Le Guhyasamajasādhanamala qui est une collection de sadhāna de Vajrayoginī comporte un texte, le Vidyādharivajrayoginyārādhanavidhi(GSS23, référence d'Elizabeth English) qui commence par expliquer comment Lokeśvara avait donné un sādhana à Sahara, lui permettant d'obtenir une vision de Vajrayoginī dans l'espace de six mois. Au bout de six mois, Saraha n'avait toujours pas eu sa vision. Il continua la pratique pendant douze ans en redoublant d'effort, mais il ne l'avait toujours pas vu, même en rêve. Il se désespéra et était sur le point de perdre la foi en les Buddha et d'abandonner la pratique quand la déesse lui est finalement apparue au milieu des montagnes.
"Dans un éclair, il eut une vision directe de la déesse avec la couleur, les bras etc. tels que décrits ci-dessous. Elle apparut au milieu de deux montagnes (S. parvatadvaya) ravissantes et sans pareil, appelées Manobhanga (Destruction du mental) et Cittaviśrama (Repos du Cœur). Les cinq sommets étaient de cinq couleurs différentes et parsemées de jardins, dans lesquels fleurissaient les fleurs nāgakesara dans des étangs pleins de couleurs."
Rappelons que le Siddha amnāya dit que Triśarana/le futur Śavaripa "se retira pour ses pratiques au Manobhaṅga et au Cittaviśrāma, et là, prenant l'aspect d'un Śavara (aborigène chasseur) , il s'installa en résidence."
La pratique de Vajrayoginī remonte selon le Siddha amnāya à Śavaripa. Les textes de la pratique de Vidyādharivajrayoginī dans le Tipitaka tibétain sont attribués à Śavaripa. Le cycle du non-engagement mental (Amanasikāra) d'Advayavajra lui aurait été inspiré par Śavaripa. La méthode pour accéder à la "Mahāmudrā" d'Advayavajra s'appuie canoniquement sur les distiques du fabriquant de flèches (le Dohākośagīti PKTG n° 3068) et lui avait été exposée par Śavaripa. Advayavajra rédigea son commentaire (PKTG n° 3120) selon cette méthode. Rappelons que Śavaripa aurait vécu avant Advayavajra et que ce dernier en a eu une vision.
Les habitants de cette région leur disaient « Śavaripa était un siddha d’antan, comment pourrait-on encore le trouver de nos jours ? »[1]
Mahāvarāhī |
"[Vajra-varāhī] n'est pas un animal des bois ni un petit de sanglier (S. varāhī) ;
C'est une belle des bois qui est là avec son visage de pleine luneLa confusion entre Saraha et Śavaripa est totale et les deux sont considérées très proches de Vajrayoginī. Les hagiographies les plus connues de Sahara sont aussi les plus tardives.
Grâce aux créations magiques (S. nirmāṇanirmitata) pour rendre service à celui qui en a besoin,
(Elle) se tient sur le rocher (en prenant la forme d'un) prince des Śavaras (Śavarādhirāja)."
- Siddha amnāya
La réalité intime (S. hṛdayārtha) à laquelle conduisent les instructions de Saraha/Śavaripa est appelée diversement Mahāmudrā, Sahaja ou encore la Grâce (S. adhiṣṭhāna) de la Dākinī (T. mkha' 'gro byin bsrlabs). Tous ces noms contiennent des références à la Yoginī. Tous les chercheurs de la Yoginī dans cette lignée l'ont d'abord cherchée à l'extérieur ("la chasse au Sanglier dans les montagnes") avant de la trouver à l'intérieur d'eux-même.
Un des noms de Śavaripa est "le Chasseur" ou "le Grand chasseur". En tibétain "rngon po" ou "rngon pa ba" et en sanscrite "lubdhaka" que Gérard Huet traduit ainsi :
chasseur | homme cupide; prédateur | myth. np. de Lubdhaka «(Śiva) Chasseur (de l'incestueux Prajāpati)»; syn. Mṛgavyādha | astr. l'étoile Sirius, le personnifiant au Ciel.
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