A la fin de l'Antiquité romaine, les sciences qui tentent de découvrir les lois de la Nature doivent le faire en utilisant le langage et les images à leur disposition.
"les dieux qui correspondent aux différentes puissances de la nature tiennent absolument à être connus et honorés selon le culte traditionnel en honneur dans la cité. Cela signifie, d’une part, que les philosophes doivent parler de la nature en conservant les noms des dieux liés traditionnellement aux éléments et puissances de la nature, et, d’autre part, que renoncer aux cultes traditionnels, comme le font les chrétiens, c’est s’interdire la possibilité de connaître la Nature. La religion traditionnelle est une physique en images, présentée aux peuples dans les mythes et les statues des dieux, une physique mythique révélée par les dieux aux origines de l’humanité et dont seuls les sages comprennent le sens par l'interprétation allégorique.
Au premier abord, une telle idée peut paraître totalement aberrante. Quel rapport peut-il y avoir entre les rites religieux de l’hellénisme et la connaissance de la Nature ? Comment peut-on concevoir que ce soit la même Nature qui s’enveloppe à la fois dans les formes vivantes, les statues des dieux et les rites religieux ? Mais, à la réflexion, puisque les différentes religions avaient donné aux dieux des formes humaines, animales ou végétales, un philosophe antique pouvait légitimement se demander si ce n’était pas la même puissance incorporelle qui se manifestait dans les formes sensibles de la nature ou dans les statues des dieux. Par ailleurs, les naturalistes modernes ont insisté sur le caractère ostentatoire des formes vivantes et sur l’existence de rites et de cérémonials dans le règne animal. Un philosophe moderne pourrait donc admettre qu’il y a un rapport entre certains comportements des êtres de la nature et les rites religieux. On pourrait ainsi penser à une continuité entre rites humains et rites de la nature. Ce que l’on pourrait croire conventionnel, artificiel, arbitraire : le rite, le mythe, la fiction, l’art, la poésie, la religion, ne peut-on pas imaginer que cela soit déjà préinscrit dans le processus de la genèse des formes vivantes naturelles et de leur comportement ? L’imagination créatrice humaine prolongerait ainsi le pouvoir qu’a la nature de créer des formes."
Extrait de Pierre Hadot, Le voile d'Isis (pp 82-83)
Sur la théurgie, le meltingpot helléniste, les mystères, la sagesse et la gnose, et les révélations diverses, qui semblent être reliés à des zones d'influence de l'empire perse.
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