vendredi 11 juin 2010

L'apport de Vairocanavajra


Deux ans avant sa mort en 1153, Gampopa laissa la direction de son monastère, dwags lha sgam po, à son neveu sgom pa tshul khrim snying po (abrégé en sgom tshul 1116-1169) qui tenait désormais les rênes de la lignée Dakpo Kagyü. Après la mort de Gampopa, ses principaux disciples partirent pour fonder leurs propres monastères, souvent à l'origine d'une lignée de transmission spécifique.

Le "fils de cœur" (S. putra) du neveu "Gomtshul" était Lama Zhang, Brtson ’grus grags pa (1123–1193), fondateur de la sous-lignée Tshal pa Bka’ brgyud, actuellement éteinte. Lama Zhang était un personnage très contrasté. Activiste politique et selon Dan Martin[1] responsable pour le développement d'une théocratie au Tibet, son enseignement restait très proche de celle de Gampopa et de Maitrīpa, bien qu'ayant subi d'autres influences également.

C'est à travers un de ses maîtres principaux, l'indien Vairocanavajra, qu'il avait accès à des œuvres dans la droite lignée de Maitrīpa, jusqu'alors inconnus au Tibet. Ces œuvres étaient ramenés de l'Inde par Vairocanavajra en personne qui s'était chargé également de leur traduction tibétaine, souvent sans l'aide d'un traducteur tibétain. Il s'agit principalement de recueils de distiques (S. dohākośa) de maîtres indiens, qui ont été inclus dans les collections canoniques de traités (T. bstan 'gyur).

Le seizième Karmapa, Rang 'byung rig pa'i rdo rje (1924–1981), qui insistait sur l'importance de la Mahāmudrā comme enseignement très adapté aux occidentaux, puisque c'était une méthode travaillant directement au niveau de la conscience, avait fait une petite sélection de huit recueils de distiques[2] qu'il considérait représentatif de ce type d'enseignement. Quatre des huit des dohākośa de cette sélection proviennent de Vairocanavajra, qui les a également traduits "à lui seul".




Selon la biographie de Vairocanavajra, écrite par Lama Zhang, le grand voyageur Vairocana/Vairocanarakṣita/Vairocanavajra serait né à Daksina Kośala au sud de Magadha (Orissa) dans la famille du roi Rājasena. Il avait étudié à Nālanda sous la direction de Surapāla, un yogi érudit de la caste des scribes (S. Kāyastha) originaire de Varendra, qui avait comme don de pouvoir mettre les autres dans un état inconscient tant qu’il avait sa main posée sur leurs têtes. Je mentionne ce détail, car certaines anecdotes sur Maitrīpa lui attribuent le même don hypnotique. Et c'est ainsi que Maitrīpa aurait été libéré par Śavaranātha. Vairocana passa huit ans auprès de lui et apprit le cycle de la Mahāmudrā avec la doctrine du non-engagement mental (S. amanasikārāmnāyaṁ), les distiques de Maitrīpa, ainsi que des instructions sur le Hevajra Tantra, des cours d’alchémie etc. Sa formation était complétée et approfondie avec d’autres maîtres.

La lignée de transmission du commentaire de Dohākoṣa de Maitrīpāda[3] et du Dohākoṣa de Virūpa (PKTG n° 3130) sont intéressants du fait de la présence de personnes que l'on ne voit plus souvent dans les listes de transmission de la Mahāmudrā.
1. Vajradhāra 2. Brahmane Saraha 3. Śabareśvara Saraha 4. Maitrīpāda 5. Kāyasṭḥapāda 5. Surapāla 7. Vairocana 8. Bla ma Zhang.
On peut présumer que les quatre Dohākoṣa dans notre collection, qui avaient été traduits par Vairocana, ont transités par lui et sont arrivés dans l’école Kagyupa par son intermédiaire. Soit par Lama Zhang ou par le premier Karmapa Dus gsum mkhyen pa (1110–1190), qui, si l’on en croit l’Histoire religieuse de Lho Rong[4] écrit par Rta tshag Tshe dbang rgyal entre 1446 et 1451 et Si tu chos kyi ‘byung gnas[5] (1700–1774), aurait été l’élève de Vairocana, lorsque celui-ci visitait le Tibet entre 1120 à 1151. Il se serait également rendu à Wutai Shan (T. ri bo rtse lnga).

Les Annales bleus[6] mentionnent encore Vairocanavajra comme un des maîtres du traducteur tibétain Ba ri Lo tsā ba Dharma grags pa’s (1040–1158).[7]

Vairocanavajra était l’auteur de plusieurs textes disponibles en traduction tibétaine et a traduit environ 20 textes en tibétain, parmi lesquels six Dohākoṣa.[8]

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Image d'un moine voyageant sur la route de la soie, copyright The British Museum.

[1] Dan Martin : Zhang Rinpoche and the Development of Sectarian Polity in Twelfth-century Tibet.
[2] Rumteck : do ha mdzod brgyad ces bya ba phyag rgya chen po'i man ngag gsal bar ston pa'i gzhung bzhugs so. La traduction française est prête et attend une publication.
[3] PKTG N° 3101Dohākoṣa-pañjikā (do ha mdzod kyi dka' 'grel)
[4] Lho rong chos ’byung, pp. 187–191. La biographie de Bla ma Zhang se trouve aux pp. 181–199. Source : Kurtis R. Schaeffer
[5] Karma kam tshang brgyud pa rin po che’i rnam thar, p. 5.1 et p.11.7. Source : Kurtis R. Schaeffer
[6] Roerich (1988), p. 1024.
[7] Deb ther sngon po. (1988), p. 73 et p. 211). On les trouve en tandem pour la traduction de Ma he’i zhal gyi sgrub pa’i thabs
[8] Tilopa, Kṛṣṇācārya, Virūpa, le dohā de l’alphabet de Saraha avec son commentaire, les instructions de la mahāmudrā de Saraha (aussi attribué à Śabareśvara Saraha) et les 84 vers de Virūpa. Schaeffer, p. 12

Œuvres et traductions de Vairocanavajra[9]

Œuvres

Sous le nom de : Vairocanarakṣita/Rnam par snang mdzad srung ba

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Byang chub sems dpa’ spyod pa la ’jug ’grel pa. P5272. B613. Shes rab le’u’i dka’ ’grel. Prajñāparicchedapañjikā. T. Mi mnyam khol pa, Blo ldan shes rab. D3876.

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Slob ma la spring pa’i phrin yig dka’ ’grel. Śiṣyalekhaṭippaṇa. T. Sugataśrīmitra, Tshul khrims rgyal mtshan D4191. B818.

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Bslab pa me tog snye ma. Śikṣākusumamañjarī. T. Sumatikīrti, Zha ma seng rgyal, Klog skya gzhon nu ’bar. R. Mar pa chos kyi dbang phyug. D3943. P5339. B747.

* G
shin rje gshed dmar po’i sgrub thabṣ Raktayamārisādhana. T. Nyi ma’i dbang po’i od zer, Chos rje dpal. D2031.


Sous le nom de : Rnam par snang mdzad rdo rje/Vairocanavajra

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Sbyor ba yan lag drug gi snang ba’i rim pa. Saḍanggayogālokakrama. T. Puṇyaśrī, Gyung drung ’oḍ D1879. P2742. B2039.


Traductions
(Les titres en gras font partie de la sélection du 16ème Karmapa)

Sous le nom de : Vairocanarakṣita/Rnam par snang mdzad srung ba

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Do ha mdzod ces bya ba phyag rgya chen po’i man ngag. Dohākoṣanāmamahāmudropadeśa. A. Saraha. T. Śrī Vairocanarakṣita. D2273. P3119.

*
Pha rol tu phyin pa bsdus pa. Pāramitāsamāsa. A. āryaśūra. T. Vairocanarakṣita. D3944. P5340. B763.

*
Ma he’i zhal gyi sgrub pa’i thabs Mahiṣānasādhana. A. Dpal ’dzin T. Rnam par snang mdzad srung ba, Ba ri Dharmakīrti. D1975. P2838.

*
Shes rab kyi pha rol tu phyin pa’i snying po’i sgrub thabs Prajñāpāramitāhṛdayasādhana. A. Klu sgrub snying po T. Vairocanarakṣita, Glan chung. R. Stag Lo tsā ba. D2640. P3464.


Sous le nom de : Vairocanavajra/Rnam par snang mdzad rdo rje

*
Ka kha’i do ha. Kakhadohā. A. Saraha. T. Śrī Vairocanavajra. D2266. P3113. B2756.

*
Ka kha’i do ha’i bshad pa bris pa. Kakhadohāṭippaṇa. A. Saraha. T. Śrī Vairocanavajra. D2267. P3114. B2757.

*
’Jig rten gsum las rnam par rgyal ba ’phags ma sgrol ma bsgrub pa’i thabs P4710.

*
Do ha mdzod Dohākoṣa. A. Tillipa. T. Śrī Vairocanavajra. D2281. P3128 (T. Rnam par snang mdzad). B2793.

*
Do ha mdzod Dohākoṣa. A. Nag po rdo rje T. Śrī Vairocanavajra. D2301. P3150. B2758.

*
Do ha mdzod Dohākoṣa A. Birbapa. T. Śrī Vairocanavajra. D2280. P3130 (T. Vairocana) B2816.

*
Do ha mdzod kyi dka’ ’grel. Dohākoṣapañjikā. A. Gnyis su med pa’i rdo rje. D2256. T. Śrīvairocanavajra. P3101. B2755.

*
Dpal ngan song thams cad yongs su sbyang ba’i rgyud las phyung ba spyan ma’i ngan song sbyon pa’i cho ga. ´ Srīsarvadurgatipariśodhanatantrādudbhūtalocanādurgatiśodhavidhi. A. Stong nyid ting nge ’dzin rdo rje. T. Avadhūti Vairocanavajra, Lding ri chos kyi grags D1907. P2771.

*
Dpal nag po chen po la bstod pa rkang pa brgyad pa. ´ Srīmahākālāṣṭamantrastotra. A. Klu sgrub. T. Śrīvairocanavajra, Ding ri chos gragṣ D1779.

*
Dpal nag po chen po la bstod pa rkang pa brgyad pa. ´ Srīmahākālāṣṭamantrastotra. A. Klu sgrub. T. Śrīvairocanavajra, Ding ri chos gragṣ D1779. P2645.

*
Dpal nag po rdo rje zhabs kyi do ha mdzod kyi rgya cher ’grel pa. D2302 (aucun traducteur mentionné). P3151, B2759.

*
Dpal Birba pa’i tshig rkang brgyad cu rtsa bzhi. Śrīvirūpapadacaturaśīti. A Virūpa. T. Śrīvairocanavajra. D2283. P3129. B2794. Télécharger la version bilingue en PDF.

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Tshigs su bcad pa lnga pa. Pañcagāthā. A. Nag po. T. Śrīvairocanavajra. D2282. P3127. B2792.

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Seng ldeng nags kyi sgrol ma’i sgrub thabs Khadiravaṇītārāsādhana. A. Klu sgrub. T. Rnam par snang mdzad rdo rje. D3664. P4487.

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[9] Liste dressée à partir de l'article de SCHAEFFER Kurtis R. The religious career of Vairocanavajra : A twelfth-century Indian Buddhist master from Daksina Kośala

1 commentaire:

  1. Bonjour,
    je n'arrive pas à trouver l'article de Dan Martin sur bla ma zhang. Si par chance vous l'auriez, pourriez vous me le faire parvenir car je travaille sur lui.
    Merci et bonne continuation pour vos excellents posts.

    Nicolas
    obobinde@hotmail.com

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