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vendredi 18 décembre 2015

Non-agir et activité éveillée (ELF ch. 9)


Karyōbinga

Ensuite, le tathāgata étant entré (sct. saṃapatti) en absorption dans la pureté universelle du non-énoncé, l'être fulgurant lui demanda : "Bienheureux, quel est le sens de ce recueillement dans le non-énoncé, je vous prie de me le dire."

Eh, grand être (sct. mahāsattva),

[Ce sens] est compris en pensant que tout (sct. sarva) se manifeste simultanément
Sans ajouter aucune complication (sct prapañca)
Ni s'égarer du sens du Coeur (sct. hṛdayārtha)

Ceux qui, sans comprendre ce sens non-énoncé,
Conçoivent[1] tout comme égal
Sont comme un groupe d'aveugles
Voilà ce que dit le Bienheureux tathāgata.

Tout ce qui se manifeste, sans confusion, sans obstruction,
Y étant inclus, le Coeur est l'éveil même.
Il ne se représente pas et il est libre de toute acceptation et rejet
Il s'étend à tout, toujours en repos, examinant tout
Mais ne peut être signifié par aucun nom, mot ou symbole

La connaissance (sct. jñāna) insignifiable est le meilleur Corps
La manifestation sans lettre est la Parole (sct. vacana) [bien] comprise
La lumière manifeste non représentée est la meilleure Pensée
Ce qui se déploie spontanément, sans être recherché, dure depuis toujours

Il est le véritable sens universel sans aucune difficulté
Ce sens n'est pas une chose
Et celui qui le comprend est sans projet et inconcevable
Ainsi son projet (sct. cintā) est le projet universel (sct. mahacintā)

Tout comme l'oiseau Kalaviṅka[2]
Il réalise tous les projets sans les rechercher
Le meilleur sens est celui qui est spontanément présent sans être recherché.



Extrait du Tantra de l'effusion de la lumière fulgurante de l'authentique pensée éveillée souveraine, le neuvième chapitre sur le recueillement continu (sct. samāpatti)


***

[1] L'égalité conçue au lieu de l'égalité vécue

[2] L’oiseau kalaviṅka semble se traduire par un moineau ou un coucou (indien). Il est utilisé pour décrire une des soixante qualités de la voix du Bouddha, notamment dans le Discours du secret inconcevable du tathāgata (tib. de bzhin gshegs pa'i gsang ba bsam gyis mi khyab pa bstan pa'i mdo DG 47 sct. tathāgata-acintyā-guhya-nirdeśa-sūtra) du Ratnakuta (tib. dkon brtsegs). La voix du kalaviṅka est envoûtante, car elle est continue et devenant progressivement de plus en plus mélodieuse (envoûtante) en l’écoutant. La qualité envoûtante semble proche de celle des sirènes. Et en effet, au Japon, cet oiseau, appelé Karyōbinga, y est représenté comme un oiseau à longue queue avec une tête humaine. On lit aussi que cet oiseau chanterait déjà encore dans l’œuf. Cette qualité l’apparente au garuḍa, déjà adulte quand il est encore dans l’œuf.

Texte tibétain en Wylie

De nas de bzhin gshegs pa nyid/ mi gsung rnam dag chen po la/ ting nge ‘dzin la snyoms par zhugs/ rdo rje sems dpa’ bcom ldan ‘das/ mi gsung gzhag pa don gang zhig/ bdag la ji ltar bka’ stsal mjod//

kye sems dpa’ chen po//

kun snang dus gcig dgongs pas mkhyen//
gan la ci yang ma sbros te//
snying po’i don las g.yo ba med//

gsung med don ‘di mi shes par//
gang zhig thams cad mnyam rtog pa//
de ni long ba’i tshogs yin zhes//
bcom ldan de bzhin gzhegs pas gsungs//

gang yang ma ‘dres ma bkag gsal//
bsdus [583] pas snying po byang chub nyid//
de nyid rtog med blang dor bral//
kun khyab ye dal ma lus gzhig//
ming tshig brda yis mtshon du med//

mtshon med ye shes sku yi mchog//
yi ge med gsal go ba’i gsung*//
rtog med ‘od gsal thugs kyi mchog//
ma btsal lhun grub ye nas gnas//

‘di ni tshegs med don po che//
don nyid ci yang ma yin pas//
shes pa gang la’ang bsam med bsam gyis mi khyab par//
de ltar bsam pa bsam chen yin//

ka la bing-ka ji lta bur//
btsal med bsam pa kun grub phyir//
ma btsal lhun gnas don gyi mchog//


byang chub sems rje btsan dam pa ‘od ‘phro ba’i rgyud las/ mnyam par bzhag pa’i le’u dgu pa’o//

jeudi 17 décembre 2015

Éliminer ce qui résiste (ELF ch. 8)




Ensuite le glorieux (sct. mahātuṣṭi[1]) Bienheureux s'adressa à son entourage en vers :

Eh, grands êtres (sct. mahāsattva),

Ce que nous concevons comme l'égalité foncière (sct. samatā)
Obnubile à la fois les défauts et les qualités
Celui qui s'attache au plaisir et veut éviter le déplaisir
Est comme un aveugle né qui tente de faire un nœud avec de l'espace.

En ne comprenant pas le sens propre du principe de l'égalité naturelle
- Sans confusion et en toute lucidité -
Même si on remplissait le triple univers de corps de Bouddha
Ils ne seraient d'aucune aide, et leur absence ne causerait aucun tort.

L'éveil n'est pas autre que la passion
Ils sont identiques dans l'état continu du vaste Fondement (sct. ālaya)
C'est pourquoi il n'y a pas à accepter l'un et à rejeter l'autre
L'essentiel (sct. tattva) ne s'avère pas et se manifeste de lui-même.

Aussi (tib. phyir), opacité et agitation mentales, espoir et crainte,
Lucidité ou manque de lucidité sont le Flot (tib. klong) d'émergences et d'engagements (tib. 'byung 'jug)[2]
Les expériences, les concepts, les dharmas de cessation (tib. ‘gag ‘chos),
Les caractères générales (sct. nimitta) et les sensations sont innombrables
Et, tous paisibles (sct. śānta) par leur état continu originel non-manifeste.

Sans représentation (sct. akalpita), ils sont la nature du corps réel (sct. dharmakāya) originel
Sans rejet, ils sont les ornements du déploiement (sct. lalita) essentiel (sct. ātmakatā)
La non-vision de la qualité essentielle (scr. ātmakatā) est la nature de la cécité native
Dans ce principe non-acquis il n'y ni acceptation ni rejet
Comprendre ce principe où les défauts et les qualités sont égaux (sct. sama)
Est appelé "le tout excellent" (sct. samantabhadra).

Tout comme dans le vide du ciel lumineux
Les nuages, les brumes, les arcs-en-ciel, les éclairs,
Les étoiles, le soleil et la lune apparaissent distinctement
Ils sont originellement identiques par leur essence de "ciel lumineux".
Dans le Flot (tib. klong) céleste de la pensée du yogi
Les défauts et les qualités apparaissent, mais ne sont ni acceptés ni rejetés.

Tous les divers véhicules
Sont distincts et complets, libres d'acceptation et de rejet
Ce qui - sans être manifeste et sans représentation - connaît tout
Est l'essence même, insaisissable (sct. nirālambana).



Extrait du Tantra de l'effusion de la lumière fulgurante de l'authentique pensée éveillée souveraine, le huitième chapitre "Éliminer ce qui résiste".

Attribué à Vairocana.

***

[1] Le terme mahātuṣṭi a une connotation très clairement tantrique, on le trouve dans le Sarvatathāgatatattvasaṅgrah et dans le Vajrapāṇināmāṣṭottaraśatastotram ainsi que dans le terme "mahātuṣṭijñānamudrā", en tibétain : dgyes pa chen po'i ye shes kyi phyag rgya. Il a le sens de délectation universelle. C’est le divin incarné en quelque sorte, et dans ce sens il est « glorieux ». Incarné dans le sens qu’il « connaît » (quasiment dans le sens biblique du terme…) spontanément le triple univers, tout en demeurant dans la mahāmudrā. Voilà en quoi consiste la délectation universelle.

[2] « chos nyid gting gsal rang byung ye shes ngang*/ 'byung 'jug re dogs bral bar gnas pa yin/ », extrait du Chos dbyings mdzod de Longchenpa.

Texte tibétain en Wylie

De nas bcom ldan ‘dgyes pa chen pos/ ‘khor la tshig tu bka’ stsal pa/
 kye sems dpa’ chen po/

gang zhig mnyam nyid rtog pa la//
skyon dang yon tan gnyis ka sgrib//
bde chags sdug bsngal spong ‘dod pa//
dmus long mkha’ la mdud ‘dor ‘dra//

don nyid ma bcos mnyam pa’i don//
ma ‘dres gsal bar ma rtogs na//
stong gsum rgyal ba’i skyu bkang yang*//
phan med ma bkang gnod mi ‘gyur//

byang chub nyon mongs gnyis med de//
kun gzhi yangs pa’i ngang du gcig//
de phyir blang dang dor med de//
de nyid ma grub rang snang phyir//

bying dang rgod dang re dogs dang*//
gsal dang mi gsal ‘byung ‘jug klong*//
myong dang rtog dang ‘gag ‘chos dang*//
mtshan ma byang tshor mtha’ yas pa//
ye nas gsal med ngang gis zhi//

brtags med ye nas chos sku nyid//
ma spangs rol pas bdag nyid rgyan//
bdag nyid ma mthong dmus long [582] nyid//
mi rnyed don la blang dor med//
skyon nyid mnyam par don rtogs na//
kun tu bzang zhes de la bya//

ji ltar mkha’ gsal stong nyid la//
sprin dang khu rlangs ‘ja’ dang glog//
skar dang nyi zla ma ‘dres gsal//
mka’ gsal ngo bor ye nas gcig//
rnal ‘byor sems kyi mkha’ klong la//
skyon yon snang yang blang dor med//

theg pa’i bye brag ma lus pa//
ma ‘dres yongs rdzogs spang blang bral//
gsal med mi rtog kun mkhyen pa//
ngo bo nyid ni dmigs su med//

byang chub sems rjes btsan dam pa ‘od ‘phro ba’i rgyud las/ gegs sel ba zhes bya ba’i le’u ste brgyad pa’o//

mercredi 16 décembre 2015

La nature de la pensée éveillée (bodhicitta) (ELF ch. 7)


"Summer Buddha" de Gonkar Gyatso

Ensuite, l'être fulgurant demanda encore : "Eh Bienheureux, qu'est-ce que la pensée éveillée (sct. bodhicitta) ?" Il répondit : "Grand être, écoute !"

La particularité (sct. lakṣaṇa) de la pensée éveillée
Est qu'elle est tout, et qu'elle n'est rien.
Et les quatre ou cinq éléments universels (sct. mahābhūta)
Sont expliqués comme étant la nature de la pensée éveillée.

Tout ce qui apparaît comme extérieur, intérieur, une direction, un côté,
Existence cyclique et quiétude,
Cause et effet, ainsi que [ce qui se manifeste]
Comme un Éveillé, un être ordinaire, un homme, une femme,

Une couleur, une forme, un lieu, une famille,
Un continuum (sct. saṃtāna), la santé (tib. mi na), les particularités (sct. lakṣaṇa),
Et les caractères générales (sct. nimitta)
Tout cela est la pensée éveillée.

Elles ne viennent pas d'ailleurs et n'ont pas à être recherchées.
Comme dans l'essence de l'être de ces choses
Ces choses ne sont pas définitivement englobées
Elles n'ont pas été enseignées comme étant multiples.
Comme elles se manifestent toutes sans obstruction (sct. aniruddha)[1]
Elles n'ont pas non plus été expliquées comme étant unes
Elles sont à la fois libres de l'un et du multiple.

Ne pouvant être définies par des caractères générales (sct. nimitta)
Elles sont le corps réel (sct. dharmakāya) de l'éveil
Elles ont toutes pour essence de se déployer spontanément (tib. lhun gyis grub)
N'ayant besoin d'être recherchée [la pensée éveillée] est l'Éveillé originel
N'ayant besoin d'être atteinte, elle est atteinte (tib. son) en toute chose
N'ayant besoin d'inclure, elle inclue [déjà] tout
Sans ne s'abstenir de rien, elle est [déjà] libre de toute obnubilation (sct. āvaraṇa).

L'existence cyclique, la quiétude,
l'Éveillé et les êtres des six destinées
Ainsi que les apparences du chemin de l'éveil,
Des centaines de milliers, sont issues d'elle.

Bien qu'elle se présente comme l'essence de tout qui peut être signifié
Elle est elle-même insignifiable
Si on dit qu'elle "est", ce n'est qu'en tant que signifiant
"Un signifiant" aussi est un énoncé (sct. vāg-vyāhāra, vācaṃ bhāṣamāṇaḥ)
Comme il n'y a ni signifié, ni signifiant [en réalité]
Elle est [proprement] signifiée par le mode de non-signification
Elle est ainsi le signifiant[2] universel.

Connaître ce qui connaît le sens de tout,
Tous les rouages du mal-être de l'existence cyclique,
C'est cela "la pensée éveillée", ainsi l'explique-t-on.

Extrait du Tantra de l'effusion de la lumière fulgurante de l'authentique pensée éveillée souveraine, le septième chapitre qui présente la nature (sct. prakṛti) de la pensée éveillée.

***

[1]  Sans limites entre elles.
[2] Ou symbole. Comme tout le verset est un jeu de mots sur "mtshon pa", "qui montre" ou "symbole", j'ai préféré utiliser le même terme ("signe") tout le long.  

Texte tibétain en Wylie

De nas yang rdo rje sems dpas gsol ba/ kye bcom ldan ‘das byang chub kyi sems gang lags/
bka’ stsal pa/ 

sems dpa’ chen po nyon cig//

byang chub sems kyi mtshan nyid ni//
kun yin gang yang ma yin no//
‘byung chen bzhi dang lnga po yang*//
byang chub sems nyid yin par [580] bshad//

phyi dang nang dang phyogs dang ris//
‘khor ba mya ngan ‘das pa dang*//
rgyu dang ‘bras bur snang ba dang*//
sangs rgyas sems can pho mo dang*//

kha dog dbyibs dang gnas dang rigs//
rgyud dang mi na mtshan nyid dang*//
mtshan mar ci snang ci ‘dug pa//
de nyid byang chub sems nyid de//

gzhan nas ‘ongs dang btsal ba med//
de rnams yin pa’i ngo bo la//
de rnams ril du ma nges pas//
du ma’ang yin par ma gsungs so//
thams cad ma ‘gags par snang bas//
gcig kyang yin par ma bshad de//
gcig dang du ma las grol ba//

mtshan nyid gang du ma nges pa//
de nyid byang chub chos kyi sku//
thams cad ngo bo lhun gyis grub//
btsal ba med par ye sangs rgyas//
phyin pa med par kun la son//
sdud pa med par thams cad ‘dus//
ma spangs sgrib pa kun dang bral//

‘khor dang mya ngan ‘das pa dang*//
sangs rgyas sems can ‘gro ba drug/
byang chub lam du snang ba yang*//
de las de byung ‘bum phrag yas//

mtshon pa’i ngo bor kun ‘dug kyang*//
mtshon du med de de nyid yin//
yin zhes bya ba mtshon pa tsam//
mtshon zhes tshig tu brjod pa yang*//
mtshon bya mtshon byed med pas na//
mtshon pa med pa’i tshul gyis mtshon//
de nyid mtshon pa chen po [581] yin//

de yi don kun rig shes na//
‘khor dang sdug bsngal ‘khrul ‘khor kun//
byang chub sems nyid yin zhes bshad//

byang chub sems rjes btsan dam pa ‘od ‘phro ba’i rgyud las/ byang chub sems kyi rang bzhin gang yin bstan pa’i le’u bdun pa’o//



dimanche 13 décembre 2015

La non-méthode de non-représentation qui ne s'enseigne et ne se pratique pas (ELF ch. 6)


Amaterasu de Chris Murray
Ensuite Pensée fulgurante demanda : "Eh Bienheureux, explique la méthode pour pratiquer cela." Le Guide dit :

Eh, grand être (sct. mahāsattva),
Comme cela ne se pratique pas
On l'adopte par le mode de la non-adoptation :
Ne pas rejeter les apparences, être sans représentation (sct. nirvikalpa)
Sans s'investir dans la non-représentation
La non-représentation est vive
La vivacité n'est pas représentée
La Base (tib. gzhi) de l'essence non représentée
Est la simple Intelligence qui est entrée dans son état naturel (tib. klungs su zhugs pa)
La Lumière manifeste libre de représentation est la Descente (tib. klong) de l'Intelligence 
Toujours présente en l'ainsité (sct. tathatā)
Sans concevoir, sans remémorer, sans se mouvoir
C'est la concentration (sct. dhyāna) des qualités universelles
La concentration se fait d'elle-même ; il n'y a rien à penser
Mais ce rien n'est pas investi (sct. apratiṣṭhāna)
Et la représention n'est pas interrompue
Elle est appelée "la Reine de la représentation"
Enseignée parfaitement par tous les Vainqueurs 
L'ainsité (sct. tathatā) sans conception ni analyse
"De l'eau versée dans de l'eau"
Cet investissement dans le non-investissement (sct. apratiṣṭhāna)
Est appelé "l'investissement universel"
Enseignée parfaitement par l'héros de l'éveil Tout excellent (sct. Samantabhadra)
Ce principe qui ne s'enseigne pas
N'a jamais été enseigné par les Vainqueurs
Et ne sera jamais enseigné par les Vainqueurs
Il n'est même pas enseigné maintenant !


Extrait du Tantra de l'effusion de la lumière fulgurante de l'authentique pensée éveillée souveraine, le sixième chapitre sur la non-adaptation de la non-pensée.

Attribué à Vairocana.

***

Texte tibétain en Wylie

De nas rdo rje sems dpas/ Kye bcom ldan ‘das ‘di nyams su blang ba’i thabs bshad du gsol/ ston pa bka’ tsal pa/

Kye sems dpa’ chen po/
nyams su blang du med pas na//
blang du med pa’i tshul gyis blang*//
snang ba mi spang rtog pa med//
rtog pa med la gnas mi bya//
rnam par mi rtog sa le ba//
sa le bar yang rtog pa med//
ma brtags ngo bo [579] nyid kyi gzhi//
rig pa ji bzhin klungs su zhugs//
‘od gsal rtog bral rig pa’i klong*//
ji bzhin nyid du ye gsal khyab//
bsam med dran med mi gy oba//
yon tan chen po bsam gtan ni//
bsam gtan nyid pas bsam du med//
me dpa nyid la mi gnas shing*//
rtog pa nyid las mi ‘gog pa//
‘di ni rtog pa’i rgyal po zhes//
rgyal ba rnams kyis yang dag bshad//
mi bsam mi dpyad de bzhin nyid//
chu la chu ltar shes par bya//
mi gnas pa la gnas pa ni//
‘di ni gnas pa chen po zhes//
kun bzang sems dpas yang dag bshad//
bshad du med pa’i don ‘di ni//
rgyal ba rnams kyis ma bshad de//
rgyal ba phyis kyang gsung mi ‘gyur//
da ltar nyid kyang ma bshad do//

Byang chub sems rje btsan dam pa rdo rje ‘od ‘phro ba’i rgyud las/ bsam med nyams su blang du med pa’i le’u drug pa’o//

Soliloque, la pensée s'adresse à elle-même (ELF ch. 4)


Vairotsana de Pagor (tib. Be-ro-tsa-na)

Extrait du Tantra de l'effusion de la lumière fulgurante de l'authentique pensée éveillée souveraine, le quatrième chapitre qui présente l'essence de la pensée.

Ensuite l'être fulgurant (sct. vajrasattva) demanda : "Eh Bienheureux, comment est l'essence de la pensée ?"

Grand être (sct. mahāsattva),
Voici comment est l'essence de la nature de la pensée
Elle n'est rien, mais se manifeste en tout
Elle ne peut être sondée, exprimée ou conçue
On ne peut donner d'exemple disant "elle est ainsi"
Voilà comment est l'essence de la pensée.

Elle apparaît comme les souffrances des êtres
Mais celles-ci n'apparaissent pas d'une autre source
La plénitude, la libération, les ravissements (sct. saṃbhoga) aussi
Ne sont pas accédés en dehors de la sphère (sct. dhātu) de la nature des choses (sct. dharmatā)
Et n'ont pas le moindre atome d'existence.

Le [triple] Corps ainsi que les roues (sct. cakra) qui sont ses ornements
Sont la pensée-en-soi (sct. sva-citta) et n'existent pas autrement
Le Buddha, le Dharma et la Sangha aussi
Sont elle, et n'existent pas autrement
C'est pourquoi, ils ne sont pas un objet de vénération
[La pensée] n'a pas besoin d'être protégée, réalisée ou cherchée
Elle n'a ni couleur, ni forme, ni lieu, ni caste
Elle n'a ni plénitude, ni souffrance, ni cause et effet
Elle n'est pas non-être, mais l'essence (sct. ātmakatā) de tout
Elle n'est pas l'être, elle est inexprimable
Elle est sans soi, sans autre, sans mort ni transmigration
Elle n'est pas rien, puisqu'elle est la source de tout
Elle n'est pas une source, elle est ce qui est (sct. tattva)
L'état continu de la connaissance (sct. jñāna), où tout est identique,
Est comme boire de l'eau à la saveur de l'espace
Identique par le principe, elle n'est pas clairement distinctible
Elle est la pensée éveillée qui se connaît elle-même (sct. saṁvedya)
On ne peut la montrer en disant "la voici"
N'étant rien, elle se manifeste en tout
Elle est le principe suprême du Coeur auto-engendré
Elle n'est pas manifeste dans la manifestation même
Elle se manifeste par le mode du non-manifeste
Dire qu'elle n'est pas serait une saisie
Mais il ne faut pas s'y investir (sct. apratiṣṭhāna)
S'y investir serait un égarement (tib. gol sa)
Qu'est-ce qui s'égarerait ?
Comment s'égarerait-il ?
Même l'apparence d'égarement est encore elle !
Elle n'a rien de concret (sct. bhāva)
Mais il ne faut pas s'investir (sct. apratiṣṭhāna) en cette [caractéristique]
Si on s'y investissait, ce serait une saisie."

Et l'être fulgurant (sct. vajrasattva) s'investit en lui-même.


Extrait du Tantra de l'effusion de la lumière fulgurante de l'authentique pensée éveillée souveraine, le quatrième chapitre qui présente l'essence de la pensée (ELF).

Attribué à Vairocana.

En ce qui concerne Vairocana de Pagor, une hagiographie (pdf) basée sur l'Histoire de l'école nyingma par Dudjom Rinpoché. Son hagiographie complète en tibétain. (merci Dan Martin)

***

Texte tibétain en Wylie

Byang chub sems rje btsun dam pa rdo rje ‘od ‘phro ba’i rgyud las/ sems kyi ngo bo bstan pa’i le’u ste bzhi pa’o//

de nas rdo rje sems dpas gsol pa/ kye bcom ldan ‘das sems kyi ngo bo gang lags/ bcom ldan ‘das kyis bka’ stal pa/

sems dpa’i chen po/
sems kyi rang bzhin ngo bo ni//
ci yang min las ci yang snang*//
dpag med brjod bral bsam mi khyab//
‘di zhes mtshon du me dpa ni//
sems kyi ngo bor de [576] gsungs so//
‘gro ba’i sdug bsngal snang ba yang*//
rang ying gzhan las de mi ‘byung*//
bde dang thar dang longs spyod kyang*//
chos nyid dbyings las ma rtogs pa//
rdul cha tsam yang med par gsungs//
sku dang rgyan gyi ‘khor lo yang*//
rang gi sems yin gzhan na med//
sangs rgyas chos dang dge ‘dun yang*//
rang yin de las gzhan na med//
de phyir bkur ba’i yul yang med//
bsrung med, sgrub med rtsol ba med//
kha dogs dbyibs dang gnas rigs med//
bde dang sdug bsngal rgyu ‘bras me//
me dpa ma yin kun pa bdag nyid//
yod pa ma yin brjod du med//
bdag med gzhan med ‘chi ‘pho med//
med pa ma yin thams cad ‘byung*//
‘byung ba ma yin de nyid yin//
kun gcig ye shes khyab pa’i ngang*//
nam mkha’i ro yi chu ‘thung bzhin//
dbye gsal med pa’i don du gcig/ 
‘di ni rang rig byang chub sems//
‘di zhes bstan du me dpa’o//
ci yang med las cir yang snang*//
rang byung snyin po mchog gi don//
snang ba nyid na snang med pas//
snang ba med pa’i tshul gyis snang*//
med ches bya ba ‘dzin pa tsam//
de nyid la yang gnas mi bya//
gal te gnas na gol sa yin//
gang zhig gol te ci zhig gol//
gang du gol te ji ltar gol//
gol bar snang ba [577] de nyid yin//
de nyid dngos po medpas na//
de phyir de la gnas mi bya//
gal te gnas na ‘dzin pa yin//

zhes gsungs pas/ rdo rje sems dpa’ nyid la gnas par gyur to//
Byang chub sems rje btsan dam pa rdo rje ‘od ‘phro ba’i rgyud las/ sems kyi ngo bo bstan pa’i le’u ste bzhi pa’o//