Pourquoi ne pas simplement partir de la Nature ? Sans concevoir de première impulsion et une entité qui la donne. Conception qui implique d’ailleurs automatiquement une hiérarchisation dans laquelle le donneur de l’impulsion serait la première cause. Il est un principe actif, tandis que la Nature qui reçoit et produit est à la fois passive et active. Mais elle n’est active grâce à la première impulsion... Les spéculations sur la différenciation ou l’indifférenciation des deux principes ne sont que secondaires par rapport au procédé ci-dessus. Quelle meilleure métaphore pour ce procédé que l’image de l’union d’un Père et d’une Mère ? Et dans laquelle le Père est le supérieur hiérarchique de la Mère. Puisqu’on a commencé à personnifier, pourquoi ne pas continuer en personnifiant le feu intelligible, les quatre éléments et tous les autres agents et intermédiaires du plérôme ?
En fait, ce serait prendre les choses à l’envers. Car les notions philosophiques ont des racines religieuses. Les personnifications pré-datent les notions philosophiques plus abstraites. Au commencement furent l’animisme et le polythéisme. Puis, progressivement, les dieux multiples furent réunis dans le corps cosmique d’un dieu unique. Ce Dieu qu’ont avait proclamé mort plus tard mais qui a encore des beaux jours devant lui. Ainsi, Empédocle aurait encore dit « beaucoup de choses touchant la nature des démons qui, allant et venant sans cesse, s’occupent de ce qui se passe sur Terre et sont très nombreux. »[1]
Un système très complexe (mais créateur d’emploi) qui en dernière analyse ne représente que le mystère de la vie, « l’esprit et la matière ». C’est finalement assez cher d’avoir un esprit, en avons-nous réellement besoin ?
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[1] Hyppolite, dans Les écoles présocratiques, p. 146
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