Le Bhoutan vient de décider la mise à disposition gratuite de préservatifs dans ses monastères, afin de freiner la diffusion de maladies sexuellement transmissibles et le VIH (nombre de cas en hausse). Cela fait suite à un rapport de 2009 qui avertissait contre les dangers de pratiques sexuelles au sein des monastères. Notamment une forme spécifique répandue utilisant les cuisses (T. brla rgyag) d’un autre moine. Il n’est pas exclu que cette forme spécifique, considérée par le Code monastique (S. vinaya) comme une forme de masturbation, peut servir à masquer d’autres pratiques sexuelles avec pénétration et éjaculation. L'interdiction de la masturbation fait partie des treize vœux additionnels (T. lhag ma bcu gsum). C’est au bout de trois fois que le moine sera expulsé.
Un an après la publication du rapport, le Ministre de la santé s’était inquiété quand une douzaine de moines, parmi lesquels un moine de 12 ans, furent diagnostiqués avec des MST. Au moins cinq moins étaient porteur du virus du sida, le plus jeune ayant 19 ans. Le nombre de porteurs du sida avait augmenté en 2010 et en 2011 (pas de chiffres pour 2012). La décision semble faire suite à cette évolution.
Depuis février 2013, avec l’aide d’Unicef Bhutan, un service de la protection de l’enfant est rattaché aux écoles monastiques, et des droits sont accordés aux enfants. Désormais, les enfants dans les monastères ont la possibilité de déclarer les cas de violence, de négligence, de mal-traitement et de viol. Le service est en lien avec les monastères, la police et les services sociaux de l’état.
Quand le premier ministre de Sri Lanka voulait organiser une campagne de recrutement de 2000 enfants pour grossir les rangs des moines, Gananath Obeyesekere, anthropologue à l’université de Princeton, s’y était opposé. Une des raisons principales pour Obeyesekere était de les protéger contre le viol, qui est une pratique associée à toutes les formes de monasticisme institutionnalisé La lutte contre le viol dans les monastères bouddhistes devait être menée de front avec lucidité. Le même type de problème existe en Thailande.
Yangsi Kalou Rinpoché avait publié un vidéo sur sa page Facebook en novembre 2011, dans lequel il disait avoir été la victime d’une série de viols pendant plusieurs années dans le monastère où il résidait, sans donner le nom du monastère. En août 2012, il revient sur les faits au cours d’une entrevue avec un journaliste américain (ici pour la traduction française). Les « attouchements » auxquels fait allusion le journaliste correspondent sans doute à la pratique "ladyak" (brla rgyag) mentionnée ci-dessus.
« Mais Kalu dit que dans les premières années de son adolescence, il a été abusé sexuellement par une bande de moines plus âgés qui se rendaient dans sa chambre chaque semaine. Quand j’aborde la notion d’ « attouchements », il éclate d’un rire tendu. C’était du sexe hard-core, dit-il, avec pénétration. « La plupart du temps ils venaient seuls », dit-il. « Ils frappaient violemment à la porte et je devais ouvrir. Je savais ce qui allait se passer, et après on finit par s’habituer ». C’est seulement après son retour au monastère après la retraite de trois ans, qu’il a réalisé à quel point cette pratique était incorrect. Il dit qu’à ce moment là le cycle avait recommencé sur une plus jeune génération de victimes. »Des viols systématiques, pendant des années, par une bande de moines plus âgés, et qui continuaient avec des nouvelles victimes... Il ne s’agit pas de quelques « pommes pourries », c’est le système qui est à revoir, ou qui doit être mieux encadré, ce que le Bhoutan a commencé à faire. Quid des monastères en Inde, où Kalou Rinpoché fut victime ? Des mesures ont-elles été prises ?
Dans le même interview, Yangsi Kalou Rinpoché parle de son projet d’école au Bhoutan :
« Il peste contre le coût humain du système monastique, qui consomme des milliers d’enfants, simples moines et tulkus vénérés, sans leur fournir d’éducation pratique ou de solution de repli, tout ça pour produire une poignée de maître spirituels commercialement brillants. « Le système des tulkus c’est comme des robots », dit-il. « Vous construisez 100 robots, et peut-être que 20 % réussiront alors que 80 % seront mis au rebut. »
Lors d’une conférence publique à Marseille (janvier 2013), il avait expliqué que depuis 2010, on ne prenait plus de novices dans son monastère de Sonada. Il préfère que la voie monastique soit suivie par des personnes avec une pleine expérience de la vie qui la choisissent de plein gré et en connaissance de cause.
Avec cette nouvelle mesure, le Bhoutan est en avance d'autres pays, comme p.e. les Etats-unis, où des campus universitaires (p.e. Boston) peuvent encore de nos jours refuser la distribution de préservatifs, parce que cela va à l'encontre de la volonté de l'église catholique.
The numbers 12 and 5 are not so overwhelming to impress one as indicating some kind of epidemic, or as providing a basis for generalizing about a whole population, although one wonders how large a part of the Bhutanese population was tested.
RépondreSupprimerYou might check with your spellchecker, but brla is the correct spelling for 'thigh.' The Vinaya doesn't seem to have a single word to say about sex with any other thighs than one's own (or if so, I failed to find it in ACIP versions of the major canonical texts). Vinayavibhanga mentions emissions that might result from rubbing against the thigh or the clothing. And when done with intention, it is definitely a major downfall, as is any kind of effort using one's own or another person's body that might result in such an outcome (obviously including the thighs or any other part of a body that belongs to someone else).
Easiest place to check if nobody will believe me is Bhikkhu Thanissaro's translation (at archive.org), but for Tibetan readers there is the ACIP transcription of the Vinayavibhanga ('Dul ba rnam par 'byed pa), where one could easily search for brla (not rbla). All this contemporary talk about thighs being permissible goes back to Melvyn Goldstein, who can probably tell you more about the one instance he knows about (for which, see "The Struggle for Modern Tibet").
Please note that I am •not• saying that what is found in the books is what is found in reality. I'm just saying that we ought to try to be clear about what's found in the Vinaya, and what is not. Then (naturally) we can go on to worry about what's happening in reality, the ways such problematic practices might by some be rationalized (by making mistaken appeals for authority to the Vinaya texts, apparently), and what can or should be done about them.
Hi Dan,
RépondreSupprimerThank you for your reaction and your correction for the proper spelling of thigh.
The numbers were not overwhelming, but still increasing, and only concern HIV. I have no information about the number of cases of STD in Bhutanese monasteries or any other relevant information. Something must have made the Bhutanese authorities take measures.
You are right about the vinaya not specifying anything about using another person's thighs. But it does say what constitutes a defeat (Pārājika) or a traning rule (Saṅghādisesa).
Penetration with ejaculation between a bhikku and a living being is a defeat. Discharge of semen or getting someone to discharge your semen, except while dreaming, is a training rule. But all this is mere casuistry. I don't remember the Vinaya mentioning anything about age, which is the main issue here.
Thanks for the reference to Melvyn Goldstein's The Struggle for Modern Tibet as a main reference for this practice. I will add the relevant passage for other readers of the blog.
"However, human nature being what it is, monks over the years developed a way to circumvent the iron law of celibacy. Monastic rules, it turned out, said nothing about other forms of sexual activity, and it became common for monks and monk officials to satisfy themselves sexually with men or boys by performing the sex act without penetrating an orifice. They used a version of the “missionary position” in which the monk official (the active, male-role player) moved his penis between the crossed thighs of a partner beneath him. Since no monastic disciplinary rule was technically violated, this behavior was condoned and rationalized as a pleasurable release of little significance."
Lien : http://tinyurl.com/d3yoxfv
Not the main reference, but the ultimate one upon which all subsequent references have based their 'authority.'
RépondreSupprimerAll of the Vinaya is mere casuistry.
RépondreSupprimerYour point being? That because it's casuistry it doesn't count?
Isn't all law casuistry? (Just employing a little logic, or tshad-ma, here.) Casuistry just means 'case law' doesn't it?
Actually, it's the intention that aims toward khu-ba 'byin-pa, more than the khu-ba 'byin-pa, that is the problem for the Vinaya texts. On this there is abundant clarity, and no shrinking away from mentioning any possibility however kinky or remote it might seem (strong streams, OK, but strong winds?), so there's no way to circumvent the Vinaya if the intention is to reach emission/orgasm, I'm afraid. So assuming that they (how many and who?) had these circumventing rationalizations, they would anyway be false rationalizations. They should be (and to best of my knowledge, when found out, are) disciplined.
In a sens yes, the Vinaya is casuistry. That is, looking at the story that the Vinaya tells about its own evolution. The Buddha adding new rules, specifying rules as the monks come up with new loopholes (avoiding l’esprit and following the letter). But I was thinking of the post-Vinaya casuistry. E.g. Drukpa Kunleg’s anecdote of monks stepping over big stones and walking around small pebbles.
RépondreSupprimerI have no access to Vinaya material here, but by memory, there were various elements like the intention, the object, the consumation of the act and there may have been a fourth one. If one of those elements was missing, there was no defeat (pārājika), no immediate expulsion. So there was quite a bit of room for interpretation.
Then, as you say there is the possibility to rationalize and to circumvent. In the case of sex between two monks, there is the possibility for both or either of the parties to evoke « brla rgyag ». In that case what can the Sangha do ? They can only accept the declarations, unless there were direct witnesses. So « brla rgyag » (no penetration) seems like a convenient and scandal-less way out of Vinaya trouble (expulsion). The distribution of condoms in Bhutan, the cases of HIV and STD, and testimonies like Kalu Rinpoche’s prove, there surely is « full contact sex » and not always with the consentment of the younger monks… That is my point.
Some details about the rules for defeat and training rules in plain English from a dharmatalk by Ajahn Brahmavamso (from page 5 onwards). http://www.dhammatalks.net/Books7/Ajahn_Brahmavamso_Vinaya_Notes.pdf
RépondreSupprimerHave a look at Akester's criticism of Goldstein here.
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