dimanche 21 octobre 2012

Les portraits de Milarepa



Depuis Walter Yeeling Evans-Wentz (1878-1965), proche de la théosophie, le plus célèbre yogi tibétain en occident est sans doute Milarepa (1040-1123). Ce que nous savons actuellement de Milarepa, provient principalement de hagiographies écrites après sa mort. Ce sont également les sources les plus consultées par ceux qui ont écrit et écrivent sur Milarepa. Francis V. Tiso, auteur de Liberation in One Lifetime, a observé une différence d’approche entre les hagiographies proches de Gampopa et celles proches de Rechungpa, en matière des miracles survenus à la mort de Milarepa. Tiso pense que l’hagiographie dans la transmission orale de Rechungpa (T. ras chung snyan brgyud) est probalement une « version ancienne » et que l’on trouve les mêmes éléments surnaturels dans la version de Gyelthangpa (T. rgyal thang pa), disciple de Gueutsangpa Gonpo Dordjé (1189 -1258). Les éléments surnaturels ont pour but de montrer le degré de réussite des siddhi, et donc le statut de (mahā)siddha du saint tantrique et l’affiliation au monde surnaturel. La source des siddhi, sont les êtres surnaturels : dieux, démons, ḍākinī, siddha… Au Tibet, si un saint meurt, sans que ces signes ne se produisent, son statut de saint tantrique peut être mis en doute. Cela s’est produit par exemple pour Maitrīpa et certains de ses disciples.

Tiso se demande pourquoi dans le milieu de Gampopa, « on ignore presque complètement ces événéments », et ajoute que cela ne peut être que partiellement dû à l’absence de Gampopa pendant les derniers jours de Milarepa.[1] Je ne suis pas certain que l’on puisse conclure a priori que les hagiographies « gampopistes » « ignorent » ces événéments, et s’aligner sur le discours des hagiographies « rechungpistes ». Ni faut-il tirer des conclusions trop hâtives quant à l’absence de Gampopa. Certes, l’absence de Gampopa « est attestée » dans les hagiographies rechungpistes, qui ne manquent pas de souligner que Gampopa n’avait connu Milarepa que vers la fin de la vie de ce dernier, qu’il n’était pas là pour recueillir les dernières recommandations et son testament, et qu’il n’avait pas assisté à ses funérailles. Mais il faudrait alors rester prudent et préciser que l’on suit le discours rechungpiste.

Il est incontestable qu’il y a une différence de ton entre les matériaux de Milarepa que l’on trouve chez Gampopa (en se basant sur la citation de ses propos, le compte-rendu des discussions…). En comparaison avec les hagiographies rechungpistes, les éléments surnaturels, notamment les miracles, font défaut.

Quelle est l’attitude du Milarepa de Gampopa par rapport aux miracles dont Milarepa avait pu faire l’objet ?
« Rinpoché (Gampopa) avait demandé au lama ce qu’il faisait alors au moment [où des événéments miraculeux s’étaient produits]. « Je ne faisais rien du tout ! On raconte que des hommes avaient vu [Atiśa] Dīpaṃkara [Śrījñāna] tourner autour de la pointe de la tour centrale (dbu rtse) sur le toit du monastère de Samyé. Mais il dit qu’il n’avait rien fait de tel. Même sans ne rien faire, à cause de certaines coïncidences, il arrive que l’on apparaisse d’une certaine façon aux autres (T. gzhan snang). Les deux corps formels aussi apparaissent de cette façon aux autres. Sans que rien ne soit fait. »
D’un côté, nous avons un Milarepa post-éveil qui ne fait quasi rien du tout (T. byar med), et de l’autre un Milarepa très actif qui est mis à toutes les sauces : il fait des miracles, il participe à des concours de magie, il pratique la karmamudrā avec une déesse, il se fait inviter chez ses bienfaiteurs et bienfaitrices, il fait des jeux de mots douteux sur des maîtres Bön, il reçoit des offrandes des villageois, portant ainsi préjudice aux revenus du monastère local, et il est entouré de nombreux disciples dans la solitude des montagnes. A en croire les hagiographies rechungpistes tardives, les petits villages ont dû avoir du mal à nourrir tout ce monde. A moins que le portrait de Milarepa en véritable chef de lignée ne soit anachronique et dépeint plutôt ses successeurs ultérieurs gestionnaires... Si on ne ressemble pas à son héros, on peut toujours faire en sorte que celui-ci finit par vous ressembler. Néron se faisant représenter en Apollon.

Il existe de nombreuses représentations de Milarepa avec une iconographie diverse. Elles peuvent représenter différentes phases de la vie de Milarepa, tirées de ses hagiographies.


Ainsi, nous avons le Milarepa ascétique, maigre et dont le corps a pris la couleur des orties qui sont une source d’alimentation dominante. C’est le Milarepa pratiquant, avant son éveil complet.


Il y a le Milarepa yogui, qui pratique la voie des expédients (T. thabs lam), celle des Six yogas de Naropa. On le reconnaît à sa ceinture de méditation. 


Il y a le Milarepa de la transmission orale (T. snyan brgyud) des Instructions de la ḍākinī. C’est le Milarepa emblématique des rechungpistes. Pour être exact, ce n’est pas une transmission orale mais « auditive » ou « aural » comme disent les anglophones. C’est plus juste. Ces détails peuvent avoir leur importance. Car dans le tantrisme, la transmission ne passe pas forcément de bouche à oreille, mais aussi de « bouche à bouche », l’une et l’autre étant des « bouches » différentes de notre anatomie (voir White, Kiss of the Yogini). Le geste caractéristique de la « transmission aurale » est celui où Milarepa porte sa main à l’oreille, comme pour recevoir les instructions de la ḍākinī. Simultanément, il a la bouche ouverte, comme pour montrer qu’il est en train de faire ses chants, directement inspirés par les ḍākinī.

Ce geste recouvrira aussi la conception en trois lignées de transmission « aurale » : Gampopa, Rechungpa et Ngamdzong (Bodhirāja), récupérée par Tsangnyeun (1452–1507) dans sa transmission orale de la ḍākinī de Cakrasaṁvara (T. bde mchog snyan brgyud). Quand Milarepa est représenté avec Tseringma, c’est celui de la transmission orale de Ngamdzong/Ngendzong, qui contient les instructions de karmamudrā


Il y a le Milarépa, chef des répas, qui irait bien avec l’haghiographie intitulée « Les douze grands fils ». Chef des yogis (yogeśvara), on le voit tenir souvent une calotte crânienne remplie de nectar. 


Il y a Milarepa le maître, l’enseignant, parfoir représenté comme un mahāsiddha, un peu comme Dampa, avec un regard « allumé »… et entouré de mahāsiddhas


Il y a le Milarepa âgé, aux cheveux blancs, mais bien ancré dans la transmission aurale de Rechungpa. Le volume de texte posé devant lui pourrait bien figurer les textes ramenés de l’Inde par Rechungpa. 


Mais il y a aussi ce Milarepa simple et tranquille, auquel je suis personnellement attaché. Il semblerait que cette pose s’appelle « le repos dans la nature de l’esprit » (T. sems nyid ngal gso) et qu’elle est celle d’un aspect de Lokeśvara (T. spyan ras gzigs) du même nom (source : Jeff Watt). Andrew Quintman, spécialiste de Milarepa, rappelle qu’il existerait parmi les trésors de Rumtek, siège du 16ème Karmapa, une petite statuette en corne de rhinocéros qui aurait été faite par le 10ème Karmapa (1604–1674) et qui représente Milarepa dans cette pose. Selon Quintman, on trouverait ce type de représentation surtout au Tibet oriental/Chine.


Il existe encore un thangka peint par Chogyour Déchen Lingpa[2] (1829-1870), un terteun nyingmapa du Kham, où l’on voit Milarepa dans la pose du repos dans la nature de l’esprit.

Je n’ai aucune idée quant à l’âge de ces différentes représentations iconographiques. Ce n’est pas mon domaine. Mon domaine est la spéculation libre et irresponsable, à partir de quelques intuitions douteuses et beaucoup d’a priori. Mais, il me semble que le Milarepa ascétique vert peut en principe appartenir aux deux approches hagiographiques, qui semblent d’accord sur cet aspect de la vie de Milarepa. Je crois m’apercevoir d’une nette différence entre la première partie et la deuxième partie de la Vie de Milarepa racontée par Gyelthangpa (13ème siècle), traduit par Tiso. Dans le livre de Tiso, cela se passe à la page 219. La première partie se termine avec Milarepa qui, en compagnie de sa sœur Peta, dédie le mérite de sa pratique à leurs parents décédés. Puis, de manière assez abrupte :

« Il arriva alors que la grande renommée et la réputation du Saint Milarepa Bonne nouvelle se répandaient partout. Les serviteurs et les provisions affluaient tels des nuages et à partir de cette époque il devenait très populaire. »[3]

C’est le début de toutes les aventures « ignorées » par les sources gampopistes. A partir de là, ce Milarepa populaire, bien ancré dans la transmission « aurale » est représenté par son geste emblématique d’écoute. Il peut porter une ceinture de méditation, il peut même être vert/ascétique. Ou il peut être représenté comme le maître populaire, dont sa sœur Peta avait toujours rêvé, entouré de « nuages de serviteurs et de provisions », des douze grands fils, de bienfaitrices femmes (T. nya ma)... Un maître charismatique[4] qui avait bien réussi sa vie, à pied égal avec son maître Marpa et Bari lotsāva


Je terminerai par le portrait de Milarepa que fait son hagiographe Zhi byed ri pa (fin 13ème siècle), aux fins des visualisations lors d’une cérémonie d’offrande annuelle : 
« Il faudra faire des offrandes annuelles le quatorzième jour de la lune croissante du mois de cheval (rta pa zla ba). Si vous souhaitez visualiser Milarepa : il a un corps plutôt carré, pas très grand, avec un visage rond, un nez aplati, des yeux petits et fins, brillants et injectés de sang, ses cheveux sont tirés vers l’arrière à partir de la ligne des cheveux. Ses dents, également reparties d’un côté à l’autre, sont d’un blanc bleuâtre. Il a des grains de beauté de la taille d'un demi haricot sur les deux moitiés de son visage. Ses cheveux sont d’un brun virant vers le jaune foncé. Sa chair est de couleur vert foncée, mais avec un teint rougeâtre. Cette description est véridique. Tous ceux qui en ajoutent ou enlèvent des éléments de façon inappropriée, ou vont à l’encontre de la tradition, auront à faire à Mahākāla qui arrachera leur cœur avec son couperet de fer. »[5]
Le couperet de Mahākāla et le courroux de la ḍākinī sont sans doute l'équivalent moyenâgeux de nos droits d'auteur, droits à l'image et droits de license contemporains...



***
MàJ :


Dan Martin nous signale une représentation de Milarepa exposée dans l'Institut d'art de Chicago. Je ne l'ai pas trouvée en ligne, à part une mention de l'exposition Himalayas: An Aesthetic Adventure, dont le catalogue avait été rédigé par Pratapaditya Pal. Ci-dessus donc la couverture du catalogue, où l'on perçoit Milarepa au milieu, cotoyé de six disciples. Deux moines se tiennent à sa droite et à sa gauche. A sa droite, selon Dan, Gampopa, avec Rechungpa se tenant à la droite de dernier. On reconnaît les répas à leur canne (car ils voyageaient beaucoup) et à leurs cheveux longs. Est-ce que ce serait une représentation "gampopiste", puisque les moines reçoivent la plus grande honneur ? se demande Dan.

Dans les rangées, les moines se tiennent normalement à la tête. Il peut s'agir simplement de cela. Je ne pense pas que ce soit une représentation "gampopiste", puisqu'on voit Tseringma sur son lion de neige dans le coin gauche supérieur. Je ne suis pas certain que Ngendzong, un des "douze grand fils", à qui remonterait le culte de Tseringma, était un contemporain de Milarepa.   



Sur des pseudépigraphes



[1] Francis V. Tiso, Liberation in One Lifetime, p. 25. Pour commander ce livre, il faut écrire directement à Francis Tiso ou à son éditeur Proforma à Isernia (Italie). Toutes les infos ici.

[2] « C´est en visitant le monastère de Karma à Nangchen dans l´Est du Tibet, qu´il eut de Padmasambhava la vision prophétique des 21 incarnations du Karmapa. » source

[3] Tiso, p. 219« Then it came about that the great fame and reputation of the Saint Mila Happy Report became widely known. Attendants and provisions gathered like a cloud and at that time he became very popular. »

[4] Voir l'article très intéressant de Matthias Steingass "Der Zauberer" (Le thaumaturge), malheureusement en allemand. Pour autant que je sache, pas encore traduit en anglais.

[5] « Yearly offerings should be made on the fourteenth day of the waxing period of the horse month. If you wish to visualize him in meditation: On a squarish body, not really tall, he has a round face with a flat nose, narrow eyes, bloodshot and glistening. His hair goes straight up and back from his hairline. His teeth, from corner to corner, are even and bluish-white. There are moles half the size of beans on the left and right sides of his face. His hair is brown on yellowing-black [?]. His flesh is dark green but with a ruddy complexion. Since this description is genuine, anyone who adds or takes away anything in an improper manner, or does anything falsely without basis in tradition, will have his bloody heart torn out by Mahākāla with his iron chopper. » (Andrew Quintman, Between History and Biography: Notes on Zhi byed ri pa’s Illuminating Lamp of Sun and Moon Beams, a Fourteenth-Century Biographical State of the Field, p. 17 Revue d'études tibétaines). Tibétain : dus kyi mchod pa byed na| rta pa zla ba’i yar tshes bcu bzhi la yin no| mngon rtogs sgom par ’dod na| sku lus gru bzhi la sku bong ring rgyu tsam med la| zhal ras khyil le shangs leb leb| spyan dkyus phra se ba la spyan rtsa dmar chil le ba| dbu’i skra mtsham yar la zhur bag tsam yod pa| tshems zur dum sngo rtsal dkar se ba| zhal gyi g.yas g.yon steng na sme ba sran ma phyed tsam yod pa| dbu skra ra tsa pa khrin bu se le ba nag la smug pa| sku sha sngo smug la dmar ba’i mdangs chags pa| ’di rnams gsung lhad med yin pas da man chad yi ge la phri bsnan la sogs dang| tshul ma yin pa’i dpe rkun nam| bka’ lung med pa gnyid chod dang gzu lims sam| ma rabs pa’i bya ba byas na dpal ma hā kā la gri gug lcam dral ’khor bcas kyis snying khrag thon cig|.

6 commentaires:

  1. Bonjour Janus,
    comme d'habitude un article excellent !
    Mais je m'arrache les cheveux depuis deux semaines pour trouver un endroit où acheter cet ouvrage.
    Pouvez vous m'indiquer où avez vous obtenu votre copie ?

    Merci d'avance
    Nicolas

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour Nicolas,

    J'ai ajouté les infos nécessaires sous la note [1]. Cliquez sur le lien pour vous conduire à un PDF avec les adresses e-mail. C'est un peu compliqué en effet. Le livre coûte 20 euros, il faut ajouter 7 euros pour l'envoi.

    Joy

    RépondreSupprimer
  3. Hallo Janus!

    One of my favorite icons of Mila is one that's kept in Chicago (Art Institute of Chicago). It decorates the cover of Pratapaditya Pal's book "Himalayas: An Aesthetic Adventure." It depicts six of his students, 3 on each side. Who is right there on his right-hand side? Dwags-po (meaning Gampopa). And who is standing right there next to Gampopa? Rechungpa. In fact, two figures with monastic robes are closest to him, while the other four figures are all in repa-style robes, with long hair and holding walking sticks (showing that they travel around a lot). I'm not sure either of us appreciate the message here, that monks get the position of highest honor. But there it is. They do. Or is this a Gampopaist painting? I don't know, but it's interesting to contemplate.

    RépondreSupprimer
  4. Hi Dan,

    Thank you for this interesting piece of information. I added it as an update to my post. I can't see the details on the small picture, so I was unable to read Dwags-po and identify him.

    The figures in monastic robes may simply get the highest honor because they are monks and sit at the head of the rows? Or there should be a clear spiritual/hierarchical superiority of the yogi, like is the case for Milarepa.

    I wouldn't consider it a "Gampopaist" painting, because of Tseringma's presence. Tseringma is linked to Ngendzong (snyan brgyud), perhaps one of the repas on the painting?

    It's difficult to speak of a genuin "Gampopaist" line, because it seems to have been such a short episode, during which the Mahamudra given outside the frame of the four consecrations was considered a complete path. All of Gampopa's main disciples seem to have been deeply involved in thabs lam. I write "seem", because the information from the hagiographies seems to be dominating. If one reads Gampopa's zhu len texts, the subjects are generally more about the nature of mind.

    If I had time, I would study the texts of Gampopa and his direct disciples (on transmissions by Gampopa) more closely and draw my conclusions from that.

    BTW are there any studies on Tibetan apocrypha and pseud-epigraphs, like Buswell did for Chinese Buddhism?

    Yours,

    Joy

    RépondreSupprimer
  5. I wonder what you're hinting at with this talk of Tibetan apocrypha and pseudepigrapha. Didn't the Buddha write all the sutras, and didn't the people named in the colophon write their books? Didn't I just hear you say that you know what Buddha, as distinguished from Buddhists, really said? So you will have to be the judge. Of course Sa-pan did deny that some scriptures were legitimate... So did Bu-ston. But in Chinese you have major works on the subject, so all the Sinologist has to do is follow the work already done in that area.

    It's quite hard to make out the cursive labels naming the disciples depicted in that Mila painting, but reading all six as much as possible from left to right, they are: 'Bri-sgom, Ras-chung-ba, Dag[s]-po, Ngam-rdzong-ras-pa, Zhi-ba-'od, and Khyi-ra-ba.

    So I am getting a little more confused here, since the dress of no. 4 looks like the mirror image of Gampopa's (no. 3), but he's called a Ras-pa. Could he have been a monk at the same time? Maybe it's a Repa-ist painting after all?

    I apologize I didn't get around to refuting your positive views about nihilism. I was too busy living it up abroad. Maybe in the depths of winter I'll be more in the mood for it.

    Yours,
    D.

    RépondreSupprimer
  6. Thank you Dan for the names of the other Repas. Definitely a "Rechungpist" painting. Is no. 4 Ngam-rdzong? Was he a monk, or initially? I personally expect "the real" Ngam-rdzong to have lived later, when the cult of Tseringma was made into a transmission.

    Origins are always covered up in religion. They need to be, don't they? Or is that a nihilist thing to say ? ;-) So that is not what bothers me in apocryphs and pseudepigrapha. The problem is that we loose the context. "Time is what prevents everything from happening at once". If events, people or texts are predated, then we loose the proper context.

    Ideas and the associated terminology follow a certain chronology and logic. If later ideas, practises and developments are attributed to earlier individuals and movements, then the context becomes unclear. That's my main objection against apocrypha and pseudepigrapha.

    Plus there is nothing wrong with factchecking. Who said what and why. And how do we know? Some of the best discoveries are sometimes produced by it. So I am simply trying to clean off my Milarepa statue with various cleaning materials. I found some very abrasive stuff in your Lay religious movements in 11th- and 12th-century tibet: a survey of sources, which I will write about soon. :-)

    Looking forward to your reaction on positive nihilism (has a nice ring to it).

    Yours,
    Joy

    RépondreSupprimer