Suite à l'enseignement sur les 51 événements mentaux (T. sems byung S. caitta) donné par Khenpo Trinley Gyaltsen le 9 avril 2011 à Marseille, voici un résumé très concis. Pour une explication plus détaillée, vous pouvez télécharger la transcription de l'enseignement donnée par Lama Sönam Lhundrup en 1997.
Le concept des 51 événements mentaux est centré sur une partie principale constitué des six consciences (T. sems gtso) et des événéments mentaux qui sont des facteurs subordonnés (T. skor) qui "apparaissent et disparaissent" dans la partie principale. Les six consciences sont les consciences des cinq facultés sensorielles et la sixième qu'est la conscience mentale. Chaque conscience a son propre champs d'action. La conscience visuelle perçoit les formes, la conscience auditive les sons, la conscience olfactive les odeurs, la conscience gustative les odeurs et la conscience tactile les différents types de toucher. Les objets de la conscience mentale sont les qualités (S. dharmā). Dans l'optique de l'instruction sur les 51 événements mentaux, ces qualités se limitent à ce qui doit être fait (T. blang bya) et ce qui ne doit pas être fait (T. dor bya).
La fonction des six consciences s'accompagné toujours de 5 événements mentaux constants (T. kun tu 'gro ba rnam pa lnga S. sarvatraga), quelques soit les événements bénéfiques ou nuisibles qui se présentent. Ces cinq sont d'abord[1] la sensation (T. 'tshor ba S. vedanā), qui est le fait de noter si l'expérience d'un objet sensoriel ou d'un événement mental est plaisant, déplaisant ou neutre. Le discernement ou non-confusion (T.'du shes T. saṃjñā) qui note les signes particuliers d'un objet sensoriel ou d'un événement mental. L'intérêt (T. sems pa S. cetanā) qui est le fait que l'esprit est tourné vers les objets extérieurs et qu'il dirige les six consciences sur eux. Le contact (T. reg bya S. sparśa) est la stimulation de la conscience par le rencontre d'une conscience sensorielle, un objet sensoriel et une faculté sensorielle. L'engagement mental (T. yid la byed pa S. manasakāra) fixe la conscience sur l'objet et le maintien sans le quitter. Il est la base de l'attention (T. dran pa S. smṛti) et de la vigilance (T. shes bzhin S. saṃprajñā) utilisées au cours de la culture du repos mental (T. zhi gnas S. śamatha).
Ensuite, il y a cinq facteurs qui permettent de déterminer (T. yul so sor nges byed S. vi-niyata ou viṣaya-niyata) les caractéristiques de chaque objet spécifique. Ces facteurs sont moralement neutres mais ils peuvent aussi bien s'associer avec des facteurs bénéfiques qu'avec des facteurs nuisibles. Dans la pratique spirituelle, ils sont utilisés en les associant avec des facteurs bénéfiques. Le premier facteur déterminateur est l'aspiration (T. 'dun pa S. chanda) qui est le souhait de faire quelque chose par rapport à un objet matériel, sensuel ou conceptuel et qui y prend un vif intérêt. Il fait en sorte que l'on veut de nouveau rencontre l'objet, qu'on ne veut plus le perdre et de combler cette aspiration. L'aspiration sert de base à l'énergie constante (T. brtson 'grus S. viryā) Le deuxième facteur est l'adhésion (T. mos pa S. adhimokṣa) qui est un renforcement de l'aspiration et qui la consolide. Les qualités de l'objet ont été vérifié et sont considérés dignes d'intérêt. L'adhésion sert de base à la foi et à la confiance (T. dad pa S. śraddhā). Le troisième facteur est l'attention ou le rappel (T. dran pa S. smṛti) qui est en essence le fait de ne pas oublier l'objet visé et de ne pas s'en écarter. Il nous rend conscient des événements mentaux bénéfiques ou nuisibles qui se présentent. Il sert de base à la concentration (T. bsam gtan S. dhyāna) et à l'absorption (T. ting nge 'dzin S. samādhi). Le quatrième facteur est l'absorption (T. ting nge 'dzin S. samādhi), c'est-à-dire la concentration en un seul point (T. rtse gcig tu). Elle peut être instantanée ou durer plus longtemps. Ensemble avec l'attention elle est à la base de la perfection (S. pāramitā) de la concentration.
Le cinquième facteur est la lucidité (T. shes rab S. prajñā). Contrairement au facteur constant du discernement elle n'accompagne pas tous les événements mentaux. Le discernement se limité à distinguer et à nommer les objets, la lucidité peut connaître tous les aspects d'un objet dans leur ensemble, dans l'optique d'en faire un usage correct. En effet, la lucidité est capable de distinguer le qualités et les défauts d'un objet. Ces dix facteurs constituent ainsi le fonctionnement de base du mental. Il est important de bien les connaître et de les reconnaître car ils sont essentiels à la pratique spirituelle.
Ensuite, il y a les onze facteurs mentaux bénéfiques (T. dge ba'i sems byung bcu gcig) qui sont des qualités à développer. Il s'agit de :
1. la foi
2. la retenue envers soi, scupule, honte
3. la retenue envers les autres, embarras
4. Détachement
5. Non-aversion, absence de malveillance
6. Non-confusion, acuité d'esprit
7. Perséverance enthousiaste
8. Souplesse, flexibilité
9. Vigilance, diligence
10. Equanimité
11. Non-violence
Les six facteurs affligeants fondamentaux (T. rtsa nyon drug S. mulakleśa) nous retiennent dans un fonctionnement vicié, à l'origine de troubles et d'une agitation qui aboutira en l'insatisfaction et des souffrances pour soi-même et pour autrui.
Ce sont :
1. l'ignorance
2. le désir
3. la colère
4. l'orgeuil
5. le doute stérile
6. les vues affligées
Les facteurs affligeants subsidiaires (T. nye nyon nyi shu) sont des facteurs qui sont dans le prolongement des facteurs affligeants fondamentaux ou qui en dépendent. Ils sont au nombre de vingt :
1. la rage
2. le rancœur, la rancune
3. l'animosité
4. la malveillance, la cruauté
5. la jalousie
6. la duplicité
7. la tromperie
8. Le manque de respect de soi, absence de honte
9. le manque de respect envers les autres
10. la dissimulation
11. l'avarice
12. l'autosatisfaction
13. le manque de confiance
14. la paresse, l'absence d'effort mental
15. l'insouciance
16. la mémoire confuse
17. le manque de discernement, l'inattention
18. la lourdeur
19. l'agitation
20. la distraction
Finalement, il y a quatre facteurs mentaux variables (T. gzhan du 'gyur ba), selon l'optique dans laquelle ils sont utilisés : sous l'influence de facteurs bénéfiques ou nuissibles. Ce sont respectivement :
1. le sommeil
2. le regret
3. le raisonnement, la discursivité mentale
4. l'investigation, le discernement
Puisque la conscience et l'inconscience (S. avidya) ne peuvent pas coexister, tout comme l'eau et le feu, avec chaque prise de conscience d'un événement mental une partie de cette inconscience est éliminée. Si la conscience est totale l'inconscience aura disparu. La concentration seule ne pourra pas arriver au bout de l'inconscience.
Lien pour télécharger la liste des 51 événements mentaux en français, en tibétain et en sanscrit.
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[1] Cette explication suit le système développé par Asaṅga et Vasubhandu.
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