Pas en réponse ou en réaction (par rapport au fil précédent), mais voilà ce que j’ai pensé
La triste réalité est que ces maîtres n’ont pas pu faire ce qu’ils faisaient sans le soutien de leurs disciples occidentaux ET de leurs supérieurs tibétains, qui étaient tous au courant. Chacune de ces trois parties a sa part de responsabilité dans les désastres qui se sont produits. C’est triste que les victimes n’ont non seulement pas été entendues, mais ont subi des pressions de toutes sortes et ont été traitées de malades mentales. Aucune des trois parties ne semble se sentir responsable dans le sens de reconnaître ce qui s’est réellement passé, et prendre des mesures pour éviter que cela ne se reproduise. Même le fait de parler de prédateurs, d’abus, de victimes peut encore nous voiler ce qui a rendu cela possible. Même s’il y a un temps pour tout et que le temps des bilans, éventuellement des procès, n’a pas encore eu lieu. Parler de pardon[1], comme une sorte de chèque en blanc spontanément offert, quand aucun pardon n’a été donné, et qu’aucun abus n’a été reconnu, est dépassé et même déplacé. Il me semble que c’est par là qu’il faut regarder: les souffrances, les causes de la souffrance et leur élimination si possible, mais au moins reconnaître que cela a eu lieu, regretter, réparer, se séparer de ce dont il faut se séparer. Et comme il y a trois parties, c’est à ces trois parties de regarder et de faire leur travail, chacune pour sa part, pour ceux qui voudraient continuer comme pour ceux qui ont déjà quitté le navire, ne serait-ce que pour comprendre. C’est le minimum de la spiritualité. Complaisance, certainement pas. Guérison, cicatrisation, ou amputation, je ne sais pas ce qui est possible. Mais déjà comprendre pour ne pas refaire les mêmes erreurs. Et donc regarder et voir.
Peut-être aussi pour certains faire le bilan d’une aventure, belle au début, puis une expérience douloureuse pour certains, traumatismes, désespoir, suicides (je pense à des ami(e)s), une perte d’illusion pour d’autres, un simple mode qui passe, ou le début d’autre chose, mieux réfléchi, peut-être plus solide. Pour l’instant, ce que je vois est plutôt un naufrage en cours. Le bonheur est-il ailleurs ? Il me semble que le bouddhisme, le Dharma, a aussi de belles valeurs nettement plus sûres et moins risquées à offrir.
Personnellement, je ne peux pas reprendre comme si de rien n’était, mes projets de traduction sont au point mort. Au départ, c’étaient surtout les articles de Rob Hogendoorn qui m’avaient fait prendre conscience de l’attention que méritaient les abus de pouvoir dans le bouddhisme. Ce n’étaient pas des exceptions, ou de simples faits divers, mais quelque chose de bien plus systémique. Je me suis rendu compte de l’importance de ce sujet. C’est LE sujet à traiter, et d’urgence. Il y a le feu. Tout autre sujet, n’est qu’une foutaise de mon point de vue, dans le bouddhisme tibétain notamment s’entend (pcq il était le mien), et une perte de temps. Altruisme, amour, compassion etc., très bien, pour tous les êtres, excellent, jusqu’à la fin du saṃsāra, merveilleux, mais le simple respect ? R-E-S-P-E-C-T Toute entreprise humaine commune , surtout spirituelle, devrait commencer par là quand-même.
[1] Remarque par rapport à des stages bouddhistes tibétains, enseignant la vertu du pardon, p.e. à titre d'exemple celui programmé à Francheville, même si, comme le remarque la présentation, "le mot pardon n'a pas d'équivalent en sanskrit ou en pali".
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