Urizen, le démiurge de William Blake (British Museum) |
Lire les textes “gnostiques” et lire sur les “gnostiques” me fascine, car rien ne semble encore figé à Alexandrie. La pensée est encore vivante car traversée par différents apports mythologiques, culturels, religieux, philosophiques, même si le fond de l’air est théiste avec un Dieu et une création/émanation, les forces des Lumières et les forces de l’Obscurité. Le coeur du problème est la Nature de ce Dieu, à la fois Source et Destination. Comment préserver sa transcendance tout en permettant son immanence ? Comment faire pour qu’il soit à la fois inaccessible et accessible ? L’idée d’intermédiaires et de sas spatiaux et temporels semble alors évidente. Cela est très clair dans le groupe des Séthiens, et notamment dans les versions brève et longue de leur écrit L’Apocryphon de Jean/Le Livre des secrets de Jean (BG ; NH III, traduction française de Bernard Barc), qui reflète la révélation faite par un enfant/vieillard de lumière à Jean. L’enfant/vieillard est avec Jean en tout temps. Il est à la fois le Père, la Mère et le Fils. Il est éternel, sans souillure et sans mélange. Il apparaît à Jean pour lui révéler la génération inébranlable de l’Homme parfait.
Ce texte adressé aux hommes imparfaits, mais idéalement en voie de perfection, est à toute évidence une création littéraire, où des prêtres et des philosophes moyen-platoniciens ont eu la main. Leur présence se ressent dans le vocabulaire choisi, et dans les actes divins qui sont comme des rites. Le texte parle un langage et utilise des images que les homme imparfaits et leur monde puissent reconnaître et comprendre aisément. “Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas” en quelque sorte. En haut le monde intelligible (manifestation pure), et en bas le monde sensible (manifestation impure) ; le reflet impur, où le pur est inaccessible à cause des déformations causées par les passions, etc.
Pour ce qui est de la part transcendante du modèle intelligible, elle est appelée Monade, l’Esprit invisible et inconnaissable, à part par Lui-même. Cette connaissance directe et non-déformée (pure) est l’Esprit se pensant (tib. dgongs pa) en Lumière. Cette Pensée est une Puissance, et de cette Puissance (Barbélô) procéderont tous les éons (s. kalpa) temporels, où seront engendrés les générations. Barbélô est la Puissance suprême tournée vers l’Un, la Monade, constituant comme un cercle fermé “masculin” avec la Monade.
Étant tourné vers la Monade, l’Un, la Puissance suprême “manifeste la masculinité du Père en cinq éons ; tournée vers le multiple, la Puissance suprême manifeste sa féminité dans cinq autres éons, se constituant ainsi elle-même comme l’Homme primordial androgyne, Mère-Père (BG 26,15-29,18)[1]” Dans ce premier “cercle fermé”, il y a donc le Père, la Mère-Père androgyne (tournée vers l’Un) et le Fils primordial androgyne (tournée vers le multiple). Quand la Mère-Père androgyne (Barbélô) est tournée vers l’Un, le Père, elle manifeste la masculinité du Père, et quand elle se tourne vers le multiple, elle est le Fils primordial androgyne, et manifeste sa propre féminiité dans cinq autres éons.
De cette façon, la “féminité” est présente en puissance dans la Monade/l’Un quand celui-ci se pense lui-même, dans un cercle fermé, et c’est sa Pensée, la Mère-Père androgyne (Barbélô), qui en se tournant vers le multiple, exprime sa féminité. Tout est parfait quand l’Un fait face à sa Pénsée en cercle fermé, mais l’Un est en quelque sorte désolidarisé de sa Pensée, quand celle-ci se tourne vers le multiple et manifeste sa féminité créatrice. C’est un premier intermédiaire et un premier sas. Cela ne suffit pas pour désolidariser tout à fait l’Un.
Même si le Fils primordial androgyne est en essence la Mère-Père androgyne (Barbélô), tournée vers le multiple, il est comme un nouvel intermédiaire. Puisque ce Fils a été “conçu dans la pensée de l’Esprit et dans le silence (BG 31,10-11)", et engendré par la Mère-Père androgyne, il est inférieur à Elle, et doit être “perfectionné” par des “dons”, Bonté et Intellect. Il reçoit en outre de l’Esprit (Monade, Père) “le soin de ‘créer toutes choses par sa parole’ Logos ? C’est donc le Fils primordial androgyne qui, tourné vers le multiple, procède à la création “par sa parole”. Nous sommes toujours dans le modèle intelligible d’une création pure et éternelle (“constitué de façon parfaite et définitive”). Les "dons" que l'Esprit transmit au Fils primordial androgyne, serviront sans doute d'antécédent aux transmissions par les prêtres aux candidats du salut dans le cadre de baptêmes, ablutions, initiations, mystères, consécrations, sacrements, etc.
Ce monde intelligible “prend la forme d’un Homme parfait véritable”, Adamas, qui est l’image de l’Homme primordial, “détenteur d’une connaissance parfaite, capable d’exprimer par la parole cette triade qui n’était jusqu’ici que pensée (BG 34,19-35, 20)”. Le mot Adamas en grec, signifie “diamant”
“ἀδάμας / adámas, « inébranlable, incassable », de adamastos : inflexible, inébranlable, qui a donné l'adjectif adamantin, l'ancien nom du diamant adamant et également la désignation adamantane, hydrocarbure tricyclique de formule C10H16)”. (wikipédia Diamant)Ce monde intelligible avec ces douze éons et ces quatre lumières, prenant la forme d’Adamas, est la création parfaite telle qu’elle avait été prévue. La continuation de la création dans le monde sensible est plus complexe. Cela était-il prévu aussi, ou un accident ? Les opinions et les croyances à ce sujet divergent. Est-ce une façon de Dieu pour connaître encore davantage sa Pensée, cette fois-ci concrétisée au niveau sensible ? Est-ce que les humains sont des sortes de cobayes dans un laboratoire sensible ? Est-ce un accident maîtrisé, voire souhaité et nécessaire ? S’il y a accident, il serait imputable à une féminité trop poussée (Sophia et l’archonte Yaldabaôth), poussant trop loin la création dans le sensible, dans la matière[2]. Quoiqu’il en soit, cette création-là dans le sensible est imparfaite, et les humains descendants d’Adam (qui n’est pas Adamas) sont imparfaits, et doivent être perfectionnés, sauvés pour réintégrer la création adamantine pure d’Adamas.
Leur imperfection les empêche de voir cette création pure, cette Réalité pure et réelle. La création pure envoie des sauveurs “détenteur[s] d’une connaissance parfaite, capable d’exprimer par la parole cette triade”, qui montrent la voie à suivre pour réintégrer la création adamantine pure. Dans cette voie “adamantine”, les humains sont purifiés, initiés, oints et perfectionnés par des prêtres, pour qu’ils réintègrent la création pure. Débarrassés de toutes leurs tares, purifiées et grâce à la connaissance parfaite, la gnose, les écailles leur tomberont des yeux, et ils apercevront de nouveau la Réalité, telle qu’elle est réellement.
“Dans le Vajrayāna [véhicule adamantin], on conçoit donc deux registres de perception de la réalité relative : la réalité relative impure, conditionnée par les forces opérantes, biaisée par les obscurcissements de la connaissance et des passions, et perçue par les êtres ordinaires piégés dans le cycle des existences; et la réalité relative pure, c'est-à-dire la manifestation incomposée et inconditionnée des précédents phénomènes, sous la forme des déités vides et lumineuses. Cette dernière est l'expression formelle de la vacuité ou réalité absolue.C'est au XIVème siècle, avec la Révélation de Karma Lingpa (1326–1386), qu'apparaît un sixième Bardo de "la réalité relative pure" (t. chos nyid bar do), qui introduit une deuxième réalité "relative" divine et donc supérieure car réellement susceptible d'apporter "le salut" dans le bouddhisme des Anciens, et qui ouvre la perspective aux prêtres d'élargir leur offre de services post-mortem. Cela fera une troisième vérité "religieuse", en plus de la vérité ultime et la vérité relative "ordinaire". Celle-ci permettrait un salut "Réel" contrairement au "repos inférieur" de "l'Intellect-foi" (voir ci-dessous).
Toute l'efficience de la pratique repose sur le fait qu'elle n'est que le rétablissement de la perception pure de la réalité relative : l'exercice répété de la visualisation, associé à la récitation des mantra, l'énergie sonore de la Réalité, purifie et transforme peu à peu la perception ordinaire qui finit par s'effondrer ou se déchirer comme un rideau usagé pour faire place à la vision pure. L'union indivisible de la vacuité et de la clarté se manifeste alors pleinement comme les formes pures du tathāgatagarbha enfin actualisé.” (P. Cornu, Livre des Morts Tibétains, p. 180-181)
Dans l’ogdoade, à la huitième terre, au-dessus de la sphère des sept planètes du sensible, l’homme perfectionné, en s’approchant du plérôme et de la Pensée de Dieu, verra enfin “les déités vides et lumineuses” du monde intelligible.
“Puisque l'Homme parfait véritable a conçu le modèle de l'humanité en trois générations (BG 35,20-36,15), l'histoire humaine doit s'organiser ainsi. L'initiative en est prise par l'Archonte qui crée une femme psychique et matérielle à la ressemblance d'Épinoia, pensant ainsi attirer cette dernière (c'est-à-dire l'Esprit) dans sa créature. La tentative est évidemment vouée à l'échec mais a pour conséquence de faire passer une part de la puissance de l'Archonte, c'est à-dire de l'âme, dans la femme psychique (BG 59,6-19). Dès lors l'âme, cette puissance de la Mere confisquée par l'Archonte, se trouve divisée entre Adam et la femme psychique, tandis qu'Épinola détient l'esprit. L'humanité naîtra, en conséquence, d'un double mariage d'Adam. S'unissant d'abord à la femme psychique et matérielle, il donne naissance à une lignée de “psychiques” tiraillés entre l'esprit et la matière (BG 63,2-9) et placés sous le contrôle de deux archontes, Yaoué-Caïn et Eloïm-Abel (BG 62,3-63,1; 63,10 12). S'unissant ensuite à Épinoia, la femme spirituelle, Adam donne naissance à Seth et à la lignée des “spirituels” (BG 63,12-16). Toutes ces âmes ont pour vocation de reconstituer le monde intelligible mais par des voies spécifiques que l'auteur décrit en clair dans un petit traité des fins dernières (BG 64,14-71,2). Tandis que certains descendants de Seth accèdent directement à la connaissance (BG 72,12-73,18), d'autres choisissent de se laisser enfermer dans le monde archontique pour venir en aide aux âmes des psychiques qui s'y trouvent enfermées (BG 73,17-75,13). Telle est la situation actuelle.” (EG, Pléiade p. 210)Sophia, la mère de Yaldabaôth, le créateur du monde sensible, était le douzième éon pur du Fils primordial androgyne/Barbélô. Agissant seule sans l’accord des cinq éons mâles du Père, il y a eu une rupture de son état androgyne Mère-Père, et elle devient uniquement Mère. “Une partie d'elle-même nommée Sophia se projette hors de l'intelligible”, dans le sensible, l'autre partie, nommée “Epinoia de la lumière” demeure dans l’intelligible. L’union de la Sophia “sensible” et d’Adam donne naissance à la lignée des “psychiques” (empêtrés dans le sensible), Caïn et Abel. L’union d’Epinoia et d’Adam, donne naissance à la lignée des “spirituels” de Seth (ayant préservé le lien avec l’intelligible). La part “spirituelle” semble liée aux cinq éons mâles du Père, et sans doute à "la part mâle de l'âme" sur laquelle je reviendrai une autre fois.
Tous les humains, descendants de Sophia/Epinoia ont une parcelle de Lumière et donc une possibilité de remontée vers l’intelligible, mais se divisent en trois races/familles ou “filiations spirituelles” (g. genea s. gotra, kula t. rigs). Ce qui est très remarquable chez les Sethiens, c’est “que certains descendants de Seth accèdent directement à la connaissance” tandis que “d'autres choisissent de se laisser enfermer dans le monde archontique pour venir en aide aux âmes des psychiques qui s'y trouvent enfermées”. Des bodhisattvas pourrait-on dire.
Dans d’autres groupes de chrétiens (“gnostiques”), comme ceux à l’origine de La Sagesse de Jésus-Christ (NH III,4 ; BG 3, traduction en ligne de Catherine Barry), il y a trois “filiations spirituelles”, avec des noms différents. Dans un article de 1994[3], Catherine Barry écrit :
“Dans le premier récit (VII, 23, 9-24, 29a), l'origine de l'humanité est décrite en trois épisodes, où Roberge a reconnu trois natures, ou races, d'êtres humains. Il y a d'abord les «psychiques», qui tirent leur «racine» d'un principe démiurgique mâle, «l'Obscur». Ils sont dotés d'un corps et d'une âme matériels dont la formation est attribuable au coït de puissances cosmiques mâles et femelles. Puis viennent ceux qui détiennent, en sus de leur corps et de leur âme matériels, une parcelle d'intellect, parce qu'ils ont leur racine dans « l'Intellect-Foi ». Ceux-là sont dits « noétiques». Enfin, la troisième race se révèle la plus parfaite, puisqu'elle possède, en plus du corps, de l'âme, et de la parcelle d'intellect, le don d'une pensée héritée de « l'Étonnement de l'Esprit ». Leur racine à eux est l'Esprit inengendré, et ils sont appelés les « pneumatiques ». Les trois principes d'où les trois races tirent chacune leur existence sont également mentionnés dans un deuxième récit anthropogonique (27, 34b-28, 4a), qui raconte le repeuplement suivant le déluge.”Seuls les “pneumatiques” remontent vers leur racine de lumière, les “noétiques” trouvent un repos inférieur, tout comme - selon le mahāyāna - celui des auditeurs bouddhistes du “petit véhicule” aspirant à un nirvāṇa “stérile”, et les “psychiques” restent captifs dans “la matière”, tels des “icchantika”, déclarés hors-la-loi par les bouddhistes, et sont condamnés à continuer la métempsychose ou de se perdre dans le puits de l'Oubli. En effet, plusieurs groupes de chrétiens à Alexandrie croyaient à la métempsychose.
“ La race issue de la racine de lumière s'y trouve promise à une remontée vers sa racine — donc au salut parfait —, et celle qui vient de l'Intellect-foi à un repos inférieur, précisément dans le lieu que les pneumatiques auront quitté lors de leur remontée. Quant à la race dite psychique, celle-là se verra dissoute dans la matière, c'est-à-dire dans «l'Obscur», exclue par conséquent de toute forme de repos.[4]”
Le bouddhisme dans ses formes ésotériques du mahāyāna et du vajrayāna (véhicule adamantin) partage mutatis mutandis de nombreuses croyances, l’amour des mystères, des théories cosmogoniques, théogoniques, anthropogoniques et généalogiques avec les premiers chrétiens de l’orient, dans de nombreuses variations, y compris “internes”. Sans aller jusqu'à dire que les uns ont influencé les autres, cela est certainement dû à une “mondialisation” spirituelle dans le monde helléniste, au moment même d’une mondialisation commerciale en croissance et d’une succession de volontés d’impérialisme.
Ces éléments religieux (Lumière divine) le bouddhisme les partage avec d’autres religions, mais le bouddhisme a une part singulière qui lui est propre et qui aspire davantage à une lumière humaine.
Voir aussi
Les trois corps éclipsés par les trois états intermédiaires
Le bodhisattvayāna
[1] Ecrits gnostiques, Pléiade, p. 208
[2] “L'eon responsable est nommé Sophia, dernier des douze éons du Fils. C'est elle qui, se projetant hors du modèle intelligible, donne naissance à un Fils imparfait, l'Archonte Yaldabaôth, créateur du monde sensible. Sophia n'est en fait qu'une manifestation de Bar- bélő, la (ou le) Mère Père, Puissance parfaite tournée vers l'un par sa masculinité et vers le multiple par sa féminité. Après avoir manifesté parfaitement sa masculinité dans l'Homme parfait véritable, Barbélő poursuit cette marche vers le multiple qu'implique sa fémi- nité. Elle agit donc sans l'accord des éons mâles, mais conformément au modèle intelligible de sa propre féminité. Cette fonction maternelle qui la pousse à enfanter provoque chez elle une double rupture: de Mère-Père qu'elle était, elle devient Mère et tandis qu'une partie d'elle-même nommée Sophia se projette hors de l'intelligible, l'autre, nommée Epinoia de la lumière, y demeure (BG 36,16-37,18). L'Archonte Yaldabaôth, fruit de l'impétuosité de Sophia, ne connaît du monde intelligible que l'image reflétée par sa mère. Dérobant à celle-ci une part de sa puissance, il s'empare de cette image partielle de l'intelligible et l'érige en modèle absolu. Il se crée une cour archontique qui n'est qu'une pâle imitation des éons du Fils (BG 37,18-44,9). De plus, comme il est ignorant de la masculinité des éons célestes, il se présente à ses archontes comme unique (BG 42,10-43,5), provoquant ainsi par son blasphème le «repentir » de sa mère qui décide de lui reprendre cette part de puissance dont il a fait mauvais usage (BG 44.9-47,13).
La reconquête puissance est décrite dans le troisième volet. L'instrument de cette reconquête est l'homme; c'est lui qui est chargé de reconstituer la plénitude symbolisée par l'Homme parfait véritable qui a été détruite par la sortie de Sophia.” EG, Pléiade, p. 209
[3] Catherine Barry, Les textes de Nag Hammadi et le problème de leur classification. Chronique d’un colloque, Laval théologique et philosophique, 1994
[4] Laval théologique et philosophique, Volume 50, numéro 2, juin 1994, Les textes de Nag Hammadi et le problème de leur classification. Chronique d’un colloque, Catherine Barry.
Le bodhisattvayāna
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[1] Ecrits gnostiques, Pléiade, p. 208
[2] “L'eon responsable est nommé Sophia, dernier des douze éons du Fils. C'est elle qui, se projetant hors du modèle intelligible, donne naissance à un Fils imparfait, l'Archonte Yaldabaôth, créateur du monde sensible. Sophia n'est en fait qu'une manifestation de Bar- bélő, la (ou le) Mère Père, Puissance parfaite tournée vers l'un par sa masculinité et vers le multiple par sa féminité. Après avoir manifesté parfaitement sa masculinité dans l'Homme parfait véritable, Barbélő poursuit cette marche vers le multiple qu'implique sa fémi- nité. Elle agit donc sans l'accord des éons mâles, mais conformément au modèle intelligible de sa propre féminité. Cette fonction maternelle qui la pousse à enfanter provoque chez elle une double rupture: de Mère-Père qu'elle était, elle devient Mère et tandis qu'une partie d'elle-même nommée Sophia se projette hors de l'intelligible, l'autre, nommée Epinoia de la lumière, y demeure (BG 36,16-37,18). L'Archonte Yaldabaôth, fruit de l'impétuosité de Sophia, ne connaît du monde intelligible que l'image reflétée par sa mère. Dérobant à celle-ci une part de sa puissance, il s'empare de cette image partielle de l'intelligible et l'érige en modèle absolu. Il se crée une cour archontique qui n'est qu'une pâle imitation des éons du Fils (BG 37,18-44,9). De plus, comme il est ignorant de la masculinité des éons célestes, il se présente à ses archontes comme unique (BG 42,10-43,5), provoquant ainsi par son blasphème le «repentir » de sa mère qui décide de lui reprendre cette part de puissance dont il a fait mauvais usage (BG 44.9-47,13).
La reconquête puissance est décrite dans le troisième volet. L'instrument de cette reconquête est l'homme; c'est lui qui est chargé de reconstituer la plénitude symbolisée par l'Homme parfait véritable qui a été détruite par la sortie de Sophia.” EG, Pléiade, p. 209
[3] Catherine Barry, Les textes de Nag Hammadi et le problème de leur classification. Chronique d’un colloque, Laval théologique et philosophique, 1994
[4] Laval théologique et philosophique, Volume 50, numéro 2, juin 1994, Les textes de Nag Hammadi et le problème de leur classification. Chronique d’un colloque, Catherine Barry.
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