Hier soir France 3 avait diffusé un documentaire sur le Bhoutan, Faut pas rêver, BHOUTAN, UN ROYAUME EN HIMALAYA (à revoir ici le temps qu'il reste en ligne...).
Dans ce pays, qui a fait des progrès énormes, et qui fait du Bonheur Brut National (BBN) son critère de développement (stratégie marketing selon un grapheur bhoutanais 47 :00), la femme est toujours considérée comme une « naissance basse » (T. skye dman). Traditionnellement, elle ne participe pas au sport national qu’est le tir-à-l’arc. Un astrologue dit (55 :11) que c’est justement parce qu’elle est une naissance basse. Il explique qu’un homme peut avoir neuf niveaux de naissance différents : faible, moyen et élevé. Une femme n’a que trois niveaux de naissance, les plus bas... Si une femme, une naissance basse, participait à la cérémonie de tir-à-l’arc, cela attirerait des esprits malfaisants et porterait malchance.
Il est plus difficile pour des filles à la campagne, d’avoir accès à l’éducation. Généralement, les nonnes étaient des orphelines, des femmes sans mari ou des victimes de viol. Une nonne du monastère de Gangteng Tulku à Bumthang explique qu’elle a beaucoup de chance de pouvoir faire des études. Elle "a un bon karma", même si elle est née dans un corps de femme… C'est-à-dire même si elle est une naissance basse, susceptible d’attirer les esprits malfaisants.
Le saint emblématique du Bhoutan est le yogi fou Droukpa Kunleg, dont des légendes plus merveilleuses les unes que les autres circulent depuis le 16ème siècle, l’époque du mouvement politique des « yogis fous » (T. smyon pa). Il serait venu au Bhoutan pour y dompter les démons, comme avant lui Padmasambhava au Tibet. Appartenant à une lignée Réchungpiste, il pratiquait surtout la libération par la porte inférieure. Pour dompter les démons et pour bénir les femmes du Bhoutan, il utilisait le vajra que la nature lui avait donné, autrement dit son phallus.
Son phallus, capable de donner à la fois protection et bénédiction, est toujours représenté pour servir de porte-bonheur qui protège contre le mauvais œil. Les couples font le pèlerinage vers le temple de Drukpa Kunleg (36 :50) pour se faire bénir avec son phallus afin d’obtenir de beaux enfants, de préférence pas de naissances basses...
Pour ceux qui aimeraient pratiquer la prière de refuge enseigné par Droukpa Kunleg à un vieil homme incapable de retenir toute autre prière. La voici :
« Même en pendant depuis la racine, comme un vieil arbre
Je rends hommage au phallus du vieillard qui ne renonce pas à sa fierté (ātma-grāha, ahaṃkāra)
Même si on s’y enfonce loin, comme dans une gorge profonde
Je rends hommage au vagin de la vieille qui ne renonce pas au libido
Je rends hommage au jeune phallus de l’homme adulte, dont la vitalité ne se laisse pas décourager par la mort quand il se dresse du fond de son orgueil,
Je rends hommage au jeune vagin de la femme adolescente, oubliant la honte et la timidité quand ses entrailles sont secouées de plaisir, comme par des vagues d’eau. »
***
Texte tibétain en Wylie :
Sdong rgan rgad bu bzhin du rtsa ba nas ‘gyel kyang*//
bdag ‘dzin blo yis ma thong ba a pha rgad bu’i mje la phyag ‘tshal lo//
gcong rong dog mo bzhin du gting du lhung yang*//
‘dod chags blo yis mi thong ba a ma rgan mo’i stu la phyag ‘tshal lo//
nga rgyal gting nas langs tshe ‘chi ba srogs la mi ‘tsher ba stag shar gzhon pa’i mje la phyag ‘tshal lo//
smad nas bde ba chu’i rba rlabs bzhin du gyo tshe//
khrel dang ngo tsha mi ‘dzems pa na chung bu mo’i stu la phyag ‘tshal lo//
bdag ‘dzin blo yis ma thong ba a pha rgad bu’i mje la phyag ‘tshal lo//
gcong rong dog mo bzhin du gting du lhung yang*//
‘dod chags blo yis mi thong ba a ma rgan mo’i stu la phyag ‘tshal lo//
nga rgyal gting nas langs tshe ‘chi ba srogs la mi ‘tsher ba stag shar gzhon pa’i mje la phyag ‘tshal lo//
smad nas bde ba chu’i rba rlabs bzhin du gyo tshe//
khrel dang ngo tsha mi ‘dzems pa na chung bu mo’i stu la phyag ‘tshal lo//
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