dimanche 12 septembre 2010

Envies de "Rimé" dans le catholicisme

Joseph Stephen O'Leary, prêtre et théologien irlandais, professeur en littérature anglaise à l'université Sophia de Tokyo, est l'auteur de l'essai La vérité chrétienne à l’âge du pluralisme religieux, Paris, 1994, et sur le point de sortir L'Art du jugement en théologie dans la collection « Cogitatio Fidei » des Editions du Cerf. Il tient aussi un blog Spirit of Vatican II, où il parle entre autres du bouddhisme et des rapports entre christianisme et bouddhisme.

Dans le livre à paraître, il relève cinq attitudes "pathologiques" et réactions identitaires qui empêchent une véritable ouverture et une envie d'apprentissage avec l'autre, notamment du bouddhisme dans son cas personnel. Est-ce que l'autre doit toujours rester autre ? Est-ce que son statut d'autre est définitif ?

Ci-dessous des extraits des cinq attitudes pathologiques, que l'on peut d'ailleurs retrouver dans toutes les religions, y compris dans le bouddhisme où le mouvement non-sectaire (T. ris med) devrait passer à une échelle plus large à mon avis.
A. En premier lieu, le fondamentalisme rend impossible le sain exercice du jugement théologique car il s’attache aux certitudes dérivées d’une lecture étroite des sources, dans la méconnaissance des contextes et de l’historicité, et dans l’incapacité de participer au processus dynamique du développement de la compréhension. Arrêt inopportun du mouvement de la pensée, il fétichise le texte ou le dogme qu’il choisit comme son « fondement », comme son fundamentum inconcussum. Le fondamentalisme est une attitude moderne – le type de certitude qu’il cherche est post-chrétien, et sa manière de braquer les textes qu’il adopte comme autorités est très moderne aussi.

B. Le sectarisme nuit au jugement théologique en se repliant sur des positions dénominationnelles aux dépens d’une vision qui mettrait l’accent sur ce que toutes les Églises ont en commun et sur l’avenir eschatologique les dépassant toutes vers lequel elles s’acheminent. Opposé au sectarisme, le dialogue accueille l’autre religieux ou non-religieux comme partenaire dont on attend un élargissement de la vision, et sans lequel on est conscient d’un manque, d’un appauvrissement pénible. Toujours prêt à apprendre humblement de l’autre religieux, le dialogue constitue l’élément même d’une saine pensée théologique, fondée sur la reconnaissance d’une révélation du divin à l’échelle de l’histoire humaine dans sa totalité, quelles que soient les prérogatives du judaïsme et du christianisme.

Tous les problèmes théologiques doivent être traités de manière transdénominationnelle. Si on se rend compte que ses références sont toutes aux autorités de sa propre dénomination, on doit admettre que ce n’est pas de la théologie qu’on fait – que la réflexion ne s’est pas encore élevée au niveau de la théologie.

C. Le scolasticisme se préoccupe des questions théoriques en passant à côté de la pensée et de l’expérience du monde contemporain et en n’offrant aucun point d’attache pour l’articulation de la théorie avec la praxis.

D. Le bureaucratisme – à distinguer d’une bureaucratie efficace et honorable – cherche à gérer les choses de la foi et veille sur elles en se laissant obséder par un besoin de contrôle et d’ordre au point de se couper de la foi vivante et donc de toute possibilité d’adresser une bonne nouvelle positive à l’humanité. Opposé au bureaucratisme, l’engagement dialectique rapporte chaque donnée de foi aux questions du monde qui obligent à la repenser. Il renonce à l’illusion que la capacité de réciter les propositions orthodoxes suffit pour assurer la possession du vrai. Ce qu’on appelle une parole vraie est un événement plus riche que la formulation d’une proposition vraie ; celle-ci n’est d’ailleurs pas pleinement vraie, pleinement articulée avec le réel, si elle ne sait pas s’incarner comme parole vraie.

E. L’obsession de l’orthodoxie, enfin, contient en soi les quatre déformations antérieures et leur donne leur forme maximale et exquise, en restaurant la culture inquisitoriale.
Vous pouvez lire l'article du blog en entier et dans son contexte en cliquant ici.


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