Longchenpa (1308-1364) fut un auteur prolifique à qui de nombreux textes furent attribués. Les plus célèbres sont les Sept collections. Mais il existe une autre collection d’“œuvres diverses” (T. gsungs thor bu). Elle contient, comme le raconte Stéphane Arguillère, « le bsTan-bcos kyi dkar-chag rin-po-che’i mdzod, table que Klong-chen rab-’byams est censé avoir établie lu-même de ses œuvres. Cette table est pratiquement identique à celle qui se trouve dans la biographie[1] de Chos grags bzang po[2], dont j'ai montré (dans la Vaste sphère de profusion) quelles difficultés elle présente[3]. » Longchenpa fut un auteur important et ces écrits faisaient et font toujours autorité dans l’école nyingmapa.
Dans le deuxième volume de cette collection, on trouve un Guide pour la pratique du Discours du Roi pancréateur (byang chub kyi sems kun byed rgyal po'i don khrid rin chen gru bo zhes bya ba). Stéphane Arguillère donne la table analytique de ce texte sur son blog. Ce texte contient notamment une invocation de la lignée suivie d’un Guru yoga avant d’aborder les instructions proprement dites. A vérifier s’il ne s’agit pas d’éléments anachroniques. Idem pour la structuration du Roi pancréateur en tant que pratique. A titre d'exemple, l'invocation de la lignée mentionne les deux détenteurs après Longchenpa, à savoir 'Jam-dbyangs kun dga’ rgyal mtshan et Râ dza (mtshungs med chos rje rin po che). Le véritable auteur pourrait d'ailleurs être un disciple de ce dernier.
Longchenpa, en tant qu'auteur auquel ce texte est attribué, l’aurait composé à la demande de son disciple blo bzang, sans autre précision. Il est possible que ce disciple « Lozang » ait joué un rôle important dans la préservation (dans le meilleur cas) de cette œuvre attribuée à Longchenpa. Je traduirai ci-dessous le titre, l’hommage, la motivation pour écrire ce texte, ainsi que la dernière partie du texte qui explique la transformation progressive de notre expérience. Celle-ci est encore suivie d’un passage qui accentue le caractère confidentiel de ce texte et le courroux de la ḍākinī auquel on s’expose quand on ne respecte pas cette condition. C’est le même message que celui que l’on trouve à la fin du Trésor du processus fondamental (T. gnas lugs mdzod), dans le chapitre 5. Il comporte d’ailleurs un passage versifié avec quelques citations littérales du chapitre 5. Il n’est pas impossible que le chapitre 5 ait été ajouté plus tard au Trésor du processus fondamental. Le Discours du roi pancréateur fut déjà au départ une compilation de divers textes, mais même cette version compilée a subi des changements.
« Le Discours du roi pancréateur est un texte qui a beaucoup évolué. Il existe une version qui compte 57 chapitres principaux (rtsa ba’i rgyud)[6]. Cette version comporte des textes anciens dont la traduction est attribuée à Vairocana. A cette version ont été ajoutées 27 chapitres supplémentaires (58-84) appelés « tantras ultérieurs » (phyi ma’i rgyud[7]) pour faire une version augmentée qui compte 84 chapitres. La deuxième version semble commencer par le chapitre 58, qui a une véritable introduction (gleng gzhi le'u) à elle. Selon Namkhai Norbu, ces chapitres ajoutés constitueraient le sens quintessentiel de l’intégralité de ce tantra. Il n’est pas impossible que ce soit justement la raison d’être de ces chapitres ajoutés « ultérieurement » (phyi ma). »[4]Ci-dessous les extraits du Guide :
(249)Le nef précieux, guide du sens de la Pensée éveillée en tant que Roi pancréateur[5]
(250) Éternellement dépassionné et inconditionné comme l'espace
Indifférenciation inconditionnée de l'Élément (S. dhātu) et de l'intuition (S. jñānā)
Libre des contraires d'être et de non-être, de toute restriction, transmigration et transformation
Au Seigneur primordial (adinātha) je rends hommage.
Le chemin de l'évidence de la conscience-en-soi (S. cittatva), qui est le Coeur de toute chose,
Ne se parcourt pas, ne s'apprend pas, il est l'Éveillé présent à l'instant
Le pancréateur spontané et parfait est le principe de la cime des véhicules
Je l'ai composé en une instruction que j'expliquerai pour le bien des générations futures.
[…]
[Fin du texte]
Les huit véhicules déterministes cherchent un éveil qui est autre que la pensée de l'instant. C'est comme vouloir purifier et transformer le ciel tel qu'il est à l’instant même, afin d'obtenir, plus tard, un ciel différent qui serait parfaitement pur.
En disant que la [pensée] de l'instant est l'Éveillé en essence, et en le laissant (bsgoms) se manifester de lui-même, les représentations accidentelles se clarifieront d'elles-même dans l'état foncier de la conscience-en-soi, tout comme de l'eau boueuse qu’on laisse devenir limpide. C'est de cette façon, que l'Atiyoga, l'illumination spontanée du triple corps, est le véhicule de la nature qui se déploie spontanément.
Pour le troisième point, qui traite de la façon de préserver l'expérience subséquente (T. rjes snang nyams), je puiserai ici dans ma propre expérience qui est conforme à la transmission du bon guide.
La Vue est l'absence de toute saisie unilatérale. La méditation est l'émergence et l'évanouissement des reflets naturels. L'observance est l'état de décloisonnement naturel. Le fruit est l'absence de tout espoir et crainte. Si, en se familiarisant avec le sens de [ces quatre aspects], il arrive que l'on s'égare de la Vue, que l'on confond le bien et le mal par un nihilisme exacerbé et que l'on ne s'engage pas par altruisme (snying rje med pas na), on finira dans l’impasse (bdud kyi lta ba la gol bas) de la verbosité stérile. Dans ce cas, on peut essayer d'adresser des prières au maître, de développer la vision symbolique et la dévotion ainsi que l'amour et la compassion, et de réfléchir à la loi de cause à effet et à l'impermanence.
Si en revanche, on réifie la réalité sous forme de signes, la Vue ne restera qu'une compréhension intellectuelle. Si l'on attribue une réalité objective à toutes les choses extérieures et intérieures qui émergent, on finira dans l’impasse où les signes sont saisies comme des essences. Dans ce cas, on peut essayer de développer un état de décloisonnement où toutes les choses sont dépourvues de réalité. Tout ce qui se présente est alors traité sans l'appréhender, comme un rêve, comme une illusion. Quand on n'attribue plus de réalité à ce qui se présente, on fixe directement (bsgom) son essence (T. de ka'i ngang) sans s’en disperser, et en toute lucidité.
Si l'on se sent engourdi ou que l'on somnole, traiter les représentations comme des objets, s’installer dans une pièce froide, sur un siège élevé, et développer la force [de la Vue, voir ci-dessous] (rtsal sbyong)
Quand en faisant ainsi, on finit dans une impasse contemplative et qu'il y a toutes sortes de représentations, on peut entraîner le mental en l'absence de saisie. En cas de surproduction de représentations, il ne faut point fixer le niveau foncier (ngang), mais simplement reconnaître les productions [comme telles]. Quand par la suite, il n'y a plus de productions, on fixe l'état continu de l'égalité indifférenciée sans dispersion, et on étend la contemplation en reconnaissant la conscience dans les apparences externes. Quand elle surgit comme une présence non différenciée, on en préserve la continuité.
Dans l'intermittence de l'expérience (rig pa) de plénitude, de présence et d'indifférenciation[6], au moment où elle cesse, on analyse l'essence de chaque [production] en renforçant la Vue.
En conséquence, les apparences émergeront sans être appréhendées. Quand elles s'effacent et se défont, sans conduire une pratique soutenue avec un agent et un objet de méditation, on s'entraînera à rester dans leur essence propre vide - dans la plénitude, la présence et l'indifférenciation - tout en prolongeant leur courant dans le même état d'esprit.
A ce propos, il est important au commencement de développer de la stabilité quelque soit l'objectif contemplatif.
Toutes les choses extérieures et intérieures auront alors la même saveur. Elles se produiront à partir de la conscience stabilisée, tout comme la stabilisation viendra de la production. Les émergences sans différencier entre stabilité et production, auront un degré contemplatif mineur, intermédiaire et majeur.
Par la suite, les perceptions de l'instant surgiront comme une expérience libre d'attribution de réalité. A ce moment, nos perceptions peuvent devenir plus éphémères, nos propos plus imprévisibles (nges med), et nos rêves uniquement positifs. Ensuite, il peut arriver que nos perceptions deviennent arbitraires, nos propos incohérents, nos rêves plus lucides, tandis que notre vie diurne nous paraît comme un rêve.
Après cela, nos perceptions seront plus vives, nos propos plus imprévisibles, nos rêves s'évanouiront en Lumière rayonnante et en l'état de veille, le Discernement surgit uniquement involontairement.
Quand le courant des rêves est coupé, la méprise des rémanences s'éliminera d'elle-même. La conscience-en-soi aura la même saveur de la nature de l'inengendré qui est semblable à l'espace, et s'éveillera à la Base non obnubilée de l'intuition créatrice.
En restant dans l'état foncier de la conscience-en-soi sans complication, la dimension ultime du corps spirituel se déploiera spontanément et surgira en tant que le déploiement spontané de l'intuition qui procède d'elle-même à travers le corps de délectation et le corps fonctionnel.
Une méprise au sujet de l'observance (caryā) consiste à réifier les caractéristiques dualistes de la conscience ordinaire. Face à tout ce qui se présente, sans perdre la dimension de la Vue et de la contemplation, l'action (caryā) est une action débridée qui se déploie spontanément, avec les cinq sens et le sens interne libres et naturels. C'est une action qui n'est pas en contradiction avec l'essentiel (tattva).
Une méprise au sujet du fruit consiste à concevoir les espoirs et les craintes de façon différenciée. En adhérant au principe que l'intuition qui procède d'elle-même est l'Éveillé, les sceptiques se libèrent de l'espoir de l'obtenir ultérieurement.
3. [L'apposition du sceau du secret] Ce sont des [instructions] confidentielles et scellées. Elles doivent être gardées à l'abri de personnes non qualifiées et données à des groupes de personnes qualifiées d'au maximum cinq personnes. Sinon, la ḍākinī interviendra pour les garder confidentielles...
Si on ne respecte pas leur confidentialité, les deux parties réfractaires pourront rencontrer des obstacles et les mésinterprétations causeront le déclin du véhicule du Coeur.
« En exposant cet enseignement à tous
Bien que la dimension du Coeur soit à l'abri de l'assentiment et du dissentiment
Les non-humains et les démons causeront des obstacles
Et les ḍākinī dotées de siddhi causeront aux deux parties
Mort prématurée et destruction
Et le véhicule du Coeur déclinera à force d'être mésinterprétée
C'est pour cela qu'il convient d'éviter les personnes de basse caste. »[7]
C'est pourquoi, [cette instruction] doit être tenue à l'écart des disciples non-qualifiés et qu'en l'exposant aux personnes fortunées, celles-ci trouveront l'accomplissement suprême.
---
Ainsi, ces explications de la dimension du Cœur
Grâce à la demande excellent de Lozang (blo gros bzang po ? blo bzang pa ? ), j'ai composé ceci à Khangs ri Thod dkar
Puisse par cette vertu, tous les êtres devenir la pensée créatrice.
Ceux dont l'esprit est ouvert et parfaitement apaisés comme l'espace
Mais qui n'y ont pas accès et le comprennent de travers
Ou ceux qui ont un esprit borné et qui voient ce [texte]
Auront du mal à le saisir avec la compassion d'un esprit supérieur.
Ils sont toujours perdus dans l'océan des mondes tissé par les rémanences (S. vāsanā)
Pris dans les filets des voiles produits par la non-reconnaissance
Même en analysant ce joyau spirituel avec les meilleurs procédés[8]
Ils ne pourront pas voir l'essentiel du Coeur à cette occasion.
Hélas, c'est la conscience-en-soi le plus précieux joyau.
C'est ici que l'on trouve ce qu'il avait été oublié pendant de nombreux éons.
Mais celui qui le détient est perturbé par les vents de la complication.
Et n'arrive pas à se libérer de l'impasse de l'existence affligée.
Où que tu sois, et même en désirant l'éveil
Tu n'arrives pas à voir l'essentiel dans la pensée isolée (vivikta)
Tu te trompes en espérant trouver plus tard le fruit de tes efforts actuels.
Penses-tu vraiment le trouver en dehors de l'absorption [naturelle] ?
Qu'elle est étonnante cette dispersion dans des mondes sans utilité pour soi et autrui !
S'y étant plongé pendant de nombreux éons, tu n'as pas réussi à te sauver
Qui d'autre pourra te protéger de tout cela ?
Réfléchissant de la sorte, une tristesse insupportable m'envahit
Cette instruction profonde spirituelle est un précieux nef pour ce qui est si difficile à atteindre
Le Coeur du visible, la conscience-en-soi, en s'appuyant sur elle
Sans t'en disperser, donne du sens à ton existence !
Et tu trouveras la plénitude (nam phug gtan gyi bde ba).
[…]
***
Blo (gros) bzang (po). Il y a un slob dpon blo gros bzang po qui figure parmi les quatre disciples de Longchenpa qui ont diffusé son enseignement.
[1] Kun mkhyen klong chen rab 'byams kyi rnam thar
[2] Il aurait rencontré Longchenpa quand lui-même avait 25 ans. Il eut également pour maître Lozangpa (blo bzang pa). Profusion de la vaste sphère, p. 15. Selon ce livre, il aurait vécu entre 1300 et 1375.
[3] « Ajoutons que les erreurs bibliographiques grossières qui se constatent dans la table des œuvres (similaire à L'inventaire du trésor de joyaux (dKar-chag rin-po-che’i mdzod-khang) faussement attribué à Klong-chen rab-’byams lui-même) sur laquelle s’achève cette biographie, si elles sont surprenantes de la part d’un disciple proche de ce dernier, pourraient paradoxalement être l’indice d’une date de composition assez haute. En effet, leur présence est plus compréhensible chez un auteur ne disposant pas d’informations de première main, donc à une époque où aucune édition xylographique des œuvres de Klong-chen rab-’byams n’avait encore été réalisée.
On peut se demander si l’Inventaire du trésor de joyaux (dKar-chag rin-po-che'i mdzod-khang), loin d’être la source de la table des œuvres qui se trouve dans la biographie dont Chos-grags bzang-po est l’auteur, n’en aurait pas plutôt été extrait, avant d’être faussement imputé à Klong-chen rab-’byams. C’est ce que nous sommes porté à croire: une composition assez ancienne pour expliquer, comme nous venons de le dire, l’ignorance de l’œuvre de Klong-chen rab-’byams (certainement restée encore à l’état de manuscrits, dispersés ou rendus inaccessibles par des circonstances qui nous sont inconnues, notamment le long exil de Klong-chen rab-’byams au Bhoutan) et pour causer une confusion avec les œuvres de cet auteur (attribution à Klong-chen rab-’byams de cet inventaire de ses œuvres, qui ne peut pas raisonnablement être de sa main). » Profusion de la vaste sphère, p. 17
[4] Dans le Sillage d’Advayavajra, Unité d'action, de temps et de lieu
[5] La pensée créatrice
[6] L'équivalent bouddhiste du satcitananda
[7] Cela rejoint le chapitre, peut-être tardif, du NLD. Ce passage en contient d'ailleurs quelques citations littérales (en lettres cursives).
[8] Litt. mig thur cuillère ophtalmique pour enlever une cataracte.
Texte tibétain en Wylie :
(249)byang chub kyi sems kun byed rgyal po'i don khrid rin chen gru bo zhes bya ba bzhugs/
(250)gdod nas rab zhi mkha' ltar 'dus ma byas//
dbyings dang ye shes gnyis med 'dus ma byas//
yod med phyogs bral rgya chad 'pho 'gyur med//
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ma bgrod ma sbyangs da ltar mngon sangs rgyas//
lhun rdzogs kun byed theg pa'i yang rtse'i don//
khrid du bsdebs te phyi rabs don phyir bshad//
gsum pa rjes snang nyams skyong thabs ni/ bla ma dam pa'i man ngag las byung ba bzhin rang gis nyams su myong ba rnams 'dir brjod de/ de yang lta ba phyogs bral 'dzin med/ sgom pa rang gsal shar grol/ spyod pa shugs 'byung zang thal/ 'bras bu re dogs gnyis med rnams kyi don la goms shing 'dris par byed pa la/ lta ba'i gol sa stong pa phyang chad pas dge sdig 'chol bar spyad cing snying rje med pas na/ nag po kha 'byams bdud kyi lta ba la gol bas/ bla ma la gsol ba btab pa dang*/ dag snang mos gus bya/ byams dang snying rje bsgom/ las dang mi rtag pa la blo sbyang ngo//
dngos po mtshan mar zhen nas lta ba go yul tsam las phyi nang gi chos la bden bden ngos bzung can du shar na/ bdag 'dzin mtshan ma'i lta ba la gol bas chos thams cad bden med zang thal la blo sbyang*/ gang snang rmi lam la 'dzin med sgyu mar (271)bslab/ de nas snang la ngos 'dzin med pa shar dus/ de ka'i ngang la ma yengs par gsal sang nge bsgom mo//
bying zhing 'thib na rnam rtog yul la spro/ bsil khang mtho sar bsten/ rtsal sbyang zhing 'bad do//
sgom pa'i gol sa/ rnam rtog sna tshogs 'phro na/ 'dzin med du blo sbyang ste/ de bas kyang rtog pa mang bar 'phro na/ sems cung zad kyang nang du mi bzhag par spro ba ngos bzung*/ de nas yang mi 'phro tshe na rtog med mnyam pa'i ngang la ma yengs par sems phyi rol snang pa'i steng du bzung la bsgom la/ gsal la rtog med du shar ba na/ de nyid rgyun bsring la bsgom mo//
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de la yang dang po dmigs pa gang yang rung ba gcig la blo brtan pa thob par byed pa gal che'o//
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de nas da ltar gyi snang ba bden zhen med pa'i nyams 'char ro//
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ma gsang na gnyis ka la bar chod dang sgro skur 'byung zhing snying po'i theg pa nub par 'gyur te/ bstan pa gang la bzhag pa las/ snying po'i don la blang dor mi gnas kyang*//
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ma gsang na gnyis ka la bar chod dang sgro skur 'byung zhing snying po'i theg pa nub par 'gyur te/ bstan pa gang la bzhag pa las/ snying po'i don la blang dor mi gnas kyang*//
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mkha' 'gro grub pa can gyis gnyis ka la//
dus min 'chi dang 'jigs pa'i dbang gyur nas//
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de bas rigs ngan gang zag la gsang bya//
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blo bzang slong ma dam pas bskul ba'i dor//
blo bzang slong ma dam pas bskul ba'i dor//
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mngon sum snying po sems nyid 'dir brten nas//
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gang rnams gnas na byang chub de 'dod kyang*//
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'dir 'bad phyi dus re ba bsam pa bslus/ ting 'dzin las rung tsam zhig 'dir yod dam//
bdag gzhan don med 'jig rten g.yeng ba mtshar//
bskal pa mang zhig lhung bas thar dus med//
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'di ltar bsam pas mi bzod skyo ba 'phel//
zab mo'i chos tshul brgal dka' rin chen gru//
mngon sum snying po sems nyid 'dir brten nas//
ma yengs srid pa'i don dang ldan par mdzod//
nam phug gtan gyi bde ba rnyed par 'gyur//
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