vendredi 9 juillet 2021

Une journée mémorable pour renforcer les liens

Centième anniversaire de Dilgo KR 5 mars 2010 à Shechen (Népal) (photos Jurek Schreiner)
Toutes les photos de ce billet ont été prises par Jurek Schreiner lors de la même cérémonie 

Pour prendre la mesure de l’importance de DJKR dans le bouddhisme tibétain Nyingma conservateur.

Dzongsar Jamyang Khyentse Rinpoche (DJKR) est né en 1961, comme le fils de Thinley Norbu Rinpoché (1931-2011), à son tour le fils de Dudjom Rinpoché (1904-1987), ancien chef de l’école Nyingmapa. Il fut reconnue comme la réincarnation de Jamyang Khyentse Chökyi Lodrö par Sakya Trizin. A partir de l’âge de 7 ans, il commença son apprentissage auprès de Dilgo Khyentse R (1910-1991), un fils de ministre du roi de Dergé, qui fut reconnu comme une réincarnation de Jamyang Khyentse Wangpo par Shechen Gyaltsap Rinpoche (1871–1926) à Shechen. Ce dernier était en même temps que Dzongsar Khyentse Chokyi Lodro (1893–1959) le lama-racine (mulaguru) de Dilgo R. Il était donc normal selon la tradition que DJKR eut des liens forts avec Shechen et avec Dilgo KR. Dans les familles de tulkous, les liens de sang et les liens spirituels sont indifférenciables. Les frères Taviani auraient pu faire un film “Mon Père, mon Guru”, ou mon Grand-père ou Oncle etc.

Dilgo KR était le fondateur du monastère de Shechen au Népal, dont l’actuel abbé Shechen Rabjam R. est également un des ses disciples cœur, à cause de leurs liens karmiques (voir ci-dessus).

Thrulshig R, en haut à droite, DJKR à ses côtés (photo Schreiner)

Lors des grandes cérémonies de l’école Nyingma, la hauteur des trônes de rinpoché donne une indication sur le rang hiérarchique de celui qui s’y asseoit. Par exemple, à l’occasion de l’anniversaire de cent ans de Dilgo KR à Shechen, le chef de l’école Nyingma Trulshik Rinpoche (1923–2011) fut assis au plus haut rang. Immédiatement à sa droite fut assis DJKR. Sur le rang en face, la réincarnation actuelle (Yangsi) de Dilgo KR occupe la plus haute place. Selon la tradition, Shechen Rabdjam, l’abbé de Shechen est son instructeur. Mais DJKR aurait aussi bien pu prendre ce rôle, vu les liens entre maîtres et disciples.

Yangsi Dilgo KR avec son papa plus à droite (photo Schreiner)

DJKR est le fondateur de Dzongsar Institute à Bir en Inde (désormais Dzongsar Khyentse Chökyi Lodrö College of Dialectics à Chauntra). Il gère deux monastères au Bhoutan et a établi des centres de dharma en Australie, Europe, Amérique du Nord et en Asie.

Tskoknyi R (fils de Tulku Urgyen), Sogyal Lakar de Rigpa, et CNR (photo Schreiner)

Bourses accordées par la Khyentse Foundation

DJKR est également à l’initiative de plusieurs fondations internationales.
Siddharthas Intent organise, distribue et archive les enseignements de DJKR

Khyentse Foundation finance tous les projets de DJKR

84000 projet de traduction en langues modernes (d’abord en anglais) de toutes les paroles du Bouddha

Lotus Outreach aide aux réfugiés tibétains, projets caritatifs

Samdrup Jongkhar Initiative (SJI) un projet deretraditionalisationdurable du Bhoutan

Lhomon Society un projet pour soutenir et promouvoir support le développement durable dans le Royaume du Bhoutan à travers les traditions (“grassroots”) et “une éducation et des formations holistiques”.[1]
DJKR avec Philip Philippou et Mauro de March de Rigpa (photo Schreiner)

DJKR produit également des films et écrit de nombreux livres, où la relation maître-disciple prend une place prépondérante. Dans son dernier livre, “Poison is Medecine” expose sa vision du vajrayāna et du guruvāda, qui selon lui, constitue le coeur et le sommet du bouddhisme. Un pays dirigé de main ferme selon ces principes, idéalement par un guru ou un mahāsiddha, ou par un dharmaraja assisté par des conseillers religieux deviendrait une source d’éveil, et serait une “dictature bienveillante”. Son projet semble être au fond de (ré)instaurer ou de préserver une théocratie, avec l’aide de ses disciples et de ceux qui soutiennent ses nombreux projets.

On apprécie DJKR ou pas, mais son projet est désormais clairement discernable pour tous, qu'on on le soutient en celui-ci ou non.

Mauro de March aidant Sogyal Lakar à descendre une marche (photo Schreiner)

En matière des abus dans le bouddhisme tibétain, on voit vaguement émerger deux camps dans le silence de plomb général. Pour DJKR et les lamas fondamentalistes, on ne peut pas changer le guruvāda[2], on l’aime ou on le quitte en silence. Pour le Dalaï-Lama et Mingyur Rinpoché[3], des disciples qui ont été victimes d’abus sont en droit de rendre public des dysfonctionnements graves, et ce n’est pas une transgression du “lien sacré” (samaya).

Shechen Rabjam R et Matthieu Ricard (photo Schreiner)

Cela étant dit, les victimes et les survivants d’abus dans le bouddhisme tibétain n’ont jusque là reçu aucune autre forme de soutien concret que ces quelques déclarations. Les services de signalement d’abus et l’accompagnement psychologique internes aux centres ne suffisent pas pour éviter les abus (rapport Lewis Silkin) et peuvent même contribuer à la stratégie de maîtrise des dégâts.

Matthieu Ricard faisant des photos (photo Schreiner)

"If you set your thoughts free,
Where nothing arises, remains, or ends,
They will vanish into emptiness. 
That naked emptiness is the guru
"

[1]The Lho Mon Society was founded by Dzongsar Khyentse Rinpoche in 2010 and formally registered as a Civil Society Organization (CSO) in 2012. Our mandate is to uphold, support, and promote sustainable development in the Kingdom of Bhutan through grassroots, holistic education and training initiatives.”

Bhutan is facing a tidal wave of consumerism, conflicts, and waste that comes with modernization. There is no turning back and no way to keep the floods at bay. Through Lho Mon’s grassroots initiatives, we are creating small islands of refuge, beacons to guide, and essential skills training to help the people chart a sustainable course that encourages equitable economic development, environmental conservation, cultural promotion, authentic education, and good governance.”

[2] “However you describe Sogyal Rinpoche’s style of teaching, the key point here is that if his students had received a Vajrayana initiation, if at the time they received it they were fully aware that it was a Vajrayana initiation, and if Sogyal Rinpoche had made sure that all the necessary prerequisites has been adhered to and fulfilled, then from the Vajrayana point of view, there is nothing wrong with Sogyal Rinpoche’s subsequent actions.”

Frankly, for a student of Sogyal Rinpoche who has consciously received abhisheka and therefore entered or stepped onto the Vajrayana path, to think of labelling Sogyal Rinpoche’s actions as ‘abusive’, or to criticize a Vajrayana master even privately, let alone publicly and in print, or simply to reveal that such methods exist, is a breakage of samaya.”

I’m sorry, but we can’t bend the rules on this point. When both the giver and receiver of a Vajrayana initiation are fully aware and clear about what has happened, they must then both accept that pure perception is the main view and practice on the Vajrayana path. There is no room whatsoever for even a glimmer of an impure perception.”

It may not be “popular” to talk of such western threats to the dharma, and I know that many see my postings on this as too negative. But being positive about everything, living in La La Land, and comfortably going along with and accommodating all popular and prevailing cultural assumptions, isn’t necessarily helpful.” Dzongsar Jamyang Khyentse, Guru and Student in the Vajrayāna.

[3]When the issue is people being hurt or laws being broken, the situation is different.

In that case, the violation of ethical norms needs to be addressed. If physical or sexual abuse has occurred, or there is financial impropriety or other breaches of ethics, it is in the best interest of the students, the community, and ultimately the teacher, to address the issues. Above all, if someone is being harmed, the safety of the victim comes first. This is not a Buddhist principle. This is a basic human value and should never be violated. The appropriate response depends on the situation. In some cases, if a teacher has acted inappropriately or harmfully but acknowledges the wrongdoing and commits to avoiding it in the future, then dealing with the matter internally may be adequate. But if there is a long-standing pattern of ethical violations, or if the abuse is extreme, or if the teacher is unwilling to take responsibility, it is appropriate to bring the behavior out into the open.

In these circumstances, it is not a breach of samaya to bring painful information to light. Naming destructive behaviors is a necessary step to protect those who are being harmed or who are in danger of being harmed in the future, and to safeguard the health of the community
.” Extrait de Lion’s Roar, When a Buddhist Teacher Crosses the Line, 26/10/2017 Mingyur Rinpoche

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