Ensuite la conscience éveillée en tant que le roi pancréateur [132]
A enseigné l'absence d'engagement à tenir dans la complétude universelle,
« Eh, grand être (S. mahāsattva) écoutes !
La complétude universelle enseigne l'absence d'engagement à tenir
Voici la nature de la conscience éveillée qui crée tout
C'est par cette nature de la non-production libre de prolifération
Que la diversité des prodiges (S. prātihārya) des espèces/idées générales/universaux (S. jāti) jaillissent (T. phyung S. vinisṛta) comme des objets
Il faut comprendre qu'elle est la nature même de ces objets
En restant dans l'absence de discours[1] (S. nirvikalpa) à son sujet, elle échappe au discours
En ne l'appréhendant pas comme un objet, sans la rejeter ni l'accueillir,
« [Cette nature] est 1. indéterminée, 2. expansive, 3. spontanée et 4. une »[2]
Elle ne requiert pas de discipline avec des voeux à garder
Les trois Guides émergés de moi, qui n'ai pas d'engagement,
Inspirent les quatre types de religions (S. tīrthika) par compassion
Leurs cercles, astreints à une discipline (S. vinaya), sont de quatre types
La discipline qui doit y être observée est la suivante
Les nombres des voeux primaires et secondaires à garder
Sont de 250 et de 550
Mais au moment même de garder ces voeux, on ne connaît ni leur nombre ni leur sens
Par conséquent, les voeux étant impossibles, il n'y a pas moyen de les garder.
La complétude universelle échappe à toute construction imaginaire au sujet du comportement en général
Les océans de voeux sont nombreux et illimités
Mais ils se réduisent à trois types : physiques, verbaux et mentaux
Les souffrances proviennent des objets psychosensoriels
Cependant le corps ne marche, ni ne stationne, ni progresse[3]
L'expression verbale a du mal à atteindre la vérité[4].
Les intentions mentales contredisent toutes les vérités
Même les intentions sans méprise ne pourraient être toutes réalisées
« Tout en gardant les noeuds serrés du corps, de la parole et de l'esprit ordinaires »
« Il est très difficile d’atteindre l'objet réel, qui est le fond des choses. »
On n’atteindra pas ainsi ce qui est ni gardé ni endommagé
‘Ni garder ni endommager’ est la tradition du roi pancréateur [133]
Eh, grand être (mahāsattva) écoutes !
Ceux qui ont été instruites par les trois Guides émergés de moi
Purifient pendant les conjonctions fastes des planètes et des étoiles (nakṣatra)
L'extérieur et l'intérieur par des ablutions
Prennent des voeux, suivent une discipline et font le serment de faire le bien des êtres
Mais ce à quoi il s'engagent ne peut pas être réalisé conformément
Les serments ne sont pas suivis et les confessions ne purifient pas l'esprit
Cela les éloigne encore davantage de moi, qui suis l'absence de voeux à garder
Les engagements (S. samaya) des trois mystères de Hevajra
Sont constitués de trois engagements primaires et cinq [engagements] secondaires
Les trois engagements primaires se résument en le Corps, le Verbe et l'Esprit
Le Corps développé en le corps divin est un asservissement
La récitation verbale de formules et l'absorption (S. samādhi) ne sont pas la quiétude (S. śānta)
La maîtrise de la création et de la résorption du mental
Ne donne pas accès aux [engagements] primaires, et n’est pas un engagement (S. samaya) de la plénitude
Pour ce qui est des cinq [séries d'engagements] secondaires :
[1] La première [série] concerne l'engagement de compréhension :
[Elle se rapporte aux] cinq groupes d'appropriation, aux cinq éléments,
Aux perceptions, aux facultés et aux objets psychosensoriels etc.,
Et la compréhension de la nature des dieux et des cercles divins (S. maṇḍala)
L'absence d'objet et d'agent de connaissance n'est cependant pas vue ainsi
[2] Les cinq engagements de l'observance (S. caritavya) :
Le coït et le meurtre rituel[5], le vol
L'inconduite sexuelle et le mensonge
Ceux qui pratiquent ces cinq actes avec habileté (S. upāya)
Voient bien que ne pas y céder serait un endommagement, mais ils les pratiquent néanmoins avec différenciation (S. kalpavat?)
Et alors ils se coupent de l'indifférenciation (S. vikalpa)...
[3] Les cinq engagements dont il faut s’imprégner (S. adhivāsanā) :
Les cinq substances de lien tels les excréments, l'urine etc.
Dont on dit que les corps des cinq Vainqueurs sont faits [134]
En les créant et en les faisant se résorber par les cinq céréales[6] du héro (S. vīra)
[Les adeptes de tantras] s'imprègnent des cinq corps de vainqueurs
Ils pensent (T. rtog) qu'en ne s'en imprégnant pas, les cinq corps ne seraient pas accomplis
Mais ce n’est pas ainsi que l’on accomplit le dépassement des pensées sans attraction ni répulsion.
[4] Les cinq engagements à ne pas abandonner :
La concupiscence, l'aversion etc. les cinq poisons
Dans le grand engagement du vajra secret (du Mahāyoga ?)
Les cinq afflictions sont transformées en les cinq intuitions
Les cinq poisons (S. viṣa) ne sont donc pas abandonnés mais prennent l'aspect des intuitions
Mais la plénitude sans attraction ni répulsion n'est pas accomplie ainsi.
[5] Les cinq engagements de manifestation (S. abhiniṣpatti) :
Les cinq groupes d'appropriation, les cinq éléments,
Les perceptions et les objets sensoriels sont développés en le cercle divin (S. maṇḍala)
Quand ils sont complétés par les trois absorptions (S. trisamādhi) et les cinq rites (S. vidhi)
Ils deviennent le cercle divin des cinq familles de vainqueurs
Mais les absorptions (S. samādhi) et les rites sont un effort mental
Et contredisent le spontané qui est sans différenciation et sans effort
Le corps développé par la méditation est comme un arc-en-ciel éphémère
Les rites, les récitations ainsi que les formules sont comme une peinture qui couvre mal (litt. pâle)
L'action ciblée ne peut pas accomplir le spontané
En voulant accomplir l'indéterminé[7] (T. med pa), on arrive à rien du tout
Moi, roi pancréateur, je suis sans engagement (S. samaya)
Comme je suis libre de causes primaires et de conditions, pas besoin de ne rien cibler
Me déployant spontanément, pas besoin d'investigation (S. vicāra)
Étant moi-même intuition, pas besoin de comprendre
Étant spontané, pas besoin de causes primaires et de conditions,
Étant sans notions de bien et mal, pas besoin de ne rien choisir et exclure,
Étant sans substance, on me dit « indéterminé » (T. med pa)
Le fait que je m'engage (S. spyod pa) pas réellement [dans les objets] et que je n'interromps pas l'intuition
Est désigné par le qualificatif « expansif » (T. phyal ba)
Que tout est identique en la conscience, est révélé par le qualificatif « identique » (T. gcig pa) [135]
Toutes les choses qui se présentent telles qu'elles sont
Le mental (S. manas) et les faits (S. dharma) sont parfaits dans la conscience éveillée
Je ai expliqué cela sous le nom « spontané » (T. lhun gyis grub pa)
Le fond des [paires] chaud-froid, faim-soif, idiot et muet n'a pas besoin d'être ciblé
A travers les trois corps, les entourages, les six rites qui éliminent l'aversion
Comme cela a été expliqué ci-dessus.
Comme la cause primaire est déjà l'intuition spontanée
Elle ne se laisse pas maîtriser par des rites accessoires
Le fond des choses (S. dharmatā) par nature ne dépend pas des circonstances
Aussi, l'accomplir avec effort ne fait pas partie de ma doctrine
L'intuition spontanée n'a son pareil en rien
Ce qui est spontané ne s'accomplit pas par des causes et des circonstances
Et ne se détermine pas à travers les deux vérités
La vérité précise (S. niścita) présentée sous deux vérités
Est une tradition incertaine et hésitante [entre deux vérités]
Comment la vérité précise pourrait-elle être enseignée comme l'identique ?
Des personnes yogis s’adonnent à des conjectures spirituelles
En suivant les traditions du karma proférées par les trois guides
Qui ont en outre besoin de deux vérités et de quatre moyens de connaissance valide (S. pramāṇa)!
Mais comme toutes les choses sont le fait de moi, roi pancréateur,
Les choses créées par moi n'ont pas besoin de deux vérités
Pourquoi les choses créées par moi auraient-elles besoin de deux vérités ?
Tout ce que je crée est créé en tant que conscience éveillée
Et il n'y a ni vérité ultime ni vérité superficielle dans la conscience éveillée. »
Extrait de la conscience éveillée en tant que le Roi pancréateur,
C'était le quarante-sixième chapitre sur l'absence d'engagements à tenir.
[1]
Ici discours (S. kalpana), s'approche du sens de commentaire, voire de prolifération
[2]
Phrase reprise au début du gnas lugs mdzod de Longchenpa, et qui servira de
structure à ce texte.
[3]
Voir Nagarjuna MMK chapitre 2 sur la critique de la marche. C’est un paradoxe
comme celui d'Achille et la tortue. Il n'y a pas de marche (de A à B) au même
instant.
[4]
Ou don gyi bden pa, la vérité absolue
[6]
orge, riz, blé, pois, millet
[7]
Je suis en cela le raisonnement de Marcel Conche, que voici : « Il y
a » (yod pa) - « Il n'y a pas » (med pa) : l'un renvoie, fait
penser à l'autre. L'opposition a la forme d'une contradiction. La forme est
trompeuse, car le « il n'y a pas » (wu) n'est pas le Rien absolu,
mais l'indéterminé. » Marcel Conche, Tao Te King, p. 49 2.
Texte tibétain en Wylie
de nas byang chub kyi sems kun byed rgyal po des
132
rdzogs pa chen po dam tshig bsrung du med pa 'di gsungs so
kye sems dpa' chen po nyon cig
rdzogs chen dam tshig bsrung du med bstan pa
kun byed byang chub sems kyi rang bzhin ni
ma skyes spros dang bral ba'i rang bzhin gyis
skye ba'i cho 'phrul sna tshogs yul phyung nas
yul de rang gi rang bzhin yin shes bya
de la mi rtog rtog pa'i yul las 'das
yul la mi 'dzin spong dang len med pas
med pa phyal ba gcig pu lhun grub ste
bsrung bar bya ba'i sdom khrims kun dang bral
bsrung med nga las byung ba'i ston gsum gyis
mu stegs sde bzhi thugs rjes byin brlabs nas
'dul ba phog pa'i 'khor ni sde bzhi la
bsrung bar bya ba'i khrims ni 'di lta ste
rta ba dang ni yan lag bsrung ba'i grangs
nyis brgya lnga bcu lnga brgya lnga bcu khrims
bsrung ba'i dus na grangs dang don mi shes
des na sdom pa mi thub bsrung thabs med
rdzogs chen spyi spyod rtog pa kun las 'das
sdom pa rgya mtsho grangs mang mtha' yas pa
lus ngag yid la bsdus pa rnam pa gsum
dbang po yul las sdug bsngal byung nas ni
lus kyis 'gro 'dug gom pa bor sa med
ngag gi tshig brjod don gyis bden par dka'
yid kyi bsam pa bden pa kun las 'gal
ma nor bsam pa kun kyang sgrub tu med
lus ngag sdom pa rgya mdud dam po des
bden nyid don dang phrad pa shin tu dka'
bsrung med nyams pa med dang phrad mi 'gyur
bsrung med nyams pa med pa kun byed lung
133
kye sems dpa' chen po nyon cig
nga las byung ba'i ston pas lung phog pa
gza' dang rgyu skar dus tshigs bzang sgo nas
phyi nang gtsang ma'i khrus kyis dag byas te
sdom pa tshul khrims 'gro don zhal 'ches pa
gang yang dam bcas tshul bzhin mi 'grub ste
dam bcas ma grub bshags pas sems mi 'dag
bsrung med nga dang yun du thag ring nyams
kye rdo rje gsang ba gsum gyi dam tshig ni
rtsa ba gsum dang yan lag lnga rnams te
rtsa ba gsum ni sku gsung thugs 'dus te
sku ni lha yi skur bsgoms lus kyang 'ching
ngag ni 'dzab dang ting 'dzin zhi ba min
yid kyi ting 'dzin 'phro 'dus gzung nas ni
rtsa ba mi rtog dam tshig bde dang bral
yan lag rnam pa lnga ni 'di lta ste
dang por shes par bya ba'i dam tshig ni
phung po lnga dang 'byung ba rnam pa lnga
rnam shes dbang po yul la sogs pa rnams
lha dang dkyil 'khor rang bzhin shes par bya
shes bya shes byad med pa des ma mthong
spyad par bya ba'i dam tshig rnam lnga ni
ta na 'ga' na ma byin blang ba dang
mi tshangs spyad dang brdzun du smra ba dang
rnam pa lnga ni thabs mkhas spyod byed pa
ma spyad nyams mthong rtog dang bcas nas spyod
de yang mi rtog mnyam dang bral ba yin
dang du blang ba'i 'dam tshig rnam lnga ni
dri chen dri chu la sogs dam rdzas lngas
rgyal ba'i sku lnga 'di las 'grub zer nas
134
dpa' bo 'bru lngas 'phro 'du byas nas ni
rgyal ba'i sku lnga dang du len byed pa
dang du ma blangs sku lnga mi 'grub rtog
blang dor bral ba'i rtog 'das de ma grub
mi spang ba yi dam tshig rnam lnga ni
'dod chags zhe sdang la sogs dug lnga po
gsang ba rdo rje dam tshig chen po ru
nyon mongs lnga bsgyur ye shes rnam pa lnga
dug lnga mi spong ye shes rnam lngar len
blang dor med pa'i bde ba des ma grub
grub par bya ba'i dam tshig rnam lnga ni
phung po lnga dang 'byung ba rnam lnga dang
rnam shes yul rnams dkyil 'khor grub byed pa
ting 'dzin gsum dang cho ga lnga rdzogs nas
rgyal ba rigs lnga'i dkyil 'khor grub byed pa
ting 'dzin cho ga lnga yis sems rtsol byed
mi rtog ma btsal lhun gyis grub pa 'gal
sgom pa'i sku ni mi rtag 'ja' tshon 'dra
cho ga bzlas brjod 'dzab kyang rtsi skya 'dra
rtsol sgrub spyod pas lhun gyis grub mi 'gyur
med par bsgrubs pas shin tu grub pa med
kun byed nga la bsrung ba'i dam tshig med
rgyu rkyen med pas rtsol zhing sgrub mi dgos
lhun gyis grub pas spyad par bya mi dgos
ye shes yin pas shes par bya mi dgos
rang byung yin pas rgyu dang rkyen mi dgos
bzang ngan med pas blang dor bya mi dgos
dngos po med pas med pa zhes su bshad
dngos su mi spyod ye shes ma 'gags pas
de la phyal pa zhes su btags pa yin
sems su kun gcig gcig par bstan pa yin
135
ji ltar snang ba'i chos rnams thams cad kun
yid chos byang chub sems su rdzogs pa'i phyir
lhun gyis rdzogs pa zhes su nga yis bshad
tsha grangs bkres skom glen lkugs chos nyid la
sku gsum 'khor sdangs 'bros pa'i cho ga drug
gong bshad bzhin du btsal zhing sgrub mi dgos
rgyu nyid rang byung ye shes yin pa'i phyir
las kyi rkyen gyi dbang du de mi 'gyur
chos nyid rang bzhin rkyen gyis 'gyur med pas
btsal bas grub par nga yis lung ma bstan
rang byung ye shes kun dang mtshungs med pas
rgyu rkyen las kyis rang byung de mi 'grub
bden pa gnyis kyis gtan la dbab tu med
nges pa gcig la bden pa rnam pa gnyis
ma nges the tshom can gyi lung de la
nges pa gcig tu bstan pa ga la yod
rnal 'byor gang zag chos la rlom byed ni
ston gsum rgyu 'bras lung la rten smra ba
de la bden gnyis tshad ma bzhi yang dgos
kun byed nga yis chos kun byas pa'i phyir
ngas byas chos la bden pa gnyis mi dgos
ngas byas chos la bden pa gnyis dgos su
ngas byas thams cad byang chub sems su byas
byang chub sems la don dam kun rdzob med
ces gsungs so
byang chub kyi sems kun byed rgyal po las
dam tshig bsrung du med pa'i le'u ste zhe drug pa'o
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