Le maṇḍala du Kālacakra Tantra est triple. D’abord le mont axial entouré des quatre continents reposant sur les disques des quatre éléments. Au sommet du mont axial se trouve la palais céleste. A l’intérieur de celui-ci la divinité avec son entourage.
Dans le périmètre direct du maṇḍala de Kālacakra, se trouvent les planètes, l’étoile polaire (Dhruva), Canopus (Agastya T. ri byi = rṣī), les 28 maisons lunaires, les 12 signes du zodiaque, les 16 phases de la lune, les 10 protecteurs des (dix) directions[1], Nandi[2], Mahākāla (nag po chen po), le rākṣasa Ghaṇṭākarṇa (T. dril bu'i rna ba can), l’ogresse Hāriti (T. 'phrog ma), le tripède Bhṛiṅgī (T. nyam chung), ainsi que des assemblées de protecteurs de champs (T. zhing skyong S. kṣetrapāla), de messagers (T. pho nya S. dūtī) et de siddhas (T. grub pa).
L’idée étant que tout ce qui constitue notre univers, et que nous voyons sous son aspect ordinaire, est en fait conduit par des agents, sous les ordres[3] de la divinité première, dans ce cas Kālacakra.
« Ainsi l’Univers est un vaste corps mu par une ame, gouverné et conduit par une intelligence, qui ont la même étendue et qui agissent dans toutes ses parties, c’est-à-dire, dans tout ce qui existe, puisqu’il n’existe rien hors l’Univers, qui est l’assemblage de toutes choses. Réciproquement, de même que la matière universelle se partage en une foule innombrable de corps particuliers sous des formes variées, de même la vie ou l’âme universelle, ainsi que l’intelligence se divisant dans les corps, y prennent un caractère de vie et d’intelligence particulière dans la multitude infinie de vases divers qui les reçoivent : telle la masse immense des eaux, connue sous le nom d’Océan, fournit par l’évaporation les diverses espèces d’eaux qui se distribuent dans les lacs, dans les fontaines, dans les rivières, dans les plantes, dans tous les végétaux et les animaux, où circulent les fluides sous des formes et avec des qualités particulières, pour rentrer ensuite dans le bassin des mers, où elles se confondent en une seule masse de qualité homogène. Voilà l’idée que les Anciens eurent de l’âme ou de la vie et de l’intelligence universelle, source de la vie et des intelligences distribuées dans tous les êtres particuliers, à qui elles se communiquent par des milliers de canaux. C’est de cette source féconde que sont sorties les intelligences innombrables placées dans le Ciel, dans le Soleil, dans la Lune, dans tous les Astres, dans les Éléments, dans la Terre, dans les Eaux, et généralement partout où la cause universelle semble avoir fixé le siège de quelque action particulière et quelqu’un des agents du grand travail de la Nature. Ainsi se composa la cour des dieux qui habitent l’Olympe, celles des Divinités de l’Air, de la Mer et de la Terre ; ainsi s’organisa le système général de l’administration du Monde, dont le soin fut confié à des intelligences de différents ordres et de dénominations différentes, soit dieux, soit génies, soit anges, soit esprits célestes, héros, ireds, azes, etc.
Rien ne s’exécuta plus dans le Monde que par des moyens physiques, par la seule force de la matière et par les lois du mouvement : tout dépendit de la volonté et des ordres d’agents intelligents. Le conseil des dieux régla le destin des hommes, et décida du sort de la Nature entière, soumise à leurs lois et dirigée par leur sagesse. C’est sous cette forme que se présente la théologie chez tous les peuples qui ont eu un culte régulier et des théogonies raisonnées. Le sauvage, encore aujourd’hui, place la vie partout où il voit du mouvement, et intelligence dans toutes les causes dont il ignore le mécanisme, c’est-à-dire, dans toute la Nature : de là l’opinion des Astres animés et conduits par des intelligences ; opinion répandue chez les Chaldéens, chez les Perses, chez les Grecs et chez les Juifs et les Chrétiens ; car ces derniers ont placé des anges dans chaque astre, chargés de conduire les corps célestes et de régler le mouvement des sphères. »
Dupuis Ch. 3 De l’Univers animé et intelligent.
Sa Sainteté le Dalai-Lama aurait déclaré il y a quelques années à Dharamsala, ne pas croire en l'astrologie. Cela ne l'empêche pas de donner et d'enseigner fréquemment l'initiation du Kālacakra Tantra. Il la donnera de nouveau à Leh, au mois de juin de l'année prochaine.
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[1] Brahma (T. tshangs pa), Viṣṇu (T. khyab 'jug), Nairṛiti (T. bden bral), Vāyu (T. rlung lha), Yama (T. gshin rje), Agni (T. me lha), Samudra (T. rgya mtsho), Śaṅkara (T. bde byed), Indra (T. dbang po) et Yakṣa (T. gnod sbyin)
[2] Nandi (T. dga' byed).
[3] A l'origine, les officiers de Śiva étaient appelés des « Mantras ». "On nomme ainsi ces âmes divines, car dans les rituels, elles sont invoquées sous la forme de formules sonores que l’on appelle justement des mantras". (Les stances sur la reconnaissance du seigneur avec leur glose, David Dubois)
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