Yangönpa, Himalayan Art 13448 |
Attention, blog dopé à l’IA
“Le continuum causal, également appelé clarté lumineuse, peut être décrit comme la réalité qui transcende les notions d'intérieur et d'extérieur, englobant tout ce qui se manifeste, qu'il s'agisse de phénomènes purs ou impurs. Il ne s'agit pas d'une simple potentialité à actualiser, mais de la présence totale de l'état originel de l'être, même lorsqu'il n'est pas reconnu.Le Continuum causal existe dans le corps de chacun comme “le Corps vajra” (rdo rje lus) avec ses 36 constituants, , incluant les agrégats, les éléments, les organes sensoriels, etc., ainsi qu’un réseau de 72 000 canaux subtils, dont 37 sont considérés comme principaux. Ce corps subtil, dans son état originel, reflète la pureté potentielle de l'état de Bouddha. L'association des 37 canaux aux 36 constituants du Corps vajra et aux 37 facteurs de l'éveil met en lumière l'interdépendance entre le corps et l'esprit, ainsi que le rôle central du corps subtil dans le processus de libération.
Cette réalité se présente sous la forme du corps et de la pensée et est découverte par la conscience intrinsèque [rang rig pa’i ye shes] de l'individu à l'intérieur du "temple" du corps. Il est donc crucial de comprendre la condition authentique [dngos po’i gnas lugs] qui se manifeste en tant que pensée [sems kyi dngos po’i gnas lugs] et la condition authentique qui se manifeste en tant que corps [lus kyi dngos po’i gnas lugs].[3]” (TK 6.4, p. 42)
Comprendre la condition authentique de l'esprit et du corps implique de reconnaître la nature lumineuse et vide de la pensée, de comprendre que le corps est l'expression de la Luminosité. En purifiant et transformant le corps et la pensée par les pratiques du Continuum de la méthode, Le Continuum résultant est réalisé, l'état de Bouddha.
Nāropa associe le Corps vajra du “Continuum” au concept du corps illusoire (t. sgyu lus s. mayadeha). Le corps illusoire est une manifestation de la pensée purifiée, un corps d'énergie subtile qui n'est pas soumis aux limitations du corps physique ordinaire. La purification et la “transformation” du Continuum causal sont encadrées par une initiation et le suivi d’un guru. L'initiation du corps vajra, selon Nāropa, implique la purification des pouvoirs sensoriels et de leurs objets. L'objectif est de bloquer les sens ordinaires et de les remplacer par la perception divine et les pouvoirs sensoriels divins[4]. Cela est possible par la neutralisation des canaux “naturels” pour laisser toute l’espace à la perception de la réalité divine ('od gsal gyi chos nyid).
Les trois “yogas” fondamentaux de Nāropa ont pour but de purifier les trois états de conscience “ordinaires” que sont la veille, le rêve et le sommeil profond, et leurs cloisonnements artificiels, qui empêchent le “Continuum” de la Luminosité. Ces trois états correspondent aux trois Kāyas du Bouddha, et macrocosmiquement aux triple univers : sensible, intelligible et noétique. Il s’agit de bien ramoner le canal Lumineux, et les petits vaisseaux du corps lumineux.
En théorie, tous les êtres sont égaux dans le sens qu’ils ont, pas “possèdent”, un dharmadhātu. Mais selon certains, seuls ceux qui reconnaissent le dharmadhātu comme l’essence du Bouddha, “possèdent” l’essence du Bouddha. Ce sont les bodhisattvas de la première bhūmi. Le Continuum de la méthode, du chemin, crée les différences de mérite et de sagesse, et donc une hiérarchie[5].
Les méthodes des yogatantras supérieurs sont très volontaristes, élitistes, et créent souvent dans ceux qui les pratiquent un sens de supériorité. A l’époque même, où elles prenaient leur essor, est apparu un personnage étonnant, à la fois un pratiquant fervent des yogatantras supérieurs dans sa jeunesse et du mahāmudrā de Gampopa. A la fois Sakyapa et Kagyupa. C’était Yangönpa (Yang dgon pa 1213 -1258). La version qu’il présente du Corps vajra dans son Explication du Corps de Vajra Caché (Rdo rje lus kyi sbas bshad) débarrasse la Méthode de Nāropa de son volontarisme, élitisme et spn côté méritocratique (qui ressortent dans les polémiqués). Yangönpa avait écrit ce texte suite à une vision directe (mngon sum) de la nature des canaux, des souffles et de la bodhicitta "tels qu'ils sont"[6].
Chez Yangönpa, le Corps vajra est toujours décrit comme étant présent de manière innée en chaque individu, constituant le fondement subtil à partir duquel se développe le corps physique[7], mais tout en gardant les deux pieds sur terre. Une existence céleste n’est pas son objectif, puisque “le divin” est déjà là, comme pour Nāropa d’ailleurs.
"Les fondements subtils du corps, parfois désignés par Nāropa et les exégètes de sa lignée comme le corps vajra (rdo rje lus), sont simultanément divins - de par leur potentiel à libérer une personne du saṃsāra - et ordinaires.[8]"Ce Corps vajra est naturellement présent, bien que souvent obscurci par notre perception ordinaire, qui n’est pas noétique. Généralement, quand on dit que le tantrisme valorise le corps, c’est surtout au corps subtil et au corps vajra (encore plus subtil) qu’il fait référence, en tant que lien avec la Luminosité, et en tant que véhicule lumineux... Pas dans un sens hédoniste. Mais Yangöpa va plus loin, le travail “théurgique” se déroule selon lui naturellement et sans effort…
"Le corps ordinaire, de sa conception à sa fin, de la mort jusqu'à la renaissance, suit un chemin qui se parcourt de lui-même (lam rang 'gros) et s'accomplit spontanément. La cause, le chemin et le fruit sont naturels (lhan cig skyes pa, sahaja) ou innés. Ce point était suggéré dans le contexte de l'embryologie, mais n'a été pleinement clarifié que dans cette partie de la discussion de Yang dgon pa. Il va même jusqu'à dire que c'est la raison (rgyu mtshan) pour laquelle il est possible d'atteindre l'état de bouddha en une seule vie. Le corps, sans effort, réalise ce but simplement en vivant sa vie.[9]"“Sans effort” implique que les phases de développement et de perfection évoluent naturellement dans une vie humaine. Pour Yangönpa la vie elle-même est une pratique tantrique spontanée. Il montre que les phases de génération (bskyed rim) et de perfection (rdzogs rim), traditionnellement associées aux pratiques tantriques, se manifestent naturellement dans les activités quotidiennes. La respiration, le cycle veille-sommeil, les fonctions corporelles et les relations interpersonnelles (y compris sexuelles) sont autant d'expressions spontanées de la voie tantrique. La phase de perfection se déroule continuellement dans le corps et l'esprit, sans nécessiter d'effort conscient. Le cycle naturel de l'inspiration, de la rétention et de l'expiration est comparable aux étapes de la phase de perfection. L'état de veille est assimilé à la phase de génération, tandis que le sommeil correspond à la phase de perfection. Des processus comme la digestion sont interprétés comme des expressions des vents subtils et des essences vitales, qui sont des composantes du corps subtil. La digestion, avec sa séparation des éléments nutritifs et des déchets, est comparée à un rituel tantrique (gaṇacakra). Les hommes et les femmes, dans leur complémentarité, incarnent les principes de la méthode et de la sagesse, qui sont au cœur de la pratique tantrique. La mort est considérée comme la réalisation ultime de la vacuité, tandis que la renaissance représente l'émanation spontanée de la compassion. Le cycle de la mort et de la renaissance est ainsi assimilé au cycle de la phase de perfection. Il n'est donc pas nécessaire de s'engager dans des pratiques ascétiques rigoureuses pour atteindre l'éveil, car le simple fait de vivre suffit à progresser sur le chemin spirituel. La pratique tantrique, tout en n'étant pas strictement nécessaire pour le parfait éveil, permet d'accélérer ce processus en purifiant les obscurcissements qui nous empêchent de réaliser notre nature de bouddha.
"Son fruit se manifeste naturellement comme dharmakāya à la mort, le sambhogakāya dans le bardo, et le nirmāṇakāya à la naissance.” “C'est la raison pour laquelle le mantra secret permet l'éveil en une seule vie, et tout le sens des phases de développement et de perfection en tant que base de purification et agent purifiant doit être compris ainsi." (Blight Miller, 2013, pp 307 et 311)En une seule vie, et éventuellement dans chaque nouvelle vie, nous sommes tous des tulkus…
Il y a donc bien naissance, mais ce n’est plus forcément un problème pour celui qui possède la gnose. Le Bouddha Śākyamuni avait proclamé à sa naissance “Ceci est ma dernière naissance”, et à sa mort il était passé au parinirvāṇa (ou avait fait semblant). Mais ce message aurait été uniquement destiné aux logiciens, aux auditeurs etc. qui ne pouvaient pas comprendre le Corps vajra[10].
Non seulement le corps accomplit naturellement les phases de développement et de perfection, il est en plus le corps de tous les Dharma, y compris de toutes sortes de tantras. Le corps (vajra) les lit et comprend naturellement dans tous les phénomènes du saṃsāra et du nirvāṇa.
“Il n'y a pas un seul aspect du chemin qui ne soit accompli dans le corps, donc [le corps] est un 'tantra des méthodes'. Parce qu'il rassemble tous les phénomènes du saṃsāra et du nirvāṇa, [le corps] enseigne clairement, donc c'est aussi un 'tantra explicatif'. Le glorieux Virūpa dit dans les Versets Vajra : 'Le corps est un tantra des méthodes et ainsi de suite, la troisième et la quatrième initiation tantrique'. Et 'En s'appuyant sur le corps, les obscurcissements à la grande félicité sont purifiés, et parce qu'il enseigne, [le corps] est un tantra explicatif.[11]”L'éveil est inhérent à la nature même du corps humain et se réalise spontanément à travers le cycle de la vie[12]. Le corps humain, loin d'être un obstacle à l'éveil, en est le véhicule même. L’éveil n'est pas un objectif à atteindre, mais une réalité déjà présente qui se révèle naturellement à travers le cycle de la vie. La pratique tantrique, tout en n'étant pas strictement nécessaire pour le parfait éveil, permet d'accélérer ce processus en purifiant les obscurcissements qui nous empêchent de réaliser notre nature de bouddha. Vivre, c’est pratiquer.
Quant aux trois états/corps de conscience ordinaires et leurs correspondances éveillées mentionnés plus haut :
“Tous les êtres nés d'une matrice par la voie des cinq éveils manifestes sont nés d'une matrice divine. Tous les êtres nés par naissance miraculeuse ont une naissance miraculeuse divine. Ainsi, le corps pleinement mûri est le nirmaṇakāya. Le corps mental de l'état intermédiaire et le corps habituel des rêves est le sambhogakāya. L'esprit est le dharmakāya. L'inséparabilité des trois corps est le mahāsukhakāya[13].”Un peu à la façon du sixième Patriarche Houei-neng :
“Dans ce passage, Yang dgon pa aligne les expériences d'un corps ordinaire (lus) avec les kāyas illuminés (sku) d'un Bouddha. Le "corps pleinement mûri" [vipākakāya], le "corps mental du bardo" [manomaya-kāya] et le "corps habituel des rêves" [vāsanākāya] sont des ensembles de termes qui sont normalement soit totalement opposés à l'illumination, soit considérés comme une base de purification ayant le potentiel de devenir un kāya. Mais ici, ces corps impurs sont révélés comme étant les kāyas purs d'un Bouddha. Une fois encore, il conclut sur le point de l'inséparabilité : tout comme le corps, la parole et l'esprit sont inséparables, les kāyas sont également inséparables.[14]” (Blythe Miller, 2013)
“Dans ce corps de chair, j’ai trouvé le sublime refuge du corps absolu du Bouddha, qui est absolue pureté.C’est comme si chez Yangönpa, il n’y a plus de triple Continuum, ou que le Continuum du chemin et du fruit n’ont plus d’importance, à cause de la prépondérance du Continuum de la cause, qui pèse de tout son poids. Il sape ce que les Continuums du chemin et du fruit pourraient ériger en différence, en supériorité. Il démystifie la Méthode. Il décomplexifie par rapport au Fruit. Il permet de vivre sa vie en poursuivant son chemin de bonhomme (dngos po'i gnas lugs). Il suffit d’observer et d’apprendre de son expérience vécue, p.e. dans l’interaction de notre corps-parole-pensée, et dans leur interaction avec les autres.
Dans ce corps de chair, j’ai trouvé le sublime refuge des millions et des milliards de corps d’apparition du Bouddha.
Dans ce corps de chair, j’ai trouvé le sublime refuge des corps futurs du Bouddha, où seront parfaites toutes les jouissances.” (Soûtra de l’Estrade du sixième Patriarche Houei-neng, Patrick Carré, Seuil, 1995, pp. 43-45)
“En ce moment, si le corps change, l'esprit et la parole changent également. Si notre subjectivité change, alors notre apparence aux yeux des autres change aussi. Si notre parole et notre esprit changent, notre corps change également. Par exemple, quand la colère surgit dans l'esprit, nous parlons durement et notre corps réagit en conséquence. Nous voyons que [la parole et le corps] des autres fonctionnent de la même façon. Parce qu'un aspect change, les autres changent aussi. Ainsi, jusqu'à notre mort, notre corps, notre parole et notre esprit existent de manière inséparable.[15]” (Blythe Miller, 2013)Avec cette présence d’esprit, et une attitude curieuse, c’est le “Corps vajra” qui poursuit son bonhomme de chemin.
“La préoccupation de Yang dgon pa pour l'expérience personnelle, une préoccupation que nous voyons revenir sans cesse comme source de connaissance faisant autorité. La connaissance n'est pas seulement ce que disent les textes, mais plutôt ce qui est glané à partir des expériences humaines. Le passage précédent est l'un des cas où nous entendons la propre voix de Yang dgon pa, qui ne s'appuie pas sur un schéma tantrique, mais s'exprime simplement à partir d'une observation personnelle de l'expérience humaine.[16] “ (Blythe Miller, 2013)Je connaissais mal Yangönpa, il mériterait davantage notre attention. Merci à Willa Blythe Miller, l'auteure de la thèse de doctorat qui sert de base à la partie sur Yangönpa.
Yangönpa et son dngos po'i gnas lugs complet Himalayan Art 13448 |
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[1] "Compendium de la Réalité Ultime" (sanskrit : Paramārthasagrahanāmasekoddeśaṭīkā, dBang mdor bstan pa’i ’grel bshad don dam pa bsdus pa).
The Treasury of Knowledge: Book Six, Part Four: Systems Of Buddhist Tantra, Jamgon Kongtrul Lodro Taye (Auteur), Elio Guarisco (Traduction), Ingrid Mcleod (Traduction), Snow Lion, 2005
[2] Le Continuum causal (rgyu’i rgyud): représente l'état naturel (rang bzhin lhan skyes) de la pensée, du niveau d'un être sensible jusqu'à l'état de bouddha. Il est aussi appelé la "nature de l'illumination", "la pensée d'éveil" ou "la pensée toujours parfaite". (Treasury of Knowledge 6.4 p. 143-144).
Le Continuum dit de “processus” ou de la méthode (thabs kyi rgyud): comprend les pratiques qui permettent de reconnaître la nature originelle de la pensée, en particulier les phases de génération (bskyed rim) et de perfection (rdzogs rim) du tantra. Il s'agit du chemin qui nous amène à la réalisation (Treasury of Knowledge 6.4 p. 16).
Le Continuum résultant ('bras bu’i rgyud): est l'état de réalisation, l'état purifié où la nature de la pensée est pleinement réalisée, l'état du Bouddha Vajradhara.
[3] “The causal continuum, or luminous clarity, can be said to be the reality that is neither outer nor inner but includes all that manifests as pure and impure phenomena. Since this reality presents itself as the body and mind and is discovered by one’s own intrinsic awareness within the “temple” of the body, it is necessary to understand the authentic condition manifesting as mind and the authentic condition manifesting as body.” Treasury of Knowledge 6.4, p. 42
[4] “Naropa explains that the initiation of the indestructible conduct consists in the purification of the eye and other sense powers and their objects, visual forms, and so on. This involves blocking the ordinary sense powers and their objects while the divine perception and divine sense powers such as the eye engage the immaterial image of emptiness.
Since this initiation leads to the attainment of the great seal, it is the initiation of indestructible conduct (Commentary on the Summary of the [Kalachakra] Initiation, Toh. 1351, f. 237b5-6).” (Treasury of Knowledge 6.4, p. 470-471)
[5] Yamabe Nobuyoshi, The Idea of Dhātu-vāda in Yogācāra and Tathāgata-garbha texts, published in Pruning the Bodhi Tree, Honolulu, 1997, p. 194-195.
[6] “Rinpoche said: "First, I meditated a great deal on the empty enclosure [stong ra]. By the force of training in the pure illusory body, I actually saw the nature of the stationary channels, the moving winds, and the arranged bodhicitta just as they are. On account of that, I composed the Explanation of the Hidden Vajra Body." Willa Blythe Miller, Secrets of the Vajra Body: Dngos po’i gnas lugs and the Apotheosis of the Body in the Work of Rgyal ba Yang dgon pa, dissertation, Harvard University, 2013, p. 29
Rin po che nyid kyi zhal nas ngas dang po stong ra mang po bsgoms/ dag pa’i sgyu lus sbyangs pa’i stobs kyis/ rdo rje lus kyi gnas lugs la/ gnas pa rtsa/ g.yo ba rlung/ bkod pa byang chub sems gsum gyi gnas lugs ji lta bar mngon sum du gzigs pas/ de’i don rdo rje lus kyi sbas bshad du yi ger bkod pa yin gsung/
[7] “The key notion that everyone possesses a vajra body (but does not necessarily realize it) is reinforced in various ways throughout the Explanation of the Hidden. For example, Yang dgon pa states, “One’s ordinary body, speech, and mind are inseparable from the Heruka’s body, speech, and mind at all levels of the cause, path and fruit” [Yang dgon pa Rgyal mtshan dpal, Rdo rje lus kyi sbas bshad (Pha jo ldings), 425/2], as discussed earlier in this chapter. Yang dgon pa is consistent in explaining that the vajra body is a universal substrate to all ordinary bodies. Spyan snga ba's perspective concurs: “The vajra body is the underlying characteristic of the so-called ordinary body” [Spyan snga ba Rin chen ldan, Sbas bshad kyi dka’ ‘grel, ibid., 413/6].” (Blythe Miller, 2013, p. 141)
[8] “The subtle underpinnings of the body, sometime labeled by Nāropa and the exegetes of his lineage as the vajra body (rdo rje lus) are simultaneously both divine—because of their potential to liberate a person from saṃsāra—and ordinary.”
“We find this viewpoint in the Non-dual Victory Tantra, for example, which states that the enlightened three kāyas are, in reality, ordinary body, speech, and mind.” (Blythe Miller, 2013, p. 90)
Sku gsum lus ngag yid yin te/ de nyid mngon par byang chub brjod/ (dans Non-dual Victory Tantra, 347).
[9] “The ordinary body, from its conception to its demise, from death through to rebirth, is on a selftraversing path (lam rang ‘gros) that spontaneously completes itself. The cause, path, and fruition are natural (Tib. lhan cig skyes pa, Skt. sahaja), or innate. This was a point that was intimated in the context of the embryology, but was not brought into full clarity until this point in Yang dgon pa’s discussion. He even goes so far as to say this is the reason (rgyu mtshan) that attaining the goal of buddhahood is possible in a single lifetime. The body, without effort, realizes that very goal by simply living its life.” (Blythe Miller, 2013, p. 302)
de'i 'bras bu 'chi ba chos sku/ bar do longs sku/ skye ba sprul sku'i tshul du 'bras bu rang chas te/ rdo rje lus kyi rang 'gros lam 'bras bu dang bcas pa/ rgyu lhan cig skyes/ lam lhan cig skyes/ 'bras bu lhan cig skyes kyi tshul du lhun gyi rdzogs pas/ gsang sngag tshe cig gis sangs rgya ba'i rgyu mtshan dang sbyang gzhi sbyong byed ces pa'i lam878 bskyed rdzogs kyi don thams cad des go bar bya'o/
[10] Jamyang Khyentse Wangpo, bLa ma'i thugs sgrub rdo rje drag rtsal
"De plus, des reflets naturels de la lettre ultime de l'espace fondamental (dbyings) sont apparues les lettres des canaux du corps. Leur éclat est apparu comme lettres sonores de la parole. Une fois libérées des obscurcissements, elles se transforment en lettres du fruit. Ainsi, ces quatre aspects sont unifiés en une seule essence.”
"Deuxièmement, ces lettres présentées ici de manière concise ne peuvent être comprises par l'intellect des logiciens (tārkika), des auditeurs (śrāvaka) etc., donc ce sont les lettres ésotériques du grand vajra, ou bien comme les lettres E et VAM, ce sont des lettres qui sont devenues les symboles des Tathāgatas.”
de'ang dbyings don dam gyi yi ge'i rang mdangs las lus rtsa'i yi ge byung*/ de'i gdangs brjod pa sgra'i yi ger shar/ de sgrib pa las grol bas 'bras bu'i yi ger gnas 'gyur ba yin pas bzhi ka'ang ngo bo gcig tu 'dus pa'o/ gnyis pa ni/ de las 'dir mdor bstan du mdzad pa'i yi ge 'di dag rtog ge dang nyan thos sogs kyi blos mi phyed pas gsang ba chen po rdo rje'i ye ge'am/ ji ltar e dang wa~M yig bzhin du de bzhin gshegs pa'i brdar gyur pa'i yi ge ste/
[11] (Blythe Miller, 2013, p. 303)
“There is not a single aspect of the path that is not fulfilled in the body, so [the body] is a “method tantra.” Because it collects all of the phenomena of samsāra and nirvāṇa, [the body] clearly teaches, so it is also an “explanatory tantra.” The glorious Virūpa says in the Vajra Lines, “The body is a method tantra and so forth, the third and the fourth tantric empowerment” And, “Relying on the body, the obscurations to great bliss are purified and because it teaches, [the body] is an explanatory tantra.”
lam gyi chos thams cad ma tshang ba med par lus thabs kyi rgyud/ 'khor 'das kyi chos thams cad 'dus pa la882 brten nas gsal bar ston pas bshad rgyud do/ dpal bir ba'i rdo rje tshig rkang nas/ lus thabs rgyud sogs gsum pa bzhi'i rgyu dbang/ cas pa dang/ lus la brten nas bde chen kyi sgrib pa 'dag cing/ gsal bar ston pas bshad rgyud cas gsungs so/
[12] “The essential self-traversing path stirs saṃsāra from its depths, and one cannot help but to attain buddhahood” (lam snying po'i rang 'gros 'khor ba dong nas sbrug cing/ sang mi rgya ba'i rang dbang med pa'o). (Blythe Miller, 2013, p. 306)
[13] de ltar mngon par byang chub pa lnga'i tshul gyis mngal nas skyes pa thams cad/ lha mngal skyes/ rdzus nas skyes pa thams cad lha rdzus skyes te/ rnam smin gyi lus sprul sku/ bar do yid kyi lus dang rmi lam bag chags kyi lus longs sku/ sems chos sku te sku gsum dbyer med bde ba chen po'i sku'o/ (Blythe Miller, 2013, p. 307)
[14] “In this passage Yang dgon pa aligns the experiences of an ordinary body (lus) with the enlightened kāyas (sku) of a Buddha. The “fully ripened body,” the “mental body of the bardo,” and the “habitual body of dreams” are sets of terms that normally are either opposed entirely to enlightenment, or are viewed as a basis of purification that has potential to become a kāya. But here, these impure bodies are revealed as the pure kāyas of a Buddha. Once again, he wraps up with the point of inseparability: just as body, speech, and mind are inseparable, the kāyas are also inseparable.” (Blythe Miller, 2013, p. 308)
[15] “Right now, if the body changes, mind and speech also change. If our subjectivity changes, then how we appear to others changes. If our speech and mind change, our body also changes. For example, when anger arises in the mind, we speak harshly and our body acts out. We see that the others’ [speech and body] are also like that. Because one aspect changes, the others also change. In that way, until we die, our body, speech, and mind exist inseparably.” (Blythe Miller, 2013, p. 276)
[16] “Yang dgon pa’s concern with personal experience, a concern that we see come up again and again as a source of authoritative knowledge. Knowledge is not just what the texts say, but rather is what is gleaned from human experiences. The foregoing passage is one of the instances where we hear Yang dgon pa’s own voice, not drawing on a tantric schema, but just speaking out of a personal observation about human experience.” (Blythe Miller, 2013, p. 277)
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