dimanche 26 septembre 2021

Après le Bouddha, la coproduction conditionnée comme refuge



Qui voit la coproduction conditionnée, voit le Dhamma ; qui voit le Dhamma, voit la coproduction conditionnée[1].”

Extrait du Vajracchedikā ("soutra du diamant") :
Celui qui me voit comme une matière visible,
Celui qui me perçoit dans les phonèmes
S’est engagé incorrectement dans le renoncement
Cette personne ne me voit pas
Les guides sont le corps des dharma (skt. dharmakāya)
Considérez le Bouddha comme la nature des dharma (skt. dharmatā)
[2]
Extrait du Ratnakūṭa :
Ne considère pas le buddha comme de la matière visible
Ne le conçois ni par nom, ni par famille ni par lignage
Ne l’explique pas en phonèmes
Ne le distingue pas en conscience, perception, ou mental
Ce qu’est la nature des phénomènes, cela même est le bienheureux
.”[3]
Pour Nāgārjuna, le Bouddha est :
Le meilleur des instructeurs, qui a enseigné la coproduction conditionnée, sans rien qui cesse ou se produise, sans rien qui soit anéanti ou qui soit éternel, sans unité ni diversité, sans arrivée ni départ. (Stances dédicatoires du Madhyamaka-kārikā).
Extrait du Mahāparinibbāṇa Sutta
" En conséquence, Ananda, vous devrez vivre comme une île pour vous-mêmes, être votre propre refuge – que nul autre ne soit votre refuge ; avec le Dhamma comme une île, avec le Dhamma comme refuge et nul autre refuge. Comment un moine vit-il comme une île pour lui-même … avec nul autre refuge ? Là, Ananda, un moine contemple le corps en tant que corps, sérieusement, clairement conscient, attentif, ayant éloigné tout attachement et inquiétude par rapport au monde. Et puis il fait de même pour les sensations, l’esprit et les objets de l’esprit. Voilà, Ananda, comment un moine vit comme une île pour lui-même … avec nul autre refuge. Et ceux qui, maintenant de mon vivant ou plus tard, vivront ainsi s’élèveront au plus haut s’ils sont désireux d’apprendre.[4] "
La grande tristesse des auditeurs à la mort du Bouddha s’explique par la disparition définitive de leur instructeur humain. Sinon, pourquoi désespérer ? Celui-ci les console en précisant qu’ils n’ont pas besoin de lui, et les réfère à eux-mêmes comme leur propre refuge et au dhamma comme refuge, autrement dit, leur propre adhésion au dhamma est le refuge. Le dhamma étant la coproduction conditionnée, et le Bouddha “le meilleur des instructeurs”, qui l’avait enseignée.

***

[1] Louis Gabaude, p. 221. La première citation vient du Majjhima-Nikāya, I, 191 et la deuxième du Saṃyutta-Nikāya, III, 120.

[2] Gang gis nga la gzugs su mthong*//
Gang gis nga la sgrar shes pa//
Log par spong bar zhugs pas te//
Skye bo de yis nga mi mthong*//
‘dren pa rnams ni chos kyi sku//
Chos nyid du ni sangs rgyas blta//

[3] Sangs rgyas gzugs su mi blta mtshan dang ni//
Rigs dang ‘rgyud du mi brtag sgra dang ni//
‘chad par ‘gyur ba ma yin sems dang ni//
Rnam shes yid kyis rab tu phye ma yin//
Chos nyid gang yin de ni bcom ldan ‘das//

[4] Traduction française de Jeanne Schut.

 Traduction anglaise de Bhikkhu Sujato.

"So Ānanda, be your own island, your own refuge, with no other refuge. Let the teaching be your island and your refuge, with no other refuge. And how does a mendicant do this? It’s when a mendicant meditates by observing an aspect of the body—keen, aware, and mindful, rid of desire and aversion for the world. They meditate observing an aspect of feelings … mind … principles—keen, aware, and mindful, rid of desire and aversion for the world. That’s how a mendicant is their own island, their own refuge, with no other refuge. That’s how the teaching is their island and their refuge, with no other refuge.

Whether now or after I have passed, any who shall live as their own island, their own refuge, with no other refuge; with the teaching (dhamma) as their island and their refuge, with no other refuge—those mendicants of mine who want to train shall be among the best of the best."

En Pāli :

Tasmātihānanda, attadīpā viharatha attasaraṇā anaññasaraṇā, dhammadīpā dhammasaraṇā anaññasaraṇā. Kathañcānanda, bhikkhu attadīpo viharati attasaraṇo anaññasaraṇo, dhammadīpo dhammasaraṇo anaññasaraṇo? Idhānanda, bhikkhu kāye kāyānupassī viharati atāpī sampajāno satimā, vineyya loke abhijjhādomanassaṁ. Vedanāsu …pe… citte …pe… dhammesu dhammānupassī viharati ātāpī sampajāno satimā, vineyya loke abhijjhādomanassaṁ. Evaṁ kho, ānanda, bhikkhu attadīpo viharati attasaraṇo anaññasaraṇo, dhammadīpo dhammasaraṇo anaññasaraṇo.

Ye hi keci, ānanda, etarahi vā mama vā accayena attadīpā viharissanti attasaraṇā anaññasaraṇā, dhammadīpā dhammasaraṇā anaññasaraṇā, tamatagge me te, ānanda, bhikkhū bhavissanti ye keci sikkhākāmā”ti.

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