Phyag chen lhan cig skyes grub versus phyag chen lhan cig skyes sbyor
Dans la collection de l’œuvre complète attribué à Pamodroupa (1110-1170) se trouve une série de textes consacrée au cycle du Sceau universel du Naturel (tib. phyag chen lhan cig skyes sbyor sogs). Ce texte a sans doute été écrit par un disciple, car ses paroles sont citées en référant à lui sous le titre Seigneur (tib. rje), en utilisant la forme honorifique et en lui donnant l’épithète « U rgyan phag mo », sans doute pour faire allusion à une connexion avec Oḍḍiyāna). La transmission du cycle est donnée comme ceci : Lavapa (« qui contrôla les ḍākinī ») - Rakṣita – Lhodrakpa (=Marpa) – Gungthangpa (=Milarepa) – Gampopa. Gampopa (1079–1153) fut le maître de Pamodroupa. Nāropa ne figure pas dans la liste, sauf s’il est identique à Rakṣita. Il n’y est pas question de Tailopa dans cette liste.
Le texte, rédigé par un disciple, commence par dire que le Seigneur (Pamodroupa) avait l’habitude de dire que tous les sages vénérés enseignant la culture mentale (sct. bhāvana) disaient qu’en tant que pratique spirituelle (sct. dharma), celle-ci (l’intégration du Sceau universel par le Naturel) était particulièrement profonde.
[258] Les représentations et les passions
étant toutes restreintes [par elle], elle est le Vinaya.
Comme les représentations (sct. vikalpa) sont établies (sct. niścayaḥ)
En tant que le triple corps grâce à elle
Et que toutes les conjectures sont retranchées de l’intérieur
Elle transmet la connaissance valide (sct. pramāṇa).
Évitant les extrêmes de l’être et du non-être (sct. śāśvata-vāda et uccheda-vāda)
Elle est la voie du Milieu par excellence (sct madhyamaka).
Comme elle est ineffable, inconcevable et inexprimable
Elle transmet la perfection (sct. pāramitā).
Toutes les choses passionnées et dépassionnées
Étant au complet dans la pensée, elle est la complétude universelle.
Toutes les bonnes et mauvaises représentations
N’étant pas investies par elle (sct. amanasikāra), elle est le Sceau universel (sct. mahāmudrā).
Elle est celle qui apaise (tib. zhi byed) toutes les souffrances.
Toutes les passions et représentations [259]
étant intégrées sur le chemin, elle est le mantra ésotérique (sct. guhyamantra).
Elle est à la fois la pensée (sct. citta), les représentations (sct. vikalpa) et le corps réel (sct. dharmakāya).
La première partie, « le Naturel » (sct. sahaja),
Comme elle est réintégrée à la pensée par la transmission
Est glosée comme « la réintégration du Naturel ».
Il est dit qu’elle apprécie (tib. sngags) même les fauteurs de troubles,
Les démons, les Māra etc. »
Maitrīpa, Gampopa, Pamodroupa etc. présentent leur « mahāmudrā » réintégrée par le Naturel (phyag chen lhan cig skyes sbyor), comme un système inclusif, qui comprend tous les systèmes bouddhists. Le Vinaya des auditeurs, la connaissance valide (sct. pramāṇa) des logiciens du véhicule universaliste, la pratique des perfections (sct. pāramitā) du véhicule universaliste, la complétude universelle (tib. rdzogs chen), le sceau universel (sct. mahāmudrā), l’approche Zhi byed de Dampa Sangyé, le système des mantras ésotériques, et elle intègre même les fauteurs de troubles et leurs nuisances. Elle inclue tout sans ne rien exclure.
Elle accueille tous, quels qu’ils soient, de capacité supérieure, intermédiaire ou inférieure, préparés, hyper préparés, fins prêts, ou sans aucune préparation.
« Non, non, et trois fois non » (Discrimination des Trois Vœux, sdom gsum rab dbye), disait Sakya Paṇḍīta (1182-1251) à cette approche qu’il taxait de laxiste. La mahāmudrā n’est pas inclusive, mais exclusive. Elle est exclusivement tantrique, et encore, elle n’est accessible par le biais des tantras nec plus ultra (sct. anuttara), dans la quasi-substantielle crème de la crème de la troisième (et quatrième) phase de consécration. Étant exclusivement tantrique, elle est aussi exclusivement théiste. Pas de dieux, pas de siddhi. Les théistes, souvent méritocrates, à cheval sur les principes et droits dans leurs bottes, voient d’un mauvais œil la distribution gratuite de siddhis, sans passer par la case Temple, et adorent maintenir ou remettre de l’ordre. Ce sera désormais chose faite. Le bouddhisme théiste aura de beaux jours devant lui.
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Texte tibétain en Wylie
mkhas btsun sgom ston thams cad kyis// chos su ‘di nyid zab bo gsung*// rnam rtog dang ni nyon mongs pa// thams cad ‘dul bas ‘dul ba yin// rnam par rtog pa chos sku ru// nges pa’i shes pa bskyed pa’i sa// sgro ‘dogs nang du gcod pas na// ‘di ni thsad ma’i gdams ngag yin// rtag ched sgro skur la sogs pa’i// mtha’ dang bral bas dbu ma yin// smra bsam brjod du med pa’i phyir// ph arol phyin pa’i gdams ngag yin// ‘khor dang mya ngan ‘das pa’i chos// sems su rdzogs pas rdzogs chen yin// bzang rtog ngan rtog thams cad kun// yid la mi byed phyag rgya che// sdug bsngal zhi bas zhi byed yin// nyon mong dang ni [259] rnam rtog kun// lam du slongs pas gsang sngags yin// sems dang rnam rtog chos sku gsum// dang po lhan cig skyes pa de// gdams pas sems su sbyor ba’i phyir// lhan cig skyes sbyor zhes su bshad// ‘dre dang bdud la sogs pa yi// bar chod la yang sngags so gsung*//
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