mardi 27 février 2024

Sur la bandaison spirituelle et la "puissance mâle" de l'âme

Herma (Hermès ithyphallique) en bronze, 490 av. JC (The Met)

Pour approfondir ce sujet, je vais regarder du côté des naassènes (qui ne sont pas les ophites[1]) et qui constituent un groupe particulier de “gnostiques”[2]. Nous les connaissons principalement (et négativement) par La Réfutation de toutes les hérésies, attribuée à tort à Hippolyte de Rome[3], et dont l’auteur est désormais appelé le “Réfutateur”. La réfutation des naassènes dans ce livre est probablement basée sur un texte de type sermon. M. David Litwa (2024) a (re)traduit le passage de La Réfutation de toutes les hérésies et reconstitué le “sermon naassène”, qu’il attribue à un prédicateur anonyme (“le Prédicateur”). Dr. Litwa reconstruit ensuite hypothétiquement la doctrine et le praxis dans le groupe de ce Prédicateur naassène de la région d’Alexandrie, disposant à l’évidence d’une bonne bibliothèque….

Même si cela n’est pas si exceptionnel dans ce milieu, on est frappé par la grande ouverture d’esprit et l’attitude très inclusive et universaliste du Prédicateur qui puise dans des sources gréco-romaines (Homère, Platon, …), égyptiennes, judaïques, chrétiennes, assyriennes…, à la fois de lumière divine et humaine, dans une optique de déification ouverte à tous, mais pas sans sacrifices… Déification dans le sens d’une continuation incorporelle (ἄνευ τε σωμάτων, Phédon 114c[4]). Pour le Prédicateur naassène il s'agit, outre cette continuation, d’ “atteindre la non-génération (ingeneracy), ou "la sortie de la roue de la naissance et de la renaissance[5]. Dr. Litwa observe que pour Clément d’Alexandrie, l’âme est destinée à une ascension au-delà des sept sphères à échapper à la naissance et à l’engendrement même[6]. Un nirvāṇa divin. Sans corps psychique”, “noétiqueetpneumatique “qu’est-ce qui” continue ? Cest une question mal posée aurait dit le Bouddha (Phagguna Sutta). Les Fils de Lumière n’hésitent pas à faire des affirmations sur l’étincelle divine, le soi véritable ou “la puissance mâle de l’âme[7] ?

Dans mon blog Création pure et impure, lumière divine et humaine, nous avions vu le processus de création ou d’émanation “pure” en couples (syzygies), et logiquement l’âme est constituée d’une part mâle et féminine. La “puissance mâle” est considérée comme la “partie supérieure” de l’âme, ou de l’esprit (“male mind[8]). Cette idée peut être pris au premier degré, mais nous verrons que ce n’était sans doute pas le cas chez les naassènes.
“[Pierre : ] Que Marie sorte du milieu de nous car les femmes ne sont pas dignes de la vie. Et Jésus répond à cela: Voici, je l'attirerai afin de la faire mâle, pour qu'elle devienne, elle aussi, un esprit vivant semblable à vous, mâles. Car toute femme qui se fera mâle entrera dans le Royaume des cieux.” Evangile de Thomas, logion 114[9].
Platon affirmait qu'il était nécessaire "d'exercer la partie supérieure de l'âme, qui n'est autre que l'intellect, de telle sorte qu'elle se mette en harmonie avec l'univers et s'assimile à la divinité."[10]
Les stoïciens conçoivent une partie hégémonique ou directrice de l'âme, un principe directeur qui est "le meneur", "le chef", "le commandant"[11].
Le bouddhisme (Dhammapada) suit une ligne similaire : "Le mental est l'avant-coureur des conditions, le mental en est le chef, et les conditions sont façonnées par le mental. Si avec un mental impur, quelqu'un parle ou agit, alors la douleur le suit comme la roue qui suit le sabot du bœuf."[12]

Un des exercices de Marc Aurèle, consistait à circonscrire le "vrai" moi et de le délimiter du "fleuve en flux perpétuel". Il établit qu'une personne se compose de trois choses : le corps, le souffle vital (pneuma, l'âme qui anime le corps) et l'intéllect (noûs). De ces trois choses, deux sont acquises, mais la puissance intellectuelle, qui s'élève au-dessus des entrelacements du Destin, qui est pure et libre pour elle-même, est nôtre[13].

Il semble évident que cette “partie supérieure de l’âme” ou “puissance intellectuelle” corresponde à ce que certains appellent la partie “mâle” de l’âme ou de l’esprit, sans forcément prendre “l’âme” dans un sens religieux. Dans la Politique, Aristote en fait aussi une affaire de “puissance d’agir“ “genrée” :
“ ‘Y-a-t-il quelqu’être pour lequel il soit préférable et juste d’être esclave ? ‘, demande Aristote. Le philosophe répond en affirmant que l’autorité et la hiérarchie sont naturelles parce que nécessaires et utiles. Par exemple, l’âme commande au corps, l’intellect au désir, l’homme à l’animal, le mâle à la femelle, et certaines notes le font même à d’autres en musique. L’inversion de ces hiérarchies naturelles est un symptôme de dérangement, comme dans la vieillesse, où le corps commande à l’âme, ou dans un ménage disharmonieux, où la femme commande à l’homme.[14]
Le même type d’argument se retrouve chez certains propos de Paul
Toute femme qui prie ou prophétise tête nue fait affront à son chef car c'est exactement comme si elle était rasée. Si la femme ne porte pas de voile, qu'elle se fasse tondre! Mais si c'est une honte pour une femme d'être tondue ou rasée, qu'elle porte un voile! L'homme, lui, ne doit pas se voiler la tête: il est l'image et la gloire de Dieu; mais la femme est la gloire de l'homme. (1 Co 11,5-7)[15]
Par nature, ou parce que tout est idéologiquement mis en oeuvre pour qu’il en soit ainsi, la femme, contrairement à l’homme, n’aurait pas de puissance d’agir (agency), et certains appliquent cette théorie également à l’âme avec ses deux parties, supérieure et inférieure, active et passive (“sensitive[16]). Cette idée se trouve même au XVIIème siècle dans les théories du quiétisme de Molinos, ici présentée par Jules Lemaître (dans Fénelon) :
“6° Notre libre arbitre une fois remis à Dieu avec le soin et la connaissance de notre âme, il ne faut plus se soucier des tentations ni prendre la peine d'y résister. Les représentations et les images les plus criminelles qui affectent alors la partie sensitive de l'âme sont tout à fait étrangères à la partie supérieure. L'homme n'est plus comptable à Dieu des actions les plus criminelles, parce que son corps peut devenir l'instrument du démon, sans que l'âme, intimement unie à son Créateur, prenne aucune part à ce qui se passe dans cette maison de chair qu'elle habite.
(Ici nous rejoignons les Paterniens, les Nicolaïtes et les Bégars.
)”
Molinos est mort en prison. L’involonté et la passivité, même théopathique, n’étaient pas appréciées à l'époque.

On verra que chez les naassènes, cette duplicité de l’âme n’était pas insurmontable.
"Les humains ont une âme inférieure, qui comprend un ensemble de passions et de pulsions. Mais il y a aussi une âme supérieure, que le Prédicateur appelle "la puissance masculine" (5.7.13), que l'on peut identifier à l'esprit (noûs). Ce mental, ou esprit, est le véritable humain à l'intérieur : la "personne intérieure" et la "graine de moutarde" dans le langage biblique.

60 Dieu et l'humanité
C'est la partie de l'humain qui est consubstantielle au Fils de Humain.
L'objectif des naassènes est de détacher cet esprit divin du corps et de l'âme inférieure pour devenir un esprit pur et immortel - un "dieu" dans les hauteurs (5.7.39 ; 5.8.24-30)
[17]."
Mythologiquement et iconographiquement, l’aspect ithyphallique d’Osiris et Hermès, et même l’autocastration d’Attis, représentent la puissance mâle de l’âme, le véritable soi, le noûs, qui pointe vers le ciel[18].
"La particularité de l'interprétation du Prédicateur réside dans sa lecture spirituelle et platonicienne de cette énergie. L'énergie signifiait le pur pouvoir noétique du Dieu humain, une force sans mort, sans corps ni mauvaises émotions. L'Humain - ou plutôt le Fils de l'Humain - pouvait donc bien être symbolisé par le phallus, malgré le fait que l'Humain était androgyne. Contrairement à Jésus, l'Humain n'avait rien de littéralement masculin - il n'avait pas de pénis matériel ni de testostérone. Il était plutôt une pure énergie noétique et pouvait être appelé "Intellect" (5.10.2). On peut ici comparer Plotin, un platonicien sobre d'esprit éduqué à Alexandrie, qui allégorisa le phallus une génération plus tard. Il a fait la remarque suivante : "Je pense que les sages d'antan font mystiquement allusion à quelque chose dans les rites à mystères lorsqu'ils représentent l'ancien Hermès comme ayant toujours son organe générateur actif. Ce faisant, ils montrent que ce qui génère les choses dans le monde sensible est le Logos intelligible". Cette conception n'est pas très éloignée de l'interprétation de Naassène. Hermès est le Logos créateur, mais le Logos, pour le Prédicateur, c'est aussi Jésus et le Fils de l'homme.[19]
Pour le Prédicateur, les rapports sexuels, notamment entre un homme et une femme, étaient proscrits, car ils ne produisaient que des futurs morts[20]. L’unique échappatoire à la mort était le baptême avec de “l’eau céleste”, une substance spirituelle. Ceux qui se plongeaient dans l’eau spirituelle passèrent par “la porte véritable”, Jésus le béni (5.9.21), la troisième porte par laquelle Paul fut passée… En y passant, on se sépare de son habit de chair, et l’on entre dans une communauté spirituelle, où des esprits purs se rencontrent. Ce baptême/passage avait pour résultats de faire des fiancés (“mâles”= androgynes, “grooms”) des hommes et des femmes baptisés. Les femmes baptisées, devenues des “esprits mâles” pouvaient se distinguer par un habit (de moine) particulier.
Quant à toi, Mariamné [Marie-Madeleine], change de costume et d'apparence: dépouille tout ce qui, dans ton extérieur, rappelle la femme, la robe d'été que tu portes, ne laisse pas la frange de ton vêtement traîner par terre." [Actes de Philippe 95]

Marie porta dès lors un habit de moine. Cette image de sainte se maintint dans la tradition chrétienne. Au Moyen Âge, Marie-Madeleine fut canonisée et devint l'objet d'un grand culte.”[21]
Dr. Litwa observe que le “genre” des “fiancés” était de toute façon instable, puisqu’ils avaient été “émasculés par l’esprit vierge” (The Naassenes). Les eaux baptismales étaient “séminales”.
Les semences de l'Humain étaient arrosées et poussaient à l'intérieur des individus. Le baptême signifiait la renaissance, et plus précisément la naissance spirituelle (Jean 3,6, cité dans 5.7.40). La naissance spirituelle ne créait pas des enfants destinés à mourir, mais des êtres spirituels immortels appelés "dieux" (Ps 82,6)[22]".

Selon le Prédicateur, le pénis castré ou la "puissance masculine" de l'âme représente l'esprit purifié, coupé des forces de la naissance mortelle. Le prédicateur révélait ainsi le sens profond du mythe [de Cybèle]"[23].
Le Prédicateur utilise et interprète ces mythes pour soutenir sa propre thèse. Le pénis castré, le phallus d’Osiris/Dionysos/[Siva]/Hermès, etc., ithyphalliques, signifie pour les Naassènes, la “puissance mâle” de l’âme de tous les “promis”, masculins et féminins.

Pour les naassènes, cela faisait partie de la rédemption. Le baptême par l’eau céleste était suivi par le rituel de l’onction avec de l’huile dite “ineffable” (chrème ?), qui permettrait la “sortie du cosmos”. Ceux qui recevaient l’huile, recevaient "le vierge”, "le pur esprit”, et rejoignaient “la race sans roi” (abasileus genea).
Ils étaient sans roi parce qu'ils étaient "déjà rois" (1 Cor 4:8), exerçant leur autorité non pas sur les nations mais sur leurs désirs corporels.[24]
Après le baptême et l'onction, les chrétiens naassènes partageaient la plénitude du royaume supercosmique (5.8.30, 5.8.2).”
A la différence de la plupart des théories bouddhistes ésotériques, et certainement de son praxis, il n’y a pas de distinction entre les “promis” hommes et femmes, après le baptême et l’onction, qui correspondent à une “renaissance” qui serait la véritable “naissance spirituelle”. Il n’y aura pas de retour métempsychique, pas de nécessité pour les femmes de naître d’abord dans un corps mâle. Chez les naassènes, la “puissance masculine” de l’âme n’est pas naturellement opérationnelle chez les hommes. Le corps spirituel et sa "puissance mâle" n’est pas genré, mais “androgyne”. Hommes et femmes doivent passer par le baptême et l'onction pour l’obtenir.

***

[1] M. David Litwa, Found Christianities: Remaking the World of the Second Century (London: T&T Clark, 2021), 99–111, 276–87

[2] Voir M. David Litwa, The Naassenes, Exploring an Early Christian Identity, Routledge, 2024


[3]This anonymous author—wrongly identified with a Roman martyr called Hippolytus—was the greatest heresy hunter of his time.4 I will call him “the Refutator” after the name of his magnum opus, The Refutation of All Heresies.” M. David Litwa, The Naassenes, Exploring an Early Christian Identity, Routledge, 2024

[4] "Ceux qui se trouvent suffisamment purifiés par la philosophie", se distinguant des autres, "vivent absolument sans corps pour la suite du temps et parviennent à des demeures plus belles encore que celles-là" (114 c).” Françoise Frazier, Collection de l'Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, Année 2007, 1079 pp. 189-202 Une relecture du mythe final du Phédon. Le philosophe et son logos.

En anglais : “[114c] they mount upward into their pure abode and dwell upon the earth. And of these, all who have duly purified themselves by philosophy live henceforth altogether without bodies, and pass to still more beautiful abodes which it is not easy to describe, nor have we now time enough.” Plato. Plato in Twelve Volumes, Vol. 1 translated by Harold North Fowler; Introduction by W.R.M. Lamb. Cambridge, MA, Harvard University Press; London, William Heinemann Ltd. 1966.

[5] M. David Litwa, You Are Gods: Deication in the Naassene Writer and Clement of Alexandria,
Journal: Harvard Theological Review / Volume 110 / Issue 1 / January 2017Published online by Cambridge University Press: 21 December 2016, pp. 125-148Print publication: January 2017

For the Naassene writer, deication is not just the immortal continuation of this form of life. It means attaining ingeneracy, or breaking out of the wheel of birth and rebirth.”

[6] Les Stromates. “The soul is one day destined to rise above the seven heavens and escape from birth and generation itself (ἐξαναδύναι γενέσεως [Strom. 4.25.159.2] (SC 463:322.10)]; cf. γενέσεως ὑπεξαναβᾶσα [Strom. 4.25.155.4 (SC 463:316.17)]).”

[7] "L’âme mâle", "l’âme énergétique", “la dimension vibratoire du corps”, etc.
The “male power of the soul” (the true self or divine spark) is meant to depart completely from the body and rise to God (Ref. 5.7.13).” Litwa, You are gods, p. 143

[8]For the Preacher, one no longer engaged in “male” and “female” works (begetting and childbearing).” In this androgynous state, the baptizand was putatively freed from sexual desire. Sex drive was transmogrified into spiritual drive, a lust for union with the ultimate Human, made possible by the Son of Human clothed in flesh. Baptizands were empowered to cut themselves off from sexual activity in order to ensure their spiritual productivity. They attained spiritual fertility by sending their “male” minds above (5.7.13), living as though the body were a corpse, and—in Platonic language—engaging in the “practice of death” (detaching the higher consciousness from the flesh by rising above the world of sense).” Dr. Litwa, The nasseenes

[9] Cité par Catherine Barry dans Des femmes parmi les apôtres, 2000 ans d’histoire occultée, Les grandes conférences, 1997, p. 31

Il y a deux niveaux de langage dans cette citation. Pierre s'attaque à Marie-Madeleine en raison de la différence physique, ce qui témoigne d'une discrimination à l'égard des femmes. Jésus répond à un autre niveau, symbolique, qui fait appel à l'enseignement sur la nature di- vine qui est androgyne. Toute âme est féminine et doit retrouver sa partie måle pour pouvoir entrer dans le Royaume. Il n'est plus question des différences physiques entre hommes et femmes: cela ne compte plus, car le corps est voué à la mort. Seule l'âme peut aspirer à la vie éternelle.”

[10] Hadot, Qu'est-ce la philosophie antique p. 108

[11] Les stoïciens I, Frédéric Lidefonse, p. 172

[12] Dhammapada, Les dits du Bouddha, Albin Michel p. 29

[13] Pierre Hadot, La citadelle intérieure, p. 130

[14] L’esclavage selon Aristote, Romain Treffel, article en ligne.
"§ 8. Reconnaissons donc que tous les individus dont nous venons de parler ont leur part de vertu morale, mais que la sagesse de l’homme n’est pas celle de la femme, que son courage, son équité, ne sont pas les mêmes, comme le pensait Socrate, et que la force de l’un est toute de commandement ; celle de l’autre, toute de soumission. Et j’en dis autant de toutes leurs autres vertus ; car ceci est encore bien plus vrai, quand on se donne la peine d’examiner les choses en détail. C’est se faire illusion à soi-même que de dire, en se bornant à des généralités, que « la vertu est une bonne disposition de l’âme », et la pratique de la sagesse ; ou de répéter telle autre explication tout aussi vague. À de pareilles définitions, je préfère de beaucoup la méthode de ceux qui, comme Gorgias, se sont occupés de faire le dénombrement de toutes les vertus. Ainsi, en résumé, ce que dit le poète d’une des qualités féminines :
Un modeste silence est l’honneur de la femme, est également juste de toutes les autres ; cette réserve ne siérait pas à un homme
.”
Aristote, Politique, Chapitre V, traduit par Jules Barthélemy-Saint-Hilaire, 1874

Voir aussi mon blog Être, être déterminable et ne pas être.

[15] Cité par Catherine Barry dans Des femmes parmi les apôtres, 2000 ans d’histoire occultée, Les grandes conférences, 1997, p. 37

Il faut voir ici pourquoi le port du voile s'imposait. La femme était considérée comme la «propriété privée» d'un seul homme, son mari, et le principal honneur auquel elle pouvait prétendre dans la vie était de lui être fidèle. Une femme recluse à la maison était fidèle aux yeux de tous. Mais si elle s'exposait aux regards ou qu'elle sortait trop librement de chez elle, elle laissait alors planer un doute sur sa chasteté. Et une femme suspectée d'adultère était presque aussi déshonorée que si elle l'avait de facto commis.”

[16] P.e. cela se trouve encore dans les notions Sense and Sensibility (Jane Austen)

[17]Humans have a lower soul, which includes a set of passions and drives. Yet there was also a higher soul, what the Preacher called “the male power” (5.7.13), which one can identify with mind (nous). This mind or spirit is the true human within: the “inner person,” and “mustard seed” in biblical language.

60 God and Humanity
This is the part of the human that is consubstantial with the Son of Human.26 The Naassene goal is to detach this divine mind from the body and the lower soul to become a pure, immortal spirit—a “god” on high (5.7.39; 5.8.24–30).
” Dr. Litwa, The Naassenes

[18]The Preacher specifically linked Hermes’s creative role with his erect phallus as depicted in the cult statue at Cyllene. Hermes’s erect penis apparently had the same allegorical meaning as the castrated genitals of Attis (5.7.15), and the erect phallus of Osiris (5.7.23, 27). The “male power” of the soul, the true self or nous, is what curves upward to heaven.”

[19]What was distinctive about the Preacher’s interpretation was his spiritual and Platonic reading of this energy. The energy signified the pure noetic power of the Human God, a deathless force removed from bodies and bad emotions. The Human—or rather Son of Human—could thus well be symbolized by the phallus, despite the fact that the Human was androgynous. As opposed to Jesus, there was nothing literally male about the Human—he did not have a material penis or churning testosterone. Rather s/he was pure, noetic energy and could be called “Intellect” (5.10.2). Here one can compare Plotinus, a sober-minded Platonist educated in Alexandria, who allegorized the phallus a generation later. He remarked: “I think the sages of old mystically hint at something in the mystery rites when they portray the ancient Hermes as always having his generative organ active. In so doing, they show that what generates things in the sensible world is the intelligible Logos.” This understanding is not far from the Naassene interpretation. Hermes is the creator Logos, but the Logos, for the Preacher, is also Jesus and the Son of Human.”

[20]According to the Naassene report, “the intercourse of a woman with a man is exposed and established as an entirely evil and forbidden act” (5.7.14).

Apparently, the Preacher likened sex to the work of pigs and dogs (5.8.33). These pigs and dogs include other Christians who engage in mortal sex for the production of children doomed to die.”

[21] Cité par Catherine Barry dans Des femmes parmi les apôtres, 2000 ans d’histoire occultée, Les grandes conférences, 1997, p. 34

[22]The seeds of the Human were watered and sprouted inside individuals. Baptism meant rebirth, and specifically spiritual birth (John 3:6, quoted in 5.7.40). Spiritual birth did not create children destined to die, but immortal spirit beings called “gods” (Ps 82:6)”.

[23]According to the Preacher, the castrated penis or “male power” of the soul represents the purified mind cut off from the forces of mortal birth. In this way, the Preacher revealed the deeper meaning of the [Cybele] myth.

[24]They were kingless because they were “already kings” (1 Cor 4:8)—exercising authority not over nations, but over their bodily desires.” The Naassenes

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