"Considère qui tu es. Tout d’abord un homme, c’est-à-dire quelqu’un qui ne met rien au-dessus de la personne morale, mais lui subordonne tout le reste, la conservant elle-même à l’abri de la servitude et de la sujétion. Considère donc de quoi tu te distingues par la raison. Tu te distingues des bêtes sauvages, tu te distingues des moutons. En outre, tu es citoyen du monde et partie de ce monde, non pas une des parties subordonnées, mais une des parties dominantes, car tu es capable de comprendre le gouvernement divin et de réfléchir à ses conséquences. Or, de quoi fait profession le citoyen ? De n’avoir aucun intérêt personnel, de ne jamais délibérer comme s’il était isolé, mais d’agir comme le feraient la main ou le pied s’ils pouvaient raisonner et comprendre l’ordre de la nature : ils n’auraient jamais ni aspiration ni désir, sans les rapporter au tout. C’est pourquoi les philosophes ont raison de dire : si l’homme de bien pouvait prévoir l’avenir, il coopérerait lui-même à la maladie, à la mort, à la mutilation, parce qu’il aurait conscience qu’en vertu de l’ordre universel cette tâche lui est assignée et que le tout est plus important que la partie, la cité que le citoyen. Mais du moment que nous ne pouvons prévoir les événements, notre devoir est de nous attacher à ce qu’il est plus convenable selon la nature de choisir, puisque nous sommes nés pour cela."
Livre II, chapitre X, extrait de : Epictète, entretiens livres I à IV, tel gallimard, traduction Joseph Souilhé, p. 124,
Voir aussi Un seul corps selon Śāntideva (chapitre 8 du Bodhicaryāvatāra)
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