantra. On trouve ainsi le mot rgyud trois fois de suite. On peut penser que Milarepa joue avec ce mot. Plusieurs versions ont rgyud ldan. S'il s'agissait d'une erreur d'orthographe brgyud ldan = doté de la transmission.
[3] phyog ris : sectaires, claniques
[4] aube, matin, après-midi et soir
[5] amulettes ou cônes votifs (S. sacchaka T. sAts+tsha)
[6] Les vœux (S. śīla)
[7] T. gtsigs pa = rire, sourire


Source : Mgur 'bum p. 830-832 The Life of Milarepa, p.165-166.
Version en Wylie. La version bilingue peut être téléchargé ici.

ci la phan gyi mgur/

sgra sgyur ma pa'i zhabs la 'dud/

'dir tshogs dad 'dus bu slob rnams/
pha rgan mi la ras pa nga'i/
tha tshig kha chems glu la nyon/
rnal 'byor mi la ras pa ngas/
lho brag mar pa'i bka' drin gyis/
bya ba thams cad tshar nas yod/
khyed rjes 'jug grwa pa bu slob rnams/
kha la nyan na gong bzhin mdzod/
nga dang rgyal ba gong ma yi/
thugs dgongs rdzogs phyir rang gzhan gyi/
don chen tshe 'dir 'grub pa yin/
de min bya ba thams cad ni/
rang gzhan don du mi 'go bas/
kho bo'i bsam pa mi rdzogs te/

rgyud ldan gyi bla ma ma bsten pa'i/
dbang bskur zhus pas ci la phan/

rang rgyud chos dang mi bsre ba'i/
rgyud sde bzung bas ci la phan/

'rjig rten bya ba ma btang ba'i/
gdams ngag bsgoms pas ci la phan/

sgo gsum chos dang mi bstun pa'i/
cho ga byas pas ci la phan/

tshig ngan gnyen pos mi zin pa'i/
bzod pa bsgoms pas ci la phan/

phyogs ris chags sdang ma spangs pa'i/
mchod pa phul bas ci la phan/

rang 'dod rtsa ba ma spangs pa'i/
sbyin pa btang bas ci la phan/

'gro drug pha mar ma shes pa'i/
gdan sa bzung bas ci la phan/

sems la dag snang ma skyes pa'i/
chos rten bzhengs pas ci la phan/

thun bzhi'i rnal 'byor mi nus pa'i/
tsha tsha btab pas ci la phan/

gsol ba snying nas mi 'debs pa'i/
dus mchod phul bas ci la phan/

gdams ngag rna bar mi 'jog pa'i/
sdug bsngal byed pas ci la phan/

gson tshe dad gus ma skyes pa'i/
gdung zhal bltas pas ci la phan/

skyo shas nges 'byung ma skyes pa'i/
spong dag byas pas ci la phan/

bdag pas gzhan gces mi bsgom pa'i/
kha bzang snying rjes ci la phan/

nyon mongs 'dod pa ma spangs pa'i/
zhabs tog byed los ci la phan/

ci gsung tshad mar mi 'dzin pa'i/
bu slob mang pos ci la phan/
phan pa med pa'i bya byed de/
gnod par 'gyur bas chog ge shog/
bya ba byes pa'i rnal 'byor la/
brel ba mang pos dgos pa med/

ces gsungs pa de bu slob rnams kyi thugs la shin du gtsigs par gyur to/

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