vendredi 25 octobre 2019

De la violence fondatrice comme "initiation"




Dominique Cowell, ex-intendante au service de Sogyal Rinpoché de Lerab Ling de Roqueredonde, dans l'Hérault, racontait dans une vidéo de France 3 régions (12/09/2018) :
“01:48 Il y avait une femme qui était nue, dans une salle, et qui était avec [Sogyal], et qui était très mal psychologiquement. Je pense qu’elle avait de graves problèmes. Mais il l’avait baladée avec une corde. Et il riait en disant hi-han hi-han, comme si c'était un âne. Une humiliation, mais de dingue ! Et nous on était incapables de réagir. J'étais féministe, j'étais pas du genre à me laisser faire par personne, et je me retrouve dans une situation de grande violence psychologique, d'humiliation de cette femme. Et de ce fait, d'humiliation de nous aussi, parce qu’on n'avait plus les moyens de réagir normalement. Son mode opératoire, c'est de violer. Il le fait parce qu'il le peut, parce qu'il a l'emprise sur les gens. Donc les gens ne sortent pas des pièces en criant ‘oh il m'a violée !’ C'est traumatisant. Donc ces femmes-là - où ces hommes - parce-que peut-être même il y avait des hommes... ces gens, comme moi par exemple, ça m'a pris du temps pour pouvoir reconnaître que j'avais été abusée.” (Lien Youtube)
Cette scène est pour moi emblématique du "mode opératoire" de Sogyal Lakar à Rigpa. Tous les éléments sont là. Le maître, la victime - une femme -, le cercle de disciples, la corde, l’humiliation, le silence…

Il s’agit d’une violence collective. Le maître, par son acte de “folle sagesse” fait violence à la fois à la victime et aux personnes présentes. C’est leur silence et leur passivité qui scellent la violence de cette scène, symbolisée par la corde qui les relie tous. La corde n’est pas seulement mise autour du cou de la victime, mais aussi autour des cous de tous ceux qui sont présents, et l'autre bout est tenu par la main du maître. Un(e) autre aurait pu être à la place de la victime. L’humiliation, collective, consiste en la mise à nu, en la réduction à l’état d’animal (l’âne), bête de somme par excellence, et en l'asservissement total de tous ceux présents. Tous ceux présents sont mis à nu (“démasqués” dit-on en jargon folle sagesse) et réduits à l’état de bête de somme ("meekness"). Qui ne dit mot consent.

Puisque le maître est le gourou, les disciples qui assistent à la scène, ne peuvent qu’approuver le geste de celui-ci. Il s’agit d’une "initiation", d’une "transmission", d’un acte de "folle sagesse" difficile à saisir pour les non-éveillés et les non-initiés. C’est un privilège d’y assister. Y voir autre chose serait violer le pacte (samaya) avec le gourou et un obstacle à l’union spirituelle avec lui. Le pacte est non seulement conclu avec le gourou, mais avec tous ceux présents, frères et soeurs "vajra" dans le "vajrayana secret". Ce qui s’est passé ici est gardé secret, car les non-initiés ne comprendraient pas. Le maître peut mourir, mais le lien avec lui ainsi qu’entre les initiés (la corde autour du cou) restera.

Le Rapport Lewis Silkin en français
Témoignage du vécu intérieur d'un disciple Rigpa assistant à une "mise à nu" 


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