Lākula |
Pendant la première phase, la phase avec distinction (S. vyaktāvasthā), ils résidaient dans des temples et suivaient les règles. Pendant la deuxième phase, la phase sans distinction (S. avyaktāvasthā), ils se comportaient de façon insensé en publique afin de s’attirer de l’opprobre. Pendant la troisième phase, ils demeuraient dans une grotte vide. Pendant la quatrième dans un cimetière et pendant la cinquième phase ils étaient censés demeurer en Rudra (Ṥiva)[2].
Dans la deuxième phase, où l’on doit s’attirer l’opprobre, les Pāśupatasūtra (III.ii) prescrivent d’agir « comme un fantôme » (pretavac caret). Les preta correspondent traditionnellement aux mânes des défunts, mais dans ce cas, l’injonction d’agir comme un preta est une invitation à un renoncement complet à notre identité sociale, notre personnalité.
Les yogis shivaïtes ont un rituel que Bharati appele « un sacrifice de détachement » (S. virajāhoma[3]), pendant lequel le renonçant célèbre sa propre mort.[4]
Les Pāśupata adorent shiva comme Pāśupati. Les cendres qui recouvrent tout leur corps jouent un rôle important dans ces rites.
A ce propos, dans le dernier caryāpada/caryāgīti, n° 50, attribué à Śavara, celui-ci écrit :
« Quatre bâtons de bambou sont attachés ensemble ;Ce qui reste de « Śavara » n’est plus que son fantôme (S. preta). « Un fantôme marchant sur le chemin du Milieu » comme chante Kṛṣṇācārya[6], entre « l’être et le néant ». Cela semble être l'état ultime de théopathie, où il n'y a même plus d'effort d'identification.
Śavara y est posé et immolé.
Les chacals et vautours pleurent
Il est mort intoxiqué par l’existence.
Le sacrifice est offert dans les dix directions.
Śavara a atteint le Nirvāṇa, Śavara n’est plus. »[5]
Une autre façon de pratiquer l'observance de folie, est qu'après la mort symbolique, le yogi assume une identité (S. caryā), celle du dieu, Śiva ou Heruka. Le Hevajra Tantra (I.6) explique comment procéder. Le yogi se pare des attributs du dieu, rode dans des endroits fréquentés par le dieu, s'accouple avec une fille vajra, ou autrement consacrée, se laisse aller à des chants et des danses spontanées, mange et boit comme le dieu, bref toutes ses activités, commandées par les pulsions et les situations, sont celles du dieu. Il erre comme un lion, [et reste intrépide] même s'il se trouvait en face d'Indra.[7] "Il boit toujours la compassion pour le bien des êtres car le yogi dédié à boire le yoga, n'est enivré par aucun autre boisson".[8]
Un tel yogi doté d'un grand merci (S. mahākṛpaḥ), précise le Hevajra Tantra, est uni avec la nature intrinsèque de toute chose et erre dans le monde, libre de toutes les conventions sociales, vœux religieux et inhibitions.[9] Tout comme les avadhūta, il renonce aux sacrifices du feu (S. homa) et à toutes les obligations religieuses, y compris les vœux (S. samaya) de l'essence cachée (S. saṃvara).
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Illustration : Seigneur Lākuliśa, Brahmeshwara Temple, Kayavarohana, Gujarat, India
[1] Indian Esoteric Buddhism, Ronald M. Davidson, p. 218
[2] Indian Esoteric Buddhism, Ronald M. Davidson, p. 219
[3] Virajahoma: oblation au feu, symbolisant la traversée du fleuve de la mort . Voir aussi Paramahamsa-Parivrajaka Upanishad “Une personne en bonne santé (qui désire renoncer au monde) conformément (aux quatre stades de la vie), exécutera la cérémonie shraddha sur lui-même ainsi que le rituel du feu afin de se débarasser des passions (Viraja-homa).”
[4] Davidson, p. 221 ; Bharati 1970, p. 153-
[5] Per Kvarene, An Anthology of Buddhist Tantric Songs, p. 262
[6] Chant 4, vers 9
[7] The Concealed Essence of the Hevajra Tantra, G.W. Farrow et I.Menon p. 69
[8] Conclusion du capitre sur la caryā.
[9] The Concealed Essence of the Hevajra Tantra, G.W. Farrow et I.Menon p. 68
Tibétain Wylie
phyogs bzhi rnams su smyug ma'i rib mas legs par bskor nas byin/
sa ba ri yis de byas bya dang lce spyan rnams ni ngu*/
khyod kyis bsad byas phyogs bcur gtor ma dkar po gtong ba ltos/
sa bari ni mya ngan 'das gyur srid rtsa thams cad zhig/
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