L'émergence de la beauté |
Le mot « dpal ldan », glorieux, que l’on voit souvent
ajouté à des noms de saints tibétains ou à des lignées, se compose de « dpal »,
souvent traduit par gloire, et de « ldan », qui a. Il est la
traduction du mot sanscrit « śrīmat », également composé de « śrī »
et de « mat » qui sert à former des adjectifs possessifs. Le mot
sanscrit signifie « illustre, resplendissant, prospère ».
Selon le site Inria,
Le mot śrī signifie « chance; prospérité, fortune, bonheur; gloire |
beauté » Dans la mythologie indienne, il est le nom propre de Śrī
«Fortune», « un épithète de Lakṣmī, déesse de la prospérité, épouse-śakti
de Viṣṇu; elle est dite issue du barattage de la mer de lait primordiale (kṣīrodamathana) ».
Le sens premier du mot est cependant splendeur, luminance ou
diffusion lumineuse, ou encore beauté, bonheur, bénédiction. Un mot qui
pourrait resumer tous ces sens est radieux.
Sir Monier Monier Williams nous apprend que śrī signifie à la fois « brûler,
flamboyer et diffuser de la lumière »[1]
et « mélanger, se mélanger et cuire ». D’où, tout ce qui apparaît radieux
dans le monde tient-il sa gloire ? Du feu céleste (G. keraunos). Nous savons par Héraclite, que le feu céleste, le feu
pur, n’est pas possible dans le monde, et qu’il doit subir des conversions, c’est-à-dire
qu’il doit se mêler, avant de nous devenir accessible.
« d’abord mer, de mer, la moitié terre, et la moitié souffle brûlant » (Fragment 82, Diels 31).
Si la mer est une conversion du feu et que le feu est mêlé à
la mer, il est comme l’essence de la mer. En barattant la mer, on fait émerger
l’essence de la mer, qui est toute la splendeur du monde : Lakṣmī, mais rappelons qu’Aphrodite aussi est née de l’écume
de la mer.
Dans la version shivaïste du barattage de la mer
primordiale, le poison kālakūta en émerge. Ce poison
avait la capacité de détruire le monde. Serait-il l’équivalent du feu de la fin
des temps ? Le feu céleste, sous sa forme pure, extrait du mélange, mais
qui sur la terre serait totalement déstructrice. De quelle manière ? Le
feu céleste en se mêlant met de l’ordre dans le chaos et crée ainsi le cosmos.
Le feu pur est pure intelligence. Pour preuve, quand Viṣṇu tente d’avaler le poison kālakūta,
cela a pour effet de le prostrer par terre et de le rendre sans voix !
Sans logos, sans Discours, sans ordre, il n’y a pas de monde, mais que du
chaos. Et c’est pourtant avec ce même feu céleste, « de la fin des temps »
que Śiva détruira le monde.
La gloire du monde (śrī) n’est donc pas le feu
céleste à l’état pur, mais mélangé, et le mélange est radieux (śrīmat) par la
présence du feu céleste mêlé, qui est bénéfique. Toute la manifestation
cosmique porte à chaque niveau de manifestation (S. tattva T. de nyid), un
degré de mélange du feu céleste. Le shivaïsme compte 36 degrés de manifestation
(tattva) de Śiva, jusqu’à l’élément le plus grossier. Ces tattva sont
considérés comme des essences et ne disparaissent pas quand a lieu la
dissolution cosmique (laya). Ils sont les éléments constitutifs de la
manifestation cosmique. Pour le Trika, Śiva est le seul tattva, puisqu’il est
la source de tout ce qui existe dans l’univers. Les 36 tattva sont donc en
essence Śiva.[2] Celui
qui dans toute la manifestation s’identifie aux tattva, s’identifie à Śiva et
au feu céleste. C’est un détenteur de feu céleste (keraunos) mélangé, un
détenteur de foudre, un détenteur de vajra (vajradhara) aux quatorze étages du saṁsāra. Il est détenteur de gloire, il est radieux (S. śrīmat
T. dpal ldan ).
Le terme klong 'khyil signifie "halo", un "rayonnement émanant de quelqu'un (ou de quelque chose), ou créé par l'imagination" (Atilf). "Zone circulaire faiblement lumineuse, blanche ou colorée, qui baigne ou entoure des objets, des personnes, ou que l'œil perçoit comme telle." Faiblement lumineuse, car il s'agit d'un état mêlé, d'une incarnation. C'est le halo (de gloire) qui indique la présence du feu céleste dans la manifestation.
Illustration : La Naissance de Vénus (Botticelli) de Sandro Botticelli, peint vers 1485 et conservé aux Offices de Florence.
It's so hard to translate that short simple Sanskrit syllable śrī, or its Tibetan version dpal. It's nothing short of 'glory,' yet something more... much more.
RépondreSupprimerDear Dan,
RépondreSupprimerEverything? :-) You're right, it's very difficult to translate. More and more so since the world seems to be turning away from whatever was intended to point at it. I haven't finished yet with the fire stuff and will soon be coming back to your vajra, with all due respect.
Yours,
Joy