Ādi Śaṅkara |
« Or ici-bas, dans la Contrée du Milieu, il y a une grande ville appelée " Kapilavastu des Lotus " ; tout près, il y a une bourgade du nom de Jhāṭakaraṇī. En cet endroit réside un brahmane nommé Nānukā et sa femme de caste brahmanique nommée Sādhvī. Dans le cours du temps ils eurent un fils appelé Dāmodara. Quand le garçon eut environ onze ans, et qu'il connut la moitié du Sāmaveda, il quitta sa famille et devint ascète ekadaṇḍa sous le nom de Martabodha (?). »Ci-après l’explication d’Alyette Degrâces-Fahd sur l’ascèse de l’ekadaṇḍin.
« Le bâton distingue aussi les renonçants. Il doit être taillé d’un seul morceau, «avoir les mesures de l’ascète — des pieds à la tête —, être indemne des vers, droit, beau, non fendu en deux, avec toutes les marques favorables». Le bâton des trois premiers ordres se compose de trois bâtons en bois de palāsa, de bilva et d'uduṃbara. Deussen a expliqué ces trois bois par la réunion des trois classes de deux-fois-nés (dvija) les brahmanes, kṣatriya et vaiśya. Plus qu’une référence sociale, il faut y chercher un symbole. Le daṇḍa, nom du bâton en sanskrit, signifie aussi «châtiment» et «sceptre royal»; terme non neutre, il indique un contrôle possible sur un sujet. Mieux vaut en accord avec les textes et dans ce contexte du renoncement, entendre l’idée d’un triple contrôle en parole, en action et en esprit. Qui observe cette triple maîtrise est un tridaṇḍin, un «porteur-du-triple-bâton». Parmi nos renonçants, les trois premiers ordres portent ce triple bâton. Le paramahaṃsa, au contraire, n’a qu’un bâton de bambou, il est un ekadaṇḍin ; ce bâton est alors un symbole de connaissance : il n’offre plus de repère visible pour l’ascète, ni pour les autres. Plus de signes distinctifs; la discipline s’est faite vie où l’ascète observe désormais «le silence, l’état de concentration, la méditation, l’endurance, la solitude, un état sans désir et équanime».
«L’union totale est une règle entre l’ascète et le bâton: l’homme d’éveil ne peut aller sans son bâton », cet étrange lien ainsi marqué désigne une relation plus essentielle, car pour le renonçant, «l’esprit attaché au brahman est son bâton ». Ici, le bâton représente plus qu’un symbole de connaissance. Ainsi au moment où le renonçant en quête du brahman (vividiṣā-saṃnyāsin) s’engage dans le renoncement, il prend son bâton en disant ce mantra:
«Tu es mon ami et me protèges, o puissance (ojas,) qui es mon amie, tu es le foudre d'Indra »,
car le bâton porte en lui la puissance du renonçant, son énergie même ainsi transférée dans ce bâton de renoncement (saṃnyāsa-daṇḍa). La śakti dégagée forme comme un corps second tout d’énergie. Cette puissance sortie du renonçant est identique à la śakti du brahman, elle est l’énergie créatrice en œuvre dans le renonçant, son énergie spirituelle. Désormais, la force qui le soutient est rassemblée dans la śakti du dieu (ici Indra), et le bâton représente l’extinction de toutes les actions. »
Upaniṣad du renoncement, Alyette Degrâces-fahd, fayard, p. 83-84
Le renoncement de type « à bâton unique » (ēkadaṇḍisannyāsi) semble être plutôt associé avec la tradition Advaita Vedanta d’Ādi Śaṅkara. On lit aussi que Maitrīpa fut d'abord un vishnouite (vaiṣṇava).
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[1] Un nouveau document sur le bouddhisme de basse époque dans l'Inde
Sylvain Lévi, Bulletin of the School of Oriental Studies, University of London, Vol. 6, No. 2, A Volume of Indian Studies Presented by His Friends and Pupils to Edward James Rapson, Professor of Sanskrit in the University of Cambridge, on His Seventieth Birthday, 12th May, 1931 (1931), pp. 417-429
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