dimanche 5 septembre 2010

Dzongsar Jamyang Khyentse Rinpoché



Poème de Dzongsar Jamyang Khyentse Rinpoché

La nature ultime de la conscience, vacuité dotée de vivacité[1],
Est – me dit-on – le Buddha véritable.
Le reconnaître ainsi devrait me permettre
De ne pas m’empêtrer dans des pensées d’hiérarchie.

La nature ultime de la conscience, son aspect de vacuité,
Est – me dit-on - le Dharma véritable.
Le reconnaître ainsi devrait me permettre
De ne pas m’empêtrer dans des pensées de politiquement correct.

La nature ultime de la conscience, son aspect de vivacité,
Est – me dit-on – la Sangha véritable.
La reconnaître ainsi devrait me permettre
De ne pas m’empêtrer dans des pensées d'égalité des droits.

Il est impossible de dissocier la vacuité de la vivacité.
Cette indissociabilité – me dit-on – est le Guru.
Le reconnaître ainsi devrait me permettre
De ne pas m’empêtrer dans une dépendance de lamas chauvinistes.

Cette nature de la conscience n'a jamais était entachée par la dualité,
Cette absence de taches – me dit-on – est la divinité.
La reconnaître ainsi devrait me permettre
De ne pas m’empêtrer dans des catégories de "sexe" ou de "culture".

Cette nature de la conscience est spontanément présente.
Cette spontanéité – me dit-on – est l'aspect de la Dākinī.
La reconnaître ainsi devrait me permettre
De ne pas m’empêtrer dans la peur de poursuites judiciaires.

Version originale en anglais

Dzongsar Jamyang Khyentse Rinpoché s'est déjà exprimé au sujet de l'évolution du bouddhisme tibétain et de son accueil en occident. Dans ce chant qui ne manque pas d'humour, DJK montre comment on pourrait adapter le bouddhisme, y compris les tantras, à la vie moderne. Les aspects tantriques y sont pratiqués directement au niveau de la conscience. Le mot clé de cette pratique étant "reconnaissance".

En lisant le dernier verset, on peut penser au message d'un tantra comme par exemple le Guhyasamâjatantra
Pour le yogin dont les intentions sont pures,
(Même si son esprit) est subjugué par ce poison qu’est le feu de la passion,
Le désir qu’il nourri envers les femmes désirables
Est de fait un désir qui le conduit à être délivré des désirs.
Message qui a inspiré à certains un comportement de "folle sagesse" où l'on suit ses impulsions sous prétexte de Spontanéité. On peut penser aux "scandales", où des maîtres se prenant eux-même pour un deuxième Drukpa Künlek prenaient au premier degré la chasse aux dākinī. Bonne nouvelle pour eux et pour nous tous, il existe une autre façon de pratiquer ce qu'enseignent le Guhyasamâjatantra et les autres tantras tout en évitant pas mal de pièges, et notamment les poursuites judiciaires...

***

1. DJK a choisi le terme "vividness", qui peut traduire le tibétain "gsal ba" (S. prakása), luminosité, ou encore "rtsal", l'être dynamique.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire