Dans ce chapitre des Chants de Milarepa (T. mi la mgur 'bum), Tsangnyeun
raconte l’histoire du méditant (T. sgom chen) du clan de Len (T. glan). Il s’agit de l’un
des yogis dans la région de Dakpo (T. dwags po), qui méditaient en solitaire et descendaient
de temps à autre pour chercher des vivres dans les villages. Gampopa, le méditant
du clan de Nyi (T. snyi sgom), était originaire de la même région. Les gomchen
(T. sgom chen) étaient des méditants plutôt de type contemplatif. Pas forcément des moines. Il s’avérerait de l’histoire que Lengompa était plutôt un yogi
laïc, si l’allusion de Milarepa aux enfants, aux femmes et à la bouffonnerie
des yogis le concernait.
Lengompa dit
avoir reçu des instructions Dzogchen (et autres) de plusieurs maîtres. Il a eu
une expérience de la Saveur égale (T. ro
snyoms). Sa façon de pratiquer semble l’avoir fait négliger « ce dont
il faut s'abstenir et ce qu'il faut accomplir ». Son expérience de saveur
égale unilatérale et excessive le mettait dans un état de confusion. Milarepa va
le ré-établir dans une pratique correcte. On peut en même temps y voir une
critique de la permissivité de la vue libre de tout engagement (samaya) de la Section de la conscience(T. sems sde). Tsangnyeun prend également soin de mentionner que la pratique de Lengompa fut encadrée par Milarepa à l’aide d’une consécration, sans préciser
laquelle.
A la fin de l’histoire,
nous apprenons que Lengompa était proche de Gampopa, ce que l’on pouvait
deviner par ses origines. Tsangnyeun le classe parmi les « fils proches » (T. nye ba'i sras).
Il ne fait donc pas parti des « douze grands fils répa ». Il y a
aussi une référence à la Mahāmudrā. Lengompa est donc plutôt « gampopiste »
que « rechungpiste ».
---
Hommage au
maître
Quand le fils de coeur de
seigneur Milarepa, Rechungpa, était rentré de l'Inde, il se trouva à Drakma
Potho (T. brag dmar spo mtho), entouré de la plupart de ses disciples
femmes (T. nya ma) et hommes. Cela se passa avant qu'il fit le chant de
prédiction de la venue de Gampopa.
Alors qu'il
était invité par les femmes et qu'il y séjournait, un contemplatif de Dagpo (T.
dwags po)[1] du
clan de Len (T. glan) ayant entendu parler du seigneur, venait le
rencontrer en personne. La simple vision de son visage suscita en lui
une excellente absorption de plénitude (sukha), de luminosité (prakāśa)
et de non discursivité (nirvikalpa), ainsi qu'une confiance très forte.
« Maître,
je suis un contemplatif de la région de Dagpo. Dans le passé, j'ai reçu des
instructions sur la Complétude universelle, ainsi que d'autres [instructions]
de plusieurs maîtres. Je les avais d'abord vérifié par l'observation
directe (S. pratyavīkṣaṇa, pratyavekṣanā-jñāna), puis je les
avais mises en pratique par la méditation. J'ai aussi eu des expériences de la
saveur égale. Mais je ne veux pas me contenter d'une expérience consolidatrice à
partir d'une compréhension intellectuelle. Comme j'avais entendu parler de votre
réputation, maître, je suis venu pour vous demander des instructions. »
A sa demande
de lui enseigner le Dharma, le seigneur lui répondit : « Parmi vos instructions
précédentes, y en avait-il des comme celles-ci ? » et il fit le chant
suivant :
« La
transmission du maître authentique
Ne se perd-elle pas dans l'éloquence ?
La compréhension venant de l'observation directe
Ne se perd-elle pas dans une saisie unilatérale et dualiste ?
La vue qui devrait y donner accès
N'est-elle pas emportée par les ennemis Objet et Sujet ?
La culture de la concentration insaisissable (nirupalambhatā)
Ne s'abime-t-elle pas dans l'impasse des signes ?
L'action à la saveur égale
Ne se perd-elle pas en laissant filer le doute[2] ?
Le fruit de la quiétude
Espère-t-on le trouver auprès d'un autre ?
Les expériences spirituelles qui ne sont pas ancrées dans l'esprit
ne sont-elles pas comme des rides se produisant à la surface de l'eau ?
Le principe conscient (S. cittatva) originel qui est vide
N'est-il pas dégradé par les surévaluation et les sous-évaluations ?
Tous les yogis qui voyagent en solitaire
Ne sont-ils pas emportés par le māra de la bouffonnerie (ngo srung) ?
Par conséquent, tous ces rouages de l'ignorance
Tournent comme la roue du potier. »
Ne se perd-elle pas dans l'éloquence ?
La compréhension venant de l'observation directe
Ne se perd-elle pas dans une saisie unilatérale et dualiste ?
La vue qui devrait y donner accès
N'est-elle pas emportée par les ennemis Objet et Sujet ?
La culture de la concentration insaisissable (nirupalambhatā)
Ne s'abime-t-elle pas dans l'impasse des signes ?
L'action à la saveur égale
Ne se perd-elle pas en laissant filer le doute[2] ?
Le fruit de la quiétude
Espère-t-on le trouver auprès d'un autre ?
Les expériences spirituelles qui ne sont pas ancrées dans l'esprit
ne sont-elles pas comme des rides se produisant à la surface de l'eau ?
Le principe conscient (S. cittatva) originel qui est vide
N'est-il pas dégradé par les surévaluation et les sous-évaluations ?
Tous les yogis qui voyagent en solitaire
Ne sont-ils pas emportés par le māra de la bouffonnerie (ngo srung) ?
Par conséquent, tous ces rouages de l'ignorance
Tournent comme la roue du potier. »
[Lengompa] dit
: « Cela m'est arrivé en effet. Je vous prie maintenant de me donner la
consécration et les instructions qui ne sont pas de ce type. »
Le seigneur
lui donna la consécration et la transmission et les lui fit mettre en pratique.
A cause des habitudes anciennes, [Lengompa] n'arriva pas à se débarrasser d'une
pratique basée sur des signes (S. nimitta) et était agité par de
nombreuses pensées, comme l'envie de se promener dans les villages. Le seigneur
en était conscient. Quand [Lengompa] venait le voir pour présenter sa
réalisation, il lui dit de laisser tomber ces envies (T. tsab tsob)
d'aller en ville et l'avertissait (T. zhe zon) que s'il ne méditait pas
de toute sa personne qu'il risquait de continuer à tourner dans le triple
univers. Ayant dit cela, il fit le chant suivant :
« Lorsqu'on
appartient à une lignée authentique
La confusion (bhrānti) se dissout en espace
Et au moment d'agir, il y a désintéressement
C'est cela qui fait un [vrai] yogi.
Pour cultiver la Mahāmudrā
La conscience n'a pas à saisir de signes (nimitta)
Comme [la Mahāmudrā] surgit de l'absence continue de jugement (aprapañca)
Que faire des raisonnements (tarka) et des récitations (japa) ?
Tous les yogis qui se promènent dans les villages
Sont flattés par leurs proches et leurs amis
Ils agissent avec hypocrisie (kuhanā) et de façon légère
L'Intelligence vide (rahas) restant bien cachée.
Même s'ils s'abstiennent de la discursivité, leurs affections restent bien présentes
En les regrettant au moment du trépas, pensent-ils peut-être ne pas mourir ?
En se souvenant de l'impermanence et de la mort
Ce sont les affections qu'il faut craindre
Puisque ce sont elles qui risquent de nous faire chuter dans les précipices des six destinées
Si en voyageant toujours en solitaire
On ne fixe pas (T. ce re) la conscience
On risque de rester dans un état incertain
Si avec une grande confiance et dévotion
On ne prie pas le Seigneur (nātha)
On risque d'être obnubilé par les apparences des expérience spirituelles
Si avec beaucoup d'effort et d'énergie
On ne cultive pas le chemin profond des techniques (T. thabs lam)
On risque d'être vaincu par les affections ennemies
Ainsi en voyageant toujours en solitaire
Les qualités finiront par naître. »
La confusion (bhrānti) se dissout en espace
Et au moment d'agir, il y a désintéressement
C'est cela qui fait un [vrai] yogi.
Pour cultiver la Mahāmudrā
La conscience n'a pas à saisir de signes (nimitta)
Comme [la Mahāmudrā] surgit de l'absence continue de jugement (aprapañca)
Que faire des raisonnements (tarka) et des récitations (japa) ?
Tous les yogis qui se promènent dans les villages
Sont flattés par leurs proches et leurs amis
Ils agissent avec hypocrisie (kuhanā) et de façon légère
L'Intelligence vide (rahas) restant bien cachée.
Même s'ils s'abstiennent de la discursivité, leurs affections restent bien présentes
En les regrettant au moment du trépas, pensent-ils peut-être ne pas mourir ?
En se souvenant de l'impermanence et de la mort
Ce sont les affections qu'il faut craindre
Puisque ce sont elles qui risquent de nous faire chuter dans les précipices des six destinées
Si en voyageant toujours en solitaire
On ne fixe pas (T. ce re) la conscience
On risque de rester dans un état incertain
Si avec une grande confiance et dévotion
On ne prie pas le Seigneur (nātha)
On risque d'être obnubilé par les apparences des expérience spirituelles
Si avec beaucoup d'effort et d'énergie
On ne cultive pas le chemin profond des techniques (T. thabs lam)
On risque d'être vaincu par les affections ennemies
Ainsi en voyageant toujours en solitaire
Les qualités finiront par naître. »
[Lengompa]
pensa : « Ce qu'il dit me touche, le seigneur a raison. » Il se mit à
méditer en solitaire dans les montagnes et eut un aperçu particulier. Quand il
le présenta au seigneur, celui-ci fut satisfait. « C'est bien, mais il
faut comprendre qu'il faut maintenir l'approche (T. spang blang)
[suivante] jusqu'à l'éveil. » Ayant dit cela, il fit le chant suivant :
« Des
enfants, une femme et la bouffonnerie
Ces trois choses sont des entraves pour un yogi
Les pratiquants doivent chercher à s'en abstenir.
Les biens, les richesses et la renommée
Ces trois choses sont des obstacles pour un yogi
Les pratiquants doivent chercher à s'en abstenir.
Les proches, les bienfaiteurs et les disciples
Ces trois choses retiennent le yogi
Les pratiquants doivent chercher à s'en abstenir.
L'alcool, une activité épuisante et le sommeil
Ces trois choses spolient le yogi
Les pratiquants doivent chercher à s'en abstenir.
Les bavardages, les plaisanteries et les jeux
Ces trois choses dispersent le yogi
Les pratiquants doivent chercher à s'en abstenir.
La maître, la transmission et l'effort
Ces trois choses sont le support du yogi
Les pratiquants doivent chercher à se le procurer
Un lieu isolé, les meilleurs compagnons et des vivres
Ces trois choses sont la canne (daṇḍa) du yogi
Les pratiquants doivent chercher à se les procurer
La non-dispersion, la non-discursivité et la plénitude[3]
Ces trois choses sont les compagnons permanents du yogi
Les pratiquants doivent chercher à se les procurer
La liberté, la spontanéité et le naturel
Ces trois choses sont l'équipement du yogi
Les pratiquants doivent chercher à se les procurer
La dépassion, la sérénité et la perception concrète (abhijñā)
Ces trois choses sont la signalisation du yogi
Les pratiquants doivent chercher à se les procurer
Ces trois choses sont des entraves pour un yogi
Les pratiquants doivent chercher à s'en abstenir.
Les biens, les richesses et la renommée
Ces trois choses sont des obstacles pour un yogi
Les pratiquants doivent chercher à s'en abstenir.
Les proches, les bienfaiteurs et les disciples
Ces trois choses retiennent le yogi
Les pratiquants doivent chercher à s'en abstenir.
L'alcool, une activité épuisante et le sommeil
Ces trois choses spolient le yogi
Les pratiquants doivent chercher à s'en abstenir.
Les bavardages, les plaisanteries et les jeux
Ces trois choses dispersent le yogi
Les pratiquants doivent chercher à s'en abstenir.
La maître, la transmission et l'effort
Ces trois choses sont le support du yogi
Les pratiquants doivent chercher à se le procurer
Un lieu isolé, les meilleurs compagnons et des vivres
Ces trois choses sont la canne (daṇḍa) du yogi
Les pratiquants doivent chercher à se les procurer
La non-dispersion, la non-discursivité et la plénitude[3]
Ces trois choses sont les compagnons permanents du yogi
Les pratiquants doivent chercher à se les procurer
La liberté, la spontanéité et le naturel
Ces trois choses sont l'équipement du yogi
Les pratiquants doivent chercher à se les procurer
La dépassion, la sérénité et la perception concrète (abhijñā)
Ces trois choses sont la signalisation du yogi
Les pratiquants doivent chercher à se les procurer
Après ce
chant, Lengom dit: « Grâce à la gentillesse du seigneur, je vais réussir à
m'abstenir de ce dont il faut s'abstenir, tandis que ce qu'il faut accomplir se
réalisera de lui-même. Je vous serai toujours très reconnaissant. »
Milarepa dit: « C'est ainsi fils. Le yogi qui parfait la logique
d'abstention et d'adhésion est toujours heureux. Sinon, il sera toujours peiné.
Aussi, il faut une maîtrise en les choix moraux qui distinguent entre ce qui
rend heureux ou malheureux. » Il fit alors le Chant qui distingue entre
ce qui rend heureux ou malheureux :
« Le yogi
qui a vu son vrai visage et qui a rejoint le processus fondamental (T. gnas
lugs) est toujours heureux
Le religieux
qui court après des illusions et produit des frustrations en série (T. sbreng)
est toujours insatisfait
Le yogi qui
reste en l'état non amendé (T. ma bcos) et qui se purifie naturellement
sans transformation est toujours heureux
Le religieux
qui court après les sensations et accumule à volonté ce qui l'attire et ce qui
le repousse est toujours insatisfait
Le yogi qui a
accède les apparences comme étant le corps spirituel résout le doute et est
toujours heureux
Le religieux
qui se vante de son éloquence creuse sans combattre les huit principes mondains
est toujours insatisfait
Le yogi qui
reconnaît tout comme son esprit et prend en ami tout ce qui se présente est
toujours heureux
Le religieux
dispersé par ses intérêts personnels et qui aura des regrets au moment de la
mort est toujours insatisfait
Le yogi qui
intègre ses réalisations et qui rejoint naturellement le processus fondamental
est toujours heureux
Le religieux
qui se laisse envahir par ses envies et au libido suractif[4]
est toujours insatisfait
Le yogi qui
laisse disparaître d'eux-mêmes les signes (nimitta) et dont l'expérience
est continue est toujours heureux
Le religieux
qui poursuit les réalités nominales (vyavahāra) à l'extérieur sans
déterminer qu'elles sont l'esprit est toujours insatisfait
Le yogi qui
tourne le dos aux affaires du monde et qui est libre d'objectifs et de projets
est toujours heureux
Le religieux
qui attire le malheur[5]
en protégeant sa femme et ses proches est toujours insatisfait་
Le yogi qui se
détourne continuellement de la réification et approche tout comme une illusion
est toujours heureux
Le religieux
qui s'engage sur un chemin de dispersion en exploitant son corps et sa parole
est toujours insatisfait
Le yogi qui
monte le cheval de l'effort soutenu et voyage vers la terre de la libération
est toujours heureux
Le religieux
ligoté par les cordes de la paresse et qui pose le fond de l'Errance est
toujours insatisfait
Le yogi qui a
tranché le plus et le moins par l'étude et la réflexion, regarde sa conscience
comme un spectacle
Le religieux
qui limite le Dharma à ses propres voeux et son comportement aux actes négatifs
est toujours insatisfait
Le yogi qui a
tranché espoir, crainte et doute, et dont l'état naturel est continu est
toujours heureux
Le religieux
qui a laissé les rênes à l'homme[6]
et qui courtise la bouffonnerie est toujours insatisfait
Le yogi, qui
tourne le dos à tout (T. ji dgu) et dont la pratique spirituelle est
authentique, est toujours heureux. »
A la fin du
chant, Lengompa et les autres fils disciples furent très reconnaissants et se
réjouissèrent. Leur recueillement ne pouvant plus se séparer de la Mahāmudrā,
ils passèrent le recueillement associé (T. rjes thob S. pṛṣṭhalabdha)
à s'abstenir des actes négatifs tout en accomplissant des actes positifs, les
apparences semblables à une illusion.
Seigneur
Milarepa fut très satisfait de Lengom Répa, qui fut le premier de tous les amis,
bienfaiteurs et disciples de Gampopa. Ici se termine l'histoire du fils proche
Lengom Répa (glan sgom ras pa'i skor)
.
***
[1] Au sud
du Kongpo et de la capitale Lhassa, dans l'Ü, à l'ouest de la confluence de la
Nyang Chu et du Tsangpo. Actuellement à l'est de Gyaca, Préfecture de Shannan ?
[2] <Le
doute est principalement entre l'être et le non-être, l'éternalisme et
l'anéantissement. Si tout est égal, l'être vaut le non-être. Il y a suspension
(épochè), mais pas dépassement.>
[3] Remarquer
que dans cette triade, reprise de celle du début, la non-dispersion correspond
à la luminosité
[4] dung
dung byed pa = yearn, sham = partie inférieure, habit inférieur
[5] bre phul
= casque sdug gsog = sdug sogs = accumulate misery upon oneself
[6] L'homme
voir Lin-tsi, les rênes terme aimé par Dampa
Texte tibétain wylie :
glan sgom ras pa
!_na mo gu ru/_
rje btsun mi la ras pa de nyid kyi thugs sras ras chung pas rgya gar nas 'khor ba'i dus su brag dmar spo mthor nya ma dang bu slob phal cher 'dus pa'i tshogs gral zhig tu mnyam med sgam po pa 'byon par ma 'ongs lung bstan gyi mgur gsungs nas/
chu dbar du nya ma rnams kyis spyan drangs te bzhugs pa'i dus su dwags po nas rus glan yin pa'i sgom chen zhig rje btsun gyi snyan pas yid phrogs te zhal bltar 'ongs pa dang mjal bas/
zhal mthong ma thag bde gsal mi rtog pa'i ting nge 'dzin bzang po skyes pas mchog tu dad par gyur nas/
bla ma lags bdag dwags po'i phyogs kyi sgom chen zhig lags/
sngar bla ma 'ga' la rdzogs chen la sogs pa'i khrid 'ga' yang zhus/
so sor rtog pa'i shes rab kyi rtog dpyod btang nas sgom lo yang byas/
ro snyoms kyang byed myong lags te/
go ba tsam las blo khel ba'i nyams myong skyer ma 'dod cing /
bla ma khyed kyi snyan pa thos nas chos zhu ru 'ongs pa lags pas/
chos gnang bar zhu zhus pa'i lan du rje btsun gyi zhal nas/
sngar gyi chos rnams 'di lta bu zhig byung ba yin nam gsungs nas mgur 'di gsungs so//
bla ma dam pa'i gdams ngag de//
kha tshig rkyang par ma shor ram//
so sor rtog pa'i shes rab de//
gnyis 'dzin phyogs su ma shor ram//
rtogs par bya ba'i lta ba de//
gzung 'dzin dgra yis ma khyer ram//
dmigs med bsam gtan sgom pa de//
mtshan ma'i 'phrang la ma brdugs sam//
ro snyoms byed pa'i spyod pa de//
the tshom yan par ma shor ram//
mya ngan 'das pa'i 'bras bu de//
gzhan nas thob tu ma res sam//
rgyud dang ma 'brel nyams myong de//
ko mog chab ltar ma ltengs sam//
sems nyid gnyug ma stong pa de//
sgro skur gnyis kyis ma bslad dam//
ri khrod 'grims pa'i rnal 'byor kun//
ngo srung bdud kyis ma khyer ram//
des na ma rig 'khrul 'khor 'dis//
rdza mkhan 'khor lo bzhin du 'khor//
zhes gsungs pas/_kho na re/_sngar de bzhin rang byung lags/_da de bzhin ma yin pa'i dbang dang gdams ngag gnang bar zhu zer ba ltar/_rje btsun gyis dbang dang gdams ngag gnang ste sgom du bcug pas/_sngar gyi bag chags kyis mtshan bcas kyi dge sbyor blos ye mi thongs shing /_grong yul du 'gro ba'i rtog pa yang mang dag rgyu zhing 'dug pa rje btsun gyis dgongs nas/_sku drung du rtogs pa 'bul du byung ba'i tshe/_glan sgom mtshan ma'i dge sbyor dang grong yul du 'gro ba'i tsab tsob spangs nas/_rtse gcig tu dril nas ma bsgoms na/_khams gsum 'khor bar lus nyen 'dug pas zhe zon gyis gsungs nas mgur 'di gsungs so//
dam pa'i brgyud pa 'dzin pa na//
'khrul pa dbyings su dag pa dang //
bya ba dus su thongs pa dang //
'di dag ldan na rnal 'byor yin//
phyag rgya chen po bsgom pa la//
mtshan ma'i sems 'dzin dgos rgyu med//
spros bral nang nas shar ba la//
rtog dpyod bzlas pas ci zhig bya//
rnal 'byor grong na 'khyam pa kun//
gnyen dang grogs kyi ngo 'dzin cing //
spyod pa tshul 'chos tho cho byed//
rig stong dbyer med lkog tu lus//
rnam rtog spong na nyon re mongs//
'chi khar 'gyod de mi mchi'am//
mi rtag 'chi ba dran pa yis//
nyon mongs dgra la zhe zon gyis//
'gro drug g.yang la lhung nyen gda'//
rtag tu ri khrod 'grim bzhin du//
sems la ce re ma bltas na//
lung ma bstan du lus nyen gda'//
dad cing gus pa chen po yis//
rje la gsol ba ma btab na//
nyams kyi snang ba grib nyen gda'//
'bad rtsol brtson 'grus drag po yis//
zab mo'i thabs lam ma bsgoms na//
nyon mongs dgra bo rgyal nyen gda'//
rtag tu ri khrod dgon pa 'grims//
yon tan nges par skyes te mchi//
gsungs pas mtshang la phog ste rje btsun mad snyam/_gcig pur ri khrod la g.yel med du bsgoms pas rtogs pa khyad par can skyes nas/_rje btsun gyi drung du rtogs pa phul bas mnyes te/_legs 'dug da dung spang blang 'di rnams sangs ma rgyas kyi bar du dgos pas shes par gyis shig gsungs nas mgur 'di gsungs so//
bu dang chung ma ngo srung gsum//
'di gsum rnal 'byor gyi 'ching ba yin//
chos mdzad rnams kyis spang 'tshal lo//
rdzas dang longs spyod khengs grags gsum//
'di gsum rnal 'byor gyi bar chad yin//
chos mdzad rnams kyis spang 'tshal lo//
gnyen dang yon bdag slob ma gsum//
de gsum rnal 'byor gyi bshol 'debs yin//
chos mdzad rnams kyis spang 'tshal lo//
chang dang ngal dub gnyid dang gsum//
de gsum rnal 'byor gyi chom po yin//
chos mdzad rnams kyis spang 'tshal lo//
gtam dang gad mo ltad mo gsum//
de gsum rnal 'byor gyi g.yeng ba yin//
chos mdzad rnams kyis spang 'tshal lo//
bla ma dang gdams ngag 'bad pa gsum//
de gsum rnal 'byor gyi gzhi rten yin//
chos mdzad rnams kyis sgrub 'tshal lo//
dben gnas grogs mchog 'tsho ba gsum//
de gsum rnal 'byor gyi 'khar ba yin//
chos mdzad rnams kyis sgrub 'tshal lo//
ma yengs mi rtog bde ba gsum//
de gsum rnal 'byor gyi gtan grogs yin//
chos mdzad rnams kyis sgrub 'tshal lo//
lhug pa shugs 'byung rang byung gsum//
de gsum rnal 'byor gyi 'khyer so yin//
chos mdzad rnams kyis sgrub 'tshal lo//
chags med sdang med mngon shes gsum//
de gsum rnal 'byor gyi lam rtags yin//
chos mdzad rnams kyis sgrub 'tshal lo//
zhes gsungs pas glan sgom na re/_rje btsun gyi bka' drin gyis spang bya de rnams spangs zin pas bsgrub bya shugs la 'byung ste dus rtag tu skyid pa bka' drin che lags zhes zhus pas/_rje btsun gyi zhal nas bu de yin/_spang blang tshad bzhin byung ba'i rnal 'byor pa nam yang bde zhing skyid/_de las log na nam yang sdug pas bde sdug shan 'byed kyi spang blang byed 'tshal zhes bde sdug shan 'byed kyi mgur 'di gsungs so//
rang ngo rang gis shes nas gnas lugs don dang ldan pa'i rnal 'byor nam yang bde//
'khrul pa'i rjes su 'brangs nas sdug bsngal sbreng skyed byed pa'i chos pa nam yang sdug/
ma bcos ngang la bzhag nas 'gyur med rang sar dag pa'i rnal 'byor nam yang bde//
byung tshor rjes su 'brangs nas chags sdang rang dgar gsog pa'i chos pa nam yang sdug/
snang ba chos skur rtogs nas re dogs the tshom chod pa'i rnal 'byor nam yang bde//
bab col tho cor byas nas chos brgyad mgo ma non pa'i chos pa nam yang sdug/
thams cad sems su shes nas cir snang grogs su 'khyer ba'i rnal 'byor nam yang bde//
mi tshe yengs la bskyal nas 'chi khar 'gyod pa skye ba'i chos pa nam yang sdug/
rtogs tshad khong du chud nas gnas lugs rang sa zin pa'i rnal 'byor nam yang bde//
'dod pa khong du bcug nas dung dung sham sham byed pa'i chos pa nam yang sdug/
mtshan ma rang sar grol nas nyams myong rgyun chad med pa'i rnal 'byor nam yang bde//
tha snyad tshig phyir 'brangs nas sems la thag chod med pa'i chos pa nam yang sdug/
'jig rten bya ba btang nas ched 'dzin gza' gtad bral ba'i rnal 'byor nam yang bde//
bre 'phul sdug gsog byas nas bud med gnyen 'dun skyong ba'i chos pa nam yang sdug/
zhen pa nang nas log nas thams cad sgyu mar rtogs pa'i rnal 'byor nam yang bde//
g.yeng ba'i lam du zhugs nas lus ngag bran du bkol ba'i chos pa nam yang sdug/
brtson 'grus rta la zhon nas thar pa'i sa lam bgrod pa'i rnal 'byor nam yang bde//
le lo'i sgrog tu tshud nas 'khor ba'i gting rdo byed pa'i chos pa nam yang sdug/
thos bsam sgro 'dogs chod nas ltad mo sems la blta ba'i rnal 'byor nam yang bde//
khas len chos la byas nas spyod lam sdig la byed pa'i chos pa nam yang sdug/
re dogs the tshom chod nas gnyug ma rgyun chad med pa'i rnal 'byor nam yang bde//
sna thag mi la byin nas ngo bsrung mthun 'jug byed pa'i chos pa nam yang sdug/
ji dgu rgyab tu bskyur nas rtag tu lha chos byed pa'i rnal 'byor nam yang bde//
zhes gsungs pas glan sgom la sogs pa'i bu slob rnams kyis thugs skyed thon pas/_dga' mgu yi rangs te/_mnyam gzhag phyag rgya chen po las ma g.yos pa'i nus pas/_rjes thob sgyu ma lta bu'i snang ba sdig spong dge ba bsgrub pa la brtson par gyur to//
glan sgom ras pa de la rje btsun yang thugs shin tu mnyes shing /_dwags po rin po che'i yang mched grogs yon bdag slob ma rnams kyi thog mar gyur pa yin no//
nye ba'i sras glan sgom ras pa'i skor ro///
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