Ce furent les Kouchans[1] qui occupèrent alors une région qui s’étendait de Hindou Kouch jusqu’à Kaboul, le Gandhara, le Pakistan du nord et l’Inde du nord-ouest et qui contrôlèrent le trafic sur la route de la soie. Le roi kouchan/koutchéen Kanishka (env. 127 - 147) se serait converti au bouddhisme et « favorisa l’expansion du bouddhisme et l'essor de l'art gréco-bouddhique du Gandhara. »[2]
Il est impossible de comprendre l’expansion du bouddhisme si nous gardons nos repères géographiques et historiques natio-centriques ainsi que l’idée de religions bien définies. Hormis la période où le bouddhisme était né en Inde, « le bouddhisme authentique » n’était plus seulement confiné dans le Magadha. Le bouddhisme voyageait librement avec les caravanes sur la route de la soie et finit par s’établir dans tous les pays traversés par celle-ci. Les ācārya bouddhistes « authentiques » n’habitaient pas seulement au Magadha, si pour autant ils étaient domiciliés quelque part. Ils pouvaient être n’importe où en fonction des périodes, en déplacement, en mission, invités à telle ou telle cour. Les rois et les empereurs ne devaient pas toujours se contenter de quelconques moines délégués de moindre importance. Non, ils demandaient sans doute les plus grands, les virtuoses, qu’ils récompensaient richement.
Nous ne sommes pas naïfs, nous savons que les sūtras et autres traités attribués au Bouddha et à d’autres saints bouddhistes ont continué à être composés tout au long de l’histoire du bouddhisme. Ils étaient alors sans doute composés là où se trouvaient les meilleurs auteurs. Pas forcément au Magadha. Peut-être écrivaient-ils en sanskrit, mais pas nécessairement, car il y avait des traducteurs et des scribes partout sur la route de la soie. Comment localiser « le bouddhisme » ou « le bouddhisme authentique » dans ce cas ? Il est très possible qu’un sūtra ou traité authentique fut commencé dans un pays et terminé dans un autre à l’autre extrémité de la route de la soie, en fonction de la disponibilité de leur auteur ? Si son auteur était officiellement indien s’agirait-il alors d’un texte d’origine indien (AOC) ? Et si l’auteur était un kouchan (Lokakṣema, Kumārajīva), un bactrian, un sogdien, un parthe (An Shigao)… mais rattaché à un monastère au Magadha ? Et si un texte était d’abord composé en une des langues du périmètre bouddhiste, et seulement ensuite traduit en sanskrit ? Il est quasiment impossible de déterminer l’authenticité d’un texte, ne serait-ce que parce qu’on ne sait même pas sur quelles critères celle-ci devait être basée.
Il semblerait que les traducteurs sogdiens qui travaillaient à la cour des Tang (618-907) ne furent pas d’ethncité ouïghoure mais iranienne.[3] Le sogdien étant une langue moyenne iranienne dont l’alphabet était dérivé de l'alphabet araméen-syriaque. Il semblerait que Bodhidharma serait originaire de (Kānchīpuram au sud de l'Inde ou de Perse...). Ou prenez Kumārajīva (IVème siècle), un koutchéen « polyglotte et érudit, versé dans la littérature védique, le canon pali (tipitaka) et les textes mahāyāna ». Le Bön pourrait venir de Perse. Il y avait des manichéens au Tibet, ou des alchimistes musulmans. L’influence centrasiatique sur la pensée bouddhiste a sans doute été plus importante que l’on croit ou que les diverses Histoire du bouddhisme (T. chos byung) veulent nous faire croire. Le Bouddha fut indien, mais est-ce que le bouddhisme l’était ?
Il est impossible de comprendre l’expansion du bouddhisme si nous gardons nos repères géographiques et historiques natio-centriques ainsi que l’idée de religions bien définies. Hormis la période où le bouddhisme était né en Inde, « le bouddhisme authentique » n’était plus seulement confiné dans le Magadha. Le bouddhisme voyageait librement avec les caravanes sur la route de la soie et finit par s’établir dans tous les pays traversés par celle-ci. Les ācārya bouddhistes « authentiques » n’habitaient pas seulement au Magadha, si pour autant ils étaient domiciliés quelque part. Ils pouvaient être n’importe où en fonction des périodes, en déplacement, en mission, invités à telle ou telle cour. Les rois et les empereurs ne devaient pas toujours se contenter de quelconques moines délégués de moindre importance. Non, ils demandaient sans doute les plus grands, les virtuoses, qu’ils récompensaient richement.
Nous ne sommes pas naïfs, nous savons que les sūtras et autres traités attribués au Bouddha et à d’autres saints bouddhistes ont continué à être composés tout au long de l’histoire du bouddhisme. Ils étaient alors sans doute composés là où se trouvaient les meilleurs auteurs. Pas forcément au Magadha. Peut-être écrivaient-ils en sanskrit, mais pas nécessairement, car il y avait des traducteurs et des scribes partout sur la route de la soie. Comment localiser « le bouddhisme » ou « le bouddhisme authentique » dans ce cas ? Il est très possible qu’un sūtra ou traité authentique fut commencé dans un pays et terminé dans un autre à l’autre extrémité de la route de la soie, en fonction de la disponibilité de leur auteur ? Si son auteur était officiellement indien s’agirait-il alors d’un texte d’origine indien (AOC) ? Et si l’auteur était un kouchan (Lokakṣema, Kumārajīva), un bactrian, un sogdien, un parthe (An Shigao)… mais rattaché à un monastère au Magadha ? Et si un texte était d’abord composé en une des langues du périmètre bouddhiste, et seulement ensuite traduit en sanskrit ? Il est quasiment impossible de déterminer l’authenticité d’un texte, ne serait-ce que parce qu’on ne sait même pas sur quelles critères celle-ci devait être basée.
Il semblerait que les traducteurs sogdiens qui travaillaient à la cour des Tang (618-907) ne furent pas d’ethncité ouïghoure mais iranienne.[3] Le sogdien étant une langue moyenne iranienne dont l’alphabet était dérivé de l'alphabet araméen-syriaque. Il semblerait que Bodhidharma serait originaire de (Kānchīpuram au sud de l'Inde ou de Perse...). Ou prenez Kumārajīva (IVème siècle), un koutchéen « polyglotte et érudit, versé dans la littérature védique, le canon pali (tipitaka) et les textes mahāyāna ». Le Bön pourrait venir de Perse. Il y avait des manichéens au Tibet, ou des alchimistes musulmans. L’influence centrasiatique sur la pensée bouddhiste a sans doute été plus importante que l’on croit ou que les diverses Histoire du bouddhisme (T. chos byung) veulent nous faire croire. Le Bouddha fut indien, mais est-ce que le bouddhisme l’était ?
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Encore un exemple de l'internationale bouddhiste, le traducteur des 84 vies des mahāsiddhas d'Abhayadatta en tibétain fut tsa mi lo tsA ba smon grub shes rab, aussi connu comme mi nyag tsa mi lo tsA ba smon grub shes rab ou tsa mi lo tsA ba sangs rgyas grags, un tangoute qui fut abbé à Vajrāsana (Bodhgaya) et à Nālandā en Inde. [1] Une tribu des Yuezhi, un peuple de l’actuel Xinjiang en Chine, possiblement apparenté aux Tokhariens. Wikipédia
[2] Wikipédia
[3] Sogdian Translators in Tang China: An Issue of Loyalty. Rachel LUNG
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