Si je dis aux personnes qui feront la retraite d'apprendre le tibétain, ce n'est pas parce que je suis tibétain, de toute façon je ne me considère pas spécialement comme tibétain, je suis khampa… et quand je parle, c’est un dialecte que tout le monde a du mal à comprendre.
En tout cas, ce qu'il faut connaître et ce qui est important, c'est le tibétain classique du dharma. Au Tibet il n'y avait pas toutes les facilités de l'Occident, comme les moyens de transport, les voitures, et toutes les sortes de machines-outils. En fait, il n'y avait pratiquement que trois métiers : laboureur, éleveur ou commerçant. Par contre, énormément de personnes se consacraient à l'étude et à la pratique du dharma.
Lorsque les Occidentaux commencèrent à introduire au Tibet un certain confort matériel, la langue tibétaine n'était pas du tout adaptée à la modernité et ne comportait aucun terme approprié aux sciences et techniques modernes.
Lorsque les Occidentaux commencèrent à introduire au Tibet un certain confort matériel, la langue tibétaine n'était pas du tout adaptée à la modernité et ne comportait aucun terme approprié aux sciences et techniques modernes.
C'est un peu la même chose en Occident, mais en sens inverse, en ce qui concerne le dharma. Le tibétain est une langue traditionnelle possédant un vocabulaire très riche dans le domaine de la méditation et des pratiques spirituelles, qui n'a pas d'équivalent dans les langues occidentales. Lorsque des scientifiques occidentaux se rendent au Tibet pour partager ce qu'ils connaissent, il leur faudrait d'abord, dans un premier temps du moins, enseigner leur propre langue. Des Tibétains pourraient alors étudier à leur suite ; et ce n’est que dans une étape ultérieure qu’une terminologie adéquate pourrait être mise au point et transposée en langue tibétaine. Ici, c'est l'inverse : pour que le dharma puisse être profondément compris en Occident, il faut d'abord que des Occidentaux étudient et comprennent bien le tibétain.
Néanmoins, j'ai l'espoir que dans l'avenir tout pourra être traduit de façon juste ; et une fois que tout le dharma aura pu être transposé dans une terminologie occidentale adéquate, à ce moment-là, il n'y aura plus besoin du tibétain. Mais pour l’instant, toute personne qui souhaite étudier le dharma dans sa profondeur, et davantage encore celles qui se préparent à la retraite de trois ans tireront un grand bénéfice de l'étude du tibétain. Si vous étudiez régulièrement, un tout petit peu chaque jour, vous deviendrez vite érudits.
Source : La voie du bouddha (Une anthologie d'enseignements de Kyabdjé Kalou Rinpoché réalisée sous la direction de Lama Denys Teundroup)
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