chapitre 8 du Bodhicaryāvatāra de Śāntideva |
Trop souvent les bouddhistes semblent encore guidés par l’idée d’un saṃsāra et d’un nirvāṇa en quelque sorte localisable. Un lieu que l’on devrait quitter. Le saṃsāra serait impossible d’améliorer. Le saṃsāra, tout comme le nirvāṇa, n’est pas un lieu. Le mot saṃsāra vient de la racine « sam-sṛ » qui signifie « circuler, parcourir, errer », et que l’on peut traduire par l’errance, le fait d’errer. Errer c’est tourner en rond sans repères, où que l’on soit. Dans le bouddhisme, ce sont les trois poisons » (sct. triviṣa tib. dug gsum) qui maintiennent dans l’errance : La convoitise (P. lobha sct. rāga tib. 'dod chags) , l’aversion (P. dosa sct. dveṣa tib. zhe sdang) et l’aveuglement (P/sct. moha tib. gti mug). Les trois poisons embrasent le monde comme un feu, leur absence est appelée « extinction » (sct. nirvāṇa).
Peut-on améliorer « l’errance », le fait d’errer, de se laisser guider aveuglement par la convoitise et l’aversion ? Non, mais on peut améliorer le monde, qui n’est pas le saṃsāra. Il n’est pas besoin de renoncer au monde (« se libérer ») pour ne plus se laisser guider aveuglement par la convoitise et l’aversion. Pour agir dans le monde avec sagesse. Agir c’est s’engager, ne pas renoncer[1]. Avec sagesse, c’est agir sans être aveuglé par la convoitise et l’aversion, ni sur la nature de celui-qui agit ni sur celle du monde et de notre action.
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[1] Pas besoin de « compassion », ni d’ « altruisme » pour référer à l’action sage dans le monde.
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