Le prince (pho brang zhi ba 'od)[1] est l’auteur d’une lettre ouverte au peuple tibétain (bka’ shog)[2], dans laquelle il jette le discrédit sur certains tantras dits anciens et qu’il accuse d’être des apocryphes ou des œuvres syncrétistes. Il accuse par exemple Noubchen Sangyé yéshé (T. gNubs chen sangs rgyas ye shes, 10ème siècle) d’écrire des tantras anciens en les faisant passer pour les traductions de textes indiens. Le Discours du roi pancréateur serait selon lui un texte écrit par un certain Drang nga shag tshul de Khro gangs dans le Nyang supérieur. Zhi ba ‘od accuse l’auteur de ce texte d’être l’adepte d’une doctrine éternaliste (mu stegs rtag Ita ba)[3]. Il y a en effet quelques ressemblances[4] entre ce texte et des textes shivaïstes cachemiriens comme le Mokṣa-upāya-śāstra ou le Yogavāsiṣṭha (composé au Cachemire vers 950). Il y a notamment le rôle central de l’intuition autoproduite (rang byung ye shes), qui a certaines similitudes avec la conscience autonome de Śiva, mais il y a aussi des différences comme le note E.K. Neumaier-Dargyay,[5] comme p.e. le rôle des upāya et du yoga, qui fait défaut dans le Discours du roi pancréateur. C’est par le biais de la Section des transmissions tantriques et des cycles Nyingthig, que les upāya et le yoga feront leur retour en force dans le « Dzogchen ».
Le Discours du roi pancréateur est un texte qui a beaucoup évolué. Il existe une version qui compte 57 chapitres principaux (rtsa ba’i rgyud)[6]. Cette version comporte des textes anciens dont la traduction est attribuée à Vairocana. A cette version ont été ajoutées 27 chapitres supplémentaires (58-84) appelés « tantras ultérieurs » (phyi ma’i rgyud[7]) pour faire une version augmentée qui compte 84 chapitres. La deuxième version semble commencer par le chapitre 58, qui a une véritable introduction (gleng gzhi le'u) à elle. Selon Namkhai Norbu, ces chapitres ajoutés constitueraient le sens quintessentiel de l’intégralité de ce tantra. Il n’est pas impossible que ce soit justement la raison d’être de ces chapitres ajoutés « ultérieurement » (phyi ma).
Quoi qu'il en soit, le tout premier chapitre, l'introduction du Discours du roi pancréateur semble se moquer des critères d'authenticité des canons bouddhistes. Le lion ne parle-t-il pas son propre langage que les renards ne parlent pas et vice-versa ? Vous voulez des preuves d'authenticité ? semble vouloir dire ce texte, vous en aurez pour votre argent ! Ces critères sont traditionnellement des informations sur l'interlocuteur, le discours, le moment du discours, le lieu et les personnes présentes (entourage, cercle). Et il commence par la formule consacrée "Voici ce qu'une fois j'ai entendu (evaṁ maya)." Suit ce qui semble être une délicieuse parodie moniste sur l'Un, "la sphère", où il n'y a pas d'autre.
Premier chapitre du Discours du roi pancréateur
En ces temps-là, les propos suivants furent énoncés, à Akaniṣṭha-bhavana,[8] dans l'espace du fond des choses (dharmatā), dans le Flux de l'Élément (dhātutva), dans le séjour de la conscience-en-soi (S. cittatva), à l'intérieur du palais de l'intuition libre d'obnubilation,
sa propre nature (prakṛti), sa propre essence, et sa propre compassion s'étant manifestées en les intuitions des cercles suivants.
Le cercle dit du « corps spirituel » (dharmakāya), qui est le cercle de sa propre nature.
Le cercle dit du « corps spirituel » (dharmakāya), qui est le cercle de sa propre nature.
Le cercle dit de « la terre » du corps de délectation (sambhogakāya) qui est le cercle de sa propre essence.
Le cercle dit de « l'eau » du corps de délectation qui est le cercle de sa propre essence.
Le cercle dit du « feu » du corps de délectation qui est le cercle de sa propre essence.
Le cercle dit de « l'air » du corps de délectation qui est le cercle de sa propre essence.
Le cercle dit de « l'espace » du corps de délectation qui est le cercle de sa propre essence.
Puis sa propre compassion s'était encore manifestée comme l'intuition des cercles de créations (nirmāṇa) suivants.
Le cercle dit « des êtres du plan du sensible (S. kāma-dhātu) ».
Le cercle dit « des êtres du plan des formes (S. rūpa-dhātu) ».
Le cercle dit « des êtres du plan sans formes (S. ārūpya-dhātu) ».
D'autre part, sa propre nature avait les cercles de la Vue, que sont les quatre types de yoga.
Le cercle dit de « l'Atiyoga ».
Le cercle dit de « l'Anuyoga ».
Le cercle dit du « Mahāyoga ».
Le cercle dit du « Sattvayoga ».
Sa propre nature (prakṛti), sa propre essence, ainsi que sa propre compassion, étant indivisibles de ceux-ci, formaient une seule méthode (upāya) unique.
D'autre part, les cercles suivants avaient accès à sa propre nature :
Les Éveillés du passé, étant les cercles qui demeurent en lui.
Les Éveillés de maintenant, étant les cercles qui agissent pour lui.
Les Éveillés du futur, étant les cercles qui se produiront de lui.
Ils formaient une seule méthode unique, par la nature indivisible.
Par conséquent, puisque tous les cercles étaient dynamisés par sa nature de conscience éveillée en tant que roi pancréateur, il fit dissoudre l'esprit de tous les cercles dans son Esprit. Et l'intuition autoproduite (rang byung ye shes) brillait.
Puisque tout (sarva) est doté du fond des choses (dharmatā), tout est là regroupé dans une sphère universelle unique. L'être fulgurant (vajrasattva) lui-même étant là dans la sphère universelle unique, en sortit. Et il se plaça face à la conscience éveillée en tant que le Roi pancréateur, l'esprit joyeux, et d'apparence radieuse.
La conscience éveillée en tant que le Roi pancréateur [émerveillé], dit à l'être fulgurant :
Extrait de la conscience éveillée en tant que le Roi pancréateur, l'introduction, le premier chapitre.
[1] Neveu de Ye shes ‘od, également l’auteur d’une lettre ouverte
[2] An Open Letter by Pho-brang Zhi-ba-'od to the Buddhists in Tibet, Karmay, Samten G., The Tibet Journal V/3 1980, pp. 3-28
[3] T. nyang stod khro gangs su drang nga shag tshul gyis byas pa’i sems sde bco brgyad kyi rgyud rnams la/ kun byed rgyal po dang/ mdo bcu gsang ba dang/ ye shes gsang ba dang/ ‘grel ba dang sa bcod dang/ dbang bskur gyi man ngag dang/ sgom pa’i man ngag dang/ sems nyams kyi man ngag dang*/ John M. Reynolds : .« In the words of this edict, it is said that 'The eighteen Tantras of the Sems-sde written by Drang-nga Shag-tsul at the Copper Glacier in Upper Nyang, such as the Kun-byed rgyal-po, the ten esoteric Sutras (mdo bcu), the Ye-shes gsang-ba, commentaries, outlines, initiations, and meditation instructions on psychic phenomena, the Srid-pa'i rgyud, as well as all the teachings on the Ma-mo, such as the Ma-mo Tantras, and finally the Five Kingly Teachings: the innumerable Tantras, commentaries, instructions, and practical handbooks (associated with them, are prohibited)! » This edict has been quoted by the Nyingma-pa scholar and historian Sog-dog-pa (Sog-zlog-pa blo-gros rgyal-mtshan, 1552-1624).36 According to Sog-dog-pa, Zhiwa-od, who was both a prince belonging to the royal family of the kingdom of Guge in Western Tibet and a Buddhist monk affiliated with the Kadampa school, considered that Dzogchen resembled the etemalist view of the Hindus (mu-stegs rtag Ita-ba). The name Drang-nga Shag-tsul is otherwise unknown, although the name appears to be Bonpo rather than Shaivite or Indian. Obviously he is connected in some way with the Dzogchen Tantras, but whether he is an author of some of them or merely their propagator in Western Tibet remains to be seen.
[4] E.K. Nuemaier-Dargyay, The Sovereign All-Creating Mind, The Motherly Buddha, p. 6
[5] E.K. Nuemaier-Dargyay, The Sovereign All-Creating Mind, The Motherly Buddha, p. 7
[6] Qui selon la tradition auraient été traduits par Vairocana et son maître Śrī Siṃha (T. dpal gyi seng ge). Les autres chapitres auraient été traduits par un certain Śrī Siṃha nātha. Voir Golden Letters, John Myrdhin Reynolds p. 247-248
[7] Rtogs pa bshad zhes bya ba’i rgyud phyi ma
[8] « qui n'est pas inférieur »
Le cercle dit de « l'eau » du corps de délectation qui est le cercle de sa propre essence.
Le cercle dit du « feu » du corps de délectation qui est le cercle de sa propre essence.
Le cercle dit de « l'air » du corps de délectation qui est le cercle de sa propre essence.
Le cercle dit de « l'espace » du corps de délectation qui est le cercle de sa propre essence.
Puis sa propre compassion s'était encore manifestée comme l'intuition des cercles de créations (nirmāṇa) suivants.
Le cercle dit « des êtres du plan du sensible (S. kāma-dhātu) ».
Le cercle dit « des êtres du plan des formes (S. rūpa-dhātu) ».
Le cercle dit « des êtres du plan sans formes (S. ārūpya-dhātu) ».
D'autre part, sa propre nature avait les cercles de la Vue, que sont les quatre types de yoga.
Le cercle dit de « l'Atiyoga ».
Le cercle dit de « l'Anuyoga ».
Le cercle dit du « Mahāyoga ».
Le cercle dit du « Sattvayoga ».
Sa propre nature (prakṛti), sa propre essence, ainsi que sa propre compassion, étant indivisibles de ceux-ci, formaient une seule méthode (upāya) unique.
D'autre part, les cercles suivants avaient accès à sa propre nature :
Les Éveillés du passé, étant les cercles qui demeurent en lui.
Les Éveillés de maintenant, étant les cercles qui agissent pour lui.
Les Éveillés du futur, étant les cercles qui se produiront de lui.
Ils formaient une seule méthode unique, par la nature indivisible.
Par conséquent, puisque tous les cercles étaient dynamisés par sa nature de conscience éveillée en tant que roi pancréateur, il fit dissoudre l'esprit de tous les cercles dans son Esprit. Et l'intuition autoproduite (rang byung ye shes) brillait.
Puisque tout (sarva) est doté du fond des choses (dharmatā), tout est là regroupé dans une sphère universelle unique. L'être fulgurant (vajrasattva) lui-même étant là dans la sphère universelle unique, en sortit. Et il se plaça face à la conscience éveillée en tant que le Roi pancréateur, l'esprit joyeux, et d'apparence radieuse.
La conscience éveillée en tant que le Roi pancréateur [émerveillé], dit à l'être fulgurant :
« Être fulgurant, tu es merveilleux !L'être fulgurant lui demanda alors :
ton esprit joyeux, merveilleux !
ton apparence radieuse, merveilleux !
tu es sorti de moi, merveilleux! »
« Hé, guide des guides, roi pancréateur,Ainsi furent ses questions. Ensuite la conscience éveillée en tant que le roi pancréateur dit alors à l'être fulgurant :
le guide lui-même serait-il aussi la sphère simple (aprapañca) ?
tous les cercles seraient-ils aussi la sphère simple ?
sa doctrine serait-elle aussi la sphère simple ?
le moment et le lieu seraient-ils aussi la sphère simple ?
Tout (sarva) est-il de la nature de la sphère [unique] ?
Guide des guides, expliquez-moi.
Pourquoi les cercles circulent-ils comme des cercles ?
Pourquoi enseigner la doctrine aux cercles ?
Comment le moment et le lieu sont ils uns ? »
« Eh, grand être (mahāsattva), sois attentif à ce que je vais dire.Ainsi dit-il.
Je t'expliquerai le sens.
Eh, grand être (mahāsattva),
Moi, roi pancréateur, la conscience-en-soi (S. cittatva)
Je suis le Coeur de toutes les choses
Ce Coeur simple et éternel est la sphère [unique]
La sphère est la réalité (artha) simple et éternelle
Le guide, la doctrine, le cercle, le moment et le lieu
Sont produits de moi, la sphère éternelle
Et ma nature est ce qu'enseigne la sphère. »
Extrait de la conscience éveillée en tant que le Roi pancréateur, l'introduction, le premier chapitre.
***
[2] An Open Letter by Pho-brang Zhi-ba-'od to the Buddhists in Tibet, Karmay, Samten G., The Tibet Journal V/3 1980, pp. 3-28
[3] T. nyang stod khro gangs su drang nga shag tshul gyis byas pa’i sems sde bco brgyad kyi rgyud rnams la/ kun byed rgyal po dang/ mdo bcu gsang ba dang/ ye shes gsang ba dang/ ‘grel ba dang sa bcod dang/ dbang bskur gyi man ngag dang/ sgom pa’i man ngag dang/ sems nyams kyi man ngag dang*/ John M. Reynolds : .« In the words of this edict, it is said that 'The eighteen Tantras of the Sems-sde written by Drang-nga Shag-tsul at the Copper Glacier in Upper Nyang, such as the Kun-byed rgyal-po, the ten esoteric Sutras (mdo bcu), the Ye-shes gsang-ba, commentaries, outlines, initiations, and meditation instructions on psychic phenomena, the Srid-pa'i rgyud, as well as all the teachings on the Ma-mo, such as the Ma-mo Tantras, and finally the Five Kingly Teachings: the innumerable Tantras, commentaries, instructions, and practical handbooks (associated with them, are prohibited)! » This edict has been quoted by the Nyingma-pa scholar and historian Sog-dog-pa (Sog-zlog-pa blo-gros rgyal-mtshan, 1552-1624).36 According to Sog-dog-pa, Zhiwa-od, who was both a prince belonging to the royal family of the kingdom of Guge in Western Tibet and a Buddhist monk affiliated with the Kadampa school, considered that Dzogchen resembled the etemalist view of the Hindus (mu-stegs rtag Ita-ba). The name Drang-nga Shag-tsul is otherwise unknown, although the name appears to be Bonpo rather than Shaivite or Indian. Obviously he is connected in some way with the Dzogchen Tantras, but whether he is an author of some of them or merely their propagator in Western Tibet remains to be seen.
[4] E.K. Nuemaier-Dargyay, The Sovereign All-Creating Mind, The Motherly Buddha, p. 6
[5] E.K. Nuemaier-Dargyay, The Sovereign All-Creating Mind, The Motherly Buddha, p. 7
[6] Qui selon la tradition auraient été traduits par Vairocana et son maître Śrī Siṃha (T. dpal gyi seng ge). Les autres chapitres auraient été traduits par un certain Śrī Siṃha nātha. Voir Golden Letters, John Myrdhin Reynolds p. 247-248
[7] Rtogs pa bshad zhes bya ba’i rgyud phyi ma
[8] « qui n'est pas inférieur »
Texte tibétain (Wylie)
bcom ldan 'das byang chub kyi sems kun byed rgyal po la phyag 'tshal lo/ /
'di skad bshad pa'i dus na/ 'og min gyi gnas/ chos nyid kyi mkha'/dbyings nyid kyi klong/sems nyid kyi gnas/ye shes sgrib pa mi mnga' ba'i gzhal yas khang na/
nyid kyi rang bzhin dang*/ nyid kyi ngo bo dang*/ nyid kyi thugs rje ye shes mngon du phyung ba'i 'khor 'di lta ste/
nyid kyi rang bzhin gyi 'khor chos kyi sku zhes bya ba'i 'khor dang*/
nyid kyi ngo bo'i 'khor longs spyod rdzogs pa'i sku sa zhes bya'i 'khor dang*/
nyid kyi ngo bo'i 'khor longs spyod rdzogs pa'i sku chu zhes bya ba'i 'khor dang*/
nyid kyi ngo bo'i 'khor longs spyod rdzogs pa'i sku me zhes bya ba'i 'khor dang*/
nyid kyi ngo bo'i 'khor longs spyod rdzogs pa'i sku rlung zhes bya ba'i 'khor dang*/
nyid kyi ngo bo'i 'khor longs spyod rdzogs pa'i sku nam mkha' zhes bya ba'i 'khor dang*/
gzhan yang thugs rje ye shes mngon du phyung ba'i sprul pa'i 'khor 'di lta ste/
'dod pa'i khams kyi sems can zhes bya ba'i 'khor dang*/
gzugs kyi khams kyi sems can zhes bya ba'i 'khor dang*/
gzugs med pa'i khams kyi sems can zhes bya ba'i 'khor dang*/
gzhan yang nyid kyi rang bzhin la lta ba'i 'khor rnal 'byor rnam pa bzhi 'di lta ste/
shin tu rnal 'byor zhes bya ba'i 'khor dang*/
yongs su rnal 'byor zhes bya ba'i 'khor dang*/
rnal 'byor chen po zhes bya ba'i 'khor dang*/
sems dpa'i rnal 'byor zhes bya ba'i 'khor dang*/
nyid kyi rang bzhin dang*/ nyid kyi ngo bo dang*/ nyid kyi thugs rje'i rang bzhin 'byed pa mi mnga' bas thabs gcig go/
gzhan yang nyid kyi rang bzhin rtogs pa'i 'khor 'di lta ste/
sngar 'das pa'i sangs rgyas nyid la gnas pa'i 'khor dang*/
da ltar bzhugs pa'i sangs rgyas nyid kyi don mdzad pa'i 'khor dang*/
slad nas 'byon pa'i sangs rgyas nyid las 'byung ba'i 'khor dang*/
'byed pa mi mnga' ba'i rang bzhin gyis thabs gcig par bzhugs so/ de nas byang chub kyi sems kun byed rgyal po des/ 'khor thams cad nyid kyi rang bzhin du byin gyis brlab pa'i phyir/ 'khor thams cad nyid kyi sems nyid kyi thugs la thim par mdzad do/ rang byung gi ye shes gsal bar mdzad do/
de nas thams cad chos nyid du ldan par bya ba'i phyir/ thams cad bsdus nas thig le chen po gcig tu bzhugs so/ de nas sems dpa' rdo rje de nyid kyis rang bzhin thig le chen po gcig tu bzhugs pa de las byung nas/ byang chub kyi sems kun byed rgyal po'i spyan sngar/ dga' ba'i sems kyis dang ba'i mdangs phyung ste 'khod pas/
byang chub kyi sems kun byed rgyal pos/ sems dpa' rdo rje la smras pa/
sems dpa' rdo rje %e ma ho/
dga' ba'i sems skyes %e ma ho/
dang ba'i mdangs phyung %e ma ho/
nga las byung ba %e ma ho
ces gsungs pas/ de nas sems dpa' rdo rjes zhus pa/
kye ston pa'i ston pa kun byed rgyal po lags/
ston pa nyid kyang thig le spros med dam/
'khor rnams kun kyang thig le spros med dam/
bstan pa kun kyang thig le spros med dam/
dus dang gnas kyang thig le spros med dam/
thams cad kun kyang thig le'i rang bzhin na/
ston pa'i ston pas ci zhig ston par mdzad/
'khor du 'khor ba'i don ni ci la 'khor/
'khor la bstan pa ci zhig ston par byed/
dus dang gnas ni gcig pa ji lta bu/
zhes zhus so/ de nas byang chub kyi sems kun byed rgyal po des/ sems dpa' rdo rje de la 'di skad ces gsungs so/
kye sems dpa' chen po yid sgra la chug cig/
ngas don sgrar bshad kyis/
kye sems dpa' chen po/
sems nyid kun byed rgyal po nga nyid ni/
chos rnams thams cad kun gyi snying po ste/
snying po ma spros ye nas thig le yin/
thig le ye nas spros pa med pa'i don/
ston pa dang ni bstan pa 'khor dus gnas/
nga las byung ba ye nas thig le ste/
nga yi rang bzhin thig le bstan pa yin/
ces gsungs so/ byang chub kyi sems kun byed rgyal po las/ gleng gzhi'i le'u ste dang po'o/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire