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Controverse de Chen-houei et de Tch 'ong-yuan
Le maître Yuan demanda :
« Le maître de dhyāna
P'ou-tsi et le maître de dhyāna
Hiang-mo enseignent à immobiliser l'esprit, afin d'entrer en concentration, et
à le fixer pour saisir sa vacuité, à le mettre en mouvement pour qu'il illumine
le dehors et à le concentrer afin qu'il obtienne l'Éveil au-dedans. Ils
maintiennent que telle est la doctrine. Pourquoi n'enseignez-vous pas cette
méthode ?
- Je ne puis l'enseigner, car elle constitue par elle-même
un obstacle à l'Éveil. Examiner son esprit serait faire de lui un objet de
connaissance et perdre de vue le véritable but... Les paroles de mon grand
maître, le sixième patriarche, pénétraient une à une ses auditeurs telles des
flèches. Elles leur faisaient saisir directement leur nature propre sans
recourir à l'enseignement graduel. Ceux qui étudient la Voie doivent être
éveillés subitement. Ce n'est qu'après
qu'il leur faut pratiquer graduellement afin d'obtenir la délivrance. Une
mère ne met-elle pas son enfant au monde subitement ? Ensuite, elle lui donne
le sein, le nourrit, et peu à peu la sagesse de l'enfant s'accroît
spontanément. Il en va de même pour l'Éveil. La vue de la nature de Bouddha
survient brusquement. La grande sagesse (prajñā)
s'accroît ensuite d'elle-même. Tso-tch'an (J. zazen), qui est non-production de pensée, ne doit pas être séparé
de dhyāna. qui désigne la nature
foncière. Voilà pourquoi la théorie dont vous parlez doit être rejetée.
De son vivant le maître de dhyāna Chen-sieou déclarait que le sixième patriarche avait reçu le
kāṣāya[1]
de la Loi [T. chos gos].[2] il n'a
jamais prétendu être lui-même le sixième patriarche. Mais, aujourd'hui, le
maître de dhyāna P'ou-tsi se donne le
titre de septième patriarche, en établissant faussement son maître comme le
sixième patriarche. Cela, on ne peut l'admettre. »
Maître Yuan répliqua :
« La gloire et le nom de maître P'ou-tsi couvrent le monde.
Il fait parler de lui partout et son enseignement se transmet de bouche en
bouche. L'attaquer comme vous le faites, n'est-ce pas risquer sa vie ?
- Ceux qui ont lu mon
Traité fixant le vrai et le faux au sujet de l'école du Sud de Bodhidharma se
méprennent lorsqu'ils disent que c'est une critique. P'ou-tsi se déclare en
désaccord avec l’école du Sud. J'ai examiné le vrai et le faux et j'ai rétabli
les principes. Je ne fais que répandre le Mahāyāna, je fais connaître et
entendre la vraie Loi à tous les êtres. Comment aurais-je souci de mon existence ?[3] »
- En composant ce traité, n'avez-vous pas eu en vue la
gloire et le profit[4] ?
- Puisque je n'ai pas souci de mon existence, comment me soucierais-je de la gloire et du profit ? »Extrait de Les Maîtres zen, Jacques Brosse.
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[Lien enlevé à la demande Blogger] Buste en bois de Kasyapa, premier patriarche, Dynastie Tang (618-907).
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[1] kāṣāyā de couleur safran; orange; brun — n. vêtement (not. monastique) de couleur safran ou brun.
[2] En 732, plus de 25 ans après la mort de Shen-siou/Shenxiu, Chen-Houei/Shenhui (686-760) revendique le patriarcat pour son maître Houei-neng (638-713) de l'école du Sud. Il trouve en face de lui Pou-tsi/Puji (7ème patriarche de l'école Lanka et I-fu successeurs de Shen-siou.
[3] L’expression tibétaine « tshe ‘di blos gtong ba », se détacher des affaires de la vie semble relié à celle de « ne pas avoir souci de son existence ».
[4] Deux des huit soucis mondains.
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