mercredi 19 mars 2014

Manimékhala à Pompéi ?


Pied de table représentant une nymphe sylvestre indien, retrouvé à Pompéi (1er siècle), conservé à Naples (Museo Archeologico)

En surfant sur le Net, on tombe quelquefois sur de très belles surprises. Prenons par exemple ce pied de table sculpté, retrouvé dans un villa de la Rue de l’abondance (Via dell’Abbondanza) à Pompéi. Il représente une yakṣī et daterai du 1er siècle. La posture de la yakṣī est celle d’une nymphe sylvestre (śālabhañjikā) et ressemble à celle de la mère du futur Bouddha au moment de l’accouchement. Les liens entre l’empire romain et l’Inde passèrent par le port égyptien de Bérénice (Berenike) sur la Mer rouge.


« Bérénice connut un regain d'activité vers la fin du 1er siècle, avec le développement du commerce de l'Inde et l'accroissement de la taille des navires marchands. » (Wikipedia). Les romains importaient entre autres du bois noir ébénier de l’Inde.
« L’Inde est seule à produire le noir ébénier, les Sabéens sont seuls à voir naître la tige qui porte l’encens. Te parlerai-je du bois odorant qui distille le baume, et des baies de l’acanthe toujours verte ? [2,120] Des bois des Éthiopiens qui blanchissent sous un mol duvet ? De la façon dont les Sères enlèvent aux feuilles à coup de peignes leur menue toison ? Ou des bois sacrés que l’Inde porte près de l’Océan, aux extrêmes confins du monde, où jamais aucune flèche n’a pu atteindre d’un jet l’air qui baigne le sommet d’un arbre; et pourtant ce peuple n’est pas en retard lorsqu’il a le carquois à la main. » Virgile, Georgiques, livre ii : Les arbres et la vigne
Un court article (en anglais) sur le trafic de cette route des épices par R. Krishnakumar.

Un extrait d’un article d’Arputhrani Sengupta (Associate Professor, Dept. of History of Art, National Museum Institute, New Delhi, India), intitulé « Narrative in Tamil Epic (Second Century AD): Transmission of Myth », dans lequel est publié la photo de notre nymphe sylvestre, et la mention qu’il s’agirait (?) de la déesse Manimékhala de la mer (d’après laquelle notre danseuse Manimékhalaï fut nommée). Ce n’est pas tout. Le poète romain Virgil y est accusé de fabriquer un mythe historique en identifiant la déesse Manimékhala à Vénus…[1] Si quelqu’un connaît le passage de l'Énéide auquel pourrait faire référence le professeur Sengupta, je serai très heureux de l’apprendre.

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[1] « One famous example of deliberately fabricated historical myth is the Roman poet Virgil's epic elaboration in the Aeneas, in which Venus shares her identity with goddess Manimekala. This must be viewed against the fact that there is no record of either literature or comparable arts in India prior to the Christian era. At the dawn of a new era the sub-continent was apparently a pristine paradise perched at the very end of the then known world. Innovations in Tamil and Sanskrit literature datable to the early Christian era are thus probably unsurpassed in history. They contain a landscape constructed by received knowledge, of travelers' tale and of 'family resemblance', which serve to locate zones of identity and zones of discrepancy. Description of a crystal or glass pavilion, murals in stucco, wall painting and life-like sculpture in Manimekalai are proof of Mediterranean influence in India. This is confirmed by literary allusion to numerous Greeks in India identified as Yavana from Yavanapura or Alexandria. The Greek connection apparently included Pompeii, where an ivory statuette in early Buddhist style was recovered from a merchant's house on the "via dell' Abbondanza". [Arputhrani Sengupta, Associate Professor, Dept. of History of Art, National Museum Institute, New Delhi, India, "Narrative in Tamil Epic (Second Century AD): Transmission of Myth"] » Source

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