Le traité La discrimination entre les phénomènes et la
nature des phénomènes (sct dharma-dharmatā-vibhaṅga tib chos dang chos nyid
rnam par 'byed pa) explique les caractéristiques des phénomènes et de la nature
des phénomènes. L’introduction à la réintégration de la réalité authentique
(tib. yang dag sbyor ba) s’appuie sur quatre phases :
1. Réintégration du support
2. Réintégration du non-support
3. Réintégration sans s’appuyer sur un support
4. Réintégration en s’appuyant sur l’absence de support
Cette quadruple réintégration a trois effets.
1. Le repos en la nature des phénomènes, qui évolue dans la
nature des phénomènes non-duelle et inexprimable.
2. L’absence des apparences, où les réalités nominales (sct abhilapanatā),
les facultés psychosensorielles, leurs objets respectifs, leur discernement, et
les environnements ne se manifestent pas.
Par conséquent, à cause de cela [la nature des phénomènes] ne
s’observe pas (tib. brtag me dpa), ne se montre pas (tib. bstan du me dpa), ne
se détermine pas (tib. gnas med pa), ne se manifeste pas (tib. snang ba med pa)
et ne se discerne pas (tib. rnam rig med pa). Ne « se déterminant pas »,
elle est la gnose non-représentationnelle (tib. rnam par mi rtog ye shes), dont
les caractéristiques sont énoncées dans les Discours (sct. sūtra).
3. De sa manifestation, tous les phénomènes apparaissent égaux
au centre de l’espace, et toutes les constructions (sct. saṃskāra) apparaissent comme des
illusions etc.
Il s’avère de ces définitions que le dharmatā a trois aspects
qui correspondent à ceux du triple Corps. Un aspect de repos (pensée-en-soi)
non-déterminé, un aspect de « potentiel de manifestation », où la
pensée est éveillée (gnose) mais non encore manifeste et différenciée (comme l’infrastructure
de l’existence à venir), et un aspect manifeste où elle apparaît en toute
chose, tout en restant « égale au centre de l’espace ».
La pensée éveillée connaît à la fois les choses et la nature
des choses, quel que soit l’aspect de ces choses, « pur » ou « impur »
etc.
Dans les Instructions des six états intermédiaires (tib. bar do
drug gi khrid yig) de Karma Lingpa, le terme « dharmatā » prend un
autre sens, à cause du mariage du dzogchen avec le mahāyoga. Au cours de l’histoire
bouddhiste, l’état intermédiaire désignait initialement l’intervalle entre lamort et la naissance, puis dans la série des Six yogas, on voit apparaître
trois états intermédiaires, pour finir avec des états intermédiaires au nombre
de six. Dans l’état intermédiaire de la Lumière manifeste du dharmatā (tib. chos
nyid 'od gsal gyi bar do), Karma Lingpa insère un plérôme, le maṇḍala des dieux et démons,
qui est à la base de toute notre expérience, la réalité authentique derrière la
réalité apparente que nous vivons ici-bas. Le terme dharmatā prend ici un sens
théiste, qu’il n’avait pas dans les traités de Maitreya.
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