Le Theravada a une expression qui dit « Les chiens font mieux ». Sur le Forum Dhamma Wheel, quelqu’un demande l’origine de l’expression. Le vénérable Dhammanando pense qu’elle pourrait avoir son origine dans le Soṇa Sutta (AN. iii. 221-2). Dans ce sutta, qui fait partie du canon Pāli, le Bouddha s’attaque aux brahmanes, comme il ne l’avait jamais fait auparavant. Pour être plus précis, il s’attaque à la conduite dégénérée de brahmanes qui se sont éloignés de leur propre idéal. Selon le vénérable Dhammanando, il s’agit d’un procédé littéraire traditionnel[1] dans le canon Pāli, où le Bouddha part d’une expression ou d’un lieu commun pour ensuite donner le point de vue du Dhamma. Procédé littéraire que l’on retrouve d’ailleurs dans les Chants de Milarepa.
Dans le cas présent, la comparaison entre les chiens et les brahmanes n’est évidemment pas innocente. Voici une traduction française du résumé qu’en fait Dhammanando.
1. Les chiens ne copulent qu’avec des chiens, tandis que les brahmanes, qui traditionnellement ne faisaient l’amour qu’avec d’autres brahmanes, le font de nos jours avec des femmes de tout caste.
2. Les chiens ne copulent que lorsqu’une chienne est en chaleur, tandis que les brahmanes font l’amour à toute heure de la journée.
3. Les chiens ne procèdent pas à l’achat et à la vente de chiennes, mais les brahmanes achètent et vendent des femmes brahmanes.
4. Les chiens n’amassent pas de l’argent, de l’or, des céréales etc., les brahmanes oui.
5. Les chiens cherchent à manger le soir et et le matin à l’heure du manger. Les Brahmanes s’empiffrent à longueurs de journée et gardent les restes pour le repas suivant.
"En vérité, bhikkhus, voilà cinq règles (dhammas) anciennes des brahmanes, pratiquées de nos jours par les chiens, mais pas par les brahmanes. »[2]
Cela a donné lieu à une discussion intéressante que vous pourrez suivre ici.
Dans le bouddhisme tantrique, on voit de nouveau associés les brahmanes et les chiens, le pur et l’impur, pour souligner leur nature identique. Au cours des rituels d’offrande (S. gaṇacakra T. tshogs kyi ‘khor lo), le guru-divinité reçoit les substances de lien (T. dam tshig gi rdzas) du disciple qui lui dit :
« Considérez ces dharma comme excellents. N’ayez pas de doute sur ce qui est assemblé ici. Délectez-vous en pensant que le brahmane, le chien, le hors-caste et le porc partagent la même nature. »[3]
***
Illustration : Saint Guinefort. La légende du chien fidèle, Saint Guinefort, est d'ailleurs une reprise du conte de la mangouste et la femme du brahmane dans le Pancatantra indien (Livre 5, n° 77, traduction anglaise). Il existe aussi en tibétain.
Persée : La querelle du cobra et de la mangouste dans l'antiquité
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[1] « Actually what we have here is a literary device that occurs numerous times in the Dhammapada and the SN’s Sagāthavagga. First there will be a line or verse expressing some mundane commonplace (that may or may not be in accordance with Dhamma). This will then be trumped by a subsequent line or verse expressing the Dhamma. The “connected with the goal” attribute applies of course to the latter, not to the more pedestrian utterance that served as its springboard. »
[2] 1. Dogs only have sex with other dogs, whereas brahmins, though formerly having sex only with other brahmins, nowadays will do it with women from any caste.
2. Dogs only have sex when the bitch is in season, whereas brahmins will do it at any time.
3. Dogs don't buy and sell bitches, but rather, will mate according to mutual affection. Brahmins do buy and sell lady brahmins.
4. Dogs don't hoard silver, gold, grain etc., but brahmins do.
5. Dogs go looking for their evening meal in the evening and their morning meal in the morning. Brahmins stuff themselves silly and then keep the leftovers for the next meal.
"Verily, bhikkhus, these are the five ancient brahmin dhammas that are nowadays practised by dogs but not by brahmins."
[3] 'dir ni chos rnams bzang por ltos// 'dus pa rnams la the tshom med// bram ze khyi dang gdol pa phag/ rang bzhin gcig tu dgongs te rol//
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