lundi 3 mars 2014

Les premières représentations iconiques d'une déesse bouddhiste ?


Gaja-Lakṣmī à Sanchi (en lalitāsana)

De -230 à 225, le Maharashtra (Mahārāṣṭra) était gouverné par la dynastie des Śātavāhana, qui gouvernèrent également l'Andhra Pradesh à la même époque, où se trouvèrent Dhānyakaṭaka, Nagarjunakonda, Śrī Parvata et peut-être Mont Potalaka. La période Śātavāhana se divise en deux parties, une période ancienne (I) et la période à partir des Kashatrapa (alias satrapes Saka). Selon Ajit Kumar, il y avait dans le Maharashtra occidental plus de mille grottes bouddhistes hīnayāna. Parmi toutes les sculptures, les uniques représentations[1] iconiques (et d’une déesse) sont celles de Śrī ou Gaja-Lakṣmī. C’est à l’aube de l’ère chrétienne (-100 à 100), qu’apparaissent les premières représentations iconiques (sites bouddhistes de Barhut et Sanchi).

Gaja-Lakṣmī à Pitalkhora

Elle est alors souvent représentée assis ou debout sur un lotus, ou tenant des boutons ou des fleurs de lotus dans la main, et flanquée de deux éléphants. Elle est associée à l’élément eau, source de vie et d’énergie divine. Plus tard, on la considère dans le bouddhisme comme l’épouse de Kuberā, le dieu des richesses. La représentation de Gajalakṣmi de Barhut (-100 à 100) la montre en position assise, les jambes repliées, mais non croisées, les plantes des pieds se touchent (même posture à Pitalkhora). Elle a les mains jointes au niveau du cœur. Elle est assise sur un lotus et flanquée de deux éléphants, également installés sur un lotus chacun. Les trois lotus sortent d’un vase unique. Les trompes des éléphants tiennent des jarres avec lesquels ils versent de l’eau sur la tête de Gajalakṣmi.

Gajalakṣmi (-100 à 80), Musée indien Calcutta (photo : Huntington)

Ajit Kumar observe que les seules représentations iconiques que l’on trouve dans les grottes et les caityas bouddhistes sont celles de Gaja-Lakṣmi, et uniquement durant la première période Śātavāhana. Il n’y a pas de représentations iconiques de Gaja-Lakṣmi dans le Maharashtra datant de la deuxième période Śātavāhana. Il remarque également que le motif de Gaja-Lakṣmi n’était jamais populaire à Amaravati, et que c’est l’art sculptural d’Amaravati qui s’était par la suite répandue dans les sites du Maharashtra. On pourrait en déduire que Gaja-Lakṣmi n’était pas populaire ou connue à Amaravati et que l’influence d’Amaravati était plus dominante dans le zone d’influence Śātavāhana. Mais il ne faut pas oublier que les représentations iconiques des Bouddhas et des divinités sont arrivées plus tard et sous l'influence helléniste. Amaravati étant plus éloigné de l'influence hellénisante, les représentations iconiques ont mis plus longtemps pour y arriver. Cela n'explique pas pourquoi l'importance de Gaja-Lakṣmi a diminuée. Peut-être était-elle absorbée et remplacée par d'autres divinités.

Bhutling Group - Junnar - Ambalya caves (photo : Ajit Kumar)
Gaja-Lakṣmi debout, avec 2 éléphants et 4 autres personnages

Avec Gajalakṣmi nous sommes sans doute en présence d’éléments anciens, prébouddhistes. L'hypothèse a été émise qu'elle représentait la mère du Bouddha. Il faut dire que la mère du Bouddha est représentée par des éléments iconographiques de yakṣī et qu'elle avait conçu du futur Bouddha en rêvant d'un éléphant qui entra son corps par le côté.       



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[1] A Pitalkhora, Nadsur et Bhutling (Junnar).

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