jeudi 6 octobre 2022

Engagement total

Un suzerain, un vassal et un scribe

Suite aux scandales de l’été 2017 concernant Sogyal Lakar et son organisation Rigpa, et pendant la campagne de “nettoyage” menée par des hiérarques Nyingmapa tels que Dzongsar Khyentsé, Orgyan Tobgyal, Khenchen Namdrol, etc. le mot “samaya” (dam tshig), qui signifie "engagement sacré" tombait souvent. Quelque soit son sens dans le passé, ce terme fait désormais partie de la clause de responsabilité du Vajrayāna. Celle-ci, répétée comme un mantra, expliquerait que puisqu’il y a beaucoup de charlatans parmi les lamas (à qui la faute ?), il conviendrait de longuement examiner un “maître” avant de s’engager avec lui. Car une fois l’engagement (samaya) pris, on ne pourrait plus revenir en arrière. Le samaya n’est pas un engagement ordinaire, et a des parallèles (des origines ?) féodaux (voir ci-dessous). C’est une relation dans laquelle on peut entrer, mais dont on ne pourrait pas sortir, ou que "par le haut". Et même “réalisé” ou “accompli” on n'est pas à l'abri d'un incident. 
Même lorsqu'un disciple a atteint l'Accomplissement et qu'il rayonne de la plus parfaite gnose (samyag-jñāna), il salue respectueusement son guru accompli afin d'éviter l'enfer d'Avici.” Hevajra Tantra[1]
Pourquoi tous ces avertissements, et cette force de dissuasion, pourrait-on se demander ? Ce n'est donc pas par reconnaissance, respect ou amour que l'on salue son guru, mais pour éviter l'enfer d'Avici... Ce respect lui serait dû, quoi qu'il arrive, cela lui serait acquis.

C’est dans la collection des traités (bstan gyur), et dans la section des commentaires des tantras (rgyud 'grel, p.e. vol. 50 snar thang) que l’on trouve une petite série sur les offenses du vajrayāna qui régissent le lien (samaya) entre un maître et son disciples, de façon sommaire. Comme il s’agit de “traités” (śastra), ce ne sont pas des Paroles de Bouddha (buddhavacana), et leurs auteurs étaient donc officiellement humains. On y trouve des pseudépigraphes avec des grands noms (Nāgārjuna, Aśvaghoṣa), Ratnākaraśānti, son disciple Abhayākaragupta (mort en 1125), mais aussi des textes anonymes. Les offenses (apatti, ltung ba) énumérées dans ces textes sont assez différentes, et certaines se répètent. C’est à partir de lensemble des quatorze offenses principales du vajrayāna (Vajrayānamūlāpattisaṅgraha, rdo rje theg pa rtsa ba'i ltung ba bsdus pa) attribué à Aśvaghoṣa, que l’on trouve la version encore utilisée de nos jours. On peut y voir comme certaines offenses sont des évolutions d’offenses antérieures plus concises et plus énigmatiquement formulées. Notamment par rapport aux offenses principales[2] (Vajrayāna-sthūlāpatti, rDo rje theg pa'i spom po'i ltung ba) attribués à Nāgārjuna, qui ne mentionnent ni guru, ni co-initiés, ni la relation au guru. Les deux premières observances dans ce texte focalisent sur l’extraction de l’essence de la Prajñā et des substances secrètes (samayadravya). C’est surtout lorsque ces pratiques sont intégrées dans un cadre plus institutionnel, que les offenses évoluent et se soucient davantage du caractère secret de l’ensemble. D’où le mantrayāna secret.

Un maṇḍala est une la représentation de l’uni-vers, tourné vers le centre, où réside la divinité, le (Loka)Puruṣa et sa Puissance (śaktī). Une représentation “pure” (śudda), c’est-à-dire symbolique, uniquement accessible pour les initiés, qui ne sont plus des “enfants”. C’est en même temps un cercle fermé, dont celui qu’on appelle le guru gère l’accès. Dans le rituel (consécration) qui donne accès au cercle, le guru représente la divinité Père-Mère, dont il est indifférencié. Le rituel met concrètement en scène l’entrée dans le maṇḍala de l’initié, cette entrée est comme une nouvelle naissance, ou plutôt comme la naissance réelle car dans la lumière, sans nescience. La vie de l’initié ne sera plus jamais comme avant, s'il respecte son engagement total...

Le cercle est protégé par un code et un règlement, que respectent tous ceux qui y ont été admis. Ce règlement (samaya) est plus fort que tout autre règlement, y compris la discipline des premiers bouddhistes, les auditeurs (śrāvaka). Les versions les plus anciennes interdisent aux initiés (samayin, dam tshig can) de résider plus de sept jours dans les monastères suivant la règle des auditeurs. Est-ce pour éviter une rechute du moine samayin dans la voie inférieure, ou pour que celui-ci ne trahisse pas son appartenance au cercle secret ? Cette offense que l’on retrouve dans les Offenses principales du Vajrayāna attribués à Nāgārjuna, ou dans les Engagements supplémentaires anonymes (yan lag gi dam tshig ces bya ba, Aṅga-samaya-nāma), n’a pas été retenue dans la version d’Abhayākaragupta.

C’est un peu ironique que des vajrayānistes très à cheval sur l’observance de la Parole de Bouddha aient pu ainsi déconsidérer les Paroles du Bouddha des auditeurs. L’interdit de ne pas résider plus d’une semaine parmi des auditeurs a sans doute disparu, quand la voie des siddha et des vidyādhara avait été intégrée et systématisée, et que les adeptes du vajrayāna avaient leurs propres vihāra, et pouvaient imposer leurs propres conditions.

Non seulement Aśvaghoṣa l’ésotérique serait l’auteur de la version des 14 offenses principales encore suivies de nos jours, mais il serait aussi l’auteur d’un petit manuel qui expose l’étiquette dans la relation maître-disciple, très souvent cité pour définir l’obligation du disciple de servir son maître. Il s’agit des “Cinquante stances du service au Maître" (skt. Gurupañcaśika tib. bla ma lnga bcu pa). On pourrait donc considérer ces deux textes attribués à Aśvaghoṣa comme le Code du Vajrayāna, tel qu’il est encore considéré de nos jours comme LA référence. Dans ce texte, Aśvaghoṣa considère Vajradhara, un Bouddha primordial, comme la source des injonctions et des offenses du vajrayāna. Comme le nom l’indique, un “Bouddha primordial” est un “Archi-bouddha” qui fait de Śākyamuni un simple missionnaire.

La métaphore du maṇḍala est une métaphore impériale (sāmantamaṇḍala, cercle des feudataires). Au centre du maṇḍala trône la divinité principale, le rājādhirāja (suzerain), dont tout émane, y compris le maṇḍala.
La synthèse ésotérique mature qui surgit alors [à partir du VIIe siècle] était emblématique de la nouvelle formulation : elle insistait sur un lien immuable maître-disciple, recourait à des actes royaux de consécration et utilisait des maṇḍalas élaborés dans lesquels le méditant devait s'imaginer comme le Bouddha dans un champ de Bouddhas subordonnés. Les partisans du Système ont composé une nouvelle classe d'écritures qui enseignaient la transmission et la récitation de mantras secrets. S'appelant eux-mêmes "possesseurs de mantras ou de sceptres" (mantrin /vajrin), ils ont développé des rituels (en particulier le sacrifice du feu) dans le but de réaliser une série codifiée d'actes sotériologiques et non sotériologiques et ont finalement institutionnalisé ce matériel dans des monastères bouddhistes où les textes étaient copiés, l'art produit et les rituels exécutés. A cet égard, l'auto-description du bouddhisme ésotérique mature comme la voie des mantras secrets (guhyamantrayāna) est analogue à l'auto-description du Mahāyāna comme la voie du bodhisattva (bodhisattvayāna)[3].” [traduction automatique DeepL]
Un sāmanta est un vassal, qui tient son fief du rājādhirāja (suzerain), et qui est lié à lui par un lien féodal (samaya). Dans son livre Indian Esoteric Buddhism, a social history of the tantric movement, Ronald M. Davidson compare la terminologie d’une consécration (abhiṣeka) et du couronnement royal, et les ressemblances sont frappantes.

Ce bouddhisme ésotérique se pose comme une institution, une “Lignée” fermée aux non-initiés, dont le guru est le représentant, le détenteur, le gestionnaire et l’autorité la plus haute. Les 14 offenses principales servent de Code, auquel le guru est soumis également. Le rapport et le service au guru sont définis dans les Cinquante stances du service au Maître, également attribué à Aśvaghoṣa. Ici les 14 offenses selon Aśvaghoṣa. Je les retraduis pour mieux faire ressortir ce que je vais expliquer par la suite. Il s'agit pour la plupart d'interdits.
1. Dédaigner le maître, 2. Transgresser les injonctions (tib. bka’) des sugata[4], 3. Divulguer les fautes des co-initiés (samayin), 4. Ne pas être bienveillant envers les êtres, 5. Abandonner la pensée éveillée (bodhicitta), 6. Mépriser les religions, ses propres croyances (siddhanta) et celles des autres, 7. Divulguer des éléments ésotériques à ceux qui n’y sont pas préparés, 8. Mépriser les expériences psychosomatiques (skandha) qui sont en essence les cinq Jina [donc “pures” (śuddha)], 9. Avoir des doutes sur la nature pure (śuddha) des dharma [objets mentaux] 10. Toujours avoir des intentions bienveillantes envers les méchants (duṣṭa), 11. Analyser les dharma [objets mentaux] “ils ne sont pas rien (tib. chad pa) etc.”, 12. Décourager les croyants 13. Ne pas suivre les engagements (samaya), que l’on a reçus, 14. Mépriser les femmes, qui sont en essence la Prajñā[5].
On note que les offenses sont parfois positivement définies comme des offenses, ou négativement comme des injonctions. Ce sont les conditions d’accès au maṇḍala, la “vision pure” (tib. dag snang), ou monde symbolique (śuddha). La vision ordinaire (8, 9 et 11) est abandonnée. Le maître (1) est le Bouddha primordiale/la divinité, au centre de cette “vision pure”. Pour le maintien de cette “vision pure”, il faut suivre les injonctions du vajrayāna (2, 13), ne pas voir/dénoncer les fautes des co-initiés (3), car ce serait retomber dans une vision ordinaire. Ce n’est peut-être pas toujours évident, mais la “vision pure” est au service des êtres (4, 5, et 10). Comme la “vision pure” symbolique est religieuse, il ne faut pas dénigrer les pratiques symboliques des autres religions, qui sont de même nature (6), ne pas instiller des doutes en ceux qui ont foi en des méthodes religieuses (āstika) (12), et donc uniquement enseigner les méthodes du vajrayāna à ceux qui sont susceptibles de les accepter (7), notamment par rapport à l’extraction de l’essence de la Prajñā (1ère injonction du Vajrayāna-sthūlāpatti attribué à Nāgārjuna), qui est la substance secrète de la femme (14).

Pour une explication (et compréhension) contemporaine de ces quatorze offenses, voir larticle de la revue Tendrel surles voeux du vajrayāna, basé sur un enseignement de Beru Khyentsé Rinpoché. Ici, je vais regarder de plus près l’interprétation de l’offense n° 10 [Ne pas] Toujours avoir des intentions bienveillantes envers les méchants (duṣṭa). Voici l’explication de Beru Khyentsé Rinpoché.
Ne pas manifester d’amour envers les êtres nuisibles[6].

Ce samaya est brisé si l’on hésite à utiliser des moyens coercitifs dans le but de discipliner les êtres. De nombreuses personnes sont parfaitement capables de comprendre les enseignements, de les suivre, de discipliner leurs émotions conflictuelles à travers l’utilisation des moyens paisibles communs à la plupart des maîtres. Cependant, dans des cas exceptionnels, afin de pouvoir briser chez certains êtres des tendances récurrentes à des comportements particulièrement négatifs, il est nécessaire de brusquer ceux-ci quelque peu ! Ainsi, l’emploi de tels moyens est non seulement justifié, mais ne pas les utiliser alors que l’on est capable de le faire va à l’encontre du samaya. Comprenons bien ce que cela signifie : le comportement de ces êtres particuliérement rebelles, obtus, à l’esprit opaque, risque de les envoyer directement dans les états d’existence inférieurs, voire infernaux ; par compassion pour eux, il est donc parfois nécessaire de manifester une apparence qui présente toutes les caractéristiques de la colére, voire même un aspect qui les terrorise de maniére à les dominer et les ayant ainsi subjugués leur permettre de transformer leurs tendances profondes. C’est la raison pour laquelle il existe des aspects dits courroucés, comme Mahakala par exemple.”
Par l’amour pour les êtres (4), et dans le cadre du projet de les sauver (5), y compris et surtout d’eux-mêmes, il ne faut pas hésiter à utiliser des moyens coercitifs (10). Notamment envers ceux qui, ayant été initiés, semblent revenir sur leur décision, dans leurs actes, paroles et pensées… Par amour pour eux, et afin de les sauver des souffrances atroces qui les attendent dans les enfers (Avīci, enfer vajra - vajranaraka, etc.), il faut essayer de les faire revenir sur leur décision, les forcer, et en dernier recours les “libérer” (tib. sgrol ba), en expédiant leur principe conscient dans une Terre pure. C’est à cela que servent les “Protecteurs de Dharma” (dharmapāla), comme Māhakāla. Il vaut donc mieux garder ses engagements et si on les endommage, les purifier et revenir au plus vite dans le cercle de la vision pure.
Sinon, si vous ne tenez pas vos engagements,
Déchu, vous serez saisi par les démons,
Et vous subirez des tourments,
Chutant la tête en premier dans les enfers
.[7]

Subjuguez donc votre orgueil,
Et comprenez que vous êtes dans l’erreur.
Avec tout ce que vous possédez,
Faites des offrandes au guru en présence du Muni
.[8]
Ce n’est donc par pur amour (4), et afin de vous sauver de vous-mêmes et de votre erreur (5), que vos co-initiés, tentent de vous ramener à la raison, s’il faut par des moyens coercitifs, avant que Māhakāla ne doit être appelé à la rescousse.

Le samaya est un peu comme un contrat de mariage, tant que les choses vont bien, on sait à peine qu’il existe, et c’est surtout au moment du divorce qu’on le ressort. Si le vajrayāna se veut une transmission ininterrompue, force est de constater, même à partir d’une exploration rapide, que la nature et le contenu du “contrat”, ficelé à partir de bribes de vers au départ, a bien changé et a évolué dans un sens de plus en plus contraignant et menaçant. Pourquoi tant de violence si le guru et son maṇḍala son bienveillant et altruiste ? Parce qu’il s’agit de la défense sans merci d’une institution prête à briser des âmes, qu’elle imagine expédiées dans une Terre pure.
 
***

MàJ16102022 Pour comparer, un article sur les samaya dans la tradition Kaula (David Dubois)

[1]Even when a disciple has attained the Accomplishment and is resplendent with complete knowledge, he respectfully greets his perfected guru in order to avoid the Avici hell.”
siddhilabdho 'pi yah sisyah samyagjnanavabhasakah/ abhivandayati gururp siddho 'vicyatyajyahetuna//
(22), The Concealed Essence of the Hevajra Tantra, GW Farrow & I.Menon, p. 67-68

[2] 1. Extraire l’essence de la Prajñā et extraire l’essence du nectar des substances secrètes (samaya)
3. Ne pas divulguer aux [individus] non-qualifiés
4. [Ne pas] se disputer en publique / ne pas se disputer pendant les banquets (gaṇacakra)
5. [Ne pas] enseigner les doctrines d’autres aux adeptes
6. [Ne pas] rester [plus de] sept jours chez les Auditeurs
7. [Ne pas] Se vanter à tort d’être un yogi [accompli]
8. [Ne pas] Enseigner le Dharma à ceux qui sont sans foi

shes rab stobs kyis len pa dang*/ dam yi bdud rtsi stobs kyis len/ snod min la ni mi gsang dang*/ tshogs kyi nang du brtsod pa dang*/ dad ldan la gzhan chos ston dang*/ nyan thos nang du zhag bdun gnas/ brdzun gyis rnal ‘byor nga rgyal byed// dad pa med la chos ston pa// ‘di rnams sbom po’i ltung ba brgyad//

[3] « The mature esoteric synthesis that arose then [from the seventh century] was emblematic of the new formulation: it insisted on an immutable master-disciple bond, employed royal acts of consecration, and used elaborate maṇḍalas in which the meditator was to envision himself as the Buddha in a field of subordinate Buddhas. Proponents of the System composed a new class of scriptures that taught the transmission and recitation of secret mantras. Calling themselves “possessors of mantras or scepters” (mantrin /vajrin), they developed rituals (particularly fire sacrifice) for the purpose of a codified series of soteriological and nonsoteriological acts and ultimately institutionalized this material in Buddhist monasteries where texts were copied, art produced, and rituals performed. In this regard, the self-description of mature esoteric Buddhism as the way of secret mantras (guhyamantrayāna) is analogous to the Mahāyāna’s self-description as the way of the bodhisattva (bodhisattvayāna). » p. 117.

[4] Contrairement aux tathāgata, “ceux qui sont passé à l’ainsité”, les sugata sont “ceux qui sont passés à la félicité (su(kha))”, ce sont les "tathāgata" du vajrayāna pour ainsi dire, et leurs injonctions sont celles du vajrayāna.

[5] rtsa ba'i ltung ba bcu bzhi ni// rgyud las gsungs pa bshad par bya// gang phyir rdo rje 'dzin pa yis// dngos grub slob dpon rjes 'brang gsungs// de bas de la brnyas pa ni// rtsa ba'i ltung ba dang por bshad// bde gshegs bka' las 'das pa ni// ltung ba gnyis pa yin par gsungs// khros pas rdo rje spun gyi ni// nyes pa brjod pa gsum pa yin|_/sems can rnams la byams pa spong*// bzhi pa yin par rgyal bas gsungs// chos kyi rtsa ba byang chub sems// de spong ba ni lnga pa yin// rang ngam gzhan gyi grub pa'i mtha'// chos la smod pa drug pa yin// yongs su ma smin sems can la// gsang ba sgrogs pa bdun pa yin// phung po sangs rgyas lnga bdag nyid// smod par byed pa brgyad pa yin// rang bzhin dag pa'i chos rnams la// som nyi za ba dgu pa yin// gdug la rtag tu byams ldan pa// byed pa de ni bcu par 'dod// chad sogs ma yin chos rnams la// brtags pa las ni bcu gcig pa// sems can dad dang ldan pa yi// sems sun 'byin pa bcu gnyis pa// dam tshig ji bzhin rnyed pa dag_/mi bsten pa de bcu gsum pa// shes rab rang bzhin bud med la// smod par byed pa bcu bzhi pa/

[6] gdug la rtag tu byams ldan pa// byed pa de ni bcu par 'dod

[7]Otherwise, should you fail to keep your commitments
You will be caught by the demon of downfall,
And will thus experience suffering,
Brought down, you will descend to the hells
.” Aśvaghoṣa

gzhan du dam tshig las nyams na//
nyams pas bdud kyis gzung 'gyur te//
de nas sdug bsngal myong 'gyur zhing*//
thur du bltas te dmyal bar 'gro//

[8] Subjugate pride, therefore,
And know yourself to be unconfused.
With whatever you can afford,
Make offerings to the guru in the Sage's presence
. Aśvaghoṣa

de bas nga rgyal bcom nas ni//
rang gi 'khrul pa shes byas la//
ci 'byor pa yis bla ma la//
thub pa'i spyan sngar mchod byas nas//

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