Parlement des Religions de Chicago en 1893 |
Tant que le sujet est chaud. Je veux revenir sur Vivekananda qui s’était fait connaître au monde en tenant un discours devant le Parlement des religions de Chicago en 1893. Il y présente le Vedanta comme la seule religion unique et cite un certain Karl Heckel dans ses écrits, pour étayer l’idée que l’idée de réincarnation était originaire de l’Inde.
Die Idee der Wiedergeburt, Karl Heckel |
On ne trouve pas grand-chose sur Karl Heckel sur Internet. En fouillant un peu, on trouve qu’il est l’auteur d’un livre intitulé « Die Idee der Wiedergeburt », publié en 1889 à Leipzig par Verlag von Max Spohr. Ce livre a été primé (« Preisgekrönt ») par la fondation August Jenny (August Jenny Stiftung). August Jenny de Dresde avait créé cette fondation, afin de promouvoir l’idée de la réincarnation, telle que Gotthold Ephraim Lessing l’expose dans son livre « L'Éducation du genre humain » (1780) (Erziehung des Menschengeschlechts).[1]
La traductrice Francesca Arundale (1847-1924) était par ailleurs une théosophe et franc-maçonne brittanique. Une amie proche d’Helena Blavatsky et d’Annie Besant. Son fils adopté George Sidney Arundale (1878-1945), éduqué par Charles Webster Leadbeater (1854–1934), devint plus tard le président de la société théosophique d’Adyar. Leadbeater éduqua également Percy Sinnet, le fils d'Alfred Percy Sinnet, ainsi que Jiddu Krishnamurti, qu'il avait "découvert".
On trouve encore une petite référence à August jenny dans « Rezensionen und Kritiken (1894-1900) » d’Ernst Troeltsch. Ernst Troeltsch (1865-1923), était un philosophe, théologien protestant et sociologue allemand, proche des positions de Max Weber qui étudiait les églises indépendantes et des sectes (Wikipedia). Il mentionne dans son livre simplement qu’August Jenny est un « ami de l’idée de la réincarnation » qui avait créé une fondation à Dresde, qui avait pour but de promouvoir cette vérité par le biais scientifique et littéraire. Troeltsch qualifie la fondation comme une activité de la société théosophique qui a pour but de promouvoir ses propres idées.[2]
Quand dans ses articles et conférences, Vivekanda cite Karl Heckel et ses idées sur la réincarnation, il se rapproche en fait des idées de la société théosophique à ce sujet, ou pour le moins il fait la promotion de l’idée de la réincarnation. Il semblerait que ses rapports avec la la société théosophique ne furent pas toujours excellentes.
Vivekananda, Chicago 1893 |
Vivekanda n’était pas invité au Parlement mondial des religions de 1893, et se serait rendu à Chicago à sa propre initiative. Il réussit à se faire inviter in extremis en tant que moine de l’ordre le plus ancien de sannyāssis fondé par Śaṅkara et put tenir son discours le jour de l’ouverture même. La société théosophique fut également présente au Parlement. « Deux jours entiers furent consacrés à l'exposition des théories de la Société théosophique. Plusieurs théosophes se sont exprimés parmi lesquels Annie Besant, William Quan Judge[3], et Gyanendra Nath Chakravarti ». (wikipedia). La société théosophique y était invitée pour représenter l’hindouisme, ensemble avec le mouvement Brahmo Samaj. La société théosophique avait refusé d’aider Vivekanda, la condition étant qu’il devait devenir un membre[4], ce qu’il aurait réfusé. C’est un certain John Henry Wright, qui avait finalement réussi à le faire inviter. Les relations entre Vivekanda et la société théosophique furent apparemment complexes. Des réactions plutôt positives en public, et négatives en privé de la part de théosophes éminents. Dans cet article, Annie Besant est montrée très enthousiaste, et Vivekananda aurait parlé au nom de la société théosophique…[5]
Pour revenir à l’Idée de la réincarnation, on trouve en ligne un livre en allemand de 1904 qui a pour titre Gibt es eine Seelenwanderung ?, écrit par Robert Falke. La traduction complète du titre en français est La réincarnation existe-t-elle ? Une question moderne de notre temps…
Le livre de notre auteur, Karl Hecker, y est mentionné. Voici la bibliographie complète (1904) de livres (plutôt de vulgarisation) traitant de la réincarnation, telle que donnée par Robert Falke
K. E. Neumann: « Buddhistische Anthologie » et « Die innere Verwandtschaft buddhistischer und christlicher Lehren ».
Paul Dahlke: « Aufsätze zum Verständnis des Buddhismus (I et II.)
Arthur Pfungst: « Aus der indischen Kulturwelt. »
M.Arendt-Denart: « Christus kein Welterlöser. »
Puis la bibliographie d’auteurs chrétiens défendant la thèse de la réincarnation :
Karl Andresen: « Die Lehre von der Wiedergeburt auf theistischer Grundlage. »
Ernst Diestel: « Gerechtigkeit, Gnade und Wiederverkörperung. »
Karl Heckel: « Die Idee der Wiedergeburt. » (cité par Vivekananda)
Wilhelm Friedrich: « Uber Lessings Lehre von der Seelenwanderung. »
Robert Falke ajoute que les deux derniers livres reçurent un prix (preisgekrönt) de 10 000 Mark Allemand, de la part d’une fondation privée d’August Jenny de Dresde.
[1] « Beschreibung: IV, 71 S., 2 Bll., 8°, Marmoriertes Halbleinen d. Zt.
Der Privatmann August Jenny gründete eine Stiftung um die Idee der Wiedergeburt des Menschen, wie sie Gotthold Ephraim Lessing in seiner "Erziehung des Menschengeschlechts" beschreibt, weiter zu fördern u. zu verbreiten. Auf Veranlassung von Jenny kam es zu einem Wettbewerb für "Abhandlungen, welche die letzten sieben Paragraphen in Lessings Schrift [...] behandeln, zweitens für Erzählungen ähnlicher Tendenz." (S.III) Aus den abgegebenen 37 Abhandlungen wählte man die vorliegende als beste. - Heckel bezieht sich u.a. auf Buddha, das Christentum, die Philosophen Plato u. Schopenhauer. - Einband etwas berieben; halb abgeriebenes Rückenschild; Titel mit zwei Stempeln, sonst gutes Expl. » Source Internet
[2] « Tatsächlich handelt es sich um August Jenny, vgl. S. 171: „Ein Freund der Idee der Wiedergeburt, August Jenny in Dresden hat das Verdienst, vor einigen Jahren eine Stiftung ins Leben gerufen zu haben, deren Zweck die wissenschaftliche und litterarische Förderung und Verbreitung jener Wahrheit ist.“ Auf dieser und der folgenden Seite schließen sich noch weitere Ausführungen über die Aktivitäten der Theosophen zur Popularisierung ihrer Ideen an. Zur Theosophischcn Gesellschaft vgl. oben, Anm. 216, S. 143, sowie unten, Anm. 401, 402 und 404, S. 479. » Rezensionen und Kritiken (1894-1900), Ernst Troeltsch
[3] « At a time when Swami Vivekananda was gaining increasing popularity in the USA, William Quan Judge – who in private letters described Vivekananda as a “sly” and cunning person – stated that “Those Hindus who come here are not teachers. They have come here for some personal purpose and they teach no more nor better than is found in our own theosophical literature: their yoga is but half or quarter yoga, because if they knew it they would not teach a barbarian Westerner. What little yoga they teach is to be read at large in our books and translations.” (“Forum Answers” May 1895-February 1896 series) » Source Internet
[4] Source : A History of Modern Yoga: Patanjali and Western Esotericism, Elizabeth De Michelis
[5] « Annie Besant was present at the World Parliament of Religions in Chicago in 1893 where Swami Vivekananda spoke, representing the Theosophical Society. She wrote about the event: "A striking figure, clad in yellow and orange, shining like the sun of India in the midst of the heavy atmosphere of Chicago, a lion head, piercing eyes, mobile lips, movements swift and abrupt - such was my first impression of Swami Vivekananda. All was subdued to the exquisite beauty of the spiritual message which he had brought, to the sublimity of that matchless truth of the East which is the heart and the life of India, the wondrous teaching of the Self. Enraptured, the huge multitude hung upon his words; not a syllable must be lost, not a cadence missed! "That man, a heathen!" said one, as he came out of the great hall, "and we send missionaries to his people! It would be more fitting that they should send missionaries to us!" Annie Besant became the most vocal and dynamic Western figure in India to support India, its culture and traditions. She was critical of the British effort, starting with Lord Macaulay, to anglicise Indian education and identity. She sought to create a new educational approach that honoured India's spiritual and cultural traditions, but modernised them as well. » Article
Karl Heckel: « Die Idee der Wiedergeburt. » (cité par Vivekananda)
Wilhelm Friedrich: « Uber Lessings Lehre von der Seelenwanderung. »
Robert Falke ajoute que les deux derniers livres reçurent un prix (preisgekrönt) de 10 000 Mark Allemand, de la part d’une fondation privée d’August Jenny de Dresde.
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Voir aussi le billet La réincarnation est-elle attirante ?[1] « Beschreibung: IV, 71 S., 2 Bll., 8°, Marmoriertes Halbleinen d. Zt.
Der Privatmann August Jenny gründete eine Stiftung um die Idee der Wiedergeburt des Menschen, wie sie Gotthold Ephraim Lessing in seiner "Erziehung des Menschengeschlechts" beschreibt, weiter zu fördern u. zu verbreiten. Auf Veranlassung von Jenny kam es zu einem Wettbewerb für "Abhandlungen, welche die letzten sieben Paragraphen in Lessings Schrift [...] behandeln, zweitens für Erzählungen ähnlicher Tendenz." (S.III) Aus den abgegebenen 37 Abhandlungen wählte man die vorliegende als beste. - Heckel bezieht sich u.a. auf Buddha, das Christentum, die Philosophen Plato u. Schopenhauer. - Einband etwas berieben; halb abgeriebenes Rückenschild; Titel mit zwei Stempeln, sonst gutes Expl. » Source Internet
[2] « Tatsächlich handelt es sich um August Jenny, vgl. S. 171: „Ein Freund der Idee der Wiedergeburt, August Jenny in Dresden hat das Verdienst, vor einigen Jahren eine Stiftung ins Leben gerufen zu haben, deren Zweck die wissenschaftliche und litterarische Förderung und Verbreitung jener Wahrheit ist.“ Auf dieser und der folgenden Seite schließen sich noch weitere Ausführungen über die Aktivitäten der Theosophen zur Popularisierung ihrer Ideen an. Zur Theosophischcn Gesellschaft vgl. oben, Anm. 216, S. 143, sowie unten, Anm. 401, 402 und 404, S. 479. » Rezensionen und Kritiken (1894-1900), Ernst Troeltsch
[3] « At a time when Swami Vivekananda was gaining increasing popularity in the USA, William Quan Judge – who in private letters described Vivekananda as a “sly” and cunning person – stated that “Those Hindus who come here are not teachers. They have come here for some personal purpose and they teach no more nor better than is found in our own theosophical literature: their yoga is but half or quarter yoga, because if they knew it they would not teach a barbarian Westerner. What little yoga they teach is to be read at large in our books and translations.” (“Forum Answers” May 1895-February 1896 series) » Source Internet
[4] Source : A History of Modern Yoga: Patanjali and Western Esotericism, Elizabeth De Michelis
[5] « Annie Besant was present at the World Parliament of Religions in Chicago in 1893 where Swami Vivekananda spoke, representing the Theosophical Society. She wrote about the event: "A striking figure, clad in yellow and orange, shining like the sun of India in the midst of the heavy atmosphere of Chicago, a lion head, piercing eyes, mobile lips, movements swift and abrupt - such was my first impression of Swami Vivekananda. All was subdued to the exquisite beauty of the spiritual message which he had brought, to the sublimity of that matchless truth of the East which is the heart and the life of India, the wondrous teaching of the Self. Enraptured, the huge multitude hung upon his words; not a syllable must be lost, not a cadence missed! "That man, a heathen!" said one, as he came out of the great hall, "and we send missionaries to his people! It would be more fitting that they should send missionaries to us!" Annie Besant became the most vocal and dynamic Western figure in India to support India, its culture and traditions. She was critical of the British effort, starting with Lord Macaulay, to anglicise Indian education and identity. She sought to create a new educational approach that honoured India's spiritual and cultural traditions, but modernised them as well. » Article
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