Turya ou turīya signifie le quatrième ou le quart. La Māṇḍūkyopaniṣad du quatrième Veda, l'Atharvaveda, explique le sens de l'oṃkāra par la triade des trois stades de la conscience, à savoir l’état de veille, le rêve et le sommeil profond, et le silence qui suit comme le quatrième état (turīya) de libération, le brahman.
« Quand cette perception devient à la fois transcendante et immanente aux trois états et au mouvement du monde, c’est turīyatītā, « celui au-dessus du quatrième », ou immersion totale dans la pure Conscience. La cohérence s’y maintient au-delà de la mort qui devient une banale anecdote. Les éléments subtils personnels sont effacés, le karman est effacé, la ronde du saṁsāra est effacé. Dualité ou non-dualité ne signifie plus rien. Il n’y a pas d’alternative. » (Jean Papin, Joyau des tantra, p. 57)Le turīya est donc le quatrième « état de conscience » transcendant les trois autres. Cette notion n’est pas inconnue dans le bouddhisme tibétain, notamment dans le Dzogchen, où il est traduit comme བཞི་ཆ (T. bzhi cha). Ou བཞི་ཆ་སུམ་བྲལ (T. bzhi cha sum bral), le quatrième libre des trois, ou transcendant les trois. Les trois temps, ou les trois états de conscience, car les deux notions semblent être confondues dans les diverses définitions.
Nous connaissions peut-être l’expression l’égalité des trois temps དུས་གསུམ་མཉམ་པ་ཉིད (T. dus gsum mnyam pa nyid), passé, présent et futur. Cette égalité qui perdure comme une basse continue, traversant les trois temps, est comme un quatrième temps, atemporel. On trouve donc également l’expression l’égalité des quatre temps དུས་བཞི་མཉམ་པ་ཉིད (dus bzhi mnyam pa nyid)[1]. Cette égalité des trois temps, ne les fait pas disparaître dans une « confusion égalitaire », mais elle est présente en chacun des trois temps. Rester dans le quatrième, l’atemporel, tout en vivant les trois temps, est rester dans le corps spirituel (dharmakāya). C’est pourquoi on utilise aussi l’expression L’égalité des quatre temps du corps spirituel ཆོས་སྐུའི་དུས་བཞི་མཉམ་པ་ཉིད (T. chos sku'i dus bzhi mnyam pa nyid).
Les termes turīyatītā et dharmakāya semblent donc être équivalents.
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[1] Les quatre saisons se disent également dus bzhi
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